• Sortie du 8 juin : Première chaleur

Oui, c’est dur pour des Lorrains habitués à une certaine fraîcheur de passer aussi soudainement à une quasi-canicule. Il est vrai qu’il y a ceux qui aiment ça, la chaleur, et ceux qui l’aiment moins. Moi, une température modérée,  c’est ce que je préfère ; et avec une petite bruine de temps en temps, c’est vraiment parfait. Chose rare cette année, on l’a tous remarqué, car la pluie nous oublie, l’ingrate. Incontestablement, la planète se réchauffe (ce qui est une fausse bonne nouvelle). Je me dis qu’au lieu de se marier avec l’Alsace, la région lorraine devrait songer à se rapprocher de la Provence, ça nous mettrait la mer à une encablure (avec le pastis en prime), et pour descendre on aurait le mistral dans le dos.

Rares également sont les crevaisons en cette belle année propice au vélo. N’est-ce pas Jean-Marie (le JMS) ? Alors, tu devrais éviter de rouler avec des pneus entaillés et des chambres à air toutes collées tellement tu les fais durer. Je sais bien que les pansements, ça te connaît, mais c’est pas une raison pour nous mettre des bâtons dans les roues : avec ta crevaison très matinale, on a laissé filer des échappés qu’il a fallu rattraper ensuite en cravachant. Des efforts matinaux inappropriés par une telle chaleur, avec des gaillards qui n’ont toujours pas appris à donner le bon tempo (mais je n’y reviens pas, c’est sans solution, la cause est désespérée).

On s’est quand même regroupé avant Haroué, ce qui m’a permis de nous compter : sauf erreur, on était 19 à pédaler sous le cagnard, dont un invité de marque, le jeune Xavier (l’âge de mon premier fils), dont j’ai eu le plaisir de faire la connaissance grâce au séjour en Ardèche : il est du genre à dévorer le Ventoux tel « un cannibale engloutissant le mollet d’un archevêque » (pour citer à nouveau la délicieuse expression d’un journaliste à propos de Poulidor). Un vrai grimpeur, et un excellent conducteur (je voyageais avec lui, et JMS, le spécialiste du pansement pneumatique), un chauffeur courtois, qui salue et remercie les postes de péage (même inhabités) – une sage précaution, en réalité, puisqu’on n’a connu aucun ennui avec les péagistes ni avec la maréchaussée.

Comme j’étais le vélo-balai du jour, revêtu du maillot distinctif créé par le Grand Organisateur Gégé, j’ai eu le privilège d’escorter notre trésorier : il faut dire qu’Oncle Picsou était vraiment dans la panade. Le coffre où il planque ses ressources avait été fracturé, et donc sans ressources il était sur la route, surtout dès que ça montait. Ah, on ne dira jamais assez les vertus de l’entraînement ! Ceci dit, faut pas exclure un coup de chaud, j’entendais des bruits de friture quand je m’approchais. Dominique, pédaler dans l’huile, c’est le pied, mais pas dans l’huile bouillante, malheureux !

Lors de la pause de Diarville, la sagesse l’emporte : deux groupes. Délesté du balai, j’ai osé aller devant, avec les écraseurs de manivelles, histoire de tester mes derniers achats (un cadeau de mon épouse, pour tout révéler). Eh oui, après tant d’années de médiocre pédalage, je me suis résolu à m’équiper de vraies pédales de cyclistes, avec des cales larges, fixées sur de bonnes godasses rigides. J’exagérerais si je disais que c’est le jour et la nuit, mais il y a de ça : entre mon vieil attirail de vététiste et cet équipement quasi professionnel, il y a autant de différences qu’entre… entre, par exemple, une micheline des années 50 et un moderne TGV ; entre la poussée d’Archimède et une poussée d’urticaire, entre un Serbe (ou un Espagnol) et un Français à Roland-Garros,  entre… tout ce que vous voudrez, vous pouvez continuer la liste (entre un Dominique qui pédale dans la semoule et un Georges qui se frise la moustache ?).

Donc, avec ma forme du moment et mes pompes magiques, mon seul problème c’est que je fais monter le cardio, vu que les efforts me sont nettement plus faciles. Donc, donc, vu mon grand âge, je vais devoir dompter la machine et ne pas frimer comme un jeune mousse.

Mousse, ça me fait songer que c’est Marcel (je ne peux pas tout expliquer mais il y a vraiment un rapport, une parenté, même) qui m’avait fichu la honte avec mes pseudo-pédales ; et qui m’a donc convaincu d’en changer. Marcel, tu ne disais pas de conneries (pour une fois), je te remercie donc et on boira ensemble une bonne bouteille pour fêter cela, dès que tu seras remonté du sud.

Ce qui me conduit à en finir avec ce billet déjà bien long : les deux prochains dimanches, je serai absent, puisqu’avec le GO GG, Pat le Kompact, Guy l’Africain des Baronnies et JCH le Rouleur Tête-dans-le-Guidon, nous allons y aller, vers le sud : nous allons traverser les Alpes sur nos machines à pédales. Une aventure grandiose, que je me dis. On verra. On vous racontera.

Roulez bien, enroulez, puis déroulez, mais ne dérouillez pas !

Le secrétaire des CRN