• Sortie du 7 septembre : De la buée sur les lunettes

La formule du jour, c’est « Circulez, il n’y a rien à voir » : on a circulé (109 km au compteur), et on n’a rien vu. La faute au brouillard. Épais, le brouillard. Tenace, la brume. Compacte, la purée de pois. Humide, le smog. Bien caché, le soleil – tout juste entrevu lors de la dernière demi-heure. On n’a donc rien vu, si ce n’est les maillots flamboyants du peloton, l’asphalte sous nos roues, les pancartes aux carrefours : le minimum pour ne pas s’égarer dans le buvard et pour ne perdre personne en route.

Personne, ou presque : sommes partis à 16, Amico a dû renoncer dès Toul, la faute à son beau vélo tout neuf, trop neuf, un maillon de chaîne qui se fait la valise ; et comme Gérard devait se contenter d’une brève « infiltration » parmi nous, il a pris lui aussi le chemin du retour, histoire de n’en avoir pas plein le dos. Donc à 14, on s’est retrouvés, la tête non pas dans le guidon, mais dans la brumasse. L’avantage, c’est qu’on ne voyait pas quand ça montait, on le sentait à peine, d’ailleurs, vu que le parcours était du genre plat. A quelques côtes près, au début et à la fin.

Mais des dernières grimpettes, tout le monde n’a pas profité, vu que le raccourci présidentiel était opportunément placé à la sortie de Tremblecourt, et avant le col de Rogéville – où les molosses du club ont roulé sauvage, faut bien le dire, une bande de jeunes qui se la jouent grave, sans pitié pour les aînés. Le respect se perd. Mais était-ce une raison pour que des solides gaillards comme le Mousse de Bouxières ou Patou des Corbières profitent du raccourci ? Le premier avait fait du terrassement la veille, il est vrai, et le second était sorti rincé (une fois de plus) de la sortie des psychopathes du samedi matin (des descendants des « Saint-Pierre », qui ne dépassent pas le 40 km/h sur le plat mais qui se tirent une bourre d’enfer dès que ça monte). Pat, sois raisonnable, garde des forces pour nos belles sorties dominicales !

Étaient de retour pour la sortie du jour le fringant Vélibest et l’élégant Nono – à qui nous devons ce jeu de mots qui tue : nous cyclistes, on est des « cent-dents »… On ne se sent donc pas stigmatisés. Avec mon triple, j’en ai même 295, des dents (117 à l’avant, 178 à l’arrière – impressionnant). Mais toujours pas de réapparition de la Grenouille (on s’inquiète, Max : t’as perdu ton vélo, t’as une grosse panne de jambes, t’es fâché ?), ni de quelques autres. La faute au brouillard, probablement. Ce qui vaut mieux que brouille ou embrouille.

Tiens, fait soleil maintenant : je referais bien le parcours en sens inverse, pour voir ce qu’on n’a pas vu ce matin. Pas vous ?