Archives de l’auteur : Reynald

• Vélos et corbeaux (28 janvier)

Temps glauque, poisseux, pisseux, brumeux. Et pourtant, rien n’arrête le pédaleur : au RV une bonne quinzaine de licenciés, plus une délégation des habitués de la Porte Désilles, qui nous aiment tant qu’ils ne nous quitteront pas d’une pédale. Un gros peloton, donc, jusqu’à la pause, avant que ne s’opère la séparation entre les forcenés et les estivants.
Les sorties de janvier auront fait recette : 17 présents en moyenne (sans compter les dés-insulaires de la Porte). Ce n’est qu’un début, avec le retour des beaux jours, reviendront aussi les marmottes frileuses, les maniaques de l’hibernation, les confinés des salles de sport, les satyres des saunas… Allez, revenez, les accrocs du RPM, Nono Musclor et autres nababs des bains bouillonnants, arrêtez le surplace, pédalez pour quelque chose : pour avancer, que diable ! Promis, nous serons indulgents avec vous, nous savons bien que le grand air risque de vous étourdir.
Les faits du jour : la Moselle très haute et toute boueuse, un cinglé de la bagnole qui nous a frôlés (une fois de plus), pas de crevaison malgré des conditions très favorables, des projections à jet continu dispensées par les réfractaires du garde-boue, et une pause remarquable chez nos amis de Tremblecourt. Je ne parle pas de la mise à disposition des containers pour qu’on évite de jeter dans l’herbe les emballages de nos barres de céréales. Non, je parle de l’accueil en fanfare que nous font rituellement les corbeaux. Depuis des années la scène se répète : ils sont là, dans les arbres (il faut dire qu’ils sont devenus rares, les arbres au bord des routes, on les a éliminés, ces salopards qui se jetaient sur les voitures)… Ils sont là, toujours, innombrables et croassants, « les chers corbeaux délicieux »…
C’est Rimbaud qui parle ainsi, dans un poème (intitulé  « Les Corbeaux ») qui a été mis en musique. Vous l’avez peut-être appris à l’école, ou entendu. Voici ce qu’il écrivait, ce môme de 17 ans, en 1871 (et il fait allusion à la défaite que la Prusse vient d’infliger à la France, annexant l’Alsace et une partie de la Lorraine, qui resteront allemandes jusqu’à la « revanche » de 1918) – je ne cite que quelques vers :
Armée étrange aux cris sévères
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous,
Dispersez-vous, ralliez-vous !
 
Par milliers sur les champs de France 
Où dorment des morts d’avant-hier,
Tournoyez, n’est-ce pas l’hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !
Ainsi, à l’avenir, quand vous prendrez la route qui relie Manoncourt à Tremblecourt et que vous serez salués par le cri des corbeaux, vous pourrez vous réciter du Rimbaud.
Qu’on se le dise, ce n’est pas pas parce qu’on est des pédalos qu’on doit nous prendre pour des bourricots !
A bientôt, pour la première sortie de février.
Reynald

• Rodrigue à vélo (21 janvier)

Un petit miracle : après une semaine de pluie continuelle et de vent vif, une fenêtre de beau temps s’ouvre ce dimanche matin. La pluie fait une pause, le vent fait un somme, et les vélos s’ébrouent. Certains ne passent pas par le lieu du rendez-vous, mais ce sont en tout dix sept pédaleurs qui vont tricoter des gambettes, sous un ciel dégagé, et par une température somme toute assez douce pour une fin janvier. Trois belles côtes au programme, deux groupes à partir de la pause, un même plaisir partagé.

Comme ces temps-ci je suis d’humeur versificatrice, plutôt que de raconter par le menu et fidèlement la sortie du jour, je me suis amusé, en mêlant le vrai et le faux, à pasticher le fameux monologue de Rodrigue (dans le Cid de Corneille), ce qui réveillera quelques souvenirs scolaires chez la plupart d’entre vous (on y parle en alexandrins, le plus souvent coupés 6/6, on prononce les e à l’intérieur des vers, sauf quand ils sont à la césure – après la 6e syllabe donc) Voici la chose (ci-dessous et en pièce jointe), en espérant qu’elle vous amusera aussi :

Rodrigue à vélo 

Nous partîmes à dix mais par un prompt renfort

Nous nous vîmes dix-sept au prix d’un bel effort,

Tant à nous voir rouler avec un tel visage

Les plus époumonés retrouvaient du courage !

Plusieurs vont se cacher au cœur du peloton

Préférant s’abriter penchés sur leur guidon

Plutôt que d’affronter un vilain vent de face

Et risquer de devoir bientôt demander grâce.

 

Les plus vaillants coursiers ont le cœur à l’ouvrage

Ils font du pédalier le meilleur des usages

Choisissant le plateau élisant la couronne

Les plus appropriés à leur ardeur gloutonne.

Mais quand d’autres cyclos venus d’on ne sait où

Sans un mot nous dépassent arrogants un peu fous

On les laisse passer, tout leur paraît tranquille,

Ils savourent un peu vite leur bon tour imbécile.

 

Nous nous dressons alors et tous en même temps

Poussons jusques au ciel mille cris éclatants,

Puis nous les rattrapons en trois coups de pédale

Sans leur laisser le temps de crier au scandale.

Mais nous sympathisons aussitôt réunis

A rouler de concert on se fait des amis

Rivalités s’oublient aussi vite qu’apparues

A vélo tous unis sans vainqueurs ni vaincus.

Reynald

 

• Le cycle des Lumières (14 janvier)

Que de monde au rendez-vous ! Une bonne vingtaine de licenciés auxquels s’ajoute un groupe d’habitués de la Porte Désilles, des amis VVV pour la plupart. Le président Schwob propose qu’un groupe 2 se forme dès le départ pour diminuer l’effet de masse (le code prescrit qu’un peloton ne doit pas dépasser les 20 unités). Quelques feux tricolores auront d’abord raison de cette sage précaution, mais la petite côte de Marbache suffira à rétablir le dédoublement…

C’est ainsi, nous sommes passés au vélo à deux vitesses, et chacun devrait y trouver son compte. A trois vitesses, même, ainsi que nous l’avons également envisagé : le groupe 1bis se forme peu après la pause, le rythme des jeunots et des actifs sevrés de biclou pendant la semaine étant un peu élevé pour les vieilles guibolles. Et pour la saison. Mais c’est à se demander s’il y a encore des saisons pour les fondus de la Petite Reine : janvier ou juin, c’est à peine s’ils font encore la différence. Rien ne les arrête, et pour certains rien ne les ralentit ! Pas très raisonnable. Mais il faut dire qu’un mordu de la pédale qui serait raisonnable, c’est presque une contradiction dans les termes.

Les toubibs recommandent de ne pas trop forcer quand il fait froid : il faisait froid. Mais pas de toubib pour nous rappeler ce conseil judicieux. Il y en avait bien un dans le peloton, de toubib, mais il en a tant vu (le VVV Jean-Mi) des cyclistes pas raisonnables, qu’il sait bien qu’il ne serait pas entendu. Il se contente de faire le Samu à l’arrière, et c’est déjà beaucoup. Association d’idées : notre nouveau responsable à la sécurité, Stéphane, a joué son rôle en nous invitant à cesser de rouler trop à gauche : deux files, en campagne, c’est le maximum autorisé et une bonne précaution contre les frôleurs motorisés.

Il faisait froid, donc, mais quel soleil ! Et quelle lumière ! Ce qu’on préfère, je crois, c’est cela : pédaler dans la lumière. Est-ce qu’on s’en trouve plus éclairés ? Disons que ce n’est pas certain, mais qui sait ? Des étincelles dans les neurones… On peut rêver. Autre définition du vélo : le cycle des Lumières… Histoire de faire barrage à l’obscurantisme de ceux qui pédalent dans la semoule. Quel beau programme pour 2018 ! A vos pédales, citoyens !

Reynald (ex et néo-secrétaire du club)
PS : le bon mot du jour (suggéré par le VVV Francis) : la pause, ce fut celle de #balancetonport-sur-Seille… les machos n’ont eu qu’à bien se tenir.

• Bonne table, bonne année 2018 !

Dimanche 7 janvier 2018
Les photos transmises par Jérôme fournissent le thème principal de mon compte rendu : bonne table et pédalage ont fait ce matin bon ménage !
A dire vrai, il n’y avait pas de meilleur moyen de fêter dignement la toute première sortie 2018 : que Nadyne, notre très courtoise et souriante hôtesse, en soit remerciée, au nom de tous les heureux convives qu’elle a reçus. On se souviendra longtemps de la qualité de son accueil et de ses pâtisseries maison. Mais je n’aurais garde d’oublier son complice, Guy (notre très estimé « Africain des Baronnies »), dans nos remerciements.
Je ne sais si le type de pause ainsi inauguré a un avenir, mais pour une première ce fut une belle première. Une année qui commence aussi bien, ce n’est pas négligeable. Et tant pis si nous sommes rentrés un peu plus tard qu’à l’accoutumée : ne pas se presser, c’est un luxe qu’on peut bien se permettre de temps en temps.

Un bonheur ne venant jamais seul, la flotte de la semaine avait eu le bon goût de cesser, tandis que la température était demeurée douce, ce qui a contribué, en plus de la pause promise de Villey-le-Sec, à faire sortir de leur tanière pas moins de 17 pédaleurs. Comme le vent de nord-est était d’abord favorable, on a décidément commencé par le dessert ce matin. La suite, après la pause, fut un peu moins digeste, mais les calories nadyniennes ont permis d’affronter gaillardement le vent de face et de rentrer à bon port, les uns directement, d’autres en allant longer la Moselle en crue (en voilà une qui s’est bien empiffrée lors des récents réveillons).

En résumé :
Que l’année nouvelle
Soit à cette image
Année sans nuages
Année de galettes
Année de gala
Trala tralala !

A Nadyne et Guy
Mille dix-huit mercis

Reynald

 

• Au matin du réveillon (24 décembre)

Pour une fois, et pour terminer l’année (je serai à Bruxelles dimanche prochain) quelques vers et non de la prose. Des vers de mirliton, je vous l’accorde, ça vaut pas un carafon. Mais faut bien s’amuser un brin.
Pour faire plus léger, j’ai choisi des vers impairs, réputés plus musicaux, des vers de 7 pieds (selon un rythme 3/4 le plus souvent). J’ai un peu triché avec les e dit muets à l’intérieur des vers : tantôt ils faut les prononcer et tantôt pas, pour faire sept – à vous de respecter le rythme).
Reste à trouver la manière dont cela pourrait se chanter…

Au matin du réveillon
Réveillés sont dix garçons
Ils enfourchent leur bicyclette
Et s’en vont conter fleurette
A la belle fée du vélo
Allegro ma non troppo
Qu’ils musardent ou accélèrent
Leur plaisir c’est fendre l’air

Pas de pluie ni même de zef
O Jésus Marie Joseph
A Noël tout est promesse
L’an nouveau et l’allégresse
S’offrent à tous nul n’en doute
A la messe comme sur les routes
Tous pour un et Dieu pour tous
A genoux ou cyclopousse

Randonneurs l’ont célébrée
La fidèle, la bonne fée
Christian Christophe et Amico
Jean-Michel Patrick Marco
Sans oublier tout bien compté
Du peloton l’autre moitié
Jean-Marie Jean-Claude Marcel
Jérôme Reynald et Gabriel

Dix et deux cela fait douze
Comme les mois comme les apôtres
Les étoiles de la couronne
Douze qui pédalent comme personne
Car en chemin deux des nôtres
S’ajoutèrent à la partouze
La partie de jambes à l’air
Qu’en ce jour Randos fêtèrent

• Randos et VVV (17 décembre)

« Si par un matin d’hiver des randonneurs… » (pour plagier Italo Calvino, un grand écrivain italien, qui fut d’ailleurs un ami de Perec et comme lui un pratiquant de l’écriture à contraintes – mais aujourd’hui, je ne ferai rien disparaître, bien que l’idée m’ait traversé l’esprit… alors on verra).
… Si, disais-je, des cyclos randonneurs enfourchent leur bécane chérie à la mi-décembre, ils ont plaisir à rouler sous un ciel clair et sur des routes sèches, dans une fraîcheur revigorante. Dix ils sont au départ, et treize un peu plus tard (les frères Coaltar passant par là, accompagnés de l’homme d’Azelot). Parmi eux, ne sont pas peu fiers quelques-uns des lauréats honorés lors du récent « festival des cannes », je veux dire lors de la remise des prix VVV.
On les comprend, les heureux récipiendaires :
Patrick Nicolas, dit Patou des Corbières, a reçu le Prix du Fer à repasser, autrement dit du plus mauvais descendeur. Jean-Claude Huret, celui de la Confiance aveugle, qui récompense celui qui ne sachant jamais où l’on est et où l’on va, s’en remet à ses compagnons les yeux fermés. Gaby, celui du GPS récalcitrant, ce qui se passe de commentaire. Amico, celui de la Pancarte, pour ses talents de sprinter à l’approche des villages (mais pour l’assistance qu’il prodigue aux derniers du peloton, il aurait mérité également le Prix du Samu social : le jury réparera son oubli l’an prochain, ce qui va obliger notre homme à continuer de faire le va-et-vient entre l’avant et l’arrière du groupe). Quant à moi, je formais la moitié du jury, mon complice Francis R. formant l’autre moitié, démocratie oblige.

D’autres présents de ce matin qui, par leur trop jeune âge, ne pouvaient prétendre à des distinctions réservées à de Valeureux Vétérans du Vélo, ce sont les Guillaume L, Jérôme M., Marc Digi et Franck C. ; quant au Patrick de Châteaux-Salins, à nouveau venu se joindre à nous, je ne sais pas son âge ni s’il aspire au titre glorieux de VVV.
Au fait, la saison 2018 approche, un calendrier des sorties (et des séjours) VVV a été établi: les Randos qui n’en ont pas été destinataires et qui pourraient être intéressés par certaines de ces sorties sont invités à se faire connaître. Je le leur adresserai.

Une remarque en passant : sans l’avoir prémédité, dans la 2e moitié de la sortie de ce matin (72 km), on a goûté à la formule qui sera de règle en 2018 chez les Randos : un groupe 1 à l’avant, qui se déleste d’un groupe 1bis quand ça embraye sévère, et à l’arrière un petit groupe entré en méditation. Il y en aura pour tout le monde, c’est bien l’objectif.

Encore un peu de patience, et bientôt je pourrai vous dire ceci :
Avec la fin de la pluie, de la neige et du verglas, ils peuvent enfin cesser d’hiberner, les amants de la petite reine. Plus d’un s’est remis en selle, dix, vingt, qui sait, tant ils étaient impatients de lever les yeux sur les paysages ou de baisser la tête sur le cintre, à chacun sa manière. D’autant que va être instituée en 2018 la règle des deux paquets…

Vous ne remarquez rien ? Mais si, voyons : je viens de faire disparaître la lettre O ! Merci à Italo Calvino.
Rinaldo

• La disparition bis (10 décembre)

Amis du vélo et de la grasse matinée !
Un rappel : le jeu consiste à rédiger un texte (court ou moins court) en se passant totalement de la lettre e, qui est en français la plus usitée de toutes les lettres (et pas seulement des voyelles). La tâche est donc rude, mais amusante… mais si, mais si. La preuve est que trois d’entre vous ont réagi en le pratiquant, ce jeu d’enfer, la semaine dernière. Le concours est donc à nouveau ouvert. Pour ma part, faute de pouvoir rouler, j’ai réessayé, et je me suis bien amusé (mais si, vous dis-je).
Je vous livre le résultat – après avoir remarqué que dans cette rapide introduction, j’ai utilisé spontanément (si j’ai bien compté) 82 fois la lettre e…

La disparition du biclou (bis)

Par grand froid, air glacial, frimas, blizzard ou fort crachin sur Nancy, l’homo cyclans, tout fan, tout fou qu’il soit du biclou, n’aura choix plus malin qu’avoir dormi tout son saoul, dans un bon lit chaud (un gras matin, dira-t-on).

Allons, amis, dormons plus tard aujourd’hui, puis buvons un vrai jus noir ou un chocolat fumant, croquons dans un pain croustillant, ajoutons du jambon blanc, du saucisson, tout ça non sans boissons ni fruits frais … Miam miam ! Au fond, aucun matin plus sympa. La saison a du bon, on a plaisir à n’assouvir pas sa passion, son sport favori (stimulant), son loisir (parfois fatigant). Ou son addiction ? Au vrai, on a plaisir à s’alanguir ainsi sous son toit, à la maison, avant la Saint-Nicolas ou plus avant dans la saison.

Amis Randos, bons compagnons, profitons à fond, jouissons du jour sans biclou !

Ou alors, sous d’abondants flocons tombant dru, roulons jusqu’à la Schlucht ou au Valtin, chaussons nos skis, glissons, crapahutons sur nos cols favoris, nos hauts Ballons. Mais sans nos biclous ! Trop glissant ! Plutôt parcourir monts ou vallons blanchis, skiant, courant ou marchant, mais pas roulant. Car imaginons un randonnant du club ou un VVV juchant son biclou sous gros flocons… Pas photo, sûr pronostic : à tout coup vacillant, chutant, souffrant, mal partout, allô maman bobo… la Birizina, quoi !

Ajoutons un mot : Rando, homo cyclans, si ton nom bannit l’outil grammatical disparu, alors nous pourrons souffrir l’inscription dans mon propos dudit nom, gagnant à tout coup. Ainsi, listons nos compagnons tout à fait gagnants (nom plus mot avant nom) : Patrick Nicolas, Amico Di Cianno, Marc Di Gianantonio, Guy Cayrou, Franck Cornu… cinq, pas plus.

Alors, comptons nos amis VVV : Francis Roch, Alain Dauch, Ludovic Thomas… ça fait trois. Cinq plus trois font huit : pas un gros tas. Aucun Johnny Halliday (paix à son art, à son chant), aucun Aznavour non plus, ni Gainsbourg, ni Barbara, ni Piaf… Normal !

Confirmation, donc : la disparition fait tsunami sur maints mots, moult noms, sur tous bons outils grammaticaux français. Un pari fou qu’avoir pour ambition l’oubli total d’un truc si omnigraphant ! N’imaginons pas y avoir satisfaction. Mais pour autant, faut pas faillir, faut vouloir, tant qu’il fait trop froid, trop glissant, pour sortir son biclou dominical.

Rinaldo

• La disparition du biclou (3 décembre)

Amis du Cycle,
L’écrivain Georges Perec était un homme de défis, de défis littéraires. Entre autres exploits, il a écrit un gros roman de plus de 300 pages intitulé La Disparition : ce qu’il y a fait disparaître en premier lieu c’est la lettre E…
Oui, il a réussi à tenir la distance en se passant de tous les mots qui comportent cette voyelle, la plus fréquente en français, la lettre absolument indispensable !
La preuve : dans les quelques phrases qui précèdent, écrites au fil de la plume, je viens d’utiliser pas moins de 49 fois la lettre E (avec ou sans accents).

Ainsi, si je voulais simplement parler du vélo en évitant cette lettre, mon embarras serait extrême : vélo, bicyclette, petite reine, cadre, tube, dérailleur, valve, pneu, rustine, pompe, développement, vitesse, freins, plateau, couronne, chaîne, essieu, roue, selle, sonnette, garde-boue, casque, cycle, cycliste, pédaler, grimper, monter, descendre, etc., etc. Que d’e, que d’e !

Bien sûr, c’est une raison de plus pour essayer quand même. Et comme le froid de ce matin a contrarié mon apparition lors du RV du dimanche matin, c’est le moment ou jamais d’évoquer (en quelques mots, pour commencer)

La Disparition du biclou

Nous, amis du biclou, aimons plus qu’il faudrait nos compagnons roulants : pas un jour, pas un mois, pas un an, sans nos machins cyclants, sans nos trucs tout guidons, tout pignons, tout rayons, sans tout ça fait pour nous (Randos ou VVV). Biclous jadis lourds, à un pignon (ou trois ou cinq), aujourd’hui sans poids, sans mauvais gras, tout aluminium ou tout carbon. Ainsi, nous avons grand plaisir, ça sourit sous nos panards, ça jouit dans nos cuissards, quand nous voici sprintant, grimpant, moulinant tant, tant… qu’à la fin tout ramollos aboutissons.
Plus nous roulons, tarin au … au quoi ? non pas lui, pas ça, disons : au mistral, au sirocco, au noroît, à l’harmattan, ou au simoun, d’accord… plus nous roulons, donc, plus nous aimons ça, surtout quand nous glissons sur bons billards fort plats, sans grains, sans cahots, sans cailloux ni gravillons.
Alors, quand nos biclous vont disparaissant, froid aidant ou par matin trop chaud, nous n’avons plus qu’à languir, à souffrir, sinon à mourir.
Mon topo va finir là pour aujourd’hui, car suis tout ramolli du cabochon, tout fourbu, plus qu’à biclou, plus qu’à parcourir (pidalant) pays lorrain ou cols voisins, si ardu, si ingrat (mais jouissif) m’apparaît un si tordu travail visant à la disparition non du a, du o, ou du i, mais du plus banal outil dont toujours nous usons, nous plumitifs d’occasion ou purs animaux parlants.

R(e)ynald
PS : Perec a aussi écrit un livre beaucoup plus mince intitulé Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? Il y est assez peu question de vélo, mais c’est très drôle. Si le froid persiste…

• Le jour d’après (26 novembre)

Un lendemain d’AG, ni l’abus de blanquette de veau ni la descente répétée du Ventoux (un vin qui tape fort) n’ont cloué au lit les convives : une bonne quinzaine de Randos repus sont au rendez-vous, auxquels s’ajoutent une poignée de VVV et quelques inconnus – dont un Patrick de Château-Salins, venu tout exprès après avoir consulté notre site : à l’en croire, on le reverra. Avec la petite nouvelle venue à l’AG (et au repas), Anne Tinquel, et avec Pierre Lemoine s’il confirme, le club amorce plutôt bien son renouvellement. Et l’affluence de ce matin peut à bon droit être comprise comme un signe de confiance envoyé à la nouvelle équipe. Dommage que les membres de l’ancien bureau n’aient pas été de la partie, c’eût été une occasion de rouler tous ensemble et d’effectuer en pédalant le passage de témoin. Mais ce n’est que partie remise, car l’hiver, hélas, va être long.Pour info, les nouveaux élus se réuniront dès demain, et vous aurez donc très vite un président tout neuf et cinq adjoints qui se seront répartis les responsabilités.

Comme il se doit en cette saison, on a roulé ensemble durant toute la sortie, en observant un tempo raisonnable. La séparation en deux groupes (dès le départ) décidée hier, ce sera pour le début de la belle saison, au mois de mars. Pour l’instant on hiberne gentiment, mais sportivement tout de même. Des promenades de santé, en somme, où l’on évite de se la ruiner, la si précieuse bonne santé.

En regardant dans le rétro, je réalise que je suis en train de boucler ma 25ème année chez les Randos… ça commence à compter. Mais tant que la santé j’aurai, je continuerai – en écoutant peut-être, on verra, les séduisants conseils de notre Jacques électrique, si vous voyez ce que je veux dire. Si cela s’avère encore plus efficace que les poussettes des bons camarades VVV (Claude P., qui était là ce matin, et Marc H.), il faudra que j’y songe, même si une batterie de je ne sais combien de watts, c’est nettement moins convivial.

Reynald

• La roue tourne (19 novembre)

Une belle petite sortie d’automne : routes humides, mais temps sec, température clémente, un ciel d’abord un peu voilé, avant que s’imposent soleil et ciel bleu, un régal… Seulement 67 km au compteur, mais près de 700 m de dénivelé : c’est que le parcours était agréablement vallonné, avec quelques belles côtes, ce qui l’a rendu tout sauf ennuyeux. Et comme les 11 présents se sont mis spontanément en mode promenade, ils ont eu tout le temps d’apprécier les couleurs de saison, sans être perturbés par l’effort.

Les futurs candidats au bureau du club étaient tous là, ils en donc ont profité pour échanger et pour peaufiner le projet qu’ils vont vous présenter lors de l’AG de samedi prochain. Un projet fait pour « tenir la route », évidemment. Seul Michel, notre webmestre, était dispensé de présence : il a le droit de se remettre doucement de son marathon de New-York. Car il y a participé, le bougre, et de belle manière. Ce qui fait que notre club fut là-bas « représenté à l’international », comme on dit désormais ! Certes, il ne s’est guère servi de son vélo, mais quand on s’appelle « Rando nancéien », les pieds peuvent bien suppléer les roues.

Parmi les présents du jour, on a eu le plaisir de revoir Pierre Lemoine, qui a troqué Ligny-en-Barrois pour Nancy, et le VTT pour le vélo de route : il songe donc sérieusement à prendre une licence chez nous, ce qui fera de lui le premier nouveau licencié de l’année 2018. Bienvenue ! Ce qui s’appelle « faire d’un(e) Pierre deux coups ». Le très jeune Guillaume (qui était également de la sortie), se partage désormais (après son succès au Bac) entre Sarrebruck et Nancy, mais il continuera de rouler avec « les vieux » et de faire notablement baisser la moyenne d’âge.

La conclusion du jour : la roue tourne, mais le club aussi continuera de tourner.
A vos pédales, camarades !
Reynald