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• Un 200 km mémorable (14 mai)

Trois semaines plus tard…

La grande randonnée de l’Ascension avait bien commencé : la pluie, ce n’était qu’une faible bruine, pas de quoi décourager le randonneur moyen. Mais elle avait tout de même dissuadé l’un des 21 inscrits, JMS, le pharmacien de Vence. Manquait aussi à l’appel Franckie l’arracheur de dents, qui se plaignait du dos. Les pilotes de la camionnette, eux, étaient bien là, François et Valéry allaient veiller sur nous. Même un peu humide au départ, la journée promettait d’être belle. Les cyclos allaient prendre leur pied.

Le début du parcours est très plat, l’allure est soutenue, on rattrape assez vite le retard pris au départ. Tout baigne. Un peu trop, même, ça mouille de partout, vu que beaucoup n’ont pas songé à monter les garde-boue. À l’approche des Vosges, le relief devient plus vallonné ; à Saint-Quirin, il faut slalomer entre les stands de la grande foire annuelle qui est sur le point d’ouvrir ses portes. On découvre la belle petite route qui mène à Abreschviller, via Vasperviller, qui a l’avantage de nous épargner la longue côte de la route directe. Avant les grosses grimpettes du jour, ce n’est pas négligeable. On rejoint ainsi la piste cyclable, on hésite à la prendre, on la prend, et on enregistre les deux premières crevaisons de la journée. Mauvais présage ? On arrive par petits groupes à l’Auberge du Bel Air, le petit-déjeuner est prêt, il est copieux et aimablement servi. On est dans les temps, les choses sérieuses vont commencer.

Hélas, deux fois, trois fois hélas, voici qu’une fausse bonne idée me traverse l’esprit : donner un coup de pompe à mon pneu arrière, au motif qu’il est très légèrement dégonflé. Le problème est que la pompe a pour effet de le dégonfler tout à fait. Et pas moyen d’y parer ; on essaie trois pompes différentes, rien n’y fait. On se résout à changer la chambre, Pierre et moi, et on laisse le peloton partir devant, estimant qu’on fera la jonction lors du regroupement prévu sur les hauteurs du Donon. Sauf que la 2ème chambre ne résiste pas au gonflage, elle éclate, on le prend mal, le stress monte. La 3ème chambre, pas moyen de la gonfler, on s’énerve, on démonte, on s’aperçoit qu’elle est copieusement fendue. D’où vient cette malédiction ? La 4ème chambre est la bonne, semble-t-il. On part à l’assaut du Donon avec une demi-heure de retard. Pierre tire la morale de l’affaire : le mieux est l’ennemi du bien. Il a raison : si je n’avais pas touché à mon pneu arrière, on serait monté avec le groupe, et peut-être sans encombre. Pire : la veille, par précaution, j’ai mis un pneu neuf à l’arrière, l’ancien ayant déjà fait plus de 5000 bornes, sans être pour autant très abimé ; un pneu qui n’avait jamais crevé, et que j’aurais mieux fait de conserver ! Oui, le mieux est l’ennemi du bien.

Malgré le stress, le palpitant qui bat un peu trop fort en ce qui me concerne, nous grimpons, en sachant qu’on ne rattrapera pas le peloton, mais si tout va bien, en ne nous arrêtant pas, nous ne devrions pas arriver très en retard au restaurant. Sauf que survient une nouvelle alerte : mon pneu arrière ne tourne pas rond… on l’examine, il a l’air bien positionné, mystère. Dans la descente sur Schirmeck, j’ai un peu la trouille, je sens mon pneu qui tape, il ne ferait pas bon qu’il éclate. Nous entamons la montée vers le Struthof et les cimes du Champ du feu à 11h10, on pense possible d’arriver à la Serva vers 12h30, pour un peu ça baignerait… mais bientôt, mon pneu arrière est à plat. Nous n’avons plus de chambre de rechange, la voiture « suiveuse » est invisible, je regonfle, je parcours une centaine de mètres, et rebelote. Une seule solution : rouler sur la jante… Ce qui rend la grimpette nettement moins facile, mais, haut les cœurs, on n’est pas là pour se prélasser.

Ainsi, je me fais l’essentiel de la montée « dans le dur », d’autant que la roue arrière continue de taper fort. Un peu plus tard, je comprendrai que la chambre prêtée par Pierre est munie d’une très longue valve réservée aux jantes larges, et que sur la mienne, la tête de la valve fait un bourrelet qui empêche la roue de tourner rond. Péniblement, mais sûrement, je me hisse jusqu’à la route du sommet. On touche au but, le restaurant n’est plus très loin, je dis à Pierre de ne plus m’attendre et d’aller chercher du secours. Ce qu’il fait, sauf que cinquante mètres plus loin, il s’arrête à son tour : non, ce n’est pas une blague, c’est une crevaison ! Donc, nous voici tous les deux en carafe, sans chambre de rechange, dans le brouillard, et la camionnette n’est toujours pas revenue vers nous. On se dit qu’elle a dû rater la route du restaurant. Bingo, c’est bien ce qui s’est passé. Quand elle arrive enfin, Pierre vient d’achever de coller une rustine, à l’ancienne, stoïquement. Cette fois, on n’est pas mécontent de monter dans la caisse. Et de rejoindre enfin nos petits camarades.

L’ambiance est bonne, on se fait « chambrer », c’est le cas de le dire, le moral se regonfle. Après tout, ce n’est pas si grave, on a eu la poisse, ça arrive, mais on a le sentiment d’en avoir fini avec les ennuis. Georges est de la fête, à défaut d’avoir pu rouler avec nous. Nul doute que l’après-midi s’annonce sous de meilleurs auspices ; d’ailleurs, le soleil commence à percer, et de sa part, percer est une bonne chose. Grâce à Didier, le super-mécano, mon pneu arrière se trouve équipé, dans les règles de l’art, d’une nouvelle chambre à air. Ce pneu tout neuf ne semble pas avoir trop souffert d’avoir été martyrisé. Ça baigne !

Remonter sur la route du Champ du feu, passer le col de la Charbonnière, dégringoler vers celui de Steige, filer vers la route de Blaise, monter doucement vers Saales, grimper le col du Las, tout cela est un jeu d’enfants. Ou presque. Le soleil aidant, la randonnée de l’Ascension tient enfin ses promesses pour tout le monde (mais Gégé, un peu juste, a-t-il dit, s’est offert un raccourci, et on ne le reverra pas).

Et puis, et puis… voici que Pierre crève à nouveau (sa rustine qui a mal tenu ?). Pour éviter un scénario très prévisible, j’aurais dû ne pas m’arrêter, d’autant que nous sommes six à le faire. Mais Pierre m’a tellement secouru ce matin que je ne me vois pas me défiler. Et bien sûr, à peine remontés sur les biclous, nous menons grand train, je suis parfois à la limite de la rupture, je m’accroche, je fais beaucoup d’efforts, et l’on retrouve le peloton lors de l’arrêt prévu à Baccarat. Rebelote : les retardataires se font chambrer, je suis à nouveau à la fête, c’est mon jour. Mais enfin, voici la petite troupe réunie, cette nouvelle péripétie aura apporté un peu de piment à une deuxième partie qui en manquait un peu… On sait y faire, chez les Randos.

Comme il est tard et que les forces ne sont pas épuisées, les costauds se font un plaisir d’assurer un tempo très soutenu. Vraiment très soutenu, si bien qu’à l’approche de l’arrivée, je suis de ceux qui réclament qu’on ralentisse l’allure. On en est à 185 km parcourus environ, on s’est tapé dans les 2300 m de dénivelé, il semble sage de terminer une sortie Audax à moins de 35 km/h. Devant, ça ralentit un poil, mais pas pour longtemps, l’odeur de l’écurie est la plus forte. On approche, Lunéville ne sera plus très loin une fois passée la charmante bourgade de Saint-Clément… Clément, il y a des mots comme ça qui résonnent. Clément, clémence… ça a un petit côté rassurant.

Le peloton ralentit légèrement, ce qui paraît prudent. Mais les distances se réduisent entre les vélos, et en voici un devant moi, à ma gauche, qui me semble se rabattre quelque peu vers moi, peut-être n’ai-je pas anticipé la petite vague qui se forme. A ma droite il y a des vélos tout proches, impossible de me déporter de ce côté, pas suffisamment en tous cas pour éviter le scénario qui s’est dessiné en une fraction de seconde… pousser un cri n’y change rien, sinon que ça avertira peut-être ceux qui me suivent. Ensuite, le film s’accélère, je touche une roue arrière, mon vélo se sépare de moi, je n’ai plus rien pour me soutenir, et donc je me vautre, je me ramasse, je prends une fameuse pelle. A terre, c’est d’abord « arrêt sur image », je sais que j’ai pris un gadin, je suis conscient, je voudrais esquisser un geste, murmurer un mot : pas moyen, rien, ça ne répond pas. Un gros court-circuit. C’est contrariant. Je ne me souviens pas avoir déjà éprouvé cette sensation fort singulière. Faudrait pas que ça dure, je finirais par m’inquiéter, et les copains aussi, qui doivent me trouver bizarre.

Et puis les sensations reviennent, je sens mes douleurs, c’est plutôt bon signe, je ne suis pas paralysé, j’entends le doc Jean-Michel estimer que je n’ai pas la clavicule cassée, voici une bonne nouvelle. Gaby, qui aime à comprendre, me demande de lui expliquer ma chute, faudra qu’il patiente… On me dit que les pompiers vont arriver, je sens des gouttes sur mon front, si en plus je me prends une rincée, tout de même faut pas charrier. La caisse des pompiers, ce sera un vrai tape-cul, et leur brancard, il sera du genre rembourré avec des noyaux de pêche. Ce sera au bout du compte le pire moment de cette aventure imprévue. La suite, les dégâts, vous connaissez (fractures du bassin, quatre côtes cassées, luxation de l’épaule).

J’ai su plus tard que vous vous êtes pris une grosse averse avant d’arriver aux voitures. Désolé, je vous aurai décidément retardé au cours de cette belle journée pleine de promesses. Au moins ces promesses ont-elles été tenues pour la quasi-totalité du groupe. C’est une consolation. Quant à moi, faut croire que ce n’était pas mon jour.

Ce qui me chagrine maintenant, c’est de penser à toutes les sorties manquées depuis ce funeste 14 mai, et à celles que je vais manquer dans les prochaines semaines. Et dire que dimanche, le 7 juin, c’est mon projet de 300 km qui va tomber à l’eau ! Ce n’est pas juste, je proteste. Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ?

« Tu n’avais qu’à pas tomber »… je crois entendre Saint-Clément me le répéter chaque jour. Chers amis, entendez son message : tomber, il ne faut pas !
Reynald

 

 

 

• Sortie du 10 mai 2015 : Latina chronica

Je vais dédier cette chronique à Christian, le Mousse de Bouxières, qui s’est mis depuis quelque temps à agrémenter nos sorties de citations latines. Et comme les langues anciennes sont menacées par la nouvelle réforme des collèges, ce sera une manière de les défendre, hic et nunc, une manière pas très sorbonnarde, il est vrai, mais il faut bien se faire comprendre. Donc, mêlé à quelques citations authentiques, c’est du latin de cuisine que je vais vous servir. Ne vous étouffez pas.

Ainsi, dixit Mussus Bouxierus, nous étions, ab initio, au départ de Nancy intra muros, quelques vingt homines pedalandi : Ave  Caesar, qu’ils ont dit en me voyant arriver, roulaturi te salutant ! Un peu plus tard, on a récupéré un revenant, Patrick le kiné, dit Patricius Digitalus (pour les raisons que l’on sait), et sur la fin le gloriosus GG VVV à peine redescendu du Mont Ventoux. Mais de façon prématurée, on avait perdu extra muros notre batavus amicus, Bert-Jan ayant eu la mauvaise idée de s’échapper avec l’inconnu du jour, un certain Roberto vêtu de bleu – comme je venais de lui faire remarquer, au Robertus caeruleus, que sa façon de ne pas jouer le jeu des relais était un peu bestialis et merdica, je n’ai personnellement pas regretter qu’on l’ait perdu. Vous allez me dire qu’il n’est pas le seul à se foutre des relais comme de l’an quarante : veritas horribilis, je vous le concède, aeternalis bordelus, dirais-je même, et on a beau le répéter ad infinitum, que dalle, ça ne marche pas, nihil advenit. Et il en sera ainsi in saecula cyclarum. Ita vita est. Dommage, car l’union fait la force : virtus unita fortior.

Mais l’incident a fait de la peine au velo-balayandus du jour, Christophus Primus Kiabus, qui aurait aimé ne pas égarer l’une de ses brebis, surtout au moment de traverser la sancta villa du regretté pape de Clémery, le diabolicus Clément XV : vade retro satanas, qu’il lui a dit, Mussus Bouxierus, touche pas à cet agnus Dei pedalandus, même s’il a péché envers le club des Cycli Randonni Nanceiani ! Déchargé de sa fonction après la pause, il s’est consolé, Christophus Hexacylindrus, en animant la furiosa partita manivellarum à laquelle s’est livré le premier groupe, gloriosa cohortis fortium. Dans cette débauche d’énergie se sont distingués ex aequo Petrus Mathematicus, Nativitus Musclor, Johannes-Lucius Medicus, JC Princeps, Mickaelus Faber (qui étrennait son superbe Cannondale), Gabius Maltosus, Philippus Deslandarum (autre revenant), JM Schwobaldus, sans oublier Mussus Latinissimus Bouxierus. Quant au scriptor randonnus emeritus lui-même qui vous raconte tout cela, il a fait ce qu’il a pu pour s’accrocher au char velossimus.

Et le scriptor ne peut donc rien dire du groupe de l’arrière, sinon qu’ils devaient être sept à musarder peinardement, plus peut-être l’éternel pédaleur errant et solitaire, que j’ai un instant aperçu, mais je ne sais plus où.

Comme il y a deux jours, le temps était parfait, la campagne riante, la pédalée souple, l’humeur joyeuse… Gloria in Excelsis Velo … Carpe diem, amicus cyclistus, n’aie pas de regret, ne manque pas de si beaux moments, car tempus fugit, memento mori, memento quia pulvis es.
Et si tu m’as bien compris, tu ne manqueras pas l’irremplaçable grande évasion ascensionnelle de jeudi prochain, le traditionnel 200 km Audax, le summum bonum de l’année, le nec plus ultra. Et ne l’oublie jamais : In velo veritas. Amen, amène-toi !
A jeudi, donc, et gaudete !
Renaldus Scriptor

• Le 3 mai : un dimanche sans vélo

Que font les cyclistes le dimanche matin quand la pluie les prive de leur dose habituelle d’endorphine ?
Faute de preuves, on peut imaginer divers scénarios. Mais de cela on ne peut douter : ils pestent, tous autant qu’ils sont, ils enragent, ils grognent, ils grommellent… Et ils regardent par la fenêtre, pas moyen de s’en empêcher, c’est maladif, c’est compulsif, c’est cyclo-pathologique ! Et si jamais dehors il ne flotte pas, c’est pire, ils s’en veulent, ils crient à l’injustice, ils voudraient massacrer les imposteurs de Météo-France. C’est sur leur chère bécane qu’ils devraient être à cette heure-ci ! Pire encore, voici un rayon de soleil, le salaud, l’intrus, le couteau dans la plaie. Vite, la pluie, qu’elle revienne, qu’au moins on ne regrette rien, à errer là, dans la maison, comme des âmes en peine !
N’empêche, faut s’occuper, faut penser à autre chose, alors…

On se propose d’aider dans la maison, le ménage, la cuisine, n’importe quoi plutôt que de ruminer… Mais on a si peu l’habitude, on s’y prend mal, on fait les choses de travers, c’est agaçant, on la dérange, la chère, la tendre, qui aime tellement son dimanche matin, ce bon moment de vie à soi, tranquille, quand on peut prendre son temps, rêvasser, écouter des chansons, téléphoner aux amies, il sera toujours temps de lui mijoter un bon petit plat, à mon sportif de mari… Faut se faire une raison, on gêne, on n’est pas le bienvenu, on n’a rien à faire là, un dimanche matin… Dehors !

Autre solution, on se fait tout petit, on s’éclipse, on va bricoler dans le garage, et là, ça ne rate pas, on a beau tenter de ne pas le voir, on ne ne voit que lui… le vélo, le sacro-saint vélo, délaissé, malheureux, pitoyable. Alors, on lui fait un brin de toilette, on le paluche, on le flatte, on le fait reluire… Obsessionnel, on se l’avoue, c’est vraiment obsessionnel. On essaie bien de trouver une diversion, un truc à réparer, un coup de peinture à donner, mais il ne cesse pas d’être là, de trôner, de réclamer des soins, le bien-aimé, l’adorable, l’insurpassable VELO !

Et si on promenait le chien ? Mais oui, promenons le chien ! Sauf que le cher toutou, la pluie, il n’aime pas beaucoup, il ne se prive pas de le faire savoir, il tire sur sa laisse comme un dément, il repart en arrière, il hurle, il crotte partout, il agresse tout ce qui bouge, il mord un enfant, il bouffe un pigeon, il perd la boule… « Cave canem », Gaby vous l’avait bien dit. On aurait fait mieux de caresser le chat en regardant la télé. Mais le chat, il a aussi ses habitudes du dimanche matin, il ne voit pas pourquoi il se laisserait tripoter par un énergumène qui craint la pluie, il n’a pas envie de ronronner, lui, il sort ses griffes, il se plaint, il se réfugie dans les bras de sa maîtresse… ça crève les yeux, vous n’avez rien à faire là. Dehors !

Alors, vous allez au bistrot, vous vous enfilez canon sur canon, vous dépensez un fric fou en billets de loto, vous vous faites jeter dehors, vous glissez sur un étron canin, vous roulez dans le caniveau, personne ne prête attention à vous, vous levez la tête péniblement, vous apercevez des roues de vélo qui passent sous votre nez, indifférentes, scintillantes sous le soleil revenu, vous entendez des voix, il est question de la Malzévilloise… Un cauchemar !

Vous jurez qu’on ne vous y reprendra plus, vous avez compris le message : un dimanche matin sans vélo, c’est l’enfer. Le vélo du dimanche matin, c’est sacré. Par n’importe quel temps.
Reynald
PS : si certains d’entre vous ont tout de même participé à la randonnée de Malzéville, qu’ils me le disent, je leur rendrai justice.

• Sortie du 26 avril : Orage du matin…

Faire du vélo à Nancy… et ailleurs (Champigneulles, Les Timbrés de la Petite Reine)

Vous qui n’avez pas participé à la randonnée du jour, je vous imagine : vous vous êtes levés tôt, le ciel est nuageux mais il ne devrait pas pleuvoir, le café et les tartines ont bon goût, le moral est au beau fixe, le jour se lève ; et puis, vous entendez d’étranges grondements, ce n’est pas le chien qui grogne, personne ne ronfle dans la maison, bientôt le doute n’est plus permis, des éclairs sillonnent le ciel, le bruit du tonnerre a fait place à celui de la pluie, et voici que ça tombe dru, que ça tape de plus en plus fort, il fait de plus en plus sombre… vous êtes accablés, la sagesse commande de rester à l’abri, vous renoncez.

Quelques minutes plus tard, plus une goutte ne tombe, la lumière revient, vous êtes encore plus contrariés, car il va faire beau, c’est sûr, vous vous en voulez, vous vous traitez de dégonflés, de fous, de « timbrés », pour un peu, mais c’est pour avoir manqué la si bien nommée sortie du jour. Eh oui, il aurait fallu y penser plus tôt : après l’orage, le ciel se dégage.

C’est ce qu’ont pensé, en revanche, ceux qui figureront sur la photo du départ : onze Randos, plus deux ASPTT de nos amis, le facteur Marc et la postière Elisabeth. Plus tard, on retrouvera  Speedy Didier lors du second ravito, et je ferai aussi un bout de chemin avec Georges, alors que j’étais échappé (?). D’autres peut-être auront pris un départ plus tardif, si bien que si vous me demandez combien nous fûmes au total, les Randos, je vous dirai : un certain nombre… Mais en tout cas moins que nous aurions pu l’être si un bref et facétieux orage du matin n’était venu perturber l’esprit des plus fragiles.

Ce ne fut donc pas une randonnée des Timbrés comme les autres. Un premier mystère, c’est celui de l’absence du citoyen d’honneur de la cité de Champigneulles, le grand, l’immense, le super-médaillé Nono : comment-a-t-il pu, l’ingrat, décevoir l’attente de tout un peuple alors qu’il vient d’être fêté en héros ? Voir L’Est Républicain du 13 avril, et la coupure de presse qu’on vient d’ajouter sur notre site (Photos > Evénements > Défi Ouest Isol).

Le second mystère, c’est que nous ne sommes pas partis à 13 (sur le coup de 7h30), mais à 10 : pourquoi le Président et ses deux fidèles compagnons ont-ils pris un départ différé ? Cela m’échappe tout à fait, puisque, sauf erreur, ils s’étaient inscrits eux aussi sur le grand parcours. Peur, non de l’orage, mais de la rage que certains mettent dans leur pédalage ? Pourtant, on se l’était dit, qu’on roulerait groupés jusqu’au ravitaillement (le premier, au moins, puisqu’il y en avait deux).

Je devine leur demande : dans les faits, ils ont roulé comment, les gaillards ? Disons que ce ne fut pas tout à fait sur le mode cyclosportif, mais que ce fut tout de même cyclo et sportif… Mais j’ajoute que si, précisément, le trio présidentiel avait fait partie du groupe, l’allure en eût été un peu moins vive ; et je n’aurais pas été le seul à devoir parfois être attendu (que voulez-vous, moi, quand ça monte je ralentis, c’est plus fort que moi, et je ne m’en porte que mieux).
Comme je n’ai tout de même pas voulu que la très sportive et sacro-sainte moyenne de mes compagnons en souffre trop, j’ai profité d’une crevaison pour m’échapper au km 70 et pour rouler seul, à mon rythme, pendant trente bornes, à regarder les vaches, le beau vert tendre des arbres, le jaune éclatant des colzas (que le pauvre Cri-Cri ne supporte pas vu que le pollen, ça lui encrasse les soupapes).

En un mot, les présents se sont régalés, chacun à sa façon, les absents se sont morfondus, et les postiers se sont réjouis : l’orage mutin du matin n’aura pas empêché la bonne tenue de leur manifestation. Longue vie aux Timbrés !
Reynald Lahanque (secrétaire des Cyclos Randos Nancéiens)

• Sortie du 12 avril : Il y a mordu et mordu

Cette fois, on y est, au printemps, qu’ils se sont dit les Randos, quand « l’aurore aux doigts de rose » (c’est Homère qui parle ainsi, dans son épopée de la guerre de Troie et des aventures d’Ulysse), quand le jeune soleil du matin, donc, est venu frapper leurs paupières… Les plus avisés ont revêtu une tenue de circonstance, les plus frileux ont fait comme d’habitude depuis plusieurs mois. Du monde, au total, pas moins de 24 athlètes du dérailleur, une belle bande de mordus de la Petite Reine.

Des « mordus », j’use volontiers du terme pour nous désigner, sans avoir besoin de préciser qu’il faut l’entendre au figuré. Mon étonnement est donc grand en apprenant que notre cher Gaby Malto a récemment pris le mot au pied de la lettre, n’hésitant pas à offrir sa cuisse aux crocs d’un affreux molosse : te voici doublement mordu, mon petit Gabius, c’est respectable, mais franchement ce n’était pas la peine de te donner un mal de chien pour en arriver là. J’espère au moins que le médor n’est pas tombé malade, vu que la malto, les anti-oxydants et tout le bataclan, c’est pas bon pour les toutous. « Cave canem », disaient déjà les Romains, ce qui signifie « attention au chien » et non pas « des canettes dans la cave ».

Un beau petit parcours vallonné, un ciel voilé puis dégagé, une température de plus en plus douce, et des arbres en fleurs, blanches et roses, qui donnaient à la campagne lorraine un petit air d’estampe japonaise… On aurait eu tort de s’en priver, voici qui justifie qu’on ne se lasse pas de notre cher vélo. Et comme un plaisir ne vient jamais seul, on a eu aussi celui de rouler groupés jusqu’à la pause. Après la pause aussi, d’ailleurs, mais différemment. Pour l’atteindre, la pause, il a fallu se coltiner la fameuse côte de Châtins-Salaud, qui a plus d’une mauvaise pente dans son sac, comme son nom le suggère.

J’ai idée qu’avec les renforts du menuisier et du commissaire (et du chimiste batave, mais aujourd’hui il se prenait chez lui un bon polder), le groupe des costauds s’est étoffé : j’en ai compté 15 à l’avant après la pause (15 en m’incluant, désolé), qui se sont offerts une bonne, une vraie, une sacrée partie de manivelles. Faut dire que c’était souvent descendant, ou très roulant, mis à part le coup de cul de Manhoué et les côtelettes de Leyr : au moins, en ralentissant, on a eu le temps de les admirer sur leur trottoir, les hôtesses de Leyr (ouais, bon, on fait ce qu’on peut). Donc, ça file, ça file, de vrais démons, des frénétiques, à Fresnes pas le moment de freiner, à Malaucourt le mal court toujours, et à Lanfroicourt on s’avise qu’à cette vitesse on va rentrer avec une heure d’avance. Une catastrophe.

Donc, le maître ès parcours, le Pierre-qui-roule, il initie un vaste détour, sans arrêt à Han, droit sur Jeandelaincourt, qui se nommait autrefois Godelincourt, on se demande pourquoi, et qui fut célèbre pour sa tuilerie, désormais fermée. On ne s’attarde pas dans le mièvre Moivrons, et une fois pris Leyr, c’est la dégringolade à fond la caisse sur Custines (qui s’appela d’abord Condé, puis sous la Révolution Port-sur-Moselle, avant de prendre le nom d’un ancien gouverneur de Nancy). C’est qu’ils ne manquent pas de mordant, les mordus. Mais là, à Custines, le drame ! Les avaleurs de bitume ne veulent pas prendre la piste cyclable, des fois qu’il y aurait trop de monde, je vous demande un peu : ainsi, j’aurai été le seul à prendre le temps de converser avec les cygnes, les hérons et les cormorans, et sur la piste, en fait de monde, il n’y avait pas un chat. Et pas un chien. Comme quoi, on peut être à la fois mordu et pas mordu.

Je vais arrêter là mon pavé, en ce jour de Paris-Roubaix, ça deviendrait indigeste.
Mais tout de même, j’en offre un, de pavé, à ceux qui n’ont pas participé au VVV de mardi dernier et qui n’ont donc pas reçu la chronique que j’en ai tirée. Comme elle semble avoir bien plu, je vous en fais profiter, petits veinards – voir pièce jointe (j’y parle de l’énigmatique « Homme-vélo », et pour que vous compreniez tout, je précise que son nom est Maréchal).
Reynald

• Sortie du 5 avril : Pâques aux tisons

On dit qu’en vieillissant on ne voit plus le temps passer. Je confirme : voici déjà l’hiver revenu, et je ne me souviens pas avoir goûté en 2015 au printemps, à l’été, ni même à l’automne ; faudrait pas vieillir, ça passe vraiment trop vite !
Donc, c’est en tenue de Schtroumpfs de la banquise qu’il a fallu à nouveau pédaler ce matin. Sauf Jean-Michel, venu en tenue de plage, jambes à l’air et fines chaussures aux pieds… Imaginez le tableau : eh oui, Jean-Mimi, il n’y a pas que l’âge pour provoquer des confusions, il y a aussi l’abus de sport et des produits qui vont avec.

Le jour de Pâques, c’est grand-messe et réunions de famille : nous n’étions que 11 au début, en comptant Jean-Yves, qui, lui, ne compte pas sur nous et qu’on a peu vu, comme d’hab’. Puis Gégé a pris un raccourci, Patrick a fait demi-tour, et certains ont coupé un peu plus loin, qui étaient attendus pour la fête des cloches et la foire aux œufs. Entre-temps, on a récupéré à Toul trois lève-tard que je ne nommerai pas vu qu’ils sont sans excuse et qu’il s’agit d’Amico, de Michel et de Nono.

Le Michou, il prétend qu’il n’avait pas pigé qu’on était passé au rendez-vous de 8h : regarde ton site, Vélibest, c’est écrit en toutes lettres, faut pas nous la faire ! Nono Musclor, c’est autre chose : il s’est donné une demi-heure de sommeil en plus, car il se fatigue beaucoup pendant la semaine, il fait de la salle (de sport), il se bat à distance sur des machines à pédales bourrées d’électronique contre des adversaires du monde entier… c’est la vérité, notre p’tit gars de Champigneulles, il est mondial ! Il se tire la bourre à distance avec des Australiens, des Américains, des Mexicains, des Acariens, des Cow-boys et des Indiens, des Moldaves, des Slovènes, des Turkmènes, des Mènatous, et même des Suisses. Quant à Amico, il a pensé que, le jour de Pâques, le lieu du rendez-vous, c’est la cathédrale de Toul (molto devoti, l’amico).

Comme les cadors roulaient ce matin comme des cadors, j’ai fait le 2e groupe à moi tout seul après la pause de Chaudeney. Mais dans le toboggan qui mène à Sexey-aux-Forges, le Bon Samaritain de Bouxières est venu me rechercher et on a cheminé ensemble, et avec Jean-Marie B. bientôt rencontré (il avait pris le parcours en sens inverse, histoire de brouiller les pistes). Ce fut donc très convivial, ce modeste 2e groupe. On pouvait parler et lever la tête.
Pour terminer, une pensée pour Gaby, qui n’a manifestement rien entendu de mon message précédent sur la bonne manière de rouler avant la pause :

Affectueux : Mon Gabichou, faut pédaler mou mou au début, faut pas faire bobo aux petits loulous qui tournent pas vite les jam-jambes.

Haddockien : Gabuche, bougre d’ectoplasme, moule à gaufres, faut pas souquer comme un bataillon de forçats avant la mangeaille, mille tonnerres de mille sabords !

Olympique : Gabius, tu connais: citius, altius, fortius… plus loin, plus haut, plus fort… Certes, mais qui va piano va sano, mon p’tiot Gabo …
Surtout le matin, un jour d’hiver,
Reynald

• Repos du 29 mars : Laxou, ça (ne) roule (pas)

Repos du dimanche 29 mars : Laxou, ça (ne) roule (pas)

Je ne sais pas combien de téméraires ont participé ce matin à la sortie Monts et Jardins. Le temps n’était pas exécrable, mais tout de même très humide. Il est probable que j’aurais mis le nez dehors si je n’avais été sérieusement enrhumé. Par ma faute : jeudi, il ne faisait pas très froid, il y avait même un peu de soleil au départ, et mon envie de printemps était si forte que j’ai choisi de rouler en tenue d’été. Assez rapidement, ça s’est gâté, vent vif et froid, un peu de bruine, si bien que j’ai eu de plus en plus froid et que j’ai même terminé la sortie tout à fait congelé. Tout ce qu’il fallait pour choper un rhume. Donc, ce matin, j’ai été sage par la force des choses. Mais je suis bien désolé pour Francis et pour son club de Laxou, ça roule, puisqu’ils n’ont probablement pas accueilli la grande foule.

Comme je n’ai rien à vous raconter et que vous ne détestez pas votre distraction dominicale, la voici : pour avoir souvent recommandé, sans être pour autant entendu, que l’on roule « en dedans » pendant la première partie de nos sorties (avant la pause), je me suis amusé à imaginer quelques variations, en faisant l’hypothèse que l’une d’elles au moins sera comprise par chacun d’entre vous, autour de la formule suivante :

Pendant la première partie, on pédale sans forcer l’allure

* Pour les polyglottes :

Anglais : During the first part we pedal without forcing the pace.

Allemand : Während des ersten Teiles tritt man in die Pedale, ohne die Allüren zu zwingen

Espagnol : Durante la primera parte pedaleamos sin acelerar la marcha.

Japonais : 最初の役割の間に我々はペースを押し付けないでペダルを踏みます

Russe : В течение первой части мы педаль без принуждения темпа.

* Pour les adeptes du franco-français :

Verlan : danpé la reprem tipar, brother, tu dalpes sans céfor lurla.

Argotique : Te casse pas la nénette, t’actionnes tranquille avant le casse-dalle.

Précieux : Lors que les pédalistes n’en sont qu’à la prime part de leurs hauts faits, ils veillent à observer une cadence de gentilshommes.

Lorrain : Hé, gros, l’matin, te tournes mou les jambes, les deux !

Snob : Je déteste me gâcher la life dès potron-minet en m’adonnant au fast cycling.

Malin : Pédaler en dedans au-dehors, tu fais comment, p’tite tête ?

Réversible : L’allure, sans la forcer, qu’on pédale, pendant la partie qu’est la première.

Valseuses : On n’est pas bien, là, à la fraîche, décontractés du gland… tout à l’heure, on sortira le rouquin et le sifflard, et il sera toujours temps après de se remuer les miches.

Policier : Une bande d’individus casqués, se déplaçant à vitesse réduite sur des deux-roues, a écumé la campagne ce dimanche matin ; on ne sait pourquoi ils ont festoyé à mi-chemin près d’un cimetière ; c’est ensuite qu’ils se sont déchaînés, massacrant le bitume, flinguant les pancartes, grillant les feux rouges et dévorant les côtes. Le commissaire EC, qui aurait identifié la plupart des membres de cette horde sauvage, a commencé son enquête.

Politique : d’abord tu moulines, tout à gauche ; ensuite tu laisses les bourrins, les bas du front, mettre tout à droite.

Bon dimanche !

• Sortie du 22 mars : Du vent sur les cantons

Félicitations, vous avez fait ce qu’il faut pour hâter la venue du printemps (comme je vous y invitais la semaine dernière) : du soleil, de la chaleur pendant la semaine, du vélo en cuissard et manches courtes pour ceux qui ont pu mettre le nez dehors. Un régal !

Hélas, vous avez relâché trop tôt votre effort : ce matin, c’était à nouveau le régime « gla-gla on se les gèle ». Ce ne fut tout de même pas la glacière promise par Météo-France, on a vu pire. En revanche, c’est la centrifugeuse qu’on s’est tapée, la soufflerie, les rafales, dur dur le retour. A Thuilley, les groseilles n’étaient pas mauvaises, mais un peu étouffantes, du genre à rester sur l’estomac et à plomber les mollets.

Tout ça pour dire que la bonne vingtaine de participants a pris un bon bol d’air. Les petits nouveaux étaient là, Sherlock Eric,  Lavoisier Bert-jan, et pour la première fois le menuisier Mickaël (on compte sur lui à l’avenir pour raboter les côtes, mais pas pour nous scier les pattes). En revanche, tous les grands anciens n’étaient pas de la fête, Eole n’étant pas leur dieu préféré.

Comme il se doit en ce jour d’élections, des cantons, on en a parcouru un paquet, on en a vu des binômes, des affiches, des urnes, des électeurs, dans la belle campagne lorraine. Enfin, attention, on ne dit plus la campagne, ou la cambrousse : on dit la ruralité… et de même, on ne dit plus les paysans, les culs-terreux, ou les croquants, on dit : des personnes en situation de ruralité ! C’est comme pour les handicapés, faut dire : des personnes en situation de handicap… ce qui change tout, bien sûr. Et nous, on est quoi : des personnes en process de locomotion cycloïde ? Je crois qu’on veut vraiment nous rendre idiots. Vive les péquenots !

Comme nous sommes passés près des magnifiques halles en bois de Vézelise, un mot à leur sujet (à la demande de Christophe): leur histoire commence au XIIIe siècle, elles ont été plusieurs fois reconstruites, et ont pris leur visage actuel par décision du duc de Lorraine en 1599 : encadrées par l’Hôtel de Ville et l’Auditoire de Justice, bâtis en pierres de taille, les halles en bois se présentent sous la forme d’un vaisseau à quatre nefs à plusieurs travées. La base des madriers en bois de chêne repose sur des grosses pierres plates provenant des carrières voisines d’Houdreville. Construite sur deux niveaux, les halles possèdent un étage abritant dès l’origine le grenier à grains lui aussi construit en bois (chêne et sapin).

Endommagées en mai 1940, elles furent immédiatement restaurées, et le 30 novembre 1942, classées au titre des monuments historiques. En 1997, de nouvelles restaurations leur redonnèrent un coup d’éclat. Enfin, depuis 1999, l’ancien grenier à grains a été converti en salle socioculturelle.

Les mots du jour (on est gâtés, il y en a plusieurs) :
« Jusqu’ici j’avais mal partout sauf aux jambes… » (Jacques, dans une côte).
« Tu as fait de la salle, maintenant tu fais de la selle » (Jean-Marie B. à l’adresse de Jean-Marie S., le docteur Pansement, qui sortait de son hibernation).
« Contre le vent, il faudra faire front, mais pas national » (qui a dit cela ? Je ne sais plus, mais je souscris, puisque, comme l’a dit un savant homme, « le cyclisme est un humanisme », le contraire de la connerie raciste et démagogue).
Bon vent !
Vézelise-Halle20

• Sortie du 15 mars : Hâter la venue du printemps

 » Dans les civilisations celtes, de grands bûchers étaient allumés, pour aider la renaissance du soleil et hâter la venue du printemps. »

Faudra-t-il en venir là ? Allumer des bûchers pour susciter le retour du soleil, de la lumière et de la chaleur ? Car on a beau guetter les signes avant-coureurs du printemps, le fait est là : l’hiver fait de la résistance. C’est peut-être ce qui a réduit le peloton du jour. Moi, je me force, mais l’idée même de devoir continuer à empiler les couches de vêtements et les protections, pour un peu, ça me découragerait.

Nous étions tout de même 14 au départ, puis 16 avec les deux éclaireurs du jour (Marcel et Franck, le Tonton flingueur de Bouxières et le Flingueur tâteur de pancartes), puis 14 à nouveau, Georges et Gégé, les doyens, ayant tous deux des motifs d’écourter la balade.

J’ai aperçu quelques pâquerettes en fleurs (voici un signe), un renard mort (c’est signe de quoi ?), des bénévoles d’Atton ramassant des détritus (un souci louable de propreté, ou un signe que dans cette commune on est particulièrement sagouin ?). J’ai eu l’impression que le vent était constamment (ou presque) défavorable (de face ou de côté) : on aurait dû tourner dans l’autre sens. Au moins, les paquets de terre sur les routes étaient secs, ce qui nous a évité les crevaisons. Pas comme mardi lors du premier VVV, auquel 8 licenciés du club ont participé : jamais vu autant de crevaisons en une seule sortie (on a dû frôler la dizaine) et jamais rentré non plus avec un vélo aussi sale.

J’ai sondé quelques rouleurs sur mon projet de 300 km, qui visiblement en effraie plus d’un : suis-je vraiment inconscient ? Que je sache, beaucoup de Randos faisaient autrefois le Paris-Longwy, et ils s’en sont bien portés. Faut s’y préparer, c’est sûr, et se forger le mental adéquat (conseil de Gégé), mais c’est dans nos cordes, j’en suis quasiment sûr. Laissons mûrir.

En attendant ce grand jour (ce sera le 7 ou le 14 juin), je proposerai bientôt quelques sorties en semaine, en jouant tantôt sur la longueur, tantôt sur la difficulté, et toujours sur la nouveauté (par rapport à nos promenades au départ de Nancy).
Et maintenant, trêve de plaisanterie, on fait ce qu’il faut pour hâter la venue du printemps…
Reynald

• Sortie du 8 mars : Printemps et VIP

Enfin une belle matinée, depuis le temps qu’on l’attendait ! Après la fraîcheur (tout de même) du début, soleil, douceur de plus en plus sensible, vent très faible. On respire, on va vraiment sortir de l’hiver. Vingt trois bienheureux ont en profité, dont deux invités de marque : Eric (Corderot), qui, à vrai dire, est un adhérent du club, mais qu’on a peu vu jusqu’ici, puisqu’il se partage entre Dijon et Nancy. Comme ce n’est pas un secret, le journal local lui ayant consacré un papier très récemment, je peux bien ajouter c’est le directeur de la police judiciaire de Nancy qu’à travers lui nous accueillons dans nos rangs. S’il a besoin d’enquêteurs à vélo, il pourra compter sur nous.

Celui qui était proprement l’invité du jour est un cycliste hollandais qui m’avait contacté dans la semaine après avoir visité notre site web : Bert-Jan Groenenberg vient d’arriver en Lorraine, c’est un chercheur en chimie qui va travailler à la Fac des sciences pendant trois ans (il sera donc un collègue de Pierre V.), étant en poste sur ce qu’on appelle « une chaire d’excellence ». Nous avons eu l’impression ce matin qu’il est tout aussi excellent sur un vélo. Le commissaire, malgré son peu de pratique, était lui aussi parfaitement à l’aise. Mon petit doigt me dit que le niveau ne va pas baisser cette année, et que ce sera encore plus dur pour les cyclistes qui avancent plus en âge qu’en capacité. Comme bibi.

J’ajoute qu’on a aussi eu le plaisir de revoir le doyen du club, Georges étant venu faire le début de la sortie avec nous. Nul doute qu’il roulera bientôt pendant la sortie entière. En revanche, la section de Bouxières a brillé par son absence : la saison de belote aurait donc repris ?

Michel était le vélo-balai du jour, et il a eu du boulot : pour avoir mal lu le descriptif la moitié du groupe a d’emblée commis une bourde en passant par la côte de Fléville (vers Ludres) au lieu d’emprunter la piste du canal. Je plaide coupable puisque j’ai pris la mauvaise option. Et pan sur le bec, moi qui montre parfois du doigt ceux qui se plantent de parcours ! Le regroupement s’est opéré après Richardménil, et tout a baigné dans l’huile, sauf que le balai et le balayé du moment sont d’abord allés tout droit à Bainville, et qu’ils ont dû se taper ensuite un peu de chasse-patate.

Après la pause de Virecourt, deux groupes : 12 devant, 10 derrière. Et deux options devant la route barrée du côté de Ferrières : ceux de devant sont tout de même passés tout droit, il y avait de l’abattage d’arbres un peu plus loin, et ils en ont été quittes pour se faire engueuler par une imposante bûcheronne. Ceux de derrière ont pris la déviation et donc le fameux col du Minet. Gloire à eux ! Mais devant on s’est tapé une petite rallongette par Lupcourt, puis les monts d’Azelot et de Richarménil. Tout le monde aura donc eu sa dose d’euphorisant sportif.
Vivement dimanche, sous le soleil !
Amitiés du secrétaire,
Reynald

PS 1 : à propos de mon projet d’une sortie de 300 km : en en discutant ce matin avec Nono (le très avisé), je me dis qu’il serait sage de le différer au mois de juin. J’avais raisonné en fonction des jours fériés de début mai, mais ils ont l’inconvénient de venir un peu tôt et d’offrir des possibilités de week-ends prolongés que certains mettront à profit, puisque le 1er mai et le 8 mai tombent des vendredis.
Donc, ce pourrait être l’un des dimanches de juin, les journées sont plus longues, et le départ pourrait se faire dès 5h du matin (il s’agirait alors d’une option par rapport à la sortie club du jour). Et je me dis aussi que la date exacte à retenir pourrait être décidée entre ceux qui seraient preneurs de ce projet. Je les invite donc à se faire connaître.

PS 2 : encore une bourde de ma part (merci à Christian de l’avoir relevée) : j’ai confondu des Villey et des Villers… on écrit « Villey-saint-Etienne » et d’ailleurs aussi « Villey-le-Sec », du moins en Meurthe-et-Moselle (c’est bien « Villers » dans d’autres départements, mais je ne sais pas si l’étymologie est la même). Mais ce que j’ai découvert c’est que les anciens seigneurs de Villey-saint-Etienne appartenaient à la famille Malcuit : si l’on s’arrête à la boulangerie, il faudra donc être vigilant…