• Sortie du 25 mai : L’Europe du cycle

Je serai bref, puisque je dois répéter et répéter encore mes textes pour la soirée de demain. Je précise que nous serons quatre à nous relayer pour cette vélocipédique lecture, ce qui devrait être plus plaisant pour le public. C’est ça, l’esprit d’équipe.

Nous étions 22 cyclistes européens à avoir élu cette journée pour une randonnée quasi alpestre : les cols de Bezange, de Vic et de Château-Salins étaient au programme, outre nombre de côtes de moindre catégorie. Une rigolade, en fait, pour le peloton, tant il se confirme que l’état de forme général est excellent cette année. Que l’on fût toulois ou ardéchois la semaine dernière. Pas de craintes, donc, pour la grande randonnée vosgienne de l’Ascension : tous vont pédaler dans l’huile, tous vont se pousser du col.

Ce qui ne nous a pas empêchés de procéder à la traditionnelle scission en deux groupes après la pause. L’Europe du cycle s’en remettra : au nombre de 22, nous nous sommes gardés de nous répartir en 22 groupes, d’opinions différentes, comme c’est le cas des listes proposées ce jour à nos suffrages.

Amico, l’Ami des Randos, a eu le privilège de connaître à son tour le plaisir du vélo-balai : il a scrupuleusement veillé aux arrêts-prostate et aux atermoiements de quelques indécis (lors des montées vers les urnes). Plaisir augmenté par celui de lâcher les chevaux dans la seconde partie de l’étape.

La vérité oblige à dire que le groupe de l’arrière s’est offert quelques fantaisies : une moitié ayant à rentrer tôt pour la fête des mères (qu’ils ont dit) a rapidement pris un raccourci, tandis que l’autre moitié s’est trouvée dans l’oeuf dissociée, deux solitaires de grand chemin s’étant fait la belle avant même que tous aient réenfourché la petite reine. Mais comme il se doit, les échappés, ou plutôt l’échappé le plus déterminé s’est fait reprendre peu de km avant l’arrivée. Ce scénario original a permis aux poursuivants de s’offrir une longue et bonne partie de manivelles, bien huilée à coup de relais réguliers. L’esprit d’équipe, disais-je.

Cadeau : parmi les nombreux textes que je n’ai pas pu retenir pour demain (la soirée eût été trop longue), ces mots du grand Henri Pélissier (dirigés contre Henri Desgrange, inventeur et patron du Tour de France), des mots qui sont de ceux dont Albert Londres se souviendra quand il nommera les coureurs du Tour « les forçats de la route » :

« Ce que nous ferions pas faire à des mulets, nous le faisons. On n’est pas des fainéants, mais, au nom de Dieu, qu’on ne nous embête pas. Nous acceptons le tourment, mais nous ne voulons pas de vexations. Je m’appelle Pélissier et non Azor […] Un jour viendra où ils nous mettront du plomb dans les poches parce qu’ils prétendront que Dieu a fait l’homme trop léger. Si on continue comme ça, il n’y aura bientôt que des clochards, et plus d’artistes.«