Vous allez me dire : quelle victoire ? Une victoire sur le vent contraire ? Certes, mais pas de quoi se vanter. Une victoire sur la pluie, puisque nous avons à nouveau résisté à ses menaces ? Une victoire sur les incidents familiers qui nous guettent, mis à part un saut de chaîne (que je revendique), puis une crevaison présidentielle sur la fin ? De bien modestes victoires, en vérité.
Ah si, tout de même, n’oublions pas la victoire sur les « grosses cuisses » remportée par tous ceux qui ont eu le bonheur de faire la sortie VVV de ce dernier mardi et de se taper plusieurs grimpettes à 15%, outre plusieurs routes à 2 chevrons Michelin du massif vosgien. Jouissif sur le moment (mais si mais si), un peu moins deux jours après. J’avais oublié cette incomparable sensation des cuisses qui enflent et qui brûlent, et plus ça monte pire c’est. Je vous la recommande, petits cyclards de la plaine. Ceci dit, je me demande si l’exercice est vraiment profitable. Qui roulera verra.
Donc, en ce 8 mai, des victoires sans prétention, obtenues par 19 Randos, 15 au départ, les échappés JMB, l’as d’Azelot, et JCA, le boss d’Isol, ayant été repris sur la route venteuse de Thuilley-aux-Groseilles, avant que Georges le Vénérable condescende à venir à notre rencontre (puisque nous nous faisions attendre) sur la route de Colombey-les-Belles. Vous le remarquez au passage : les villages lorrains portent parfois de jolis noms.
Vous venez de compter : 15 + 3, ça fait 18. Où est passé le n° 19 ? Je peux me tromper, mais je crois que Guy n’était pas au départ et qu’il nous a rejoint ensuite, en descendeur expert qu’il est. Si ce n’est pas lui, que le dossard 19 se dénonce ! Ce qui est sûr, c’est que ce n’étaient pas les frères Coaltar (ça aurait fait 20), ni les beloteux de Bouxières (ça aurait fait 21), ni Marco (partir quérir le pardon papal sur la terre de ses ancêtres), ni le Doigteur ni le Flingueur ni les autres non-rouleurs du 8 mai.
Le fait majeur du jour ? Nono le Marcheur, Nono l’Haltérophile, Nono le sportif XXL a brillé pendant les 4 heures de la sortie, mais pas sur le plan musculaire : il a brillé par son art de raconter sa vie sans interruption, de jouer les moulins à paroles sur tous les terrains (même quand ça monte et que le Rando moyen est au bord de l’asphyxie). J’estime à pas moins de 15000 mots prononcés sa performance verbale. Que voulez-vous, même au sein du peloton, faut qu’il se confesse, tant il a à craindre pour son salut.
Ajoutons que le peloton a roulé groupé de bout en bout, sur les conseils des sages de la roue libre et malgré les offensives des forçats du braquet, tout cela au prix de quelques parties d’élastique. Mais jouer à l’élastique, c’est comme de faire du vélo : c’est un jeu d’enfants, qui dure longtemps.
Et demain ? Vous le savez, ou je vous l’apprends, nous sommes plusieurs à nous absenter du 10 au 17 de ce mois, pour cause de séjour vélo en Ardèche. Une grande première pour mézigue. Jamais roulé plusieurs jours de suite. Je me dis que l’Ardèche ce n’est que de la moyenne montagne, ça me rassure. Mais si vous avez des remèdes contre les grosses cuisses, vite vite, envoyez-les moi. Le clou, le pompon, l’apothéose (ou l’apocalypse), ce sera le Ventoux, le matin du dernier jour (on rentre dans la foulée, pour ne pas manquer les Côtes de Toul le lendemain : c’est ça, les vrais pros). « Le Ventoux », rien qu’à prononcer ce nom, ça m’épouvante, ça me file une impression de vent contraire, de vent partout. Une drôle d’anomalie, le Ventoux :
« Posé sur sa plaine. Il ne commande aucune vallée, il ne fait passer nulle part. Il ne sert à rien qu’à être grimpé. » (Paul Fournel)
Le même auteur, conscient qu’on ne s’améliore pas en vieillissant, écrit aussi, et j’en ferai ma devise :
« Le Ventoux en 3h est toujours le Ventoux ».
Marco Pantani l’a monté en à peine plus de 3 quarts d’heure : voyez où ça l’a mené ! Je préfère encore la façon Poulidor (toujours vaillant à ce jour), racontée par un journaliste de France-Soir :
« Poulidor avale le Ventoux avec la voracité d’un cannibale engloutissant le mollet d’un archevêque« .
Donc, donc, vous l’aurez compris, pas de chronique dimanche prochain (et pas sûr tout de même, malgré mes vantardises, la semaine suivante). Ce qui va vous laisser tout le temps d’aller visiter le nouveau site et de faire connaître vos réactions et vos propositions (envoyez-moi idées, documents, images, on fera le tri, et on mettra en ligne le meilleur) :
Salutations lorraines et ardéchoises,
Reynald
PS : Jacques a pris ce matin plusieurs photos, que je vous fais suivre (dans un autre message, car je ne suis pas sûr qu’elles passent dans celui-ci). Vous méditerez sur la belle allégorie que propose l’une d’elles : des vélos attendant l’autobus…