Comptes rendus 2024

(du plus récent au plus ancien)

Compte rendu M 6 (18 juillet 2024, Réding)

Zig Zag Zorn

Francis a une prédilection pour les Vosges du nord, mais cette année, au lieu de nous faire tourner autour de la Petite Pierre et de Graufthal, il a tracé un vaste cercle dont le centre est le rocher de Dabo et dont la circonférence emprunte la vallée de la Zorn, la forêt domaniale de Saverne et le canal de la Marne au Rhin. Le gage d’une randonnée orginale, ombragée et joliment vallonnée, dont 31 valeureux pédaleurs ont été les bénéficiaires :

Édith ANGEL – Pierre BECK- Fabien BOTHIEN – Marie-Hélène BOTHIEN – Guy CAYROU – Jean-Luc CHAPELLE – Joëlle CHAPELLE – Nadine CLÉMENT – Gilles DELABARRE – Claude DIETMANN – Bernard GUÉRARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Jean-Claude HURET – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Gérard RÉGRIGNY – Patrice RÉMY – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Un effectif composé d’une majorité d’âmes solitaires, néanmoins accompagnées de quatre couples, à la faveur de quoi le nombre de consœurs est porté à cinq ; manquent Nadine R. et notre chère Élisabeth, qui poursuit son long combat contre le mal qui l’afflige : que ce soit ici l’occasion de lui redire notre soutien et notre amitié fidèle ! Une bonne pensée également pour Francis Duval cloué sur un lit d’hôpital et voué à une longue rééducation. 

Autre constat, en forme de confirmation : outre la présence des habitués du VAE, le nombre très élevé de ceux qui optent pour le petit parcours. Le choix de la promenade calme et conviviale, parfois nourri par la crainte de s’exposer au tempo pressé de ceux de devant. Les années passent, la sagesse vient avec l’âge. Et quand il fait beau et chaud, musarder à loisir est en soi un plaisir, pour un nombre croissant d’amoureux du vélo.

J’ai su que le petit parcours fut un peu trop court, mais exigeant. Son point commun avec le grand parcours est qu’il a donné lieu à une remarquable dispersion : l’idée de tenter des regroupements semble avoir fondu sous le soleil, à moins qu’elle ait été contrariée par les zigzags des tracés et les bizarreries des gépéesses. Il semble aussi qu’on craigne parfois d’attendre, ne sachant pas si un tel est devant et tel autre derrière. Mais quand on le sait, il arrive qu’on prenne un malin plaisir à ne pas se faire rattraper. Non mais !

Ayant opté pour le grand parcours, j’ai pu rouler d’abord dans un groupe de 4, puis au terme de la longue montée partant de la vallée de la Zorn, dans un groupe de 7, un vrai groupe, et cela jusqu’au restaurant. Pendant ce temps-là, les furieux de devant éclataient en plusieurs sous-groupes, tandis le couple Bothien menait seul sa vie de couple. Et comme on ne change pas une formule qui gagne, le retour aux voitures de l’après-midi n’offrira pas un visage différent. L’essentiel, c’est après tout que chacun ait apprécié, ce jeudi, la journée de plein air offerte aux grands enfants. 

Francis a réussi à nous proposer le parcours le plus forestier qui soit, sur des petites routes sans trafic, protégées du soleil, à l’abri des nuisances. Ce fut un plaisir que de longer longuement la Zorn zigzaguant entre les rochers, les mousses et les fougères, puis de descendre entre les pins, loin de tout, dans le secret des collines. L’après-midi, ce fut le charme de la voie cycliste au bord du canal qui a permis de reprendre en douceur le pédalage. Ce n’est pas que le repas nous ait alourdi plus que de raison, puisque nous avons découvert au Restaurant de la Marne de Saverne un concept tout à fait innovant : le deux-en-un, l’entrée et le plat se confondant. Quant à la longue attente qui a séparé du dessert ce hors d’œuvre dont il fallut faire tout un plat, elle a manifestement contribué à faire grimper la note, puisque le temps c’est de l’argent. 

Je suis injuste, on nous a d’abord servi un gaspacho qui fut à la fois délicieux et gratuit. Comme quoi ce qui compte n’est pas toujours compté. De même que les beautés d’une sortie échappent à ce qui se calcule : distance, dénivelé, moyenne sont fort peu de chose à côté du trésor des sensations éprouvées.

Reynald, le 18 juillet 2024

Bonus : mon vieil intérêt pour le haïku s’étant réveillé ces derniers temps, je vous propose celui-ci, « le haïku des VVV », sachant que cette forme de court poème japonais se compose, habituellement, de 3 vers, respectivement de 5 – 7 – 5 syllabes :

Ils dédient leur souffle

Au gré des monts et des plaines

À la Vraie Vie Vive

Compte rendu M 5 (11 juillet 2024, Remiremont)

À l’école des courts cols durs

Nous sommes 40 inscrits à la splendide sortie organisée par Gilles, record égalé par rapport au M 3 de l’an dernier (au départ de Gérardmer). Mais trois forfaits de dernière minute sont à déplorer : Domi T. s’est cassé un doigt en passant par-dessus son VTT, Alain Valta, il va et vient puis s’en va, Daniel S. oublie un axe de roue, c’est ballot, il se rue chez un vélociste et ne trouve pas le bon modèle, si bien que notre désaxé rejoint l’acrobate et le fantôme dans la désertion. Restent 37, ce qui constitue dans nos annales le deuxième meilleur score :

Édith ANGEL – Serge AUDINOT – Pierre BECK – Marie-Hélène BOTHIEN – Guy CAYROU – Jean-Marie CAEL – Gérard CHEVALLIER – Nadine CLÉMENT – Raphaël COLIN – Bernard CUNY – Gérard DECORSAINT – Gilles DELABARRE – Amico DI CIANNO – Claude DIETMANN – Francis DUVAL – Bernard GUÉRARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Jean-Claude HURET – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Noël MAILFERT – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Gérard RÉGRIGNY – Patrice RÉMY – Francis ROCH – Nadine ROESCH – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD –  Bernard SAINT-AYES – Jean-Pierre VALTER 

Je note que sur ces 37 présents, et même sur les 40 d’abord inscrits, seuls 22 ont contribué au record de l’an dernier, comme quoi la rotation chez les VVV n’est pas un vain mot (nous en sommes à 70 cyclistes différents cette année). Je relève aussi que nous avons eu le plaisir hier d’accueillir 4 membres du club de Rambervillers, qui sont loin d’être des grelottes (comme on dit dans le patois local), vu qu’ils grimpent comme des avions ; que les clubs de Toul, de Neuves-Maisons et de Nancy ont mandaté respectivement 4, 9 et 4 de leurs membres ; et que les champions du Paris-Nice (Denis L.) et de l’étape du Tour (Bernard G.) n’ont pas dédaigné notre humble compagnie. Du beau linge, quoi, mêlés à des gourmands et à des promeneurs (une bonne quinzaine optant pour le petit parcours). Quant aux pilotes de VAE, j’en compte 10, alors même que je n’en suis pas, pauvre de moi, ma batterie ayant rendu l’âme. J’avoue que pour avoir zyeuté le profil des cols courts et durs au programme, je n’en mène pas large au départ.

Le début, c’est hypercool, le long de la vallée de la Moselle naissante sur une piste cyclable dont les barrières sont bien visualisées et ouvertes à souhait. Certes, on remonte le courant, on grignote des mètres (70 quand on quitte la piste), mais on se les roule. En revanche, ce qui nous attend c’est vraiment pas de la gnognotte : le col du morbide Morbieux, on risque d’y faire un bide, on ne déroule plus, on dérouille – du moins chez les modestes de l’arrière. Dans le secteur à 14%, je comprends pourquoi j’avais songé à chevaucher mon Bianchi assisté ; je m’accroche, je ne trépasse pas, je passe, et je me fais traiter de maso, comme si le cyclisme n’était pas en soi un masochisme ! 

La descente de ce premier col dur, c’est fastoche au début, c’est stressant ensuite, le granuleux succédant au lisse. On se remet du freinage à tout crin sur la calme piste de la Moselotte, avant de se coltiner le chemin de croix des Moinats : pas vraiment un calvaire, mais un truc à peine moins raide que le précédent, du 10% et plus en veux-tu en voilà, et si tu n’en veux pas, tant pis, t’as pas le choix, tu grognes mais tu grimpes. Jusqu’à ce qu’enfin vienne le moment de la récompense :  celui où on se mire au mont, je dirais même, où on se remire au mont … (ouais, elle est bien bonne). Et cela tout en songeant à ce qui va survenir. Car la suite, c’est la longue et voluptueuse descente vers Vagney, un petit Jésus dans les poumons, un pur bonheur. Tu te souviens alors que le cyclisme est aussi un hédonisme ! 

La vérité est double, ça arrive souvent. La peine et le plaisir. Le superficiel et le profond. Le lourd et le léger.

On vient donc de se farcir deux cols qu’on avait découverts récemment, mais dans l’autre sens. Ce qui fait que ce ne sont pas les mêmes, tout cycliste en a fait l’expérience. Pour gagner le restaurant, ça monte encore mais gentiment, on y arrive un peu tôt, on s’installe dehors, sous une grande tente blanche et sonore (car les vétérans durs de la feuille ont tendance à forcer la voix). Ils ont du temps pour raconter, deviser et se compter : il y a eu de la friture sur la ligne chez ceux de devant, des « hors parcours » (il en faut toujours), et des fantaisies diverses. Tout le monde se mettra à table, même ceux qui se sont inscrits « sans repas » mais qui mangent tout de même, faut suivre. Une histoire de bœuf bourguignon qui donne le guignon aux uns et la patate aux autres. Le service n’est pas des plus rapides, pour un peu les ronchons ronchonneraient, comme si prendre parfois son temps n’était pas la sagesse même ! La lenteur et la vélocité, autre Janus de notre pratique.

Le retour, c’est tout de suite du montant, du descendant, et du remontant. On s’approche de l’inédit et mystérieux col du Singe : faut pas faire les marioles, pour les guiboles c’est du duraille, et le col simiesque va se monter dans les relents du bourguignon … gare aux remontées indésirées. En fait, tu n’y croises ni gorille ni chimpanzé, et pas même une guenon, mais si tu fais le malin, t’es bon pour la soupe à la grimace. Et morbleu qu’elle est raide et pas drôle la dernière facétie pentue de cette singerie ! Mais au sommet, ouf, l’école est finie, l’école des cols durs, place aux vacances, place à l’enchantement : une petite route forestière, une longue descente jouissive, avec de beaux aperçus sur la vallée, suivie d’une partie de manivelles en plaine, non pas effrénée mais enthousiaste, jusqu’au grand parking du Palais des congrès, où les bienheureux Valeureux auront tout le loisir de commenter l’excellente journée passée ensemble.

Remerciements et félicitations unanimes pour l’organisateur du jour, le très calme et très expert Gilles Delabarre !

Reynald, le 12 juillet 2024

Compte rendu M HP (4 juillet 2024, Provenchères)

Dérèglement cycloclimatique

Une sortie « anormale » par un temps anormal. Pas prévue au programme qu’elle était, et improvisée, alors que beaucoup d’habitués erraient sur d’autres routes, et que la météo n’était pas exempte, une fois de plus, de sombres menaces. Pourtant, ils furent 23 à s’accommoder de ces circonstances contraires, et 20 à résister à la mystérieuse explosion thermique qui leur tomba sur le paletot dès le lieu du rendez-vous. Transpirant déjà, étouffant sous l’effet du fameux foehn vosgien, Pierre B. et François S. durent renoncer, tandis que Franck C., lui, avait dû se désister au petit matin. Denis L., quant à lui, échappa de justesse à l’abandon en se protégeant des injures du ciel sous le hayon de sa voiture (voir photo). Restèrent donc en course les 20 plus que jamais Valeureux qui ont osé se mouiller, comme on dit :

Benjamin CAYROU – Guy CAYROU – Raphaël COLIN – Gilles DELABARRE – Amico DI CIANNO – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean- Claude HURET – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Noel MAILFERT – Éric MASSOT – Dominique PERRET – Jean-Paul PEZEL – Gérard REGRIGNY – Patrice RÉMY – Francis ROCH – Philippe SCHUTZ – Dominique TISSERANT – Jean-Pierre VALTER  

Vous le remarquez, cette liste a elle aussi quelque chose d’anormal. Aucune trace de deux de ses composantes habituelles, la Force verte de Neuves-Maisons et la phalange féminine. Décidément, nous naviguions dans l’étrange. Inversement, Amico et ses amis de Rambervillers (Raphaël et Noël) faisaient leur retour, de même que le plus jeune des Cayrou, le bien nommé Benjamin. Sans oublier le nomade Philippe S., alias le Vicomte de Belleray, de passage en Lorraine. Et notez aussi que parmi les 20 présents, seuls 6 d’entre eux avaient déjà participé à la sortie HP effectuée le 14 septembre dernier sur les mêmes terres – HP pour hors programme, et non pas ce à quoi vous pensez, mauvais esprits, même si vous nous prenez pour des fous avérés ! 

Mais fou, il fallait l’être un peu, on vous le concède, pour s’élancer sous une pluie d’UV, pour s’infliger les petits cols du début, l’Hermanpaire, le Las, la Salcée, avant de s’attaquer à la rude Charbonnière, alors que nous étions déjà trempés jusqu’aux os, trempés de sueur. Il a fallu passer à travers les rayons solaires, comme on passe à travers les gouttes, éviter le coup de chaud à chaque relance dans les virages, échapper au ruissellement des ions et aux giboulées du cagnard. Dans ces conditions, grimper jusqu’au Champ du feu eût été une folie plus grande : le feu, on l’avait dans les guiboles, dans la caboche, dans les bronches, on n’allait tout de même pas en rajouter ! Ruisselants nous étions, transpirants comme des damnés, inondés, détrempés, aspergés, douchés, imbibés, oints par les effluves du dieu Hélios.

La sagesse fut donc d’écourter le séjour dans la fournaise et d’aller nous baigner dans ce havre de fraîcheur qu’est le restaurant-pâtisserie de Villé. Accueil toujours chaleureux, plats bien cuisinés, service aimable et rapide, millefeuilles trois étoiles … Chez Pfister on persévère, d’année en année ; on la plébiscite, la Villé-giature. Le fondateur des VVV y est honoré, et le responsable du parcours gratifié d’un dessert gratuit. Vous le comprenez, cela valait vraiment la peine de suer sang et eau pour parvenir jusqu’au saint lieu.

De Villé à Provenchères, le retour est bien court, montant d’abord, descendant ensuite, un second dessert, en somme. Le vent de face permet de ne pas étouffer derechef, c’est une chance ; le goudron alsacien n’a pas eu le temps de fondre, on s’en tire bien. Même pas besoin de s’abriter sous l’ombre des arbres lors des arrêts-regroupements, comme on l’avait fait en matinée lors de la crevaison de Denis, dont la réparation fut lente à souhait, les organismes déjà éprouvés en profitant pour se rafraîchir sous les sapins.

Vous l’avez compris, entre les lignes, dans un contexte où tout se détraque, où il fait nuit à midi, où les vagues de chaleur et d’espoir succèdent aux éruptions alarmantes, heureux furent les Valeureux ! Heureux comme des poissons dans l’eau. Je ne saurais mieux dire : comme des poissons dans l’eau !

Reynald le 5 juillet 2024

Compte rendu M 1 (27 juin 2024, Rhodes)

Parti de gueules au dextrochère de carnation, 

vêtu d’azur, mouvant d’un nuage d’argent, 

tenant une épée d’argent garnie d’or accostée 

de deux cailloux du même, et de gueules au croc d’or

(Non, ceci n’est pas un poème délirant de votre scribe favori, 

mais la description officielle du blason de la commune de Rhodes, 

dans le sabir familier aux spécialistes de l’héraldique)

Rhodes sans rodomontade 

La sortie de Rhodes, qui aurait dû être, au mois de mai, la première sortie Montagne de l’année, Patrice Rémy l’avait judicieusement conçue comme un apéritif aux futures grandes escalades, un simple rodage, en somme : de la petite montagne en plaine. Pas de quoi se vanter, donc, pour les rodomonts. Des ondulations de terrain nombreuses, quelques bosses plus exigeantes, un dénivelé total respectable mais pas effrayant. Les nombreux reports en ont faussé l’esprit, tout en gardant la saveur, appréciée comme telle par les 28 présents au rendez-vous sur les rives de l’étang du Stock : 

Édith ANGEL – Pierre BECK – Yves BECKER – Jean-Marie CAEL – Guy CAYROU – Nadine CLÉMENT – Franck CORNU – Gilles DELABARRE – Claude DIETMANN – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Gérard GOESSEN – Denis GROSDIDIER – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Dominique PERRET – Jean-Paul PEZEL – Gérard RÉGRIGNY – Patrice RÉMY – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – Dominique TISSERANT  

Quelques remarques sur cette liste : il y avait à nouveau pas mal de pilotes de VAE, mais seulement deux dames au départ (et à l’arrivée), les deux fidèles, les deux héroïques, abandonnées par leurs consœurs, car les trois couples cyclistes attendus étaient occupés à d’autres loisirs, balnéaires, olympiques (ah, la flamme) ou exotiques. Et comme dans les sorties précédentes le petit parcours a fait des heureux : un bon groupe de dix hédonistes, précédés par deux énergumènes, dont les neurones avaient dû fondre d’entrée de jeu dans la chaleur ambiante, puisque jamais ils ne se sont dit que ceux qui étaient derrière eux n’étaient pas devant. 

La chaleur, parlons-en : on ne peut pas dire qu’on ne l’ait pas ressentie, mais elle fut moins écrasante que ce qui était redouté. Un peu de vent, un souffle d’air brassé, des routes ombragées, dont celle de la vallée de la Petite Pierre, merveilleuse, fraîche, et descendante – outre que cette commune s’honore d’une Maison de l’Eau et de la Rivière, une appellation qui à elle seule a le don de rafraîchir l’esprit (sauf en cas de neurones déjà grillés). Même le retour, qui promettait d’être étouffant, fut agrémenté de nuages et d’une bienfaisante averse, hélas trop courte, ce n’est pas le Capitaine qui me démentira (le champion qu’il est et le promeneur que je suis ont en commun de mieux respirer sous la pluie et de se sentir pousser des ailes). 

La deuxième averse n’est pas venue, et c’est très dommage pour notre vidéaste, qui prit le raccourci improvisé à Kerprich-aux-Bois, perdit de vue ses compagnons et s’égara, de plus en plus accablé par la chaleur, ce qui explique qu’il soit arrivé tardivement à Rhodes. Ce raccourci « hors parcours » pour les gépéesses, était destiné à épargner Gégé le fondateur, à cours de batterie et donc bien en peine. Un heureux pour un malheureux.

Denis Grosdidier est maudit dans le secteur de Rhodes : pour la deuxième fois, il crève, ne peut réparer, doit revenir à sa voiture, avant de pouvoir nous rejoindre (à vélo) à Lutzelbourg pour le repas ; la première fois, il avait dû faire du stop pour retrouver sa voiture, il y a donc un mieux sensible. Quant au repas dont il a profité, ce fut un bon moment : une terrasse à l’ombre, suspendue au-dessus d’un petit cours d’eau, un service aimable et rapide, des plats copieux et de bonne qualité, et surtout, surtout, des boissons à volonté. La fête pour les buveurs de bière ! La difficulté était de résister à la tentation, puisqu’il fallait tout de même remettre ensuite l’ouvrage sur le métier. On a pu à cette occasion mesurer la différence de performance entre les petits buveurs et ceux qui sont surentraînés … (« des noms, des noms ! ») Quant à savoir si on pourra à l’avenir négocier cette option auprès des restaurateurs, rien n’est moins sûr. Mais les futurs organisateurs ne pourraient-ils pas tenter le coup ?

Avec la sortie de Rhodes, parfaitement préparée par Patrice (félicitations unanimes), nous avons bouclé la première moitié de notre saison 2024, en dépit des incertitudes du temps (dont certaines, d’une autre sorte, ne font que se pointer à l’horizon). Ont participé 66 cyclistes différents, la moyenne de présence s’élevant à 28,5. Un score élevé, qui témoigne de la bonne santé de la confrérie. Elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin, elle qui est adepte, d’une cité à l’autre, du petit rassemblement local (et surtout pas « national »). À la revoyure, chers amis et amies chères !

Reynald le 28 juin 2024

Compte rendu M 4 (18 juin 2024, Arches)

Arches d’abord, Vagney ensuite

Ah, allons à Arches, amis associés, accordés, altruistes ! Avançons, amateurs agiles, ambijambistes ardents, aérodynamiques, attachés aux activités alléchantes, athlètes atypiques, aux allures apparemment assez aériennes … adonnons-nous aux ascensions authentiques, abordons aux alentours attrayants, allégrement. Avanti ! Allons arpenter assidûment abords aimables, avers admirables, amples amphithéâtres, aperçus apaisants !

Alléluia !

Pour commencer (après ce tautogramme de circonstance), vifs remerciements au très dévoué organisateur du jour, qui a eu à se battre contre les menaces de mauvais temps, les risques de frais gravillonnage, les inconvénients d’un changement de date : merci à l’ami Jean-Pierre Valter ! Et merci à toi JP pour le splendide parcours que tu nous as construit, et que tu as pris soin de reconnaître, secteur par secteur, la veille encore du jour J. Hélas, tous les postulants du jeudi n’ont pu se rendre libres un mardi, si bien que désolés pour eux, vraiment désolés nous sommes, JP et moi. La météo est capricieuse, les temps sont troubles, les organisateurs s’adaptent. La récompense, ce fut le grand soleil, la douceur et la présence des 22 amis heureux qui ont pu répondre à l’appel du 18 juin :

Michel ANDRÉ – Édith ANGEL – Serge AUDINOT – Pierre BECK – Fabien BOTHIEN – Jean-Luc CHAPELLE – Nadine CLÉMENT – Franck CORNU – Michel GEORGEON – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Sylvain MEURANT – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Patrice RÉMY – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – Dominique TISSERANT – Jean-Pierre VALTER 

Malgré les aléas du calendrier, la participation pour les sept premières sorties s’élève encore à près de 30 de moyenne ; 65 cyclistes différents ont été concernés, et trois d’entre eux ont réalisé un carton plein, Edith, Sylvain et moi-même. Si vous me dites que ce n’est pas colossal, je vous réponds : tous à Rhodes la semaine prochaine (oui, bon, fallait la faire, celle-là) ! Et je précise pour ceux qui seraient tentés d’imiter le couple petit Deux-Mangent, qui a trouvé bon d’aller prendre d’abord un petit-déjeuner à Vagney avant de se rendre à Arches, que tous les chemins ne mènent pas à Rhodes. 

Le parcours d’hier, avec son départ depuis la gare d’Arches et sa pause restaurant à Vagney (oui, dans cet ordre), c’est vrai que ce fut un enchantement. Le pied, le grand pied, the big panard, el pie grande, der grosse Fuss ! Des routes impeccables, dépourvues d’embûches, des paysages verdoyants, des ruisseaux riants, de discrètes cascades, de larges panoramas à notre admiration offerts au gré des lentes ascensions et des plongées vers les vallées. Un parcours riche en longues côtes, les unes douces, les autres plus âpres, comme la montée vers le Toit du Haut, mais aussi, pour ceux qui l’ajoutèrent à leur menu (au titre du grand parcours), celle du col court mais costaud du Haut de Fourchure. Encore une découverte valtérienne. Ceux qui s’en sont dispensés hier, et on les comprend, sauront qu’elle les attend, un jour, un jour peut-être, « un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront », comme dit le poète.

En l’absence du Capitaine, alias le Garmineur, j’avais demandé à l’Ardéchois Jean-Luc Chapelle de veiller à organiser au mieux le groupe de devant : mission parfaitement réussie. Les 14 se sont attendus, regroupés, recomptés, pas la moindre discordance. Il est vrai que Domi T. était privé de ses acolytes habituels, mais il aura apprécié et retenu la leçon, et nul doute qu’il saura la faire partager lors de nos retrouvailles …

Je retiens aussi la belle ambiance qui ne se dément pas au sein de notre confrérie, sur la route aussi bien qu’à table, dans les conversations et dans les attitudes. Je me dis que pour un peu nous serions un modèle d’organisation démocratique, un exemple de relations paisibles, de cogestion aimable, de partage des responsabilités, d’absence de rivalités, de respect des différences (sportives et autres). Si on se présentait aux législatives, ce serait une façon de dire non au désastre qui s’annonce. Le devoir de réserve ne me permet pas d’en dire plus (mais je n’en pense pas moins).

Reynald, le 19 juin 2024

Compte rendu M 3 (13 juin 2024, Étival)

Vertes Vosges et couleurs vives

Denis Grosdidier nous a fait profiter à nouveau de son terrain de jeu favori : non pas des hauts sommets, mais des cols modestes, tantôt doux, tantôt exigeants, dans les contreforts du massif vosgien, le tout assaisonné de raidards à l’ancienne, du genre de ceux qu’on escaladait autrefois, jeunes et vaillants que nous étions. La bonne surprise est que tout un chacun (et chacune) soit encore capable de les affronter. Ce que n’ont pas manqué de faire les 28 escaladeurs présents hier :

Édith ANGEL – Fabien BOTHIEN – Guy CAYROU – Nadine CLÉMENT – Bernard CUNY – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Denis GROSDIDIER – Bernard GUERARD – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Jean-Claude HURET – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Gérard RÉGRIGNY – Patrice RÉMY –  Francis ROCH – Jean-Luc ROUUYER – François SAGNARD – Dominique TISSERANT – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Cette deuxième escapade labellisée Montagne nous a valu la réapparition, outre celle de Denis lui-même, de Pierrick, de Michel G. et de Jacques L. La rotation continue chez les VVV : je note que sur les 28 d’hier, 14 seulement avaient participé à la précédente sortie. Rotation, mais pas dissolution, c’est là l’ordinaire de la confrérie, et sa ligne de conduite. Contre vents et frimas, elle garde le cap, et elle roule avec prédilection dans le vert et le multicolore, plutôt que dans le gris et le brun, déprimants et semeurs d’illusions …

À noter aussi l’égale répartition du peloton entre les deux options, grand et moyen parcours (le petit étant délaissé), un signe des temps qui se confirme, l’autre étant la présence de huit adeptes du VAE – alors même que pour une fois j’avais choisi, moi, de m’en passer … Eh oui, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour ne pas laisser entrer en soi le vieil homme, comme le dit l’ami Clint ! Sans assistance, c’est parfois coton, mais quel plaisir de rouler peinard à l’arrière, sans se presser. On y joue du dérailleur, comme les autres, et sur un terrain bien bosselé on passe du tout à droite au tout à gauche, mais sans se complaire dans les extrêmes. 

Les aléas de la pédalée ont mobilisé « les sauveteurs associés » : Jean-Claude H. et Guy C. sont revenus en arrière pour secourir notre fondateur, victime d’un saut de chaîne et d’un blocage de la transmission. Plus modestement, le groupe 2 s’étant aperçu que Michel G. manquait à l’appel, quelques-uns ont eux aussi fait machine arrière pour s’enquérir de l’infortuné, victime d’une crevaison. Mais pas de sauvetage possible pour Jean-Pierre V., que son problème mécanique a contraint à l’abandon, ni pour François S., qui a effectué son habituel cavalier seul, ni pour Bernard C., qui a tenu à se coltiner le grand parcours, malgré un incident qui l’a longuement retardé. Ce dernier a tout de même pu profiter de la reposante et agréable halte verte de la Cholotte. Et d’un bon repas pris en terrasse, sous le soleil et dans la quiétude, dégusté sur un rythme tout ce qu’il y a de raisonnable.

Anecdote : j’ai découvert qu’à ma table j’étais cerné par des gloutons, les uns qui s’engouffrent chaque soir une plaquette entière de chocolat, les autres qui se goinfrent de pâtisseries ou de plats de pâtes pantagruéliques ! Comment font-ils ? Ils ont l’alibi de la forte dépense de calories que le pédalage assidu provoque, mais, à les entendre, on comprend bien que l’explication est d’une autre nature : le plaisir, le pur plaisir oral, celui de ne rien se refuser qui puisse se savourer en bouche, du moment qu’on garde la ligne (ou presque). Petit pédaleur que je suis, je me sens aussi petit mangeur, à côté d’eux. Et pourtant je me sais gourmand et je raffole de pâtisseries (à l’image du Capitaine). À chacun sa mesure, à chacun sa dose d’euphorisants alimentaires. 

Pour peu que le beau temps persiste, nous allons persévérer dans notre longue séquence de cinq sorties consécutives, un jeudi après l’autre. Plaisir de rouler et plaisir de s’alimenter vont continuer de se conjuguer. Les nombreux inscrits de la confrérie seront fidèles aux rendez-vous, les abstentionnistes étant suppléés par les présents du jour. Ni dissolution, ni exclusion, ni chaos. La roue continuera de tourner.

Reynald, le 14 juin 2024

Compte rendu M 2 (6 juin 2024, Le Thillot)

Premiers cols, premiers frissons

Enfin le beau temps ! Enfin notre première sortie Montagne, après bien des reports ! Et, grâce à l’organisateur du jour, l’avisé Jean-Paul Pezel, enfin de la vraie montagne, du musclé, du panoramique, pas moins de 7 cols au programme du grand parcours et de 2300 m d’ascension verticale. L’âpre plaisir de se hisser, le frais frisson de dévaler. Le vélo comme on l’aime. Sept sorties de cette espèce sont à suivre – plusieurs seront plus modestes, et c’est presque dommage (ceci n’engage que moi, qui aime par-dessus tout rouler sur les crêtes et embrasser les plus vastes paysages). En dépit d’un calendrier chamboulé, 26 fervents pédalistes ont été de la fête :

Michel ANDRÉ – Édith ANGEL – Serge AUDINOT – Yves BARTHÉLÉMY – Guy CAYROU – Jean-Luc CHAPELLE – Joelle CHAPELLE – Gérard CHEVALLIER – Nadine CLÉMENT – Franck CORNU – Gilles DELABARRE – Bernard GOESSEN – Bernard GUERARD – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Jean-Claude HURET – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Sylvain MEURANT – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – François SAGNARD – Bernard SAINT-AYES – Dominique TISSERANT – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Saluons au passage le retour du couple Chapelle (en pleine forme) et de Gérard Ch., ainsi que la première apparition d’Yves B., un membre de plus de la Force verte – bienvenue à lui ; déplorons que seules trois dames aient roulé, autant que de Bernard (je n’en tire aucune conclusion). Mais une première s’est produite dans l’histoire des VVV : oui, pour la première fois, il y eut plus d’amateurs pour le petit parcours que de volontaires pour le grand ! Il faut dire que le petit valait bien des grands.

Au départ, je formule une consigne simple et claire, sachant qu’ensuite les grimpettes favoriseront la formation des groupes : on roule ensemble jusqu’au Ventron, tous ensemble. Je donne le tempo jusqu’au sommet du gentil Ménil, puis que croyez-vous qu’il arrivât ? Les gros qui piaffaient dans ma roue, font la descente, oublient d’attendre, manquent la pancarte du Ventron (les étourdis), et disparaissent. Moralité : quand on donne une consigne aux VVV, il y a toujours des cancres pour ne pas la respecter. Plus loin, en bas de la descente sur Bussang, seuls le capitaine Bernard et Jean-Luc Ch. attendront les deux autres postulants au grand parcours (Franck et moi-même). C’est donc à quatre que nous attaquerons la longue montée vers le Markstein.

Il faut en dire un mot : moi, je me réjouis à l’avance de retrouver cette longue grimpette de 14 km, assez rude au début et à la fin, mais plutôt roulante et agréable entre-temps. Ô combien grande ma déception (et celle de mes compagnons) : la route a été remplacée par une rivière de gravillons, tout neufs, pas encore pris dans le goudron, mouvants, sonores sous les roues, et stressants de bout en bout. 14 km à flotter sur les cailloux, c’est long, c’est lent, c’est fatigant. Pour me saisir de mon bidon, je m’arrête, de crainte de faire un écart et de déraper, c’est dire. Une punition, il n’y a pas d’autre mot. Alors qu’on n’avait rien fait de mal, juré craché. Une grosse punition, bête et méchante. Rouler ensuite sur le bitume tout lisse de la route des crêtes, c’est un vrai bonheur, même quand ça remonte. Sauf que nous attend la petite punition après la grosse : la tôle ondulée de la route des Américains ! J’apprendrai lors du repas que les cancres de devant ont poussé jusqu’à la route de la Schlucht pour l’éviter, puis sont rentrés par le Collet et le col des Feignes – comme quoi les cancres sont aussi des petits malins (c’était comme ça en classe).

Sur la route des crêtes, prodigue en vastes panoramas, une surprise, et une autre première : je suis doublé par deux « Vache-qui-rit », …c’te rigolade ! Jamais vu ça, des vaches à vélo et qui rient. Dans la descente heurtée des Américains, je songerai à la tremblante de la vache folle, mais cette vache-là, elle ne rit pas du tout. Pas plus que les belles qui méditent dans les prés et nous regardent passer. Si amicales et si sereines qu’elles semblent parfois sourire (et non pas rire comme des grosses bêtasses).

Une autre première, pour moi et d’autres : le col de Morbieux, costaud, ombragé, paré de fougères et de mousses, tantôt lisse et tantôt griffé, morbleu ! Nous attendrons à son sommet l’organisateur du jour, un Jean-Paul malade depuis la veille, mais héroïque. J’en profite pour le remercier au nom de tous, pour son art de trouver des alternatives aux grandes routes et de choisir avec soin les ascensions gourmandes. Les gravillons du Markstein, il ne pouvait pas les prévoir. En revanche, j’ai pensé que, comme par le passé, l’ami Francis pourrait se renseigner sur l’état des travaux saisonniers affectant les routes que nous nous apprêtons à emprunter. Histoire de nous éviter certains déboires.  

Un dernier mot en passant, puisque nous avons frôlé Bussang et la source de la Moselle, mais aussi le fameux Théâtre du Peuple, qui vaut pour son architecture tout en bois comme pour ses spectacles, qui mêlent comédiens professionnels et amateurs. Cet été, on y donnera une pièce de Shakespeare et un spectacle comique de cabaret. Si vous n’avez jamais assisté à l’ouverture du fond de scène, en pleine représentation, sur la forêt, vous passez à côté d’un moment magique : une autre forme de grand frisson.

Reynald, le 7 juin 2024

            (Et souvenez-vous, la formule pouvant aussi s’entendre au féminin : « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé » – Groucho Marx)

Najac, 26 mai-2 juin 2024, l’amitié sans frontières

« Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé »

(Groucho Marx)

Jean-Paul Pezel et moi sommes devenus cette année « membres amis » de l’Amicale laïque de Toul : un club qui affiche dans son nom même une valeur aussi précieuse que l’amitié et un principe aussi essentiel que la laïcité, voici qui promettait. Et la promesse a été tenue : nous avons été accueillis aussi amicalement que possible, et la seule foi qui a osé s’afficher, c’est la foi dans le foie gras. Donc, pour commencer, vifs remerciements au président Éric et à sa fermeté souriante, à Nadine qui nous a inscrits sans nous réclamer de dessous de table, à Alain le traceur émérite des parcours, et à chacune et chacun pour leur bienveillance.

L’avantage d’être d’abord des « étrangers » dans la communauté, c’est qu’on peut en observer d’un œil neuf les mœurs et les coutumes. Nous avons ainsi découvert une nouvelle tribu cycliste, sous son double visage : ce qu’elle a de commun avec d’autres et ce qu’elle a de spécifique.

Comme toutes ses semblables, la tribu des Amicaux-Laïcs brille par la diversité des tempéraments et des attitudes : elle comporte son lot d’électrons libres et d’égarés systématiques, de suceurs de roues et de pédaleurs aidants, de vieux sages et d’extravagants irréductibles, de nostalgiques de la performance et de rouleurs tranquilles, de descendeurs prudents et de cascadeurs casse-cous. Elle a aussi ses dames alertes et dures au mal. Si bien que le grand sachem de la tribu à fort à faire pour resserrer les rangs et éviter la dispersion. Il compte et recompte les participants du jour, il ménage de fréquents regroupements, il s’inquiète parfois, il s’assure qu’il ne laisse personne en route. C’est tout un art que de tenir compte de la diversité des attentes et des ressources, et de réunir qui ne demande qu’à s’éparpiller. 

Je me mets facilement à la place de l’organisateur, puisque j’organise moi-même des séjours vélo d’une semaine (en montagne) et de grandes sorties sur toute une journée (pour la confrérie des VVV, les Valeureux Vétérans du Vélo). Et c’est précisément cette expérience qui me fait mieux apercevoir les particularités de la tribu des Toulois. 

Pour celle-ci, le terme « cyclotourisme » n’est pas un vain mot : on y cultive l’art de prendre son temps, de lever les yeux et de n’avoir pas la tête dans le guidon. Il s’agit de découvrir, de visiter, de s’informer et d’admirer. On ne roule pas pour rouler, on déroule. On s’arrête, on prend des photos, on échange et on partage. Il faut dire que nous, « membres amis », appartenons à un club qui est plus cyclo que touriste, et que les VVV, il me vient l’envie parfois de les appeler les « Vite Vite Vite », c’est dire … Jean-Paul et moi avons donc pris grand plaisir à faire du vélo autrement : en prenant le temps de la découverte, le temps de nous imprégner du charme des paysages et de ne rien perdre de la beauté des villages. 

Il m’est arrivé d’écrire que tourner les jambes à vélo c’est aussi tourner des pages de géographie et d’histoire : nous avons pu pleinement le vérifier à travers les balades effectuées autour de Najac. D’autant que la région est riche en traces du passé, architectural et industriel, en vestiges remarquables, églises romanes ou châteaux anciens, maisons de pierres, toits de lauzes, cités médiévales, ruelles pavées, moulins à aubes, fontaines romaines … Et riche en paysages vallonnés et en vallées arborées, en rivières vives et en vertes forêts, en bocages et en pâturages où se prélassent les Limousines aux yeux doux et les belles Normandes (j’ai toujours aimé les vaches, je ne manque jamais de les saluer, nul n’est parfait).

Ainsi, ce fut un bonheur que de découvrir le cœur des vieilles cités, Villefranche ou Conques-en-Rouergue, Saint-Antonin-Noble-Val, Monestiés, Varen, Laguépie, Cordes-sur-Ciel … Et Najac, bien sûr, bâtie à flanc de colline, avec sa forteresse altière, ses ruelles escarpées, sa « poste aux lettres » créée en 1840, son artiste en rebuts et son énigmatique « Bar de la plage » … Et de même un bonheur que de parcourir les vallées de l’Aveyron, du Lot, du Viaur, du Dourdou ; que de passer le Cérou ou la Sèrène, sans oublier le frisson que ce fut de franchir la Bonnette sans avoir à se hisser à 2800 mètres !

Nous avons donc, Jean-Paul et moi, musardé et admiré à l’unisson des Amicaux-Laïcs. La vérité (la vérité vraie de l’Aveyron) invite à ajouter que nous avons parfois souri. Alors, sourions ensemble. 

Il arrive qu’à peine sur le vélo on s’arrête : faut attendre les attardés, certes, mais faut aussi se nourrir, grâce à des ravitos, dès le km 15 ou 20, waouh, on n’en revient pas. Et ça baffre, ça boit, ça tchatche, ça refait le monde, pour un peu on en oublierait le vélo. Et v’là-t’y pas que ça recommence un peu plus loin, coca et chocolat, banane et p’tit café, chambrage et rigolade. Puis nouvel arrêt, pourquoi pas, il manque du monde, où est passé Jean-Louis, et la dernière fois que vous avez vu Saïd, c’était quand, et la séparation entre le petit et le grand parcours, c’était où – même que là personne ne s’est arrêté, alors que cette fois p’têt ben que ça s’imposait, histoire que chacun fasse le bon choix. Mais à Conques, faut le souligner, Nadine réussit l’exploit de réunir tout le monde à l’heure dite : il est vrai que chacun avait la trouille d’être pris en faute, après avoir contemplé le tympan de l’Abbatiale Sainte-Foy et son Jugement dernier. C’est que parmi les statuettes des damnés, on avait relevé quelques ressemblances assez troublantes, je n’en dis pas plus. 

Les arrêts fréquents et prolongés, ça tenait aussi au profil tourmenté des sorties : les Amicaux-Laïcs, ils adorent aller aux buttes, plus ça ondule, plus ça dénivelle, et plus ils en redemandent. Attention, en tout bien tout honneur, car ils ont de la moralité, les pédalistes des Côtes de Toul, ils grimpent pour se faire mal, faut pas confondre. N’empêche que l’Alain il n’a pas lésiné sur les buttes qui vous ruinent la santé, les belles bosses qui vous cassent les pattes, les raidards que tu ne montes pas dare-dare. Mais l’avantage, ce faisant, c’était de rouler sur des routes buissonnières, étroites, charmantes et sans trafic, tout juste un gros tracteur de temps en temps, et des petits gravillons oubliés là depuis la préhistoire. Ouais, un trésor que l’Alain aux gens colla (fallait la faire, celle-là, Jean-Marie, ça lui en a bouché un coin, une blague à deux balles, soupire Denis – je m’arrête là, je vais me faire mal voir). Personnellement, comme je n’apprécie guère la platitude du plat, la mornitude des plaines, l’ennui du sans-relief, j’ai été servi. Ce n’était certes pas de la montagne, haute ou moyenne, mais de l’escarpé à souhait, avec des points de vue à la clé et des descentes à gogo. J’en redemande, moi aussi.

Le temps qu’il fît, je n’en parle pas, chacun aura apprécié la douceur du sud, le soleil qui jouait à cache-cache (le p’tit malin), la température bien tempérée, la pluie facétieuse et les discrets nuages, « les merveilleux nuages » (dixit Baudelaire), rien à voir avec les frimas de la Lorraine et les célèbres averses de Toul. 

Mais ce qui n’est ni du sud ni de l’est, ni propre à l’Amicale ni au club de Nancy, c’est l’entêtante rengaine des gépéesses : « Hors parcours, hors parcours … vous êtes hors parcours ». Autrement dit, faites machine arrière pour aller de l’avant. Que serions-nous sans nos GPS ? On étudierait les cartes, on demanderait notre chemin, on causerait avec l’habitant, quelle régression ! À moins que le cyclotourisme, le vrai, y trouve son compte ? 

Et comme le très cher Clint Eastwood (94 ans cette année) se le dit chaque matin devant son miroir, « Don’t let the old man in » : « Ne laisse pas le vieil homme entrer en toi. »    

Reynald, le 3 juin 2024

En bonus facultatif : un tautogramme de circonstance, un tautogramme en N, N comme Najac et comme Nadine, qui présida aux inscriptions et à l’organisation du séjour. J’ai habitué mes amis VVV à ce petit jeu, qui consiste tout simplement à rédiger un court texte dont tous les mots commencent par la même lettre. Avec la lettre N, c’est coton, et donc quelque peu tiré par les cheveux. Je l’appelle le tautogramme NaNa (comme Najac et Nadine) :

Narrons Najac, notre nid nature. Nulle nuisance, ni nuage nocif ni neige nordique … normalement ! Nomadisons nonchalamment, négligeons naufrage nocif, névrose nébuleuse, noir néant. 

Nous néo-Najacois, naturalistes neufs : naturistes naïfs, nudistes nubiles ? Non ! Névropathes narquois ? Nenni !

Najac, nouveau nirvana, noble nectar, nourrissons-nous ! Najac nous noue notoirement, nécessairement, nadinesquement. Nickel !

Compte rendu P 4 (7 mai 2024, Ligny-en-Barrois)

Meuse TGV

Quatre sorties en plaine, trois reports : le temps prédit et le temps effectif sont capricieux en ce début d’année. Mais en dépit des menaces réitérées à la veille de son événement, l’organisateur du jour, Jean-Marie Cael, s’est refusé à surseoir à nouveau, et il a eu raison : soleil et douceur furent au rendez-vous, tout comme les 29 cyclomaniaques qui s’élancèrent dès potron-minet :

Édith ANGEL – Jean-Marie CAEL – Nadine CLÉMENT –Bernard CUNY – David DANIAUD – Claude DIETMANN- Christian DROUOT – Gilles FLOQUART – Gérard GOESSEN – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean-Claude HAZOTTE – Jean-Claude HURET – Guy HUSSON – Reynald LAHANQUE –Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Gérard REGRIGNY – Patrice RÉMY – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Bernard SAINT-AYES – Dominique TISSERAND – Marie TRIOT – Michel VILLEMIN

Parmi ces 29 pédalistes, trois invités, Marie, David et Gilles : bienvenue à eux trois au sein de la confrérie. À noter au passage que sur les 33 inscrits à la date précédente pour cette sortie, 23 seulement ont pu répondre présents hier : une bonne pensée, donc, pour les 10 qui n’étaient plus disponibles, une autre pour les 6 qui ont bénéficié du report. Le temps nous joue des tours, des bons et des moins bons.

Le parcours était plaisant à souhait, riche en petites routes désertes, forestières ou champêtres, plates ou vallonnées. Pour commencer, une belle excursion montante, et paradoxale, vers Lavallée, suivie de la descente vite avalée vers la vallée (de l’Ornain), avant la montée en lacets sur les hauteurs de l’étonnant Tannoy, point de vue panoramique à la clé, puis le long secteur descendant et arboré vers les Nant et Stainville. Une vraie découverte pour moi, et je crois, pour pas mal de monde. J’en ai profité pour musarder à l’arrière, le temps de déguster cette nouveauté, sans monter dans le train qui déjà avait été mis en route.

La conséquence de cette flânerie est que je devais compter sur le regroupement qu’en sa sagesse le peloton allait ménager à la sortie de Stainville. Regroupement il y eut, mais maigrichon il fut. J’ai trouvé là trois compagnons de route, pas un de plus (Jean-Marie G, Guy H, Jean-Claude Ha). L’avantage c’est qu’à quatre, on s’entend bien, c’est une évidence, on s’attend si nécessaire, on résiste ensemble aux fantaisies des gépésses, on échange à propos de tout et de rien, on prend le temps d’admirer les belles Charolaises et les gracieuses Normandes, les ânes au pré et les renards au loin, les églises érigées et les châteaux discrets. Bref, ce ne sont pas moins de 60 km (sur les copieux 105 de la matinée) que notre quatuor effectua ainsi pour rallier, avec un retard somme toute léger, le restaurant du jour.

Un mot à ce sujet, puisqu’hélas quelqu’un s’est cru autorisé à émettre un avis (en ligne) très défavorable et très injuste sur cet établissement : Jean-Marie n’avait pas obtenu le menu unique qu’il souhaitait, d’où un temps passé là un peu long, c’est vrai, mais je ne crois pas que nous ayons eu à nous plaindre ni du repas ni de l’accueil. Arriver en retard (une fois de plus) n’est pas une raison pour se défouler ainsi. Jean-Marie se charge de rassurer la restauratrice et moi de demander au convive vindicatif d’effacer cet avis fort peu « autorisé ». Passons.

Et disons un mot de l’affaire « Meuse TGV ». Ou TGVVV, si vous préférez. En fin de saison dernière, dans un éclair de lucidité, ils l’ont décidé et proclamé urbi et orbi, les Valeureux : on arrête de se prendre pour des coureurs, le ridicule nous guette, il est temps de dételer, camarades, on prend le temps de lever la tête, on ralentit, on se regroupe, on se serre les coudes … Le message est passé, à n’en pas douter. La preuve, le gros de la troupe a battu hier des records, de vitesse et d’entrain ! Mais c’était histoire de fêter dignement le passage à la nouvelle ère. D’en finir en beauté avec le souci de la performance et de la sacro-sainte moyenne. La page est donc tournée, définitivement tournée. Et en passant bientôt de la plaine meusienne à la montagne vosgienne, les frénétiques vont résolument troquer le fringant TGV pour l’antique tortillard. Ouf, on respire. Et on ne rit pas. 

Un mot de remerciement pour finir adressé à Jean-Marie pour nous avoir fait découvrir plus avant les charmes de la Meuse authentique, ses vertes vallées et ses rondes éminences, ses villages sans prétention, ses routes peu fréquentées et très cyclables. 

Reynald, le 8 mai 

Compte rendu P 3 (11 avril 2024, Domrémy-la-Pucelle)

Une première mémorable

Pour une première, ce fut une sacrée première ! Le trio BEN (Bernard, Édith, Nadine) a pris son tour et il n’a pas lésiné. Le parcours avait été reconnu, peaufiné, approuvé, l’escale au restaurant avait été testée, et le profil de la sortie soigneusement calculé … Calculé de façon à nous éviter la morne platitude du plat. Si bien que le parcours Plaine du trio toulois n’eut rien à envier à certains de nos parcours Montagne (un copieux D+ de plus de 1700 m). Merci BEN … Ben oui, merci. Merci d’être allés au-devant de nos désirs : faut que ça grimpe et faut que ça dégringole, sinon autant s’abrutir devant sa télé ! Les 28 présents vous en sont gré :

Édith ANGEL – Pierre BECK – Fabien BOTHIEN – Marie-Hélène BOTHIEN – Guy CAYROU – Gilles DELABARRE – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean-Claude HAZOTTE – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Fabrice MENZIN – Sylvain MEURANT –Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Nadyne POIROT – Gérard REGRIGNY – Patrice RÉMY – Patrice ROCH – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Dominique  TISSERANT – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Vingt-huit participants, donc, malgré le report, les indisponibilités et les empêchements de dernière minute. Parmi eux : le vénérable fondateur des VVV, qui vient de fêter ses 82 printemps, la néophyte Nadyne qui prend goût à nos escapades, le revenant Patrice Roch (alias « l’électron libre »), et, last but not the least, notre estimé vidéaste, qui s’est « relancé » avec un aller-retour basilique-restaurant.

Le report du mardi au jeudi nous a permis de rouler sous le soleil, par un vent souvent discret, et dans la douceur, une fois dissipée la fraîcheur du petit matin. Quant au parcours, sa partie nord était assez familière, mais la longue plongée vers le sud fut une découverte pour la plupart d’entre nous. Avec ses petites routes sinueuses, ses belles bosses croustillantes, ses villages perchés, ses vallons lumineux, ses ruisseaux riants, ses tendres paysages, et, en ce mois d’avril, ses colzas éclatants, ses bois piquetés de vert frais, ses fruitiers en fleurs. Une immersion dans l’éphémère beauté du printemps. 

Franchement, à part la marche, le vélo a-t-il un rival pour nous offrir de tels plaisirs et de telles sensations ? Motards et bagnolards, qui ne voyez rien et faites du bruit, abstenez-vous, respectez le silence et notre précieuse lenteur.

Bien sûr, on a eu droit aussi aux raidards à Nanar (« des raidards pas digestes », jeu de mots signé du forestier barbu et à décoder). Mais comme Nadine et Édith ont été les complices du Capitaine, on doit se rendre à l’évidence : elles sont pour quelque chose dans cette mise à l’épreuve et cette offre d’élévation contemplative. Merci mesdames. Quant aux quelques secteurs de route pourrie du côté d’Allamps, ils ont en manqué, d’allant, vu qu’il a fallu s’arrêter ; et longuement, pour cause de crevaison rebelle au changement de chambre à air. Mais on pardonnera à BEN cette petite provocation, puisque nous eûmes par ailleurs nombre de routes aimables et en très bon état.

L’Auberge de l’Étanchotte, rustique à souhait, située dans un bien joli vallon, à l’écart de Landaville, a fourni une halte agréable et de quoi se sustenter pour un prix modique. Mais on s’y est inquiété d’une double absence : celle de François S., un habitué des raids solitaires, il est vrai,  et qui a fini par nous rejoindre, et se restaurer ; et celle de Jean-Claude H., trahi par un VAE de location quelque peu caractériel, et si bien dérouté qu’il a manqué le restaurant (mais il m’a rassuré en soirée, il est revenu sans encombre à sa voiture, et nous le reverrons).

La gestion de la sortie n’a pas été mauvaise, en dépit des grandes différences de forces et de forme. Ceux de devant ont compensé leurs accès d’impatience par des arrêts propices aux regroupements, d’autres se sont offerts (à mon initiative) un opportun raccourci entre Favières et Tramont-saint-André, grâce à la belle route forestière qui relie ces communes et permet d’éviter le toboggan qui mène à Vandéléville, avant la montée du col des Trois fontaines. Quant au groupe de ceux qui avaient opté pour le petit parcours, il a vécu sa vie en toute sérénité, comme d’habitude.

Le retour a été plus dispersé, le vent tantôt favorable et tantôt pas, les montées rudes et la fameuse odeur de l’écurie ne pouvaient faciliter une progression en bon ordre. Mais chacun, à son rythme, a gravi la remontée finale jusqu’à la basilique qui surplombe le village natal de la célèbre bergère. Un épilogue d’autant plus réussi que là nous attendait la cerise sur le gâteau, le clou de la journée, l’apothéose : les petits beignets, aussi succulents qu’abondants préparés par Dame Édith. Ce fut là aussi une grande première. Et qui dit première appelle une suite … Ben, oui.

Reynald, le 12 avril 2024

Compte rendu P 2 (26 mars 2024, Toul)

Passer à travers les gouttes

Le beau temps avait favorisé la sortie des retrouvailles, le temps maussade n’a pas contrarié la sortie suivante, c’est le moins que l’on puisse dire : 37 participants, c’est le deuxième meilleur score dans l’histoire de la confrérie, derrière le record battu l’an dernier (40). Manifestement, ce ne sont pas quelques possibles gouttes qui pouvaient doucher l’ardeur des VVV. Il aurait fallu de la neige ou du verglas pour les dissuader, les irréductibles :  

Michel ANDRÉ – Édith ANGEL – Pierre BECK– Pierre-Yves BOULANGÉ – Jean-Marie CAEL – Guy CAYROU – Jean-Luc CHAPELLE – Franck CORNU – Bernard CUNY – Claude DIETMANN – Francis DUVAL – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Reynald LAHANQUE – Jean-Luc LAINÉ – Denis LEONET – Éric MASSOT – Fabrice MENZIN – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Nadyne POIROT – Patrice RÉMY – Francis ROCH – François SAGNARD – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Daniel SMALCERZ – Marylène STEIN – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Je remarque que sur ces 37 présents, 16 n’avaient pas participé à la première sortie : la roue continue de tourner, la rotation demeure. Pour Nadyne, c’était une première, elle s’est contentée d’un amuse-bouche, histoire de prendre goût au menu cycliste, et pour peu que ce soit un goût de reviens-y, nous la reverrons. Avec ou sans son camion, qui a rendu hier des services. Merci encore, Nadyne. Et merci à Jean-Paul pour nous avoir concocté ce parcours suffisamment vallonné pour que jamais l’ennui ne nous gagne.  

Mais une question me tarabuste : que devient notre vidéaste patenté ? À quand la relance espérée de tous ?

Quant à la pluie promise, à quoi s’est-elle réduite ? Un coup de brumisateur gallo-romain à l’approche de Grand (c’est bien le moins), un nuage pisse-trois-gouttes entre Vaucouleurs et Pagny/Meuse (pas de quoi pester). Certes, le mouillé des routes a bien sali nos machines : si quelqu’un est expert en bike-washing, qu’il le dise, il se fera de la thune ! Le mouillé a peut-être aussi favorisé l’unique crevaison du jour, et, hélas, la chute de Jean-Luc Chapelle, survenue sur un bord de route en devers et glissant, mais ceci après qu’une voiture mal conduite eut serré de trop près le petit groupe dont il faisait alors partie. Il m’a dit s’en tirer avec quelques douleurs sur le flanc gauche, mais rien de grave a priori. On le lui souhaite.

            Les égarés professionnels ont récidivé, Pierre-Yves et Marc : ne changez rien, les gars, vous risqueriez de nous déboussoler, vous les sans-boussole. À chacun son domaine d’expertise ! Celui du capitaine Guérard, c’est d’encadrer au mieux ceux de devant : on m’a rapporté qu’il s’en était tiré comme un chef. Et l’on a noté qu’en matinée il a obtenu de ses compagnons des arrêts réguliers aux fins de regroupement. D’autres se sont souciés de ceux qui, convalescents ou en manque d’entrainement, étaient à la peine à l’arrière. Ainsi, chacun a joué le jeu et tenu son rôle, si bien que je commence à me dire que les bonnes résolutions prises au terme de la saison précédente ne vont peut-être pas rester lettres mortes … Il nous suffira de persévérer dans cette bonne pratique. 

            Une autre réussite de la journée, ce fut la pause au Restaurant du Canal d’Houdelaincourt : service aussi rapide qu’efficace, un menu de bonne qualité, un prix très raisonnable pour un repas complet, dans une grande salle agréable et non bruyante. Une adresse à retenir.

            Sur les hauteurs de Domrémy et dans la traversée de Vaucouleurs, comment ne pas penser à Jeanne ? Moi, ce sont ces vers d’Aragon dont je me souviens immanquablement, qui furent écrits au lendemain de la débâche de mai-juin 40, à l’heure de déplorer la patrie perdue et morcelée : Il est un temps pour la souffrance / Quand Jeanne vint à Vaucouleurs / Ah coupez en morceaux la France / le jour avait cette pâleur / Je reste roi de mes douleurs – une page d’histoire tragique, rien à voir avec la paix d’aujourd’hui, encore qu’elle soit de bien des manières menacée.

Nous avons eu, quant à nous, la chance de rouler dans l’amitié et la concorde, au moment où la nature renaît, avec ses mirabelliers en fleurs, ses bois qui reverdissent, ses colzas qui déjà jaunissent, et ses cours d’eau s’écoulant d’abondance. Le soleil était certes un peu pâle, mais pas au point de gâcher la fête. Cultivons sans nous lasser l’art de passer à travers les gouttes ! 

Reynald, le 27 mars 2024

Compte rendu P 1 (14 mars 2024, Seichamps)

Les couleurs du printemps

Enfin, enfin, les retrouvailles

Toujours partantes les vieilles canailles

Kilos en trop moral intact

Le plus précieux c’est le contact !

Les souvenirs et les promesses

Sont le ciment de l’allégresse.

De l’enthousiasme, ils n’ont en pas manqué, les VVV nouveaux, les flambants neufs de 2024. Déjà un record battu, celui de l’affluence lors d’une sortie des retrouvailles : trente, oui 30, c’est du jamais vu. Le report du mardi au jeudi a fait du tort à quelques-uns, mais l’annonce d’un très beau temps en a convaincu d’autres au dernier moment :

Michel ANDRÉ – Édith ANGEL – Dominique BARBELIN – Fabien BOTHIEN – Jean-Marie CAEL – Nadine CLÉMENT – Franck CORNU – Bernard CUNY – Gilles DELABARRE – Gabriel GRANDADAM – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Marc HENQUEL – Guy HUSSON – Reynald LAHANQUE – Jean-Luc LAINÉ – Denis LEONET – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Patrick PAGEOT – Dominique PERRET – PEZEL Jean-Paul – Patrice RÉMY – Francis ROCH – Nadine ROESCH – Jean-Luc ROUYER – Philippe SCHUTZ – Daniel SMALCERZ – Dominique TISSERAND – Jean-Pierre VALTER

Certes, la petite nouvelle, Dominique B., une amie de Nadine C., a dû renoncer assez tôt : c’est une sportive, mais elle n’a pas l’expérience de rouler en groupe, et l’allure, même modeste à l’arrière, n’était pas dans ses habitudes. Le grand nombre de présents m’a invité, par mesure de prudence, à distinguer deux groupes dès le départ, qui ont roulé à distance, non pas à l’unisson, mais en faisant l’un et l’autre des petits. On connait la chanson : on tente d’organiser, la fantaisie l’emporte. Il faut dire que Guy Husson, sur le plan de la fantaisie, avait donné le ton : il arborait un beau couvre-chef, mais celui-ci n’était pas surmonté d’un casque. Un gros oubli, une étourderie qui ne l’a pas empêché de pédaler à l’instar de ses amis casqués. Un petit risque, mais pas de bobo.

Les ceusses qui se sont paumés à Réchicourt-la-Petite, rien que des fantaisistes eux aussi, qui ont mis du temps à retrouver le droit chemin, ou pas : ni Sylvain l’astronome ni Marc l’ostrogoth n’auront avec nous partagé la pause de Marainviller. Et d’autres se sont fait attendre. Quand on n’a pas le parcours, ni dans son GPS, ni dans sa tête, ni sur un bout de papier, on reste au contact, mes amis, on compte sur les prévoyants, on ne fait pas cavalier seul. Élémentaire, chers canassons !

Mais enfin, tout le monde aura profité d’une splendide journée printanière. La brume matinale s’est vite dissipée, le soleil s’est imposé, les gambettes ont jubilé. Et puis, se remettre en selle à la mi-mars, c’est retrouver le plaisir incomparable des premières couleurs du printemps, un plaisir aussi précieux qu’éphémère, qu’il convient de ne pas manquer. Avec le retour, ici et là, du rose des prunus, du jaune des forsythias, et du blanc de quelques arbres, le décor arbore un tout autre visage, avant même que la végétation ne batte son plein. On sort de l’hiver, du gris, du terne. Tandis que nous tournons les jambes, la Terre tourne inlassablement autour du Soleil, si bien que le miracle est chaque année au rendez-vous. Nous tournons à l’unisson, nous les pédaleurs, c’est notre privilège : une façon d’être au monde qui, en somme, nous relie à la grande machinerie cosmique, ce n’est pas rien ! 

Vous allez dire, le scribe il ne recule pas toujours devant « les mots monumentaux », il nous métamorphose, nous les petits, nous les humbles. Oui, je l’assume, mon plaisir c’est aussi de mouliner les vocables en même temps que les pédales, et de nous pousser parfois du col, puisqu’ainsi tout le monde s’élève allégrement. Et comme disait Michel Audiard, le fameux dialoguiste : « Les gens qui n’aiment pas le vélo nous ennuient, même quand ils n’en parlent pas ». Nous, on l’aime, le vélo, et je suis d’avis qu’on ne se gêne pour en parler !

Un mot pour finir : un grand merci à Bernard Cuny qui, à peine entré dans la confrérie, nous a proposé ce premier parcours, aimablement vallonné, agrémenté de petites routes, dont la jolie route forestière qui mène de Mouacourt à Laneuveville-aux-Bois. N’hésitez pas à l’emprunter à nouveau quand la forêt aura retrouvé sa verdeur : un enchantement, surtout si vous ne la parcourez pas la tête dans le guidon … Et puis, les routes d’hier, c’était une nouveauté pour les amis de Toul ou de Neuves-Maisons : un parcours de proximité qui donne lieu à des découvertes, voici un motif de satisfaction supplémentaire.

La saison est lancée, et bien lancée. Vous allez tous avoir envie de participer aux prochaines escapades, aux futures régalades.

Reynald, le 15 mars 2024