Comptes rendus 2020

Du plus récent au plus ancien (Reynald)

Compte rendu du P 5 (15 septembre 2020, Verdun)

C’était Verdun

Oui, que dire d’autre pour commencer que « C’était Verdun » ? Ce qui doit s’entendre en deux sens fort différents (l’enfer et le paradis) : Verdun, c’est en endroit tragiquement célèbre où les rangs s’éclaircissent, et nos propres rangs n’ont pas manqué de s’éclaircir, de façon toutefois moins dramatique qu’en 14-18 ; et Verdun, c’est aussi depuis plusieurs années le lieu où les VVV sont accueillis royalement. Avant de préciser tout cela, la liste des 16 présents au rendez-vous : 

Pierre BECK – Alain COLLINET – Michel GEORGEON – Rémy HELFENSTEIN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Gérard MARCHAND – Jean-Michel NICOLAS – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – Philippe SCHUTZ – Bernard SIMON – Joël TOUSSAINT – Michel VILLEMIN

Nous sommes élancés à 16, et non pas à 21 comme initialement prévu : 2 forfaits pour problèmes de santé (Dominique Perret et Gérard Regrigny), 3 pour des raisons diverses. Et comme Jean-Mi a subi, à peine en selle, un bris de dérayeur et que Francis est demeuré avec lui, nous avons roulé à 14. Puis à 13, Jacques, mal en point, décidant de retourner à Verdun avant d’avoir atteint Stenay pour la pause-restaurant. Ce qui, au passage, nous a valu quelques explications avec la restauratrice : on la comprend, elle avait préparé pour 21, nous n’étions que 14 à table (dont Marylène venue en voiture déjeuner avec nous). Et c’est ainsi que nos rangs s’éclaircirent … Un genre de scénario à éviter, bien sûr. Je m’en suis ouvert avec les non-dineurs.

L’autre Verdun, c’est celui du formidable accueil qui nous est à chaque fois réservé. Hier, Alain apporte café et croissants au départ, le Vicomte de Belleray et Madame (Philippe et Marylène) nous gratifient à l’arrivée, dans leur jardin, d’un somptueux goûter : pastèque fraîche, raisins, tarte aux quetsches, bière à volonté. Qu’avions nous fait pour mériter cela ! Nous avions sué sang et eau, il est vrai, non pas à cause de la difficulté du parcours, mais de la forte chaleur de l’après-midi. Il reste qu’une telle hospitalité est remarquable. J’ai constaté que plusieurs de ses bénéficiaires ont déjà formulé leurs remerciements, et leur enthousiasme. Ce n’est que justice. Ils ont aussi aimé le parcours tout en petites routes, très peu fréquentées, et point trop bosselées, des champs, des prés, des bois et des terres d’histoire : Varennes, où fut arrêté dans sa fuite le roi Louis XVI, et tant de traces des combats de 14-18. Cet aspect, je l’ai déjà longuement décrit dans mes comptes rendus des précédentes sorties verdunoises. Je vous fais donc grâce des répétitions. D’autant qu’un texte court a plus de chances d’être lu jusqu’au bout. En même temps qu’il laisse moins de prise aux malentendus.

Reynald, le 16 septembre 2020

Les Balcons du lac d’Annecy (5-12 septembre 2020)

Entre Semnoz et Forclaz

Le vilain virus qui a la vie dure nous a privés des séjours dans la Drôme (fin mai) et en Auvergne (mi-juin). Celui qui vient de se dérouler sur les bords et les hauteurs du lac d’Annecy aura été une heureuse compensation, du moins pour les quinze qui avaient eu la bonne idée de s’y inscrire :  

Philippe ALBERGE – Édith ANGEL – Gabriel GRANDADAM – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Reynald LAHANQUE – Dominique PERRET – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – Patrice ROCH – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Marylène STEIN – Bernard SIMON – Dominique TISSERANT

La plupart étaient des habitués de ces semaines vélo en montagne, tandis que Jean-Paul P. et Jean-Marie G. jouaient le rôle des petits nouveaux. Édith et Marylène ont donné la préférence à la marche, tout en profitant parfois des pistes cyclables qui font le tour du lac. Tous ont bénéficié d’un temps idéal, doux et ensoleillé, sans pluie ni orages. La semaine aurait été parfaite si l’accident du dernier jour n’était venu la ternir : la chute de Dominique Perret dans la descente du Semnoz, qui lui a valu quelques dommages dans les côtes, dans le dos et au niveau des cervicales (sans parler de son guidon brisé). Précision de dernière minute : il a pu quitter l’hôpital d’Annecy dès hier (dimanche), en signant une décharge, faute d’avoir pu être soumis aux examens envisagés, qu’il va effectuer ce jour à Nancy. C’est son compagnon de voyage et de chambre, Dominique Tisserant, qui a eu la gentillesse de retarder son retour et de le convoyer.

Comme dans d’autres massifs, il y a dans les environs d’Annecy des cols doux et des cols durs, des très plaisants et des redoutables. Mais quel plaisir que de s’élever, que de prendre de la hauteur, et, par exemple, d’apercevoir le Mont Blanc après la rude ascension de l’Arpettaz, de même qu’après celle des Aravis. Ou de l’approcher de plus près encore, en partant de Beaufort (et de sa fromagerie, n’est-ce pas, Francis ?), après la très longue montée (21 km) vers le Mont Joly. Certes, nous avons dans la plaine lorraine la butte de Mousson et la colline de Sion, mais pour le grand frisson, le compte n’y est pas. Quand on y regrimpera, il faudra d’abord redescendre, mentalement. Ah, le vertige des cimes…  

Quelle merveille aussi que de découvrir le lac d’Annecy dans toute sa longueur depuis le sommet de la Forclaz, ou le lac du Bourget depuis le Mont Revard. Des beautés à couper le souffle ! Mais en ce sens, il est bon d’avoir le souffle coupé. Embrasser du regard de très vastes paysages est un plaisir incomparable, et plus encore quand ce moment advient après de longs efforts. On regrette parfois de ne pas prendre le temps de jouir plus longuement de cette récompense, le temps de contempler et d’admirer, tout simplement. 

Je souligne tout de même que nous avons, globalement, davantage sacrifié à la promenade et à la découverte qu’à la performance. Il y a tant à voir, tant à ressentir, tant de paysages dont s’imprégner, que le contraire eût été un contresens. C’est là une conception du vélo que j’ai toujours prônée, je ne suis donc pas mécontent de voir que de plus en plus de VVV la partagent. L’obsession de la quantité (km, dénivelé, vitesse) se fait encore sentir parfois, mais le souci de la qualité tend à l’emporter. La sagesse vient avec l’âge, c’est bien connu. Au point que j’en ai vu (pas tous) s’arrêter aux feux rouges (mais oui), ou ne pas chercher à rouler vite sur les pistes cyclables (souvent très encombrées, et théoriquement limitées à 20 km/h), ni à foncer dans certaines descentes dont le revêtement était dégradé : si ce n’est pas un progrès …

Parmi les découvertes à la fois sportives et splendides, outre la rude et belle montée de l’Arpettaz, nous garderons le souvenir de celle du col du Frêne, un col plus modeste mais précédé d’une longue côte très pentue, sur une petite route ombragée. Il y a eu aussi, à côté des cols assez bienveillants de Tamié, du Marais, de Bluffy, de Leschaux, les éprouvantes et néanmoins enthousiasmantes montées de la Forclaz (par Montmin), du col du Pré ou de celle du barrage de Saint-Guérin (par Beaufort et Arêches). Personnellement, je ne suis pas loin de donner la préférence à celle du Mont Revard, pour la grandiose vision panoramique qu’elle offre sur la vallée du lac du Bourget. Beaucoup de ces découvertes nous ont été suggérées par Bernard le Montagnard, le vieux Grognard parfois grognon : rendons à César …

Une précision à ce sujet : cette dernière montée, nous ne l’avons pas effectuée tous ensemble, mais à quatre seulement, le dernier jour, d’autres ayant choisi une option plus courte, ou inopinément écourtée suite à l’accident de Dominique P. D’autres fois, notre petit peloton (13) s’est scindé en plusieurs groupes, au gré des humeurs et des états de forme, si bien que tous n’ont pas grimpé les mêmes cols ni descendu les mêmes pentes. Il y a aussi que le Vicomte de Belleray (alias Philippe Schutz) s’est pris un coup de froid sur les bronches le premier jour, et qu’il a dû déclarer forfait les deux jours suivants. Ce qui l’a rendu disponible pour piloter une voiture suiveuse et convoyer nos paniers-repas, en compagnie de JPP, lors de la rude journée de l’Arpettaz et des Aravis : une aide très appréciée. Quant aux « électrons libres » (l’autre Philippe et son ami Patrice), ils ont usé de leur liberté : rien que de très logique. Disons que, d’une façon générale, pour l’organisateur que je suis, il faut faire preuve de souplesse et admettre que les attentes sont diverses. Un séjour collectif, c’est aussi une expérience humaine, et parfois une mise à l’épreuve de nos qualités respectives et de nos petits travers.

Dans mes comptes rendus précédents, je me suis amusé, en toute sympathie, à croquer les portraits des participants, dont ceux qui étaient présents à Annecy. Je ne vais donc pas recommencer, mais je me permets de remercier les deux néophytes, Jean-Marie G. et Jean-Paul P., pour la qualité de leur présence, toute de modestie, d’écoute et de solidarité.

Un mot encore sur le lieu de séjour, les Balcons du lac d’Annecy, géré par Neaclub (une filiale de Cap France) : il a été récemment rénové, il se recommande par sa situation, dans la commune de Sevrier, en léger surplomb par rapport au lac, et en face des barres rocheuses de la Tournette. Le jeu des ombres et de la lumière y est infiniment varié, des montgolfières colorées y évoluent dans le petit matin, des ailes volantes en journée, et sur le lac les voiliers l’emportent sur les engins à moteur. L’impression dominante est à la quiétude et au silence.

Sur les routes empruntées le trafic était rarement dense, beaucoup d’automobilistes semblent sensibilisés à la présence des cyclistes et au partage de la chaussée (mais pas tous, faut pas rêver). Le revêtement est le plus souvent de bonne qualité pour la pratique du vélo, mais certaines pentes sont plus agréables à monter qu’à descendre, osons le dire. Il faut donc savoir ne pas se presser, même quand la tentation est forte.

Et puisque c’était pour moi le premier séjour en montagne où je disposais d’un VAE, après mon bref essai dans les Pyrénées l’an dernier, je ne peux que le confirmer : pour peu qu’on trouve le bon compromis entre l’effort musculaire et l’assistance, cet engin nous emporte haut et loin. J’ai pu le dernier jour dépasser les 2500 m de dénivelé (pour 107 km) tout en gardant une marge confortable d’autonomie. Ce qui a été le cas pour les autres sorties à plus de 2000 m de D+. Moins de fatigue et plus de plaisir, que les vieilles jambes se le disent !

Reynald (le 14 septembre 2020)

Compte rendu M 4 (27 août 2020, La Petite Pierre)

 Petite Pierre et gros pépin

Nous avions inauguré cette sortie conçue par Francis l’an dernier. J’avais intitulé mon compte rendu « Riante Alsace ». J’aurais aimé user de la même tonalité pour l’édition de cette année. Hélas, l’accident dont notre ami Alain Orditz a été victime est venu quelque peu ternir les nombreux attraits de cette balade alsacienne. Avaient déjà goûté à ces attraits 15 d’entre nous (sur les 21 de l’année passée), et 12 les ont découverts hier. 27 participants, donc, au départ :

Philippe ALBERGE – Élisabeth ANTOINE – Pierre BECK – Amico DI CIANNO – Denis GROSDIDIER – Pierrick HAAN – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Reynald LAHANQUE – Cécile LAURENSOT – Denis LEONET – Gérard MARCHAND – Jérôme MINATEL – Alain ORDITZ – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Patrice ROCH – Jean-Luc ROUYER – – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Daniel SMALCERZ – Dominique TISSERANT – Ludovic THOMAS – Michel VILLEMIN

Pour l’essentiel, je vais me permettre de renvoyer à mon compte rendu de l’an dernier (site des Randos, CR 2019, M 6 du 1er août), avec deux remarques : comme l’ami Patrick Maheut, éminent germaniste, me l’avait fait remarquer, le nom du village de Liebfrauenthal ne signifie pas « la vallée des femmes chéries », mais « la vallée de la Sainte Vierge » (que certains chérissent, il est vrai) ; et le suffixe « Tal » est non pas alsacien mais allemand (une variante de « Thal »). Quant à mon topo sur Reichshoffen, il se comprend de lui-même : une saloperie de chicane, une voiture qui arrive en face, une bordure frôlée de trop près, et une petite chute sans gravité pour moi. Mais un vrai coup de gueule contre ces innombrables inventions faites pour ralentir les voitures et dangereuses pour les cyclistes.

Ce qui m’amène au sujet du jour. Nous le savons bien, les cyclistes sont exposés à mille et une causes d’accident. Certaines ne peuvent pas être anticipées : ainsi, lors de la sortie d’hier, le chat qui traverse la route et qui a failli mettre à terre plusieurs d’entre nous. D’autres tiennent à notre comportement, pour partie ou totalement. Ma fréquentation des VVV me fait dire que ce sont des cyclistes expérimentés et que dans leur façon de rouler en peloton, il est très rare qu’une faute soit commise ; je n’ai d’ailleurs pas le souvenir du moindre incident sur ce plan. Je serais moins louangeur sur d’autres points : les feux rouges grillés, les villages traversés sans ralentir, l’oubli de la file indienne toutes les fois que ça s’impose (route étroite, gros trafic routier, absence de visibilité, etc.). Franchement, je crois qu’on peut faire mieux : souvent ça passe, mais il peut arriver que ça casse, d’autant que les automobilistes ne sont pas tous bienveillants envers nous … Obligeons-nous à ne pas transiger sur toutes les mesures de prudence qui dépendent de nous ! Sans compter qu’à ma connaissance le respect du code de la route s’impose aussi aux bipèdes qui pédalent, non ?

Ce qui s’est produit hier ? Un peloton compact de 24 acteurs à ce moment-là, un freinage brutal, un tassement, quelques touchettes, et deux cyclistes au tapis : rien de grave pour Patrice, mais du très sérieux pour Alain. L’on ne pouvait qu’être très inquiets. À l’origine du freinage ? Si j’en crois les témoignages recueillis (puisque personnellement je n’ai pas tout vu, j’étais à l’arrière, et comme d’autres j’ai surtout eu à éviter tant bien que mal d’être pris dans la chute), l’un de ceux qui mènent le groupe croit bien faire en décidant de rejoindre la piste cyclable qui longe la route sur notre droite. Mais son initiative, improvisée, surprend ceux qui sont proches de lui, certains (comme Amico et Denis L.) ont le bon réflexe, celui de ne pas chercher à tourner, d’autres sont contraints de freiner, et le reste s’ensuit. Pierre Beck, puisque c’est lui qui a pris cette initiative malheureuse, m’a confié qu’il avait estimé en avoir le temps, ne se sentant pas suivi de très près. Mais le fait est que les choses se sont passées différemment, et que les conséquences auraient pu être encore plus dramatiques. 

Pierre, comme d’autres, a rejoint les VVV cette année, et je ne sais pas si tous ceux-ci ont une grande expérience des sorties de groupe, mais je dois dire que l’accident d’hier me pousse à mettre cette question sur la table. Ce qui me semble surtout souhaitable, ce n’est pas d’incriminer, personne n’étant à l’abri de commettre une erreur, mais d’inviter chacun à tirer les bonnes leçons. En particulier, avertir s’impose, par le geste ou par la voix, toutes les fois où c’est nécessaire (on doit s’arrêter, on change de file ou de direction, on s’apprête à freiner, etc.). Je ne vous apprends rien, mais je me sens dans mon rôle en administrant cette piqure de rappel. 

J’en profite pour ajouter que le gendarme-chef auquel nous avons eu affaire a relevé mon identité en tant que « responsable » du groupe. Il n’a pas dit « coupable », même si c’était bien son genre (il était fort peu aimable). Mais le fait est que je me sens tenu de me conduire de façon aussi responsable que possible. Vous voudrez donc bien excuser la teneur de ce compte rendu pas comme les autres.

Reynald (28/08/2020)

Compte rendu M 3 (28 juillet 2020, Gérardmer)

In memoriam : Gérard Conreaux

Les VVV sont en deuil au rendez-vous de Gérardmer (Gérard, mais …), ils observent un temps de recueillement en mémoire de celui qui devait être là et qui s’en est allé trop tôt, bien trop tôt. C’est en esprit qu’il accompagnera ceux qui ont tenu à faire de cette sortie un hommage digne de lui : un hommage sportif et fraternel. Les 24 participants :

Élisabeth ANTOINE – Pierre BECK – Guy CAYROU – Alain DAUCH – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Marc HENQUEL – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Gérard MARCHAND – Patrick NICOLAS – Alain ORDITZ – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – Philippe SCHUTZ – Dominique TISSERANT – Ludovic THOMAS – Pierre VALLOIS 

Je note le retour d’Élisabeth et de Ludovic, mais l’absence de Jacques, notre vidéaste émérite qui a fait merveille ces derniers temps (au montage plus qu’à la montée). Pas de Jacques, pas de vidéo, et pas de pastèque à l’arrivée, pour cette journée qui commence dans la douceur et la quiétude. 

Grimper la Schlucht sur un « tapis » tout neuf, c’est un premier plaisir, la descendre vers l’Alsace un deuxième, avant la montée bien jolie du Wettstein, moins difficile que celle de son voisin, le Collet du Linge, mais aussi prodigue en vues panoramiques sur la vallée et les massifs environnants. Au sommet, l’Africain des Baronnies et notre honorable doyen prennent la tangente vers le beau Linge, tandis que le peloton dégringole vers Orbey. La remontée vers Labaroche est facilitée par un surprenant vent d’est (la tendance du jour est à l’ouest), et c’est déjà la longue descente, ravissante, ombragée, sensuelle, vers les Épis (ils sont trois) et la vallée (il n’y en a qu’une). Une heureuse découverte pour moi et quelques autres.

Nous voici bien en avance à l’Auberge du veilleur – c’était prévu : il fallait ne pas être trop près du redouté Platzerw     asel au sortir de table. Ce qui donne aussi le temps d’admirer le village si typiquement alsacien de Turckheim, autre découverte pour le cycliste encore trop peu expérimenté que je suis. La restauratrice n’a de cesse de nous remercier, signe des temps, les touristes se faisant rares. J’avais souhaité un repas assez léger, sachant que le menu de l’après-midi serait copieux : dans les deux cas, nous avons été servis. 

La longue approche du Plat-très-vaseux s’effectue vent de face, et non sans grosses rafales. À Munster, ils sont quatre à préférer la remontée directe sur la Schlucht, très longue mais moins ardue, un second raccourci pour les deux raccourcisseurs du matin, accompagnés par Francis et Pierrick. Sur la route du col vache, JC HZE nous offre le répit d’une crevaison ; six futurs gruppettistes en profitent pour avancer, mais c’est dès le pied du col qu’ils seront repris. Les écarts ne pourront que se creuser. Ayant été très économe le matin, la fourmi assistée peut se muer en cigale : oui, je l’avoue, tout en ayant retrouvé quelque chose de la dureté de cette grimpette (où j’ai vécu un jour une défaillance carabinée), pouvoir s’offrir un degré de plus d’assistance sur le Bianchi, c’est un vrai confort. Ce qui me rend d’autant plus admiratif des efforts consentis par mes camarades, qu’ils soient à l’avant ou à l’arrière. Les cyclistes savent bien qu’on ne pédale pas toujours dans la ouate (faute de watts).

Comme toujours, après une petite descente trompeuse, le Platz se prolonge dans le Breit, le vrai point culminant (1280 m) : un dessert peu digeste après un plat étouffant. Mais quand on aime … la preuve, c’est que les 5/6e du peloton n’ont été rebutés ni par la réputation ni par la réalité de cette ascension prolongée.

Les premiers de grimpée attendent un peu au carrefour de la route des crêtes, mais pas trop : nuages noirs et vent glaçant invitent à laisser au gruppetto la liberté de prendre son destin en main – ce qu’il fera, en demeurant sur les crêtes, au lieu de descendre par la route des Américains. Une route qui mérite un commentaire : le revêtement y tient plus du champ de patates que de la pelouse à l’anglaise ; tous le savent et tiennent à l’emprunter, non sans se promettre de descendre avec prudence, les mains sur les freins … Que croyez-vous qu’il se passât ? En bon capitaine, Bernard G. donne le rythme : un rythme d’enfer. Sont-ils devenus fous ? Ou, à la réflexion, sont-ils meilleurs descendeurs que grimpeurs ? Ce qui est sûr, c’est que je n’essaie pas de les suivre, détestant ce genre de revêtement pourri. En bas, je ne retrouve que JC HZE, nous hésitons sur la route à suivre, avant de la trouver et de nous coltiner, cerise sur le gâteau, le col des Feignes, qui serait aimable s’il ne survenait pas en fin de parcours. Mais la route est bien agréable qui longe le Longemer avant de nous conduire au Casino, pour un total de gains non négligeable : 131 km et près de 2500 m de D+.

Gérard Conreaux aurait aimé cette belle sortie, à n’en pas douter. Je me suis mis à penser à lui dans la première descente, et je crois bien que j’ai négocié deux virages en pilotage automatique. Avant de m’apercevoir de ma perte de concentration, puis de me ressaisir. Vous et moi, nous entrons maintenant dans le temps du souvenir.

Reynald (le 29/07/2020)

Compte rendu P 3, Jacques Lafond (21 juillet 2020, Darney-Ormoy-Darney)

La Batave vosgienne

128 km – 1500 m (1100 m le matin)

     Les VVV ont répondu en masse (24) malgré les congés (même pour des retraités ça compte), le virus et l’entame de D+= 830 m en 43 km…. Des costauds à minima dans l’intention … toutefois sur le terrain, la réalité de la gravité (g) et du coup l’éventuelle gravité de cette réalité se rappellent au corps, du fait des nombreux talus du matin à plus de 10% … bonjour le lactique, comme dit Denis. A noter pour nous aider une relative fraîcheur pour juillet (17 à 21 degrés le matin).

Pierre BECK – Guy CAYROU – Gérard CONREAUX – Alain DAUCH – Amico DI CIANNO – Claude DIETMANN – Gabriel GRANDADAM – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jacques LAFOND – Denis LEONET – Gérard MARCHAND – Patrick NICOLAS – Alain ORDITZ – Dominique PERRET – Jean-Paul PEZEL – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – Dominique TISSERANT – Alain VALTA (1ère venue).

   L’immense parking du fait des forains s’est rétréci, cependant on a pu se garer, ouf. J’attendais 26 participants, nous fûmes 24 : normal, je m’étais planté entre les courriels, sms et appels téléphoniques … heureusement qu’ on n’a pas attendu.

  Première mise en bouche après 1 km par une côté douce de 500 m. Quelques voitures à l’embauche que nous ne vîmes plus de toute la journée. Les 15 premiers km jusqu’à Vioménil (source de la Saône) dégagèrent une fragmentation inévitable du troupeau (terme surprenant entendu d’une spectatrice belge au Tour de France). Il est décidé alors que Gérard R et ses comparses Claude D, Guy C et Patrick N forment un groupe autonome qui coupera le fromage plus tard sauf Claude D à La Chapelle aux bois avec quand même 850 m de D+ avant resto. Puis, passage en forêt devant la toute petite Chapelle de la Miséricorde, après un gros trou sur la route bien évité. Du reste, nous avions attendu là, mais pas las, 30 mn en 2019 après l’incident de Philippe S, attente agréable dans ce sous-bois frais. 

  Ensuite, après une descente tortueuse et une ancienne verrerie du moyen-âge, passage à Charmois-L’Orgueilleux dont la dénomination est attestée en 1504. Elle pourrait traduire la situation avantageuse d’un poste de guet des templiers à La Chalumelle.

 S’enchaînent ensuite des talus assez brefs mais toujours brutaux (10 à 14 % au max.) à nos âges, car ils créent du lactique facilement.

  Le morceau de choix « voulu » au parfum de montagne juste après la Chapelle-aux- Bois et encore un maudit talus, en une côte de 2,6 km avec max 8%, tortueuse et ombragée : selon les avis pour le mental c’est mieux qu’une ligne droite ventée en plein soleil, comme par ex. le final du ballon d’Alsace. Cette côte avait été escamotée en 2019 au prétexte qu’on en avait plein les bottes. S’en suit une longue descente vers Clerjus et 50 km cool avec seulement 250 m de D+ (c’est le tarif quand je roule vers Cognac). Cette descente après un départ aussi exigeant, c’est un peu le paradis après l’enfer …l e festival des sensations, la foire aux émotions.

  On passe devant la gare excentrée de Bains-les-Bains juste après la voie ferrée (ligne jusqu’à Lure). Puis on enchaîne les passages en sous-bois pour affronter les pavés de Fontenoy-le-Château doté d’un port de plaisance sur le canal des Vosges. Une déviation permettant de faire 100 m de pavés et non 600 m était prévue contrairement à 2019. Toutefois ceux qui ont raté la consigne donnée à Vioménil en ont fait les frais, en outre Dominique P a voulu se tester sur les 600 m et a trouvé cela bestial : c’est là qu’on découvre qu’on est vraiment vieux même si jeune dans la tête. Francis a bien bataillé pour remettre sa chaîne tout près de beaux saules pleureurs. A la sortie Marc H et un acolyte empruntent la piste cyclable et du coup on ne les reverra que peu avant le resto … heureusement pour aller au resto jamais personne ne se perd, l’instinct de survie sans doute ! 

  A Selles, une baignade sympa et le pont tournant du 19iéme siècle sur le canal de l’Est qui n’est plus manuel seulement depuis 1994. Une petite Chapelle toute seule à droite en sortant (voir photo Gérard).

  Peu avant le resto, passage à Corre, port de plaisance et lieu d’arrestation en 1944 d’un général nazi ayant trempé dans les massacres de Tulle et Oradour-sur-Glane.

  Les Hollandais avaient préparé 6 tables de 4 sur un gazon moins vert que les 2 années précédentes. Voir la vidéo qui restitue la détente du lieu retiré et paisible avec bruit de l’eau en fond sonore. C’est notre 3iéme passage après 2018 au départ de Tollaincourt via Varennes-sur-Amance et 2019 au départ de Xertigny, avec le passage remarqué de la patrouille de France. Hollandais qui tiendront toujours boutique en 2021.

  Comme pressenti par le créateur du parcours, glander l’après-midi (36 km et 400 m de D+) présente un avantage pour le confort relatif au moment inévitable de repartir… c’est toujours une gageure pour certains, dont moi-même et le nouveau, Alain V, qui n’est pas habitué ni demandeur.

  Départ à 14h30, avec le patron hollandais du resto, à l’inverse du parcours 2018, sur 10 km et de suite une côte pour se mettre en condition. Certes pas de talus mais sous la chaleur qui nous rappelle qu’on est bien en juillet, et de longs faux plats avec vent défavorable. Puis les 20 derniers km en sous-bois et un final d’abord en descente sur une belle route large, calme et ombragée. On a pu observer l’ancien viaduc ferroviaire dit « pont Tatal » qui enjambe la vallée de l’Ourche : si ça vous tente, on peut y sauter à l’élastique (43 m).

   A l’arrivée +/- vers 16 h en paquets successifs, la pastèque fut appréciée à l’aune de la chaleur revenue. L’un d’entre nous compte refaire le parcours à son allure car il est bucolique et plaisant.

  Pour ceux que ça tenterait en 2021, créer un parcours c’est assez excitant si on a du temps de libre, et à condition de venir sur place et par itérations successives surtout à vélo (en voiture c’est trompeur) et créer une alchimie du dosage vertueux débouchant sur un parcours et donc sur la promesse d’un moment agréable qu’on fera partager aux autres. Dans mon cas en 2018 je ne connaissais pas un mètre du coin donc feuille blanche. « Créer c’est vivre deux fois » selon Albert Camus, ce qui à nos âges est utile.

  Vous aurez noté que la lampe clignotante de Bernard G se voit de loin d’autant que le bougre persiste en tête, signal vraiment net malgré la forte luminosité, à méditer pour votre sécurité. Pour les nouveaux et les autres, je tiens à disposition une étude enrichie depuis sa diffusion fin 2018 Comment améliorer sa sécurité à vélo ? … surtout grâce à soi-même ! document aéré de 10 pages qu’on peut lire en moins de 20 mn … on y lit que le rétroviseur est un investissement gagnant pour des raisons multiples auxquelles on ne pense pas tant qu’on n’a pas essayé.

  Pour finir une citation où chaque mot contribue à faire comprendre ce qu’on ressent parfois « à l’insu de son plein gré », citation qui restitue ce pourquoi on aime cette activité plein air du vélo en liberté totale   » La bicyclette fait de vous un heureux ; quelqu’un de libre en tout cas, de nouvellement libre et c’est insondable et exquis ce sentiment ».

              Jacques Lafond, dit La Relance et depuis peu La Ramasse

Compte rendu M 2 (9 juillet 2020, Le Thillot)

Faire la Planche

Les VVV ne lésinent pas avec le déconfinement : tous dehors ! Et vive le grand air, le soleil, les sommets, les sapins, les lacs, les vallées … sans oublier la terrasse ombragée et le vacherin seigneurial de l’étang aux méga-carpes ! Parmi les plus fidèles, quelques-uns n’étaient pas libres, les malheureux, mais ils n’ont pu empêcher que le record de participation explose : il était de 29, le voici porté à 33 :

Philippe ALBERGE – Pierre BECK – Guy CAYROU – Gérard CONREAUX – Alain DAUCH Amico DI CIANNO – Claude DIETMANN – Michel GEORGEON – Gabriel GRANDADAM – Denis GROSDIDIER – Jean-Marie GUILLEMIN – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jean- Claude HURET – Guy HUSSON – Fabien KRUGER – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Gérard MARCHAND – Patrick NICOLAS – Alain ORDITZ – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Jacques PIERRAT – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Patrice ROCH – Jean-Luc ROUYER – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN

Il convient d’ajouter la participation matinale de notre vidéaste émérite, Jacques LAFOND, qui souhaitait faire un peu la Planche mais pas jouer au Ballon. Et de noter la présence de deux nouveaux, JP Valter, un ami de Gaby, et P. Beck (qui m’avait contacté après avoir lu le plus récent article sur les VVV publié dans l’Est Répu.). Bienvenue dans la confrérie !

Je dois dire qu’un tel nombre effrayait quelque peu l’organisateur que je suis : comment gérer au mieux la progression du peloton ? Le restaurateur allait-il pouvoir nous accueillir tous ? Réponses apportées sur le terrain : en coupant le peloton en plusieurs groupes, et en comptant sur le sens de l’hospitalité (et des affaires) de sa Majesté du Lac. Tous furent réunis à table, et tous ont rejoint le port d’attache, sans incident, sans crevaison (mais non sans coups de pompe). Disons que nous avons réussi à mettre un peu d’ordre dans la conduite du groupe sans réfréner les ardeurs des plus vaillants et sans abandonner les moins nerveux. Il n’y a que dans l’ascension finale du Ballon d’Alsace que trois d’entre nous ont ramé seuls à l’arrière, loin des autres attardés. Mais ils se sont battus, et ils ont vaincu (Gérard R., Claude D. et Jean-Paul P.). Mon petit doigt me dit, et mes propres souvenirs en font autant, qu’ils ont plus de mérite encore que ceux qui les ont précédés. 

Nous le savons bien, le vélo c’est toujours un mélange de plaisir et de souffrance, une part du plaisir tenant à la souffrance surmontée, une autre au fait d’être en pleine possession de ses moyens. Ou de bénéficier, pourquoi ne pas le dire, d’un minimum d’assistance … Oui, la sortie d’hier me convainc un peu plus qu’on peut continuer de faire des efforts tout en allégeant sa peine grâce à la belle invention du VAE. Pour monter plusieurs cols et effectuer une distance substantielle, on ne se sert pas de cet engin comme d’une mobylette ! Moi, je suis aux anges de pouvoir ainsi continuer à profiter de la montagne et des longues balades, malgré mon âge avancé. Je crois même que mon émerveillement en est accru : je mesure mieux la chance que nous avons d’avoir les Vosges à portée de guidon, un formidable terrain de jeu pour les cyclistes (mais non pas pour ces enfoirés de motards pétaradants, dont je sais que les Vosgiens se plaignent de plus en plus, même qu’on devrait bien les soutenir dans leur résistance à ces barbares calamiteux – c’est dit !).

Un mot sur la Planche : tous en rêvent, et personne ne s’y trompe, « faire la planche » s’entend désormais en plusieurs sens (quand faut se la coltiner, la Planche, pas moyen de buller les doigts de pied en éventail). Et un regret : que tous n’aient pas eu le temps d’effectuer la grimpette intégrale, puisque le souci était de ne pas arriver trop en retard au restaurant et que certains ont donc été priés de redescendre avant d’avoir touché au but. Désolé, si on y retourne, si le défi vous travaille encore, malgré sa difficulté, il faudra trouver un restaurant plus proche, afin de prendre tout notre temps. C’est vrai qu’elle fascine, cette fameuse Planche, la faute au Tour de France. C’est si vrai que trois grands champions (voir la vidéo de Jacques) ont trouvé le moyen de se mêler aux VVV : ils nous avaient laissé un temps d’avance, mais le fait est qu’ils ne nous ont pas rattrapés ! Ils prendront leur revanche en septembre, les pros, et ce jour-là, généreusement, nous nous abstiendrons.

Un mot aussi sur le Ballon d’Alsace : une très belle et longue montée, éprouvante à n’en pas douter (l’allure de beaucoup n’était pas aérienne, c’est le moins qu’on puisse dire), mais ombragée, sinueuse, et séductrice avec ses échappées sur le ravissant lac d’Alfeld, par exemple, et sur les Alpes et le Mont Blanc près du sommet … que demander de plus !

En ces temps troublés, une certitude : les VVV retourneront dans les Vosges sans tarder, casqués mais non pas masqués, distants mais pas trop.

Reynald, 10 juillet 2020

Compte rendu P 2 (30 juin 2020, Nomény)

Que de bosses !

Une sortie supplémentaire, ça ne se refuse pas, après une longue frustration et un retour à la normale quelque peu laborieux. Au lieu d’une poignée de prétendants, ce sont donc 19 pédaleurs enthousiastes qui ont honoré le rendez-vous de Nomény. J’ai annoncé que nous étions 17, alors que comptés et recomptés nous étions bien 19 : je réaliserai un peu plus tard que je n’avais pas reporté les noms de ceux qui s’étaient inscrits par SMS …

Philippe ALBERGE – Gérard CONREAUX – Alain DAUCH – Michel GEORGEON – Bernard GUERARD – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Marc HENQUEL – Fabien KRUGER – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Philippe MIDON – Jean-Michel NICOLAS – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Francis ROCH – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ 

Sans les deux excusés de dernière minute (JPP et AO), nous aurions même été 21 ; quant à notre forfait de la veille, il était le p’tit nouveau du jour : Fabien Kruger, qui a manifestement envie de récidiver. Qu’il soit le bienvenu !

Le parcours : une variante de la Bibiche, mais avec une partie centrale inédite, et déroutante : tout plein de bosses, pas toujours anodines, et bien des motifs de s’égarer. Pour plusieurs raisons : la Moselle ne manque pas de ralentisseurs (une calamité pour les cyclistes), mais elle manque terriblement de pancartes ! Et comme personne ne connaissait ces routes (entre Gomelange et Faulquemont), pas même l’organisateur (qui travaille volontiers sur cartes), il a fallu compter souvent sur l’habitant pour trouver, par exemple, la petite route de Coume ou celle qui permettait de rejoindre Boucheporn (ça ne s’invente pas) via Niedervisse. La route plus directe dans ce secteur, elle nous a échappé – mais c’est là qu’il faut ajouter une autre cause d’égarement, celle de l’écart entre la trace GPS et le terrain.

Explication : sur le logiciel de tracés (Calcul d’itinéraires, ou autre), il faut opérer en mode automobile, et réserver le mode vélo pour les seuls secteurs où l’on souhaite emprunter des pistes cyclables (bitumées). Sinon, le logiciel, à notre insu, nous envoie dans les chemins des champs et des bois. Et j’ai bien l’impression, que je n’avais pas supprimé le mode vélo lors de mon traçage d’hier.  D’où des hésitations inhabituelles dès le début de la matinée. La leçon sera retenue ! 

Résultat de ces diverses avanies : une arrivée tardive au restaurant du golf de Faulquemont (j’ajoute qu’il aura fallu attendre d’être à 4 km de cette cité pour en apercevoir la première pancarte). Mais on en a d’autant plus apprécié l’escale, en terrasse, avec le splendide « green » et son étang sous nos yeux. Un service somme tout rapide, du plaisir dans l’assiette, un moment de repos nécessaire. Car le fait est que, sans que ce soit le moins du monde prémédité, nous avons hier battu un double record pour une sortie Plaine : celui de sa longueur (168 km pour moi) et de son dénivelé (2100 m) ! La Bibiche, ce n’était que 150 km et un D+ de 1500 m, la norme pour une sortie Plaine. Si on retourne un jour à Faulquemont, il faudra trouver une autre variante, moins coûteuse en efforts.

Ceci dit, ce qui m’épate toujours avec les VVV, c’est qu’ils ne rechignent pas, qu’ils se décarcassent, qu’ils se les mange, les côtes successives, les gentilles et les méchantes, celles du début en rigolant et celles de la fin en ahanant. Et puis, on aura hier découvert de jolies petites routes, des reliefs pittoresques, des plateaux étonnants, parsemés d’immenses éoliennes. C’est fou ce qu’elles ont poussé, celles-là, impressionnantes, un peu inquiétantes, utiles probablement mais gâcheuses de paysage.  Elles sont à l’image du vent pour les cyclistes : un surcroît d’énergie (il était favorable à l’aller) ou un vilain inconvénient (il a durci le retour). 

Une certitude, enfin, cette sortie en plaine pas plate du tout aura préparé de la meilleure façon les Valeureux à la très excitante prochaine sortie : celle de la désormais fameuse Planche des belles filles. Thibaut Pinot n’a qu’à bien se tenir !

Reynald 

Compte rendu M 1 (23 juin 2020, Xures)

La ligne bleue des Vosges

Après les retrouvailles en plaine, la première « vraie » sortie : avec restaurant et en montagne ! De la montagne certes modeste, mais tellement jouissive pour tous ceux qui n’en pouvaient plus de ronger leur frein. Malgré quelques indisponibilités (et un forfait), ils ne sont pas moins de 27 au départ :

Philippe ALBERGE – Christian BAUQUEL – Didier BLAISE – Guy CAYROU – Alain DAUCH – Amico DI CIANNO – Michel GEORGEON – Gabriel GRANDADAM – Jean-Marie GUILLEMIN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jean-Claude HURET – Guy HUSSON – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Jean-Michel NICOLAS – Alain ORDITZ – Claude PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Jacques PIERRAT – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Dominique TISSERAND 

On relève la présence de deux p’tits nouveaux, Jean-Marie Guillemin (un ami de Gaby) et Didier Blaise (un ami de JC Hazotte) : bienvenue à eux dans l’honorable confrérie !

L’autre présence, très appréciée, est celle de l’été : il y avait eu bien des beaux jours pendant le confinement, quel gâchis ! Mais quel plaisir, cette fois ! Et la ligne bleue des Vosges pour horizon. La mise en route se fait en douceur, sur la piste cyclable du canal désormais prolongée jusqu’à Moussey (et au-delà). Une crevaison permet même de mieux savourer l’instant. On tarde un peu, ensuite, à fragmenter notre gros peloton, alors que le trafic est dense, pendant un temps très court heureusement. Puis la distanciation s’opérera d’elle-même, sur des routes plus calmes, bosselées, et familières, avant la montée vers le Donon, toujours aussi séduisante, parmi les arbres et le long du torrent (la Sarre Blanche). Et comme la route est annoncée barrée, pas de voitures ni de motos. Notre chance sera aussi de franchir le col de l’Engin juste avant l’épandage de gravillons.

Quelques-uns choisissent de redescendre directement à Abreschviller au lieu d’effectuer la boucle par Saint-Quirin. C’est que l’état de forme est inégal, certains ont des kilomètres en moins, d’autres des kilos en trop. C’est pourquoi lors du retour un nombre respectable de pédaleurs choisira l’option directe Cirey-Blâmont, au lieu de la boucle inédite par Bréménil et Montreux. Auparavant, l’Auberge de la forêt aura enchanté les yeux et comblé les appétits, même si Alexandra, l’accorte hôtesse, œuvrait masquée. Il se confirme d’ailleurs que les VVV, en vieillissant, attachent autant d’importance à la qualité du restaurant qu’à celle des parcours. À l’organisateur de s’en souvenir !

Francis a parfaitement joué son rôle de vélo-balai … avant d’opter pour le raccourci pris à Cirey, sans qu’on en soit averti. D’où un flottement certain ensuite : j’attends parfois en vain, ne sachant pas qui pourrait être attardé, et comme il me faut aussi aller à l’avant (vive le VAE) pour m’assurer que le parcours est respecté, impossible de contrôler ce qui se passe à l’arrière. En outre, la seconde crevaison, à Montreux, va être à la fois heureuse et dommageable (drôle de festival, comme diraient les amateurs de jazz) : un cerisier chargé de fruits, une fontaine d’eau fraîche, et un Michel G. qui taille une bavette avec l’habitant au moment où l’on se remet en route. Il galérera à l’arrière, sans qu’on le sache, après avoir retrouvé Rémy qui s’était égaré (pour lui j’avais redescendu la côte de Barbas, mais sans le voir venir) : Alain O., Marc et moi, nous les avons attendu longuement à Xures, non sans inquiétude. Ils ont fini par arriver, fourbus, très fourbus, mais sous nos applaudissements !

Conclusion : il nous faudra être un peu plus rigoureux dans la gestion du peloton, surtout quand il est si imposant. Doubler les postes de capitaine de route et de vélo-balai ne serait pas un luxe. Il me faudra aussi être plus vigilant lors du tracé des itinéraires : les logiciels ont vite fait de céder à d’étranges fantaisies, en optant pour des variantes indésirables dont on ne s’aperçoit que sur le terrain. Ainsi, je crois avoir compris que ceux qui étaient à l’avant en fin de parcours ont fait des sorties de piste !

Reste l’essentiel : le plaisir pris ensemble à ces longues escapades. La saison 2020 ne demandait qu’à commencer : c’est chose faite.

Retrouvailles 2020 (9 juin)

Enfin !

La dernière sortie des VVV remontait au 16 octobre 2019 (au départ de Void-Vacon) : il était temps ! Nous avons donc vieilli de près de 8 mois, personne n’a rajeuni, certains ont grossi, d’autres ne sont pas encore en pleine forme. Mais il est clair que les 21 présents étaient heureux d’être là, pour cette sortie relativement modeste, mais gentiment bosselée (D + de 1200 m à mon compteur, et 120 bornes) : 

Élisabeth ANTOINE – Michel GEORGEON – Bernard GUERARD – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jean-Claude HURET – Guy HUSSON – Jacques KEMPF – Reynald LAHANQUE – Philippe MIDON – Jean-Michel NICOLAS – Patrick NICOLAS – Alain ORDITZ – Patrick PAGEOT – Claude PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Daniel SMALCERZ – Marcel WUILLEMIN 

Ajoutons que Pierrick est venu à notre rencontre en fin de parcours, et que Guy Husson était le p’tit nouveau de la bande : bienvenue à lui, même s’il m’a dit n’être pas un adepte des longues distances (ceci dit, nos sorties tournent autour de 150 km en plaine et de 120 en montagne, ce qui n’a rien à voir avec le Paris-Brest-Paris, ni même avec le Paris-Longwy qu’il a naguère pratiqué).

Partant de Champigneulles, on ne pouvait guère faire dans l’inédit, mais tout le monde ne connaissait pas le secteur Secourt-Vigny-Cherisey, tout en petites routes peu fréquentées et en paysages agréables, à l’image de tout ce parcours, très champêtre, qui a été apprécié, si j’en crois plusieurs témoignages.

Grâce à Marcel qui avait prêté son VAE Bianchi à Jean-Claude, je n’étais pas le seul vieux cycliste assisté : j’imagine que le néophyte a été conquis par cette autre pratique du vélo, disons plus aérienne. Et comme je l’ai déjà dit, cette pratique nouvelle n’empêche nullement de goûter encore les plaisirs de la pratique ancienne, ne serait-ce que le plaisir de manier un vélo léger, et de ne pas se faire traiter de motocycliste. (Mais de là, à vouloir remonter sur un VTT, après une chute qui t’a valu 4 côtes cassées, mon cher Chti Jean-Claude, tu ne m’ôteras pas de l’idée que ce n’est pas raisonnable).

J’en profite pour dire à quelques-uns : bienvenue au club ! Le club des septuagénaires. Claude a été intronisé le 7 février, Francis le 27 mai (de façon très arrosée), Jean-Michel le 4 juin ; Patrick N., ce sera le 13 juin (Dominique va mettre les petits plats dans les grands), et en fin d’année ce sera le tour de Guy C., le fondateur du team Bianchi – n’y voyez aucune allusion de circonstance.

Je vous le disais : personne ne rajeunit. Nous voici (bientôt) 14 à atteindre les 70 balais. L’an prochain, il y en aura 4 de plus, ce qui fera 18 « personnes fragiles » à protéger par un surcroît de « gestes barrière » … Faut pas croire tout ce qu’on entend. Sinon, on ne sortirait même pas quand il y a un risque de pluie. Il y en avait un, minime, qui s’est traduit par une brève averse en fin de parcours – ou deux averses, pour ceux qui comme moi se sont inquiétés de ne pas voir arriver à Custines l’infortuné Patou : en fait, il a d’abord eu un problème de téléphone (sa chère et tendre s’inquiétant), puis un problème de vision dans la descente de Morey (il porte des lunettes correctives dépourvues d’essuie-glace). Il a fini par débouler, et on l’a remorqué à bon port, Jean-Paul et moi.

D’où l’utilité du vélo-balai ; de même que celle du capitaine de route. Gardons nos bonnes habitudes.

Maintenant qu’on a remis ça, on continue, non ? Bien sûr qu’on continue : quand le virus circule moins les cyclistes circulent plus, et les VVV montrent l’exemple. D’autant que d’ici quinze jours, on devrait pouvoir se restaurer sans trop de contraintes. Donc, le mardi 23 juin (ou le jeudi 25 si la météo l’impose), on retourne dans les Vosges !

Jetez un œil sur la sortie qui avait été fixée au 7 avril (Donon, et repas à Abreschviller), et vous me direz si ça vous convient ou si vous préférez quelque chose de plus musclé. Moi, depuis que j’ai changé mon alimentation, je suis prêt à tout !

Une non-sortie parfaite (17 mars, 24 mars, etc.)

Nous en sommes déjà à la deuxième sortie P 0, et nul n’en connait le nombre total. Qu’est-ce qu’une sortie P 0 ? Ce n’est pas sorcier, récapitulons.

Le lieu de rendez-vous : nulle part.
La distance : impossible à estimer.
Le dénivelé : insensible.
Le parcours : ni début ni fin ni confins.
Les participants : aucun ne manque à l’appel … Car tous sont là, tous réunis en esprit, faute de mieux. Tous se pressent, heureux, étonnés d’une si belle affluence. C’est vrai, nous n’avons jamais été aussi nombreux, aussi unis dans notre commune passion sportive. Et jamais aussi légers, impalpables, translucides. Pour les grimpettes, c’est idéal.

Et d’autant plus heureux nous sommes qu’aucune avanie ne nous vanne, qu’aucun incident ne nous advient. Ni crevaisons ni chutes, ni vent ni pluie. Et personne n’est lâché, personne, c’est si rare.

Quant à la pause-restaurant, elle est sublime : tous les plats sont si légers, si digestes ! La bière ? La bière n’est que bulles, voyons (ce n’est pas de la Corona, elle a été virée, celle-là). Et la bonne hôtesse, pour couronner le tout, a « quelque chose d’un ange » (Brassens).

Le retour est aussi fluide que l’aller, les montées sont aussi rapides que les descentes, les routes n’ont jamais été aussi désertes et silencieuses, l’air n’a jamais été aussi peu pollué. Le printemps resplendit, pour un peu on se dirait au paradis … 

Qu’il eût été dommage de ne pas en être : revenez-tous, à chacune des sorties P 0 !

Reynald (au jour 8 du confinement)