Comptes rendus 2023

(du plus récent au plus ancien)

Compte rendu P 8 (17 octobre 2023, Pont-à-Mousson)

Cycles et recyclage

            Seizième et dernière sortie de l’année 2023 et, après celle au départ d’Arches, la seconde proposée par Jean-Pierre Valter (alias le Paribresteur) : une escapade en Meuse, une escalade du Montsec, une flopée de côtes et de villages « sous-les-côtes », une restauration solidaire près de l’étang de Lachaussée, une brève rencontre avec le très singulier maire de Dommartin, une virée bosselée et venteuse en Moselle pour un retour en dispersion réglée. Il y avait 31 inscrits, mais 4 ont dû déclarer forfait : Nadine C. et Jean-Luc R. pour cause d’agression virale, Guy C. pour s’être démis une épaule, et un JL Vallance pas dans son assiette. En outre, l’ami Jean-Mi, indisposé par le froid et par la côte précoce et très hostile de Norroy, s’est vu contraint de renoncer. Restent donc 26 cyclos cyclants pour le baisser de rideau :

Michel André – Édith ANGEL – Pierre BECK – Jean-Marie CAEL – Jean-Luc CHAPELLE – Joelle CHAPELLE – Bernard CUNY – Gilles DELABARRE – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Gérard GOESSEN – Bernard GUERARD – Rémy HELFENSTEIN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Patrice RÉMY – François SAGNARD – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

On ne part qu’à 9h10, les bloqués de la route accusant un petit retard, mais le froid n’a pas cédé, et la première côte, longue et abrupte, n’est pas de trop pour activer les chaudières. Mais d’aucuns disent que l’option Vandières eût été plus barbante mais moins barbare : circulation intense dans la vallée mais doux faux-plats pour commencer. Jean-Mi s’en serait mieux porté, c’est probable. Il reste que vent favorable et tendre soleil rendent assez vite l’automne moins hivernal. Les paysages ont de la couleur et nous avons du baume au cœur. 

Tout serait parfait si les cyclos ne recyclaient une fois de plus leur façon de cycler – ce que j’ai appelé « l’autogestion spontanée » … un euphémisme pour ne pas dire « le grand n’importe quoi ». La chose n’est plus à démontrer : chez les VVV, ça roule sauvage. Oh, pas tout le temps, et pas tous, loin de là, mais tout de même. C’est quoi, cette propension à se tirer la bourre, à attendre parfois, certes, mais pour mieux réembrayer tout aussitôt ? C’est quoi cette confusion entre une virée très sportive et une randonnée tranquille ? Je l’ai tellement dit par le passé (moi aussi je recycle, quant à mon opinion sur le sujet) que j’avais choisi de ne plus moufter. Mais j’ai assisté hier à un échange qui m’invite à revenir sur le sujet.

Sur les hauteurs des bois de la Calonne, à un carrefour où ceux de devant attendent (non pas tout le monde mais une partie des attardés), j’entends que ça vitupère chez les cadors, que certains se plaignent de subir d’incessantes relances, qu’on n’est pas dans une cyclosportive, qu’il faudrait faire la différence, qu’on n’est pas là pour faire la course … Mazette, je bois du petit lait, je n’en crois pas mes oreilles, ça ressemble à une prise de conscience ! Allez, encore un effort, camarades, dites-le bien fort, ne craignez pas d’insister, et surtout, passez des paroles aux actes ! À la clé, ceci : je ne serais plus l’un des rares cyclos à me soucier systématiquement de ceux qui peinent à l’arrière, ou qui, pour des causes diverses, se retrouvent distancés. Hier, j’ai attendu avec Jean-Pierre, à la sortie d’Euvezin : on a pu voir passer les dispersés (mais hélas pas le trio des dames, heureusement accompagné par Jean-Luc C.), et repartir avec deux d’entre eux. Après Montsec, rebelotte, nous allons rouler à quatre jusqu’au restaurant, en nous souciant d’abriter François, qui peinait dans le vent et les bosses. Je confirme donc à Francis : non, je ne m’étais pas perdu, si je suis arrivé tard (avec mes trois compagnons), c’est que j’ai eu ce souci élémentaire de ralentir et de veiller sur qui ne peut suivre un train trop rapide. 

Après le repas et l’arrêt à Dommartin, même scénario, et c’est avec le couple Chapelle, à distance des autres petits groupes qui ont dû se former à l’avant, que j’effectue tout le retour. Tempo raisonnable, l’occasion d’échanger au-delà des choses du vélo, tête haute pour apprécier les charmes de la vallée du Rupt de Mad et de la route bosselée qui nous ramènera près du but. 

Le mystère pour moi demeure : qu’est-ce qui fait que la très bonne ambiance qui règne parmi les VVV n’aille pas jusqu’à régner sur tous les moments d’une sortie ? Pourquoi n’en vient-on pas à un scénario où, sur la route, la solidarité l’emporterait tout naturellement sur l’irrésistible envie d’exercer sa force, de se montrer, de ne pas vouloir être en reste ? Mystère et boule de gomme … Disons que chacun est invité à y réfléchir, et que de bonnes résolutions ne seraient pas inutiles, si, comme j’en ai l’impression, le désir l’emporte de poursuivre la belle aventure des VVV. Prononcer la fin de l’histoire serait un crève-cœur. On pourrait la recycler, cette histoire, mais en tirant les leçons de l’expérience. Un recyclage qui serait un renouveau. Un nouvel élan. 

Et pourquoi pas s’inspirer du formidable maire de Dommartin-La-Chaussée, Denis Petit, un expert en recyclage, habile à redonner une seconde vie aux objets délaissés, aux rebuts de toutes sortes, et cela avec modestie et humour. Cet homme ne se prend pas pour un artiste, il a gardé un esprit d’enfance, il est aimable et tolérant. Et en plus, il a une vraie tendresse pour les cyclistes et leurs machines. 

À son exemple, cyclistes de bonne confrérie, recyclons nos pratiques, revalorisons notre commune passion !

(Pont-à-Mousson, 17 octobre 2023)

Compte rendu P 7 (3 octobre 2023, Xeuilley)

La force verte

Troisième édition de la Néodomienne, inaugurée en 2021, à l’initiative de Jean-Luc Rouyer, en hommage à Gérard Marchand, disparu tragiquement lors d’une sortie vélo du club de Neuves-Maisons. Le club dont on ne dira plus qu’il est celui des Neuneux, ce qui pouvait passer pour désobligeant, mais celui de la Force verte, ainsi que l’a proposé notre dévoué organisateur. Une appellation autrement plus flatteuse, et tout à fait dans l’air du temps. Une Force venue en force hier, quelque chose comme un tiers des 29 roulants :

Édith ANGEL – Pierre BECK – Yves BECKER – Marie-Hélène BOTHIEN – Jean-Marie CAEL – Nadine CLÉMENT –  Bernard CUNY – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Gérard GOESSEN – Bernard GUERARD – Rémy HELFENSTEIN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Jean-Michel NICOLAS – Dariusz NOWOBILSKI – Alain ORDITZ – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Patrice RÉMY – Jean-Luc ROUYER – Bernard SAINT-AYES – Jean-Louis VALLANCE – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Comme j’ai dit tout le bien que je pense du parcours proposé par Jean-Luc et de ses variantes dans mes comptes rendus précédents de la Néodomienne, et comme Jacques le vidéaste m’a cette fois devancé, je vais tenter d’éviter les répétitions. Non sans dire un mot tout de même de l’événement que mon complice a immortalisé : la récompense offerte à l’un et l’autre au nom de tous, et sur la suggestion de Colette. Remerciements renouvelés en retour, à Jean-Luc, à Colette, et à tous. Que nos sorties soient ainsi racontées, commentées, et fixées dans nos souvenirs, par l’image et par les mots, ce n’est pas indifférent, ce n’est pas non plus fréquent, et si vous me dites que cela redouble et prolonge le plaisir de pratiquer ensemble le vélo, j’ose en être d’accord ! Mais nous restons modestes, nous n’allons pas briguer, lui le festival de Cannes, et moi le prix Goncourt. Ni même réclamer des droits d’auteur.

Nous avons accueilli trois petits nouveaux, Dariusz, Patrice et Jean-Louis, qui se sont montrés enthousiastes : ils ont découvert la bonne ambiance d’une sortie VVV, et cerise sur le gâteau, les voici mis à l’honneur dans le reportage de Jacques. La confrérie sait recevoir, ce n’est plus à démontrer. J’ai noté que Patrice a des talents d’organisateur, c’est bon à savoir, et que Jean-Louis est né en 1946, je me sens moins seul. Et je n’oublie pas de saluer le retour de l’ami Jean-Mi, qui n’est plus un perdreau de l’année, mais plutôt, comme disait le général de Gaulle, un « vieil homme, recru d’épreuves, détaché des entreprises (…) mais jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance ».

Mais celui qui s’est invité hier à notre corps défendant, et qui a joué le premier rôle, il ne paie pas de mine, vu que de mine il n’a même pas, il fait ses coups en douce, profitant de ce qu’il est invisible. Il ne se laisse pas oublier, et s’il se fait parfois plus doux c’est pour mieux s’emporter ensuite, et nous clouer sur place, menaçant même de nous jeter à terre … Et pourtant, il n’est rien, rien qu’un fantôme dépourvu de substance, il n’a ni bras ni jambes, ni griffes ni groin. Il n’est qu’un peu d’air, un peu d’air en mouvement, un simple courant d’air : du vent, quoi ! Mais c’est un courant d’air qui dure, et qui use, qu’il soit de face ou de guingois. Et comme il est libre et quelque peu pervers, le vent, il peut venir d’ici puis de là, du sud puis de l’ouest, et dans les deux cas nous décevoir : on compte sur son aide au retour, il ne nous l’accorde qu’au compte-gouttes, entre deux rafales et deux averses. 

Eh oui, « Le vent souffle où il veut », comme on le chantait à l’église (Jean-Louis s’en souvient, il a été enfant de chœur), « Et toi, tu entends sa voix / Mais tu ne sais pas d’où il vient » – sauf qu’à vélo, on ne s’y trompe guère, et qu’on fait la différence entre celui qui nous veut du bien et celui qui nous veut du mal. Il reste qu’être cycliste, c’est être ouvert aux quatre vents, l’essentiel étant de n’en avoir pas, du vent, entre les oreilles. Je me souviens d’Anne Sylvestre chantant « Fille folle amante du vent, est-ce aussi le vent que j’ai dans la tête ? ». Mais nous, casqués que nous sommes, devrions être préservés de cette intrusion fatale. D’ailleurs, à l’arrivée, tous étaient réjouis, lucides, et nullement abattus, ni par la pluie ni par le vent. En échec, cette double force verte. 

Je termine en évoquant un exploit, passé inaperçu pour la plupart d’entre nous : à table, l’affable et souriant Sylvain nous a raconté comment il a réussi à perdre 42 kilos (oui, c’est considérable), du jour où il l’a décidé, fatigué de se traîner et de souffrir. Ceci en supprimant sel, sucre et graisse de son alimentation, et en ne mangeant pas plus qu’il n’est nécessaire. Après 8 années de surpoids, il savoure désormais, à pied ou à vélo, sa forme et son apparence nouvelles. Et c’est un homme qui voit plus loin que le bout de son nez : passionné d’astronomie, il vient d’acquérir un très puissant télescope, qui fait rêver les petits terriens que nous sommes : à quand la sortie VVV dans l’espace, la balade à travers les étoiles ? 

Sylvain, on compte sur toi ! Tu es un adepte de la philosophie d’Emmanuel Kant, ne dis pas le contraire : « Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes […] le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. » L’ordre du monde nous détermine, le vent nous échappe, mais les valeurs, nous avons la liberté de les choisir. 

Compte rendu P 6 (19 septembre 2023, Neufchâteau)

Il s’en passe de belles

C’est bien beau d’élever le débat, de s’extasier sur la splendeur de la campagne ou de faire la promo des heures heureuses, y’a un moment où il faut retomber sur terre et dire les choses, les vraies, les qui crèvent les yeux, les qui se voient pas, et les qu’on devine, les plus intéressantes, même si point de vue vérité c’est pas garanti à cent pour cent. Hypocrites, me dites pas que vous mégotez sur les ragots, vous adorez ça, vous allez être servis, accrochez vos ceintures. Un truc certain c’est qu’ils étaient 24, les vélomaniaques venus de Nancy et de sa banlieue, de Toul ou de Neuves-Maisons (ceux-là, ils étaient jouasses, troquer les maisons neuves pour un neuf château, c’est pas tous les jours) : 

Édith ANGEL – Serge AUDINOT – Pierre BECK – Jean-Marie CAEL – Guy CAYROU – Gérard CHEVALLIER – Nadine CLÉMENT – Bernard CUNY – Francis DUVAL – Bernard GUERARD – Remy HELFENSTEIN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Daniel SMALCERZ – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Le nouveau du jour, c’est Bernard Cuny, un Toulois adoubé par l’autre Bernard. Pas eu le temps de tailler une bavette avec lui, histoire de faire connaissance, ce sera pour une prochaine fois – mais au restaurant, je l’ai vu palabrer longuement devant la porte des toilettes, un vrai salon où l’on cause, c’était insolite, soit dit entre nous, je n’en tire aucune conclusion. Les autres présents, ce sont des habitués, qui s’élancent alors que l’aurore aux doigts de rose fait reluire les casques, comme disait le vieil Homère. Le chef du jour (le célèbre Jack la Relance, qui relance moins depuis qu’il jeûne plus), il s’est creusé les méninges pour bâtir un bath parcours, et il a prévenu : on pédale ensemble jusqu’à Chermisey. Dire ça et pisser dans un violon, c’est du pareil au même, vu qu’à peine en route, c’est la déroute, du moins pour les Tranquillous qui comptaient s’échauffer un brin. Car les enragés du pédalier, ils ruent dans les brancards, une vraie volée de moineaux (pas très cohérent comme image, vous allez me dire, même que je vous réponds que je fais ce que je veux, vu que c’est moi qui rédige). Et je peux vous dire que pour suivre le train des Vieux Voraces, faut s’accrocher. J’ai essayé, je peux témoigner.

Donc, je témoigne : quand tu vas vite, tu n’as d’yeux que pour ton compteur et la roue qui te précède, tu n’as qu’un souci, rester au contact, ne pas te faire larguer, quitte à te déglinguer la carcasse. Alors, le décor, les paysages, les villages, les prairies, les vaches, les lézards, les limaces, les lionceaux et les licornes, tout disparaît. Tu roules dans l’abstrait. La vitesse rend aveugle, que je me suis dit. T’exerces ta force, d’accord, c’est bandant (passez-moi l’expression), t’es gagnant, mais tu ne sais pas ce que tu perds. La preuve, quand je décide de laisser filer, ô miracle, tout réapparaît, y’a plus qu’à zyeuter et à s’accorder … « Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses », qu’il disait, le poète. Et l’ami Jack, il nous a offert une sacrément chouette balade, au gré de routes peu familières (sauf pour le bûcheron qui se fait désormais appeler « le retraité », qu’on se le dise).

Mais revenons à nos moutons. Une sortie de village, une haie, François s’arrête pour mouiller une ardoise (ça ne se dit plus, je sais), tout le monde le voit, et passe son chemin. Je préviens le Jack et quelques autres, faudrait l’attendre, je lève le pied, je suis bien le seul. Et mon François, dans les longs faux-plats face au vent, il morfle et échoue à revenir sur moi et sur l’ami JPV qui plus loin s’est arrêté. On se sera inquiété jusqu’au moment où, bien en retard, il arrivera au resto, tout sourire : faut dire qu’il a été saignant, le Sagnard, le seul qui aura en matinée respecté le parcours de bout en bout. Félicitations du jury. 

Je précise que gépéesse ou pas, y’a eu du flottement sur la fin, entre les ceusses qui sont allés se rincer l’œil devant « le Cul de cerf », ceux qui se sont gourés et ceux qui ont sciemment rabioté. Mais tous ont rallié le Cantarel et ont le fait le plein (mais pas d’assiette pour l’ascète, vous l’avez compris). À table, on se détend, on se lâche, et on en entend de belles. Même les dames, elles en sortent des vertes et des pas mûres, « une vraie connasse », dit l’une, « quand on parle de cul, on est là », dit l’autre. Ne m’obligez pas à citer des noms, pas même les noms des deux barbus qui nouent une amitié toute particulière au vu et au su de tous, un vrai « coming out » ! Affaire à suivre. Quant au capitaine, il capitule, il se baffre ses deux desserts (comme d’hab’), mais sur la route pour ce qui est de pédaler l’amble (non c’est pas une allusion grivoise), aujourd’hui c’est peau de balle et balai de crin. Il se la joue solitaire, il se préserve. Je le comprends. 

Le retour, c’est rien que du gâteau. Le Jack, il nous fait tourner dans le bon sens (ça lui arrive), un de ces vents arrière, je vous dis pas, le genre qui vous pousse au club (comme dirait encore notre Jack, logique, c’est son jour). Un pur délice, y’a qu’à se laisser glisser, à part que parfois ça remonte, mais dans l’euphorie ça passe fastoche. Et je peux vous dire que les dames, elles se boulottent les côtes les doigts dans le nez. Faut dire qu’elles sont en bonne compagnie, ça aide, c’est pas l’Africain des Baronnies qui me démentira. Avec elles, comme avec les raisonnables qui savourent plus qu’ils s’époumonnent, l’envie vous passe de troquer le vélo plaisir pour le vélo martyr. On redescend sur terre tout en levant les yeux. On ne se la raconte pas, on ne se sent ni vieux ni jeune, on cueille le jour. 

Enfin, ne comptez pas sur moi pour vous narrer la scène finale du parking, quand le vidéaste s’est autorisé à faire poser d’innocentes collégiennes pour les besoins de sa prochaine vidéo. Censure et pas de réseaux sociaux, je vais veiller au grain, je tiens pas à me retrouver en taule !

Compte rendu M 9 (14 septembre 2023, Senones)

Consentir aux heures heureuses

Une sortie hors programme, mais non pas hors de propos ! Tout au contraire : une dernière envie de montagne, à l’heure des derniers feux de l’été, qui ne demandait qu’à être satisfaite, par un temps ensoleillé et très doux, dans la quiétude et la beauté. Parfois on s’approche au plus près de l’idée qu’on se fait d’une sortie parfaite, la réalité du terrain répondant aux attentes, diverses et toutefois convergentes. Les trois options du jour ont permis à chacun des 21 participants de participer à la fête, si j’en crois leurs propos et leurs sourires à l’arrivée :

Édith ANGEL – Jean-Marie CAEL – Guy CAYROU – Jean-Luc CHAPELLE – Joelle CHAPELLE – Nadine CLÉMENT – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Bernard GUÉRARD – Rémy HELFENSTEIN – Jean- Claude HURET – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANG – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Daniel SMALCERZ – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

J’avais pensé un instant vous proposer le compte rendu le plus bref qui soit : « Le bonheur ! ». Je ne renonce pas au thème, mais je le développe quelque peu, en empruntant mon titre à un écrivain que j’apprécie beaucoup et que je redécouvre ces jours-ci, Pascal Quignard, dont le dernier livre porte ce titre, Les heures heureuses. Une invitation à saisir sur-le-champ ce qu’ont de plus précieux les sensations venues de notre rapport aux paysages et de l’emploi que nous faisons de notre vitalité, lors de moments privilégiés. « La nature est la merveille du monde », écrit-il, et dans sa proximité, dans l’étroit contact que nous nouons avec elle, il nous est loisible, à distance des projets et des ambitions qui ordonnent nos existences, de toucher à la vera vita viva chère aux Anciens, oui, je n’invente rien : « la vraie vie vive », dit-il, la vvv ! Bien sûr, Quignard ne parle pas de la pratique du vélo et encore moins de notre confrérie, mais la coïncidence me ravit, qui nous invite à consentir aux heures heureuses.

Consentir est aussi un mot auquel j’ai beaucoup songé hier en pédalant (en petit groupe ou parfois seul) : il m’a semblé comme jamais que la clé était bien là, dans le consentement à ce que nous offrent les détours et les profils des routes empruntées. Non pas, par exemple, prendre la pente qui se dresse devant nous pour un obstacle, mais pour une invite à faire corps avec elle, non sans efforts, certes, mais dans le plaisir immédiat de l’expérience et la satisfaction anticipée du sommet. Ce qui vaut aussi pour la suite de l’aventure : après l’âpre plaisir de grimper, la volupté douce de descendre. 

Et sur ce plan nous avons hier été gâtés, depuis le départ de Senones, avec de petits cols franchis dans la fraîcheur du matin, quelques langoureuses descentes, avant la montée vers les crêtes. Et là, miracle, l’ami Claude découvre qu’on peut gravir la Charbonnière sans aller au charbon, pour peu qu’on le fasse piano piano, en bavardant et en admirant. Ce qui fut aussi le plaisir goûté par tous ceux qui avaient choisi le moyen ou le petit parcours. Tandis que les sportifs partaient à l’assaut du Mont Saint-Odile, les uns se délectaient du Champ du feu et les autres d’une liaison directe avec le restaurant de Villé. Ces derniers y parvinrent un peu tôt, j’aurais dû leur prévoir une petite excursion apéritive ; les autres arrivèrent là de façon synchrone, et à l’heure annoncée. Mais qui donc avait organisé l’affaire de façon aussi précise … ? On se le demande. Quant au restaurant des millefeuilles, il reste fidèle à sa réputation, pour la qualité de son accueil et le contenu de ses assiettes. Une raison de plus de plébisciter la sortie de Senones. 

Le retour de Villé est parfois laborieux, avec ses 11 km de faux-plat postprandial : hier, un petit vent favorable a rendu aimable la grimpée vers le col d’Urbeis. Et comme je m’en suis tenu à mon office de vélo-balai, j’ai personnellement joui plus avant des plaisirs de musarder à l’arrière, savourant comme jamais la chance d’ainsi éprouver les sensations à nulle autre pareilles de la « vraie vie vive ». À la fois dans la solitude et le partage. La « chance », c’est un autre mot qui m’a trotté hier dans la tête : oui, nous avons de la chance. Pédaler comme nous le faisons encore est un privilège rare, qu’il nous revient de cultiver avec sagacité. Puisse chacun prendre sa part de ce consentement heureux à ce qui nous advient !

L’ami Tauto m’avait soufflé naguère cette ritournelle en S comme Senones, je me permets de vous la resservir :

Salut Senones ! Superbe sortie sur site, sortie si succulente, si stimulante. Signore, signori, savourez sans satiété, sans scepticisme. Solides sportifs, sentez ses sévères sapins, salivez sur ses sommets sublimes. Sacrée sortie, sensuelle, sinueuse – suivez ses S – singulière, stupéfiante, sans secteurs scélérats (sensiblement sinistrés), sans saloperies subséquentes, sans scandales, sans seringues …  Soyez sains ! Sachez suer sans subir, supporter sans sombrer. Soufflez, six, sept secondes, sans scrupules, soufflez souvent, soufflez silencieusement, sans souffrance (sauf si syncope). Sitôt sur selle, sachez scintiller, soyez solaires, sportifs saignants, souvent sagaces !

Reynald, le 15 septembre 2023

Compte rendu P 5 (5 septembre 2023, Gye)

Que la campagne est verte !

En 2022, Alain Orditz avait fermé le bal en organisant la dernière sortie de la saison. Les VVV avaient été 25 à honorer le rendez-vous, ils sont à nouveau 25 inscrits en cette fin d’été, mais 24 présents, car, on le constate et le déplore, Cael cale. Dans la liste on relève les noms de 15 pédaleurs de l’an dernier, et donc 9 nouveaux noms (c’est fou ce que je calcule bien), les uns pour s’élancer sur le grand parcours, les autres sur le petit. Ce scénario du deux en un est désormais bien rôdé, et il ne concerne plus, désormais, que les sorties montagne. Mais comme la sortie plaine du jour s’annonce pleine de bosses, ça se comprend d’autant mieux. Bref, les 24 cavaliers de la plaine, les voici :

Édith ANGEL – Serge AUDINOT – Pierre BECK – Pierre-Yves BOULANGÉ – Guy CAYROU – Gérard CHEVALLIER – Nadine CLÉMENT – Christian DROUOT – Michel GEORGEON – Bernard GUERARD – Pierrick HAAN Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Philippe MIDON – Alain ORDITZ – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Jean-Luc ROUYER – Daniel SMALCERZ – Jean-Pierre VALTER 

Un nouveau membre du club des Neuneux a été invité, Christian D. : bienvenue à lui. Trois de nos pédaleuses sont présentes, je m’en réjouis, en attendant le retour de leurs consœurs. Je note aussi que 7 des 10 participants du récent séjour dans la sublime moyenne montagne de la Drôme provençale n’ont pas dédaigné la plaine lorraine. Ils auraient eu tort, tant Alain a bien fait les choses, en nous offrant, non pas certes le vertige des sommets ni la fraicheur des vallées, mais une succession de petites routes charmantes, souvent bosselées, parfois planes, sous le soleil et les ombrages.

Mais le plus frappant, c’est de découvrir chemin faisant une campagne lorraine incroyablement verte en cette fin d’été ! On se dit que la pluie et le temps maussade ont eu du bon, même si le propos est désagréable aux cyclistes assidus. Admettons que c’est là le prix à payer pour se délecter d’une nature parfaitement verte, paisible, avenante. Du vert parfaitement accordé à la mobilité verte qu’est la pratique du vélo et à la verdeur rémanente des corps pourtant vieillissants. Qui se déplace longuement à vélo, homme ou femme, emprunte à la verte campagne un peu de sa couleur et de ses nuances, vert jade ou vert émeraude, c’est toujours vert vaillant et vert vif, n’est-ce pas chers et chères VVV ?

Quelques mots sur les péripéties de la journée. Il y aurait à dire, mais un langage trop vert (trop cinglant) ne serait pas de saison. Simplement, puisque le groupe 1 a perdu en matinée trois de ses membres, qui ont longuement galéré ensuite, au point d’arriver au restaurant avec une bonne heure de retard, il n’est pas mauvais de rappeler que nous avons naguère usé de ce procédé efficace (mais pas imparable, c’est vrai) : le vélo-balai (le serre-file). À savoir, celui dont on convient qu’il reste toujours à hauteur des attardés et dont l’absence à tel carrefour ou tel sommet signifie à ceux de devant qu’il faut attendre ceux de l’arrière ! Je l’ai dit maintes et maintes fois, chaque groupe devrait se donner un capitaine de route et un vélo-balai. Les risques d’égarement en seraient de beaucoup réduits. Qu’on se le redise … Michel, Pierre-Yves et Philippe auraient apprécié hier de bénéficier de cette sage précaution. 

Quant à Meister Komoot (alias le président JPP), il n’a pas eu de veine, avec sa vilaine crevaison longue à réparer. Mais il a pu compter sur l’aide de notre Paribresteur (alias JPV) pour naviguer à l’arrière et atteindre « La Marmite » de Greux, comme les autres – pour un repas simple, plutôt bon et pas cher. Je comptais rouler avec lui à l’arrière du groupe 1, j’ai dû me rabattre sur le petit parcours, et mon plaisir n’en fut que plus grand : on prend le temps de bavarder, on lève la tête, on s’imprègne des verts paysages, on est comme en vacances, vélo loisir vélo plaisir. Une pratique accordée à mes désirs et à mes ressources, d’autant que j’avais eu l’audace de rouler sur mon vélo ordinaire. Vous savez, le non-assisté, celui que d’aucuns osent appeler un vélo « normal » (n’est-ce pas Bernard ?) ou un « vrai vélo » (n’est-ce pas Michel ?) – la Pucelle de Domrémy vous a entendus, mécréants, elle a infligé des crampes à l’un et un égarement à l’autre, non mais !

Je ne le répéterai plus : vélo assisté ou non, c’est toujours du vélo ! Dans les deux cas on peut se dorloter ou se déglinguer la carcasse, tout est affaire de tempo et d’efforts consentis. On peut avec l’un et l’autre rouler dans l’huile ou pédaler avec les oreilles. Fermez le ban !

L’an dernier, pour rendre hommage à notre organisateur, j’avais concocté un tautogramme (la même lettre à l’initiale de tous les mots) en O comme Orditz. Je l’adapte un tout petit peu pour l’édition 2023 :

Odyssée orditzienne, oui ! Occasion offerte, ouverte, officielle, olympienne, organisée, œcuménique. Orientation ouest, Ochey oublié, Oëlleville, Offroicourt ôtés. 

Ohé, orgueilleux ostrogoths, ouste ! Oyez, ostensibles olibrius, ouvriers obstinés, originaux ouistitis, orfèvres omnipédalants, optimistes ontologiques : osons œuvrer outdoor, osons orchestrer opération Orditz, originale, opportune, oblative. Ouvrons œil, oreille, observons oiseaux, obtenons odeurs, oxygène, occultons orage, ouragan, ours, otaries.

Omettons offenses, opprobres, opinions obtuses, oiseuses ou obscènes. Oremus. Optons : onze ovations, ola ! Oui Orditz !

Reynald, votre scribe dévoué, le 6 septembre 2023

Compte rendu M 8 (22 août 2023, Saint-Dié)

Une partie de plaisirs

Jean-Luc Chapelle, qui nous a rejoints cette année, a mis pour la première fois ses talents éprouvés d’organisateur au service de notre confrérie. Et cela, en nous proposant un scénario aussi orignal qu’astucieux, la topographie aidant : sur la base du plus grand parcours, trois délestages successifs, et donc autant de raccourcis possibles. Un scénario faussement compliqué et en fait très simple (je dirais même : à la portée d’un élève de CM2). Chacun a pu donc choisir sa formule et son tempo, l’ensemble étant calculé pour que tous les groupes convergent à la même heure au restaurant. Ce qu’ils ont fait, avec une précision chirurgicale. Il faut donc le dire d’un mot : chapeau, Chapelle ! Les heureux bénéficiaires de cette offre inédite :

Élisabeth ANTOINE – Pierre-Yves BOULANGÉ – Guy CAYROU – Jean-Luc CHAPELLE – Nadine CLÉMENT – Gilles DELABARRE – Francis DUVAL – Bernard GUÉRARD – Rémy HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURAND – Dominique PERRET – Aurélien PETIT – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANG – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Nadine ROESCH – Jean-Paul PEZEL – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Bernard SAINT-AYES – Michel VILLEMIN 

À noter : la date avancée du jeudi au mardi a provoqué un chassé-croisé dans les inscriptions, certains y ont gagné et d’autres perdu, dont hélas trois de nos valeureuses. Elles auraient pu être sept, les dames pédaleuses (elles étaient six la fois dernière, et non cinq comme je l’ai écrit par erreur), une marche de plus vers la parité. Certes lointaine encore, mais je me suis fait la réflexion que les dames ayant une espérance de vie plus grande que les messieurs, on pourrait bien un jour s’en approcher … En attendant, moi qui ait toujours prôné la féminisation du peloton, je me réjouis de cette évolution heureuse. « L’avenir de l’homme est la femme », selon la fameuse formule d’Aragon : l’avenir des VVV également ?

J’ai une autre raison de citer Aragon : la présence parmi nous du gendre de Jean-Luc, un nommé Aurélien. Et Aurélien, c’est le titre d’un des plus beaux romans français du siècle dernier, dont l’auteur n’est autre qu’Aragon. Un roman écrit pendant l’Occupation, à temps perdu, l’auteur s’activant beaucoup dans la Résistance, après avoir servi dans l’armée en tant que médecin-auxiliaire en mai-juin 40. Aurélien est à la fois un grand roman de société, qui dépeint la France des années Vingt, qui nous introduit dans le cercle des surréalistes (dont il fut), et un très grand roman d’amour. « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide » : c’est ainsi que le récit débute, et bien sûr, ce jeune ancien combattant, mal remis des horreurs de la guerre, va tomber amoureux de cette femme qui n’a l’air de rien mais qui porte « un nom de princesse d’Orient ». J’ai su que mon invitation à lire Kundera avait été entendue, je ne peux donc que vous encourager à découvrir aussi ce roman, volumineux (certes) et passionnant. Merci Aurélien de m’en avoir donné l’occasion !

Et puis, du côté de Provenchères, nous sommes passés tout près de la formidable boulangerie tenue par un autre Aurélien, le fils du capitaine Guérard ! Voici donc que tout fait lien, plaisir de lire et plaisir de bouche. D’autant que l’auberge du Grand Valtin nous a réservé un excellent accueil, repas de qualité, service souriant et efficace, et, pour les sportifs hédonistes que nous sommes, une pause agréable entre toutes. J’ajoute, ça me démange, le Valtin et le Grand Valtin, ce sont les communes chères à un autre écrivain auquel je suis fidèle, Benoit Duteurtre. Si vous voulez découvrir son évocation des lieux, aimés depuis l’enfance, lisez par exemple Ma vie extraordinaire. J’ai dit que tourner les jambes c’était tourner des pages de géographie et des pages d’histoire : c’est désormais aussi une invitation à tourner les pages des meilleurs livres. Si l’on vous demande ce qu’est une sortie VVV réussie, ne craignez donc pas de répondre : un moment de sport, une bonne table, un partage amical et un zest de culture. Quatre plaisirs en un. 

Comme les quatre parcours dessinés par Jean-Luc. Ceux qui comme moi avaient choisi le 3 ont apprécié la prime montée des Raids, si peu raide, la séduisante petite route forestière menant au col d’Hermanpaire, sans errements, la plongée sans scaphandre vers la Petite Fosse, la facile approche du col de Mandray, avant la longue progression arborée vers celui du Pré de Rave, via la pause-lecture du col des Journaux. On a pu alors crâner sur les Crêtes, au fil de leur longue route ondulante, en saluant au passage le placide Bonhomme, puis en montant vers le Calvaire, sans en passer par un chemin de croix, pour ensuite et en outre gagner la Schlucht, avant de valdinguer vers les Valtin. 

Pendant ce temps-là, la bande des 4 Voraces s’est goinfré une rallonge substantielle, via le lac Blanc, le Wettstein et la longue remontée de l’Alsace aux Vosges : le capitaine Guérard, Domi le moulineur (alias le ludion des Dolomites), l’élégant Denis et le marathonien Michel, tous quatre ont trimé, ahané, transpiré, mais ils l’ont accompli, et dans l’horaire conseillé. Chapeau, les chameaux ! Quant aux très sages qui en ont fait moins que la moyenne, je sais qu’ils en ont été contents et contentes, mais ils ne m’ont pas tout dit du plaisir qu’ils y ont pris. 

Le plaisir postprandial de la plupart ne fut pas moindre : longue descente voluptueuse, qui convaincrait les plus récalcitrants de monter enfin sur un vélo, voie verte, petites routes sans gros trafic, malgré quelques deux-roues aux mains de frimeurs pétaradants.  C’est à peine s’il a fallu donner un coup de pédale, une manière de sieste contrôlée. Sauf pour ceux qui ont cru bon de braver le cagnard, en s’envoyant des raidards additionnels, et en multipliant les errements (cette fois), la faute à des compteurs qui n’avaient pas tous été gavés d’infos, la faute surtout aux neurones grillés par le brasier. C’est ainsi qu’ils arrivèrent aux voitures en ordre dispersé, et certains tardivement : on a cru perdus le capitaine, le moulineur, le barreur et l’excentrique Pierre-Yves, fidèle à sa réputation de brebis égarée. Ultime plaisir : on l’a retrouvée, la brebis !

Reynald, le 23 août 2023

Compte rendu M 7 (10 août 2023, Xonrupt-Longemer)

Le facteur X

Gilles a choisi de nous faire partir de Xonrupt, une nouveauté, mais qui parmi nous se doutait que le X de l’initiale serait aussi celui d’une équation à deux inconnues ? Il a fallu beaucoup rouler pour les découvrir, ces stimulantes surprises de la route, les gravillons du Wettstein et les raidards du Lac Noir, deux épreuves qu’ils ont diversement aimées, les 29 conquérants du jour, qui ont en profité au passage pour fêter le retour de l’été en Lorraine :

Édith ANGEL – Patrick BECHAMP – Pierre BECK – Yves BECKER – Fabrice BERNARD – Marie-Hélène BOTHIEN – Guy CAYROU – Jean-Luc CHAPELLE – Joëlle CHAPELLE – Gérard CHEVALLIER – Nadine CLÉMENT – Gilles DELABARRE – Francis DUVAL – Bernard GUÉRARD – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURAND – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANG – Nadine ROESCH – Jean-Paul PEZEL – Jean-Luc ROUYER – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Parmi ces 29, un fort contingent du club de Neuneu, dont deux nouveaux, Patrick B. et Fabrice B., cinq dames (le pli est pris), mais aucun Fabien (l’un se remet d’une chute, l’autre, pourtant inscrit, a eu une absence) ; des vieilles gloires, mais pas de jeunes pousses, et huit sages pour choisir le parcours allégé – une option appréciée, car le Gilou n’avait pas lésiné sur les grimpettes, tout au long de son authentique parcours de montagne. Se taper en hors d’œuvre, une fois franchi l’aimable col des Feignes, l’âpre col de la Vierge puis la rude route des Yankees, c’est pas de la tarte ! Au sommet du col, les yeux embués par l’effort n’ont pas tous aperçu, dans le creux d’un arbre, la statuette de Marie – déposée là naguère par un homme piégé par un violent orage, qui avait imploré la « Mère de Dieu » de lui venir en aide, et dont la prière fut exaucée. Quant à la « Route des Américains », certains se sont aussi demandés d’où venait son nom : elle a été construite en 1917 par des soldats américains, lors de la guerre de 14-18, donc (quand les Etats-Unis se sont décidés à nous venir en aide), et elle a servi à approvisionner les combattants postés sur les crêtes. Notre bataille avec la pente fut, elle, toute pacifique et elle a permis, pour la première fois cette année, d’accéder aux sommets vosgiens, ô joie !

J’ajoute que lors de ces deux grimpettes, on a eu le désagrément de côtoyer des engins motorisés, des motards et des chauffards, des vicelards, quoi, qui n’ont pas pigé que ces routes étroites ne conviennent qu’aux cyclistes et aux marcheurs. Si j’étais président des Vosges, je sais bien ce que je ferais, non mais ! 

Ceci dit, les vroum-vroum n’ont pas réussi à gâcher notre plaisir de grimper, pas plus que celui de rouler sur les hauteurs, puis celui de longuement se laisser couler vers l’Alsace … Jusqu’à ce que nous découvrions l’épandage de frais gravillons sur la route menant au col du Wettstein : dans le groupe où je me trouve, on débat, on se renseigne, on apprend que les 6 km de la montée seront pareillement revêtus, et deux options se dessinent : les Neuves-Maisons aiment les gravillons (on connaît la chanson), tandis que le beau linge préfère le Collet. Autrement dit, les uns optent pour une pleine ventrée de cailloux, les autres (cinq seulement, dont je suis) vont chercher un peu plus bas le Collet du Linge, quitte à se taper une rallonge en distance, mais aussi en dénivelé. Car ce collet (le terme est trompeur), s’il part de plus bas, s’achève plus haut que ce col, si bien que le Wettstein, grimpé par la plupart sur un inconfortable lit de cailloux, la bande des cinq aura le subtil plaisir de l’atteindre en descendant, après être passée devant le mémorial du Linge et ses tranchées de grès rose, qu’on ose désormais trouver superbes, le temps ayant fait son œuvre. Ce qui vaut pour nombre de nos sites dits « touristiques », les malheurs anciens faisant les souvenirs et parfois les beautés d’aujourd’hui. À vélo, on tourne des pages de géographie mais aussi des pages d’histoire (ce n’est pas Jean-Luc Chapelle, dont je viens de lire l’invitation à participer à sa sortie prochaine, qui me démentira).

Le second volet du facteur X, ce sont les raidards qui conduisent au Lac Noir, du sérieux, du court mais du lourd, rien qu’à les voir on a les jambes qui flageolent et une grosse envie de mettre pied à terre (je ne sais combien ont cédé à cette tentation, mais la Vierge Marie et moi-même le leur pardonnons). Bref, on s’en souviendra des raidards à Gilou ! Le bon côté de l’affaire c’est qu’ensuite on passe à table, plutôt tard que tôt pour les cinq qui se sont offert la rallonge du Linge. Mais, on l’a tous remarqué, que de voitures près des lacs, le Blanc et le Noir, pour si peu de vélos ! La VVV, la Vie Verte en Vosges, n’a pas encore fait son plein d’émules, semble-t-il. 

Depuis le col du Calvaire, le pendant du col de la Vierge, le col du Bonhomme (du Saint-Esprit, peut-être) s’atteint à coup de courtes descentes et de brèves remontées, c’est original, avant de préluder à une longue désescalade, c’est délectable. Se hisser ensuite jusqu’au col du Surceneux est une affaire de patience plus que de souffrance, au gré d’un long faux-plat et d’une légère rebiquette finale. À l’approche du but, l’humour de Gilles consiste à nous faire longer le Longemer, le retour répondant à l’aller. Et l’on n’oubliera pas que le facteur X, dont il est adepte, renvoie aussi à la pratique du management optimal en entreprise ou dans les sports collectifs : il désigne le facteur humain, et non les données chiffrées. Hier, personne (pas même moi) ne fut laissé en route, le petit groupe 2 a serré les rangs, les autres se sont organisés en sous-groupes, et tous ont pédalé dans la bonne humeur et l’entente cordiale, au gré d’un parcours riche en verts paysages et en vastes panoramas. La bonne équation !

Un regret tout de même : notre vidéaste, quelque peu patraque, a dû renoncer très tôt, avant d’avoir exercé son art : privés de vidéo nous sommes (et de fraîches pastèques à l’arrivée). Jacques, reprends-toi, fais quelque chose, implore la Vierge, prie le Seigneur, au besoin recours à un gourou africain ou à un rebouteux vosgien, à ta convenance, mais remets-toi en selle !

Reynald, le 11 août 2023

Compte rendu M 5 (18 juillet 2023, Graufthal)

Comme en rêve

Francis aime les Vosges du nord et la vallée de Graufthal, fameuse pour son micro-climat et ses maisons troglodytes : ça pince au petit matin, mais on se réchauffe dès la première côte. L’organisateur alsaçophile nous emmenait là pour la troisième fois, mais comme c’est loin, Graufthal et que cette année nous étions en juillet, ils ne furent que 19 à faire le déplacement, contre 28 en 2021, puis 21 en 2022 : 

Édith ANGEL – Marie-Hélène BOTHIEN – Fabien BOTHIEN – Guy CAYROU – Claude DIETMANN – Bernard GUÉRARD – Jean-Claude HAZOTTE – Jean-Claude HURET – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURAND – Dominique PERRET – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Michel VILLEMIN 

Le petit groupe 2 (6 unités) vit sa vie dès le départ, il gravit pianissimo la longue et rude côte d’Eschbourg, tandis que le groupe 1, comme un seul homme (et une femme) l’avale goulûment, puis s’élance en chœur le long des champs et à travers les bois. D’emblée, le ton est donné : aujourd’hui on roule ensemble, selon un tempo qui convient à chacun, les premiers de la classe n’ont pas à attendre les cancres et les sous-doués en haut des buttes ou aux carrefours, ils sont tous là, les pédaleurs associés, ils ont gardé les roues, ils sont heureux, ils se tapent dans dos, pour un peu ils s’étreindraient. Et bientôt, quelle merveille !, chacun tour à tour prend son relais, le premier s’écarte et se laisse glisser à l’arrière, le deuxième prend le vent puis s’efface, et ainsi de suite, chacun apportant son obole. C’est à n’y pas croire, une telle fluidité, une harmonie aussi parfaite : dans la traversée des villages les Alsaciennes en costume saluent la prouesse, les enfants applaudissent, les cigognes sont sidérées.

Quant à moi, je crois rêver, de mémoire de cycliste je n’ai jamais rien vu de tel, au point que ma tête s’évade, que je suis happé dans une bulle onirique, et que ceux qui me précèdent se font comme transparents, devant moi plus de roues arrière, plus de feux rouges clignotants, plus d’odeurs de transpiration, rien que cette euphorie née du spectacle de l’harmonie des vélocipédistes. Me voici comme seul au monde, je vois à peine les villages défiler, je vole sur le ruban des routes, les routes larges et lisses très complaisantes, les routes étroites et cahotantes ornées de nids de poule accueillants et de gravillons qui chantent sous les roues. Je me suis rarement senti aussi bien, dans une extase solitaire et pourtant partagée, car, je n’en doute pas un seul instant, ils sont tous là, tout près, les compagnons de la belle aventure, même si le filtre de l’euphorie m’empêche de bien les distinguer. 

Le rêve se poursuit au restaurant, je vois là d’autres cyclistes assemblés, ils ont un air de famille avec ceux que je connais si bien, ils sont parés de tenues semblables, mais je comprends vite qu’ils viennent d’ailleurs. Je les entends parler dans une langue qui m’est inconnue, d’étranges vocables reviennent en boucle dans leurs échanges, des mots comme « moi-hyène », « dés-railleurs », « déni-veulés », « raides arts », « gépéesse » … Allez savoir !  Un singulier sabir, des termes codés peut-être. Ils sont différents et attendrissants, ils composent une singulière tribu, ils me rappellent parfois mes propres compagnons, mais je sais bien qu’il ne s’agit pas d’eux : sinon, ils auraient tout fait pour me sortir de mon rêve solitaire, ils m’auraient hélé, ils m’auraient tiré par la manche pour me faire revenir parmi eux, tout simplement. Et c’est avec eux que je me serais restauré. 

D’ailleurs plus tard, je les ai revus, les camarades de l’asphalte, s’amusant à effectuer par petits groupes d’incessants chassés-croisés, les premiers devenant les derniers, et inversement, au gré des montées forestières escarpées ou des flâneries ombragées le long des canaux. Une harmonie plus distante qu’en matinée, certes, mais à la fin ponctuée par le retour en bon ordre à Graufthal de chacun, de chacune et de tous.

Qu’il est bon de rouler ainsi ensemble, solidaires, attentifs, bienheureux … de rouler, de rouler encore et toujours, comme en rêve ! Tous les ans, toutes les fois, je voudrais que ça recommence. 

Reynald, le 18 juillet 2023

Compte rendu M 4 (29 juin 2023, Arches)

Hors des sentiers battus

C’était au tour de Jean-Pierre Valter de nous proposer un parcours, une première pour lui, avec un lieu de départ inédit (et très commode) et un choix de petites routes elles aussi pionnières, et buissonnières. Comme quoi, hors des sentiers battus, il y a encore matière à découverte dans le terrain de jeu des Vertes Vosges Vivifiantes chères aux Valeureux Vétérans du Vélo. Ils furent 31 hier à profiter de l’aubaine :

Édith ANGEL – Serge AUDINOT – Jean-Marie CAEL – Guy CAYROU – Raphaël COLIN – Franck CORNU – Amico DI CIANNO – Gilles DELABARRE – Claude DIETMANN – Gabriel GRANDADAM – Bernard GUÉRARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Jean-Claude HURET – Fabien KRUGER – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Noel MAILFERT – Éric MASSOT – Philippe MIDON – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – François SAGNARD – Bernard SAINT-AYES – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

La fête continue, quand certains sont absents (la plupart des Neuneus étaient en villégiature en Auvergne), d’autres les remplacent : Amico avait invité deux de ses amis de Rambervillers, des grimpeurs affûtés, Raphaël et Noël (oui, des ailes ils ont), d’autres ont fait leur retour qu’on avait encore peu vus cette année. Et pour la 4e fois en 2023 (sur 8 sorties), nous avons été plus de 30 au rendez-vous, une autre première dans nos annales. Une petite entreprise prospère, en somme, les VVV, pas de chômage, pas de débrayage. Et que du présentiel ! 

En plaine, le petit parcours est peu prisé, en montagne il est plébiscité : hier, il évita à 13 d’entre nous le court mais très costaud col de la Bisoire, et plus loin celui du Cheneau, du même acabit. Le parcours ne passait pas par les plus hauts sommets, Le Haut du Tôt culmine à 827 m, mais il a valu son pesant de pentes respectables, et de descentes aimables. Et ceci dans un décor très champêtre de fermes à l’écart, de vertes prairies, de villages retirés, de beautés discrètes. Non pas du grandiose, mais du très charmant. 

Toute sortie nombreuse appelle dispersion, et l’organisateur fut le premier à donner l’exemple : après la Bisoire, la bisbille, des gravillons et c’est le grain de sable (la blague, c’est lui qui l’a faite), le voici parti vers une ferme et dans les bois, entraînant avec lui un Jean-Claude incrédule mais consentant. Nous, bons princes, on les attend longuement, en vain, on s’inquiète, ils sont injoignables, nous ne serons rassurés qu’en les voyant arriver au restaurant. Comme tous ceux qui se sont faits dé-gépéessïsés en cours de route, et qui ont pourtant trouvé l’adresse de la mangeoire. Comme quoi dispersion spontanée appelle regroupement concerté. Ceux du grand parcours auraient dû rattraper ceux du petit, mais au grain de sable valtérien se sont ajoutés un départ différé de ceux-là pour cause de pneu dégonflé d’un Amico dépité (tandis que ceux-ci s’étaient déjà élancés), puis une recherche de pile (de dérailleur) d’un Claude contrarié, et diverses fantaisies improvisées. Le deuxième groupe demeura donc le premier de bout en bout, et eut le temps de multiplier les bières apéritives au restaurant du Château (à Xertigny). Une bonne adresse, soit dit en passant, des plats soignés, et reconstituants, pour un prix fort raisonnable. Un repas qui aida à la reprise, facilitée aussi par le choix judicieux de Jean-Pierre d’un long faux-plat descendant, suivi de secteurs roulants et bien jolis, le tout sur une distance modeste. 

Quelques distinctions méritées : Colette roulant en plaine à vive allure sur un VAE pourtant bridé, Jean-Claude Ha. étrennant son vélo assisté en puisant à peine dans ses watts additionnels (monter la Bisoire en éco, faut le faire), Jean-Paul un peu patraque et se passant pourtant, lui, de son vélo augmenté, Jean-Marie C. voltigeant dans les grimpettes en prévision de l’étape du Tour … Mais les plus méritants, on le sait bien, ce sont les sans-grade, ceux qui triment à l’arrière et qui peinent dans les côtes, ceux qui ne chassent pas les petits pois (du maillot du même nom) mais qui parfois aimeraient le chasser, le poids en trop, ou l’acquérir, la pleine forme. Démocratie du vélo, droit de côte pour tous, partage des efforts et des plaisirs. 

Quelques jeux de mots pourris sur les noms de lieux : c’est fou ce que ça monte à Rupt, tous sont passés dociles à Docelles, personne n’a livré sa raie au pal (désolé, ça m’a échappé), Le Boulay s’est décliné au pluriel, les petits fondus font le Grandfondo, l’idole des jeunes s’est effacée devant l’Hadol des vieux, le Haut du Tôt surplombe le Bas du Tard (tu n’as pas vu la pancarte ? Va, niais !), Remi-remont, tu bégaies, le Rain bruisse la caravane passe, et quel délice à la fin de raser Rasey et de passer sous l’Arches ! Pourris, je vous avais prévenus … Un petit dernier, emprunté à Pierre Dac, puisque le restaurateur a eu la bonne idée de nous servir en entrée des œufs appropriés : « Cyclistes, fortifiez vos jambes en mangeant des œufs mollets ! »

Et puisque le Tour de France commence demain, j’ajoute ceci, qui est tiré d’un des meilleurs livres que j’ai pu lire sur le vélo, Forcenés de Philippe Bordas :

« Avant le Tour, les gens des campagnes ne connaissent que leur village, ils vont rarement au-delà. Et voilà soudain que la France leur est contée, par les mots, par le Tour de France, par les journaux et la radio. C’est indissociable. La perception de la nation s’est faite par le Tour de France pour la première fois. Une certaine identité française s’est créée par le vélo, qui a rapport avec la langue française. Les grands chroniqueurs et les écrivains ont parachevé cette unification nationale par les mots. »

Reynald, le 30 juin 2023

Compte rendu M 3 (13 juin 2023, Gérardmer)

Dérèglement numérique 

Les timbrés du vélo ne résistent pas au très beau temps, qu’ils soient vétérans pleins d’usage ou jeunes retraités, vieux mâles ou gentes dames, escaladeurs ailés ou descendeurs approximatifs, hédonistes du coup de pédale ou forçats du bitume … Non, ils ne résistent pas et affolent le compteur de la participation. C’est ainsi que le rendez-vous de la « Perle des Vosges » fut honoré, du jamais vu, par 40 amoureux de la Petite Reine :

Michel ANDRÉ – Édith ANGEL – Élisabeth ANTOINE – Yves BECKER – Fabien BOTHIEN – Jean-Luc CHAPELLE – Gérard CHEVALLIER – Amico DI CIANNO – Claude DIETMANN – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Denis GROSDIDIER – Bernard GUÉRARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jean-Claude HURET – Guy HUSSON – Fabien KRUGER – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Jacques PIERRAT – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Jean-Marie SALVESTRIN – Philippe SCHUTZ – Marylène STEIN – Pierre VALLOIS – Jean-Pierre VALTER – Michel VILLEMIN 

Deux des 40 inscrits avaient été contraints de déclarer forfait (Gérard R. et Guy C.), mais deux non-inscrits ont pris leur place (Amico et Jacques P.). Pour six des présents, ce fut une première en 2023, si bien que le nombre de cyclistes ayant participé à au moins une sortie cette année s’élève désormais à 60. S’il arrivait que tous aient le même jour la même envie de pédalage, le coup de chaleur serait préoccupant pour l’organisateur et le dérèglement numérique entraînerait des perturbations hors de contrôle. Hier, les péripéties furent en nombre limité, mais dommageables pour quelques-uns : une crevaison de Claude P, n’en parlons pas (il a pesté, mais dès de départ, pour cause de démarrage en côte) ; Jean-Luc obligé de renoncer très tôt, le VAE qui lui fut généreusement prêté se révélant inopérant (et son ami Sylvain l’accompagnant dans sa détresse) ; Jacques victime d’un bris de jante en haut du col des Moinats, rejoignant La Bresse en autostop, se procurant une roue neuve, repartant, mais en sens inverse, et se tapant une descente délicate du col de la Vierge, qui lui valut une tendinite au coude ; Pierrick, malade, renonçant en fin de matinée. La loi des grands nombres c’est aussi celle des risques accrus d’incidents divers. Le dérèglement numérique, vous dis-je.

Le bon côté de l’affaire, c’est que le surcroît de participation ne s’explique pas que par le beau temps : le plaisir d’en être, le partage des sensations, l’échange des expériences, la saveur des conversations, en un mot le réchauffement non pas climatique mais amical, voici qui pourrait bien expliquer la bonne santé de la confrérie des VVV. Plus éco-durable que jamais, la confrérie ! À preuve, le retour parmi nous de Pierre V. ou de Claude D., celui du Vicomte de Belleray (PS) et de Madame (MS), celui de Gérard Ch. (son épaule enfin réparée) et du sudiste Michel A. Quand on y a goûté, on y revient, chez les siens.  

Quelques mots sur le parcours préparé par le président Jean-Paul Pezel : après la relativement modeste double grimpette du Donon, il nous a servi un vrai plat de cols, un concentré d’ascensions, peu de km (106), mais des mètres ascensionnels en nombre (2440), et à peine moins pour le petit parcours (plus ou moins 2000 m, selon les options). Une authentique virée en montagne, que des montées et des descentes, des efforts et des frissons. À l’abri du plat et des platitudes nous fûmes. Certes, commencer par la route des 17 km, c’est un peu raide, mais une découverte pour beaucoup, avec des vues imprenables sur Gérardmer et le lac en son écrin, suivie d’un enchainement délectable, grâce à la longue descente vers Vagney. Mais fallait pas rater la dérivation vers le col des Moinats, n’est-ce pas monsieur « Combien ça coûte » (MH), qui une fois de plus s’égara, faute de ne pas se fier à ceux qui sont équipés d’un GPS, ou qui ont eu la sagesse d’étudier le parcours au préalable. Même si ces deux précautions ne sont pas infaillibles : hier encore le GPS a induit en erreur (sur le petit parcours), et l’absence de pancartes a parfois semé le doute.

Mais l’organisateur avait parfaitement tracé son parcours (à un détail près), et on les a savourées, les bobosses à JPP, avec leur zest de raidard à la Gérard (un hommage au fondateur, probablement) : le mur qui, en sortant de la route de Ventron, nous infligea ses 20%, mit pied à terre les uns et menaça l’équilibre des autres. Une pure vacherie, soyons clairs, mais non préméditée, le GPS de traçage ayant confondu cette voie minuscule et la route moins rébarbative qui suivait (pas toujours commode, le Komoot). Auparavant, on avait pu découvrir (du moins, c’est mon cas), en quittant la route du col des Moinats, les exotiques petits cols des Hayes et de Lauvy : ce dernier, mieux valait le descendre (avec précaution), vers Cornimont, que l’escalader, à en juger par la raideur de ses pentes – mais je me suis souvenu que Gégé le fondateur aimait, lui, l’infliger à ses jeunes vétérans (la réputation de ce casse-pattes m’avait naguère convaincu de l’éviter). Et avant de mettre, tardivement, les pieds sous la table, les enfants de Marie se sont saintement régalés à escalader, sous les ombrages, le col de la Vierge. Au sommet, notre suante complexion n’était pas immaculée. 

Comme l’an dernier, tous ont apprécié le rapport qualité/prix et la rapidité du service de l’Authentik. Une bonne adresse pour un Nancy-Bresse-Nancy, JPV ne me démentira pas. En sortant de ce havre, la fraîcheur est un peu moins fraîche, mais le vent de face nous aère, dans l’âpre montée post-prandiale vers le col de Grosse Pierre, puis sur la route qui surplombe la vallée du Chajoux, avant la laborieuse montée vers le col de Feignes (feignants s’abstenir), puis, cerise sur le gâteau, le collant Collet, court mais cuisant. A côté duquel le Surceneux est une blague (n’est-ce pas Éric ?), après l’ivre dégringolade vers le Valtin, et avant le final euphorique de cette superbe partie de montagne. Ce qui n’empêchera pas l’élégant Denis L. d’y ajouter un aller et retour au col de Sapois, histoire de récupérer et de mériter son nouveau titre : celui d’Homo Sapois. La sagesse vient en pédalant, disait Aristote – ou Alaphilippe ?

Reynald, le 14 juin 2023

Compte rendu M 1 (1er juin 2023, Badonviller)

Plus on est de fous …

Les VVV avaient porté le record de participation à 34 lors de la sortie de Pagny-sur-Meuse, puis ils ont observé la trêve de la Pentecôte, le temps que le Saint-Esprit rallume la flamme, en réservant à 12 enfants de Marie l’onction de Bains-les-Bains. Et voici que le soleil et les charmes du Donon ont élevé à 36 le nombre des élus, nouveau record :

Édith ANGEL – Élisabeth ANTOINE – Fabien BOTHIEN – Marie-Hélène BOTHIEN – Guy CAYROU – Nadine CLÉMENT – Gilles DELABARRE – Amico DI CIANNO – Michel GEORGEON – Gabriel GRANDADAM – Denis GROSDIDIER – Bernard GUÉRARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Jean-Claude HAZOTTE – Rémy HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jean-Claude HURET – Fabien KRUGER – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Jean-Luc LAINÉ – Denis LEONET – Michel MADDENS – Éric MASSOT – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Gérard REGRIGNY – Francis ROCH –François SAGNARD – Jean-Marie SALVESTRIN – Michel VILLEMIN 

On a même frôlé les 40, puisque trois inscrits ont dû déclarer forfait la veille. Sans compter que plusieurs habitués n’étaient pas disponibles. Inversement, 9 des présents ont signé hier leur première participation 2023 ; et ce fut une première tout court pour Marie-Hélène B., elle aussi membre du très dynamique club de Neuves-Maisons. Elle a permis que le record de présence féminine soit lui aussi battu (5). Hélas, le retour du fondateur des VVV, Gérard Regrigny, a été contrarié : il s’était fait voler son vélo assisté dans la nuit ! Mais il a eu à cœur de nous escorter en voiture et de partager avec nous le déjeuner. Le nombre de cyclistes ayant participé à au moins une sortie cette année s’élève désormais à 54. Et ce n’est qu’un début !

Un groupe de 12 est facile à gérer ; à plus de 30, c’est une autre affaire. Seule la petite escouade de ceux qui ont choisi le raccourci a pu, à l’arrière, gérer son allure de façon cohérente, sous la houlette éclairée de Francis. Quant aux autres, ils ont fait ce qu’ils ont voulu, ou ce qu’ils ont pu. Seul le point de regroupement du col de Prayé a été honoré. Idéalement, on aurait pu dès le départ constituer 3 groupes de 12 (puisque c’est le nombre parfait). Certes, mais la loi du groupe est si contraignante et si grand l’appétit de liberté qu’inévitablement le seul mode de gestion prévalent l’aurait tout de même emporté : celui de l’autogestion spontanée. Comme il est rare qu’il conduise à des péripéties fâcheuses, rien n’invite à le remettre sérieusement en cause. Outre qu’on se casse les dents à prétendre le régenter. 

Mais on s’est tout de même inquiété hier pour ceux qui n’ont pas pointé à l’heure au restaurant. On apprendra qu’un trio (Pierrick, Michel G., Rémy) s’était d’abord égaré dans la forêt profonde qui surplombe Raon-lès-Leau, et qu’il avait ensuite, à l’orée des bois, confondu la droite, qui menait à la route du Donon, et la gauche, qui obligeait à un détour vallonné par Saint-Quirin. C’est un peu ballot. De son côté, se retrouvant seul après un « arrêt technique », un infortuné (Jean-Claude H.) a pris sur lui de filer, non vers Moussey, mais vers le col du Hantz puis de remonter au Donon par Schirmeck. Lui qui déclare avoir fait hier ses adieux aux VVV, va-t-il être conforté dans ce choix ? Disons qu’on lui offre plusieurs tickets gratuits et qu’on espère bien le revoir. : en lui promettant, chiche, qu’on va réinstaurer, pour le moins, la pratique du vélo-balai ? Qui est en soi une bonne mesure, même si elle n’est pas non plus infaillible. 

En attendant, mes doux oisillons, vous avez évité de peu cet autre titre pour ma chronique : « La folle journée des Branquignols ». Mais ce n’eût pas été équitable, et ce que je veux retenir par-dessus tout se dit en quelques mots : beauté, quiétude, partage. La beauté, dès le départ, avec la montée arborée vers Pierre-Percée et ses rochers piquetés de coquillages, qui témoignent de ce que ces lieux élevés furent jadis submergés. Ce qui laisse penser qu’un jour lointain ils seront peut-être à nouveau noyés sous les eaux. Prenons-le comme une invitation à nous réjouir du miracle qu’aura été le moment de la vie sur terre, et à savourer pleinement l’instant présent … Mais oui, quand la route s’élève, j’élève le débat, mes gentils agneaux.

Ensuite, il ne fallait pas rater la voie verte qui mène à Raon-l’Étape, sous les arbres et dans la quiétude, à la différence de la route principale, encombrée d’engins motorisés. Mais j’ai cru comprendre que les têtes-dans-le-guidon du premier groupe ont raté cette voie buissonnière. Et je ne suis pas certain que tous aient emprunté l’autre voie verte du jour, celle de la vallée du Rabodeau, qui conduit de Moyenmoutier à Senones puis à Moussey. Une voie elle aussi avenante et calme. Pouvoir du même coup fuir les automobilistes pressés et les motards pétaradants, c’est un luxe qui ne se refuse pas. Beauté et quiétude, c’est aussi ce qui qualifie la savoureuse montée vers le col de Prayé, avec comme décor le torrent, les fougères et les mousses. On frôle, sans le voir, le minuscule et merveilleux lac de la Maix, un cercle parfait bordé de grands arbres, un charme fou. 

La seconde montée vers le Donon (au programme du parcours complet), désertée plus encore par les barbares motorisés, est source d’un vrai plaisir, elle aussi (pour peu qu’on ne s’y égare point), entre les arbres et leurs ombrages, et avant la longue et jouissive descente vers Abreschviller, bordée dans sa dernière partie par le cours limpide de la Sarre rouge. Un enchantement, inépuisable.

La pause à l’Auberge de la forêt était très attendue : elle n’aura déçu personne, et surtout pas le cycliste gastronome qu’est Amico, de retour parmi nous depuis son exil vosgien. Pas de doute, on sait comment l’appâter pour la suite de la saison. Et les quatre retardataires ont pu eux aussi goûter aux saveurs du lieu. Pas d’exception au plaisir du partage. Avant, pour tout le monde, un retour sous la chaleur, et bien fourni en côtes exigeantes. Une sortie Montagne doit mériter son nom, et celle qui nous fut excellemment mijotée par l’ami Jean-Paul a été à la hauteur, si je puis dire. Je note également qu’il a parfaitement respecté la règle des 2/3 le matin et d’1/3 l’après-midi, s’agissant de la distance et du dénivelé. Remerciements au nom de tous.

Reynald, le 2 juin 2023 

Compte rendu M 2 (25 mai 2023, Bains-les-Bains)

Les rescapés de la Haute-Saône

La montagne aurait-elle accouché d’une souris ? La plus récente escapade en Plaine avait été celle du record de participation (34), la première en Montagne restera dans les annales des VVV comme ayant été l’une des moins prisées. Bizarre autant qu’étrange : une conjonction astrale défavorable ? Quelques habitués avaient fait savoir leur indisponibilité, d’autres avaient leurs raisons, qu’ils n’étaient pas tenus de révéler. Le fait est que les rescapés ont été au nombre de 12. C’est peu, me direz-vous. Je vous réponds : 12 comme les heures, les mois, les Titans, les travaux d’Hercule, les apôtres, les signes du Zodiaque, les chevaliers de la Table ronde. Le chiffre parfait, un symbole d’unité et d’harmonie : ainsi des 12 étoiles sur fond bleu du drapeau européen (une imagerie que ses inventeurs, fervents catholiques, ont emprunté à la couronne de Marie – ce que nous avons oublié). Donc, n’ayons pas peur des mots : il y aura désormais les 12 VVV de la Haute-Saône !

Élisabeth ANTOINE – Yves BECKER – Fabien BOTHIEN – Michel GEORGEON – Jean-Marie GUILLEMIN – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Éric MASSOT – Jean-Paul PEZEL – Jean-Pierre VALTER 

Désolé pour les absents, nous avons vérifié sur le terrain que le nombre 12 était bien le nombre idéal : il est si facile de rouler ensemble, de ne pas se disperser ; et on se parle, on apprend à mieux se connaître, on serre les rangs, on se complète. Pour un peu, on rêverait que toutes les sorties soient limitées à 12 participants … Mais ce ne serait pas charitable, alors même que la charité est l’une des trois vertus théologales du christianisme et que les 12 brillantes étoiles des VVV ont roulé entre le jour de l’Ascension et celui de la Pentecôte. C’est ainsi, même incroyants ou agnostiques, nous sommes tous des enfants de Marie : pas plus qu’à l’âge nous n’échappons au calendrier, celui des saints et des fêtes chrétiennes.

Certains sont en train de se dire que le rédacteur de ce compte rendu est en plein délire, qu’il ne se remet pas d’avoir été jadis enfant de chœur et d’avoir servi la messe en latin, et qu’il ferait mieux de nous parler vélo ! Je vous entends, mes frères (et mes sœurs), je m’en vais vous narrer l’affaire.

Familier de la Haute-Saône, Jean-Marie nous a proposé un formidable parcours, agrémenté de longues côtes ombragées, de descentes jouissives, et de vastes panoramas, en particulier à l’approche de Plombières puis du Val d’Ajol. Puis ce fut la quiétude de la route haute, bordée de quelques étangs, qui mène au col de Mont-de-Fourche, suivie du frisson de la longue désescalade qui conduit vers Faucogney, Raddon-et-Chapendu, puis Luxeuil par la petite route de la vallée du Breuchin. Comme nous avions gentiment musardé, Jean-Marie nous a dispensé en matinée de la courte boucle par Saint-Bresson. Ce qui nous a permis de faire escale au restaurant « Beau Site » de Luxeuil dès midi et demi. Le cadre y est fort agréable, les plats assez élaborés et l’addition pas très douloureuse : il faut dire que Jean-Pierre a pris sur lui le coût des boissons, pour se faire pardonner son retard du matin. C’était tout de même mieux, pour les convives, que de l’entendre réciter trois Pater et deux Ave. 

Mais nous, nous sommes tentés de prier pour lui, qui s’apprête à effectuer en août les 1200 km du fameux Paris-Brest-Paris. Il nous a expliqué à table qu’il fallait certes s’entrainer (après le 400 km, il va effectuer le 600 km requis pour l’inscription), mais qu’il était tout aussi important de mentaliser ! De se préparer mentalement à chacun des aspects de l’épreuve, étapes, ravitaillement, pédalage de nuit, pauses, allure, etc. « Diviser chacune des difficultés en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre », c’est la deuxième règle de la méthode cartésienne. Il faut calculer, donc, mais aussi y croire. La raison et la foi conjuguées. Pour rappel, Descartes, le chantre de la Raison, est aussi le philosophe qui a dûment exposé les cinq preuves de l’existence de Dieu. Vous n’êtes pas tenus d’être convaincus. 

J’ajoute que 1200 km ça ne fait jamais que 12 fois 100 : le téméraire et très rationnel Jean-Pierre pourra donc compter sur la magie du nombre 12. Celle qui a rendu particulièrement enchanteresse et harmonieuse la belle escapade concoctée par Jean-Marie, qui eut aussi le bon goût de nous proposer un après-midi agréable et léger de 33 km. 33, l’âge du Christ. Vous voyez, y a pas moyen d’y échapper, bande de mécréants ! Quant à ceux, trop nombreux, qui n’ont pas été hier des disciples de Jean-Marie, ils n’auront qu’un moyen de se racheter : ne manquer aucune des 7 sorties Montagne qui vont suivre ! 

Sept, encore un chiffre richement symbolique. Mais je vous laisse le soin d’y songer, tout en vous préparant aux échéances que certains de vos camarades ont imaginées pour votre plus grand plaisir. Amen !

Reynald, le 26 mai 2023

Compte rendu P 4 (4 mai 2023, Pagny-sur-Meuse)

La néo-Meusienne de Jean-Marie

L’affluence, le soleil, la douceur enfin revenue, la splendeur du jaune et du vert alternant dans la campagne meusienne, les très jolies petites routes dédaignées par les engins à moteur, tout a concouru à faire de la sortie organisée par Jean-Marie Cael une parfaite réussite, et, disons-le tout net, une vraie fête du vélo. L’affluence : considérable, 34 pédaleurs, le nouveau record pour une telle sortie, le précédent étant de 33, lors de la sortie du 9 juillet 2020, qui comprenait une double ascension du Ballon d’Alsace (par les versants opposés) :

Édith ANGEL – Élisabeth ANTOINE – Pierre BECK – Yves BECKER – Fabien BOTHIEN – Jean-Marie CAEL – Jean-Luc CHAPELLE – Nadine CLÉMENT – Gilles DELABARRE – Michel GEORGEON – Bernard GUÉRARD – Jean-Marie GUILLEMIN -Pierrick HAAN – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Michel MADDENS – Éric MASSOT – Fabien MENZIN – Sylvain MEURANT – Philippe MIDON – Jean-Michel NICOLAS – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Colette PETITDEMANGE –  Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – François SAGNARD – Bernard SAINT-AYES – Jean-Michel SCHWOB – Jean-Pierre VALTER  

Jean-Marie a puisé dans ses souvenirs de la Meusienne, la cyclosportive qui fit les délices, ou la détresse, de nombre d’entre nous, et il a concocté un parcours qui a fait l’unanimité, même si quelques casse-pattes et de longues côtes ont secoué certains organismes plus que d’autres : la rude côte de Reffroy, la côte qui refroidit et qui réchauffe tout à la fois, ils s’en souviendront. À noter que le vent eut le bon goût de souffler d’abord de l’est puis du sud, ce qui a coïncidé avec les directions successives prises en matinée (sauf dans la dernière partie, vallonée à souhait). De longs secteurs furent ainsi un pur régal. D’autres segments, moins courtois, ont donné du crédit au terme de « valeureux » dont nous nous honorons. Dans l’après-midi le scénario s’inverse, du vent de face et des côtes d’abord, puis du roulant et du vent arrière. On m’a rapporté que des parties de manivelle endiablées ont fait le bonheur de quelques athlètes de haut niveau (oui, j’exagère un peu).

Je m’en voudrais d’oublier que le record d’affluence a aussi été obtenu grâce à la présence exceptionnelle (mais il y aura peut-être récidive bientôt) de quatre valeureuses : Élisabeth n’était pas seule, cette fois, Colette, Édith et Nadine l’ont rejointe, sur un air de Mee Too, « moi aussi », en bon français, moi aussi je veux en être ! Les vieux machos grognons n’ont qu’à bien se tenir – au vrai, ils se tiennent plutôt bien, les antiques Gaulois : les vieilles blagues salaces ont disparu des propos de table. Un effet de l’âge ?

Je note encore que les Neuneus, je veux dire les gaillards du club de Neuves-Maisons, ont manifestement pris goût à nos sorties, puisqu’ils ont à nouveau participé en nombre à la néo-meusienne. Et parmi eux, un p’tit nouveau, Michel Maddens : qu’il sache qu’il est le bienvenu, lui aussi. Aucun autre club FFCT n’est aussi bien représenté, pas même le mien.

Puisque l’un des faits du jour tient au record d’affluence, il faut sur ce sujet ajouter un mot. La sécurité exigeait que dès le départ le peloton se divisât en deux groupes (un imparfait du subjonctif de temps en temps, c’est classe). Et ce qui fut dit fut fait. Mais comme les VVV ont un sens très aigu de la prudence, ils se sont bien vite employés à multiplier les groupes. C’est ce qui s’appelle faire preuve de créativité. Et c’est fou ce qu’ils ont été créatifs, les lascars. Ils ont inventé l’hyper-sécurité, souvent en l’absence même de tout danger. Un zèle qu’on aurait mauvaise grâce à leur reprocher. D’autant que cette fois encore, ils n’ont laissé personne en route, et chacun a trouvé le petit groupe à sa convenance, celui qui ne va ni trop vite ni trop lentement. 

Tous les jeudis on voudrait que ça recommence, comme dit à peu près la chanson. Ça tombe bien, les prochains jeudis vont être beaucoup sollicités, les jeudis vévévévifiants.

Reynald, le 4 mai au soir. 

Compte rendu P 3 (18 avril 2023, Commercy)

Les écarts de Jean-Luc

La cité de Commercy fut naguère célèbre pour ses régiments et ses bordels, elle le demeure pour ses madeleines et son château, une modeste demeure où le roi Stanislas aimait séjourner, à l’écart des fastes de Nancy ou de Lunéville. La cité passera désormais à la postérité pour le jour où les non moins fameux VVV s’y rassemblèrent. Le 18 avril de l’an de grâce 2023, 24 d’entre eux s’élancèrent quand les 3 godelles bleues eurent sonné le départ :

Élisabeth ANTOINE – Yves BECKER – Fabien BOTHIEN – Jean-Marie CAEL – Jean-Luc CHAPELLE – Alain COLLINET – Gilles DELABARRE – Francis DUVAL – Pierrick HAAN – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Jacques LAFOND – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Patrick MARTIN – Sylvain MEURANT – Jean-Michel NICOLAS – Dominique PERRET – Claude PETITDEMANGE – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – Nadine ROESCH – Jean-Luc ROUYER – Bernard SAINT-AYES 

Cette liste appelle quelques remarques : des noms connus, et d’autres moins, ceux des vieux grognards ou des gentes dames (Élisabeth, Nadine), et ceux de la légion étrangère, la cohorte néodomienne, veux-je dire (Yves, Fabien, Patrick, Sylvain, Bernard) – une sorte d’écart voulu par l’organisateur du jour (Jean-Luc Rouyer), lui-même membre éminent du club de Neuves-Maisons. Un écart bien venu et une intégration réussie, me semble-t-il. Par ailleurs, c’est Jean-Luc Chapelle, un ami de Francis Duval, qui a découvert hier les joies et les péripéties d’une sortie VVV. Et qui sera l’organisateur de celle du 24 août au départ de Saint-Dié (M8). La confrérie, elle est comme ça, elle marie le neuf et l’ancien, elle se renouvelle dans la continuité. 

Les trois premières sorties de l’année ont été fréquentées par 37 cyclistes différents, et 8 d’entre eux ont honoré tous les rendez-vous. Rappel : une prime exceptionnelle sera accordée à ceux qui participeront à la totalité des 16 journées 2023 ! Et ceux qui seront présents lors de la moitié du temps au moins auront droit à de formidables lots de consolation. Bande de veinards !

J’ajoute qu’en l’absence du capitaine Guérard, c’est Alain Collinet, le Verdunois flamboyant, qui a été promu à la dignité de régulateur et de guide. Et comme il est très avisé, il a épargné à ceux qui réussissaient à rester dans ses roues (fallait le faire) le grand écart de la journée : celui qui a consisté à emprunter un chemin de champ, bosselé, caillouteux, plein d’ornières, entre Ranzières et Vaux-lès-Palameix. La faute à une trace Openrunner qui n’avait pas fait la différence entre une route tout ce qu’il y a de normal et une voie très rustique où même les vaches, les chevaux et les animaux de la forêt se tordent les pattes. Mais ni crevaison, ni chute : merci Jean-Luc pour ce mémorable écart, hors des sentiers battus et riche en émotions. À l’inverse, tu avais eu le bon goût auparavant de supprimer l’écart prévu par rapport à l’axe de la Calonne, de crainte, après une crevaison et des atermoiements qui nous avaient retardés, que nous n’arrivions pas dans les délais au lieu du restaurant, le bien nommé « Domaine de l’écart », « un écrin de verdure » (voir son site) en effet éloigné des communes avoisinantes, et consacré à l’élevage de truites. On peut s’y détendre, et pêcher à la mouche. À l’écart du monde. 

Nous y voici, c’était donc ça, tous ces emplois du mot « écart », qu’ils se disent, mes lecteurs (s’il y en a encore, car certains, au-delà de dix lignes, ils décrochent) : mais oui, ce mot, c’est le mot du jour (comme me l’avait suggéré dès le départ notre vidéaste préféré, Jacques le Rebond). Et c’est Jean-Luc qui avait convaincu le restaurateur d’ouvrir un mardi, à titre exceptionnel, pour nous accueillir : autre forme d’écart, en somme. Un écart qui ne fut pas gratuit, à en juger par l’addition : il y a peu, le repas simple et convenable qui nous fut servi, on ne l’aurait certes pas payé 28 €. La faute à l’inflation, qu’ils disent tous. Elle a bon dos, l’inflation, qui permet tous ces écarts de prix que nous subissons. 

Bref, ce fut la journée des écarts. À commencer par l’essentiel : un beau parcours en Meuse, dépaysant à souhait. Certes, on en aurait encore mieux goûté les charmes si le soleil avait été plus chaud et le vent d’est moins vif. Un vent qui a réclamé bien des efforts en début et en fin de parcours, au gré des longs faux plats et des bosses nombreuses. Vent et relief qui ne furent pas pour rien dans la dislocation fréquente du peloton. Mais jamais quiconque ne fut abandonné en route ou laissé à l’écart, et c’est bien là l’essentiel. 

J’allais oublier : en empruntant la Tranchée de la Calonne, nous avons frôlé les tombes d’Alain-Fournier et de ses compagnons. Il se trouve que parmi ces compagnons figure un aïeul de l’un de nos participants d’hier (Bernard Saint-Ayes). Une raison de plus de nous souvenir de « ceux de 14 », et de relire Le Grand Meaulnes

Compte rendu P 2 (29 mars 2023, Ludres)

Il tient bon la barre !

Oui, il était aux commandes, l’ami Gilles Delabarre, le bien nommé, et pour sa première, ce fut une réussite sur toute la ligne. Félicitations du jury, pour le parcours innovant, le choix du restaurant, et le report de la sortie au seul jour propice de la période. En plus, il a fait progresser la manière de s’inscrire, nettement plus simple que celle que je pratiquais – il a mis au parfum les futurs organisateurs, qui ne pourront que s’inspirer de sa méthode. Enfin, malgré les aléas météo il a su réunir 19 pédaleurs (le 20e, Pierre B., qui s’était inscrit pour le mardi n’était pas libre le mercredi) :

Élisabeth ANTOINE – Serge AUDINOT – Gilles DELABARRE – Francis DUVAL – Bernard GUERARD – Rémi HELFENSTEIN – Marc HENQUEL – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Éric MASSOT – Fabrice MENZIN – Philippe MIDON – Patrick PAGEOT – Benoît PAQUIN – Dominique PERRET – Jean-Paul PEZEL – Francis ROCH – Jean-Luc ROUYER – Jean-Pierre VALTER

Parmi ces 19, 12 avaient effectué la sortie des retrouvailles, trois étaient des invités occasionnels (Serge, Fabrice, Benoît – qui pourront récidiver quand ils le voudront), et un autre était un revenant, Patrick P., l’homme qui accélère quand il a de l’élan (c’est lui qui le dit) et qui freine considérablement quand ça monte (ça, c’est moi qui l’ajoute). À noter aussi la courte apparition de Jacques LAFOND en fin de parcours (il avait raté le départ, puis oublié ses chaussures … il y a des jours où ça ne veut pas).

A l’aller, vif vent de face et longues côtes : les VVV mènent petit train, ahanent et s’époumonnent. Au retour, vigoureux vent arrière, nombreux secteurs plats : les Vite Vite Vite se déchaînent, se tirent la bourre et s’éclatent. Comme quoi le vent, il suffit de lui tourner le dos pour s’en faire un ami, la leçon n’est pas nouvelle. Comme quoi aussi, chassez le naturel, il revient au galop : chez tout VVV il y a un rapide de Lorraine qui sommeille. Heureusement, les rois de la manivelle qui mènent grand train se gardent de sauter les arrêts, et la confrérie y gagne d’à chaque fois resserrer les rangs.

Le parcours plein sud était riche en petites routes tranquilles, et nouvelles pour beaucoup d’entre nous, sans trafic vroum-vroum, escarpées à souhait, et à l’approche du but de la matinée, il a offert des vues panoramiques sur la fameuse ligne bleue des Vosges, du Donon au Grand Ballon. Et comme le tempo est alors modéré, on a tout le temps de lever la tête, de regarder, et d’admirer. J’en profite pour placer la blague du jour, je ne résiste pas : le suffixe « scopie » renvoyant à l’idée d’observer, de voir (comme dans « radioscopie »), j’en conclus qu’en franchissant le mince ruisseau nommé « Le colon » et en y jetant un œil, nous avons procédé à une coloscopie collective, gratuite et indolore. Encore un miracle du vélo.

Sur les rives du lac de Bouzey, le « Bon accueil » mérite bien son nom : un repas tout à fait convenable, un service rapide et aimable. Quant au lac, il ressemble à une méga-bassine dont l’eau se serait grandement évaporée. Une méga-bassine tout ce qu’il y a de tranquille, celle-ci. Qui redeviendra probablement un chouette lac si la Moselle consent à l’alimenter à nouveau. Renseignements pris, elle a cessé de le faire depuis l’été dernier, l’eau est devenue saumâtre, impropre à la baignade et à la pêche. Le patron du Bon accueil (Patrick Hollard) garde le sourire mais se désespère. On comprend mieux qu’il ait ouvert son établissement hier rien que pour nous. S’il fallait une preuve de plus que la sécheresse menace, en voici une.

Gageons que nous aurons tout de même encore de l’eau pour remplir nos bidons. Rouler à la bière ou au schnaps, ce serait sympa mais on n’irait pas bien loin.

Reynald, le 30 mars 2023

Compte rendu P 1 (7 mars 2023, Kinepolis)

Kikétélà, au rencard des retrouvailles, qu’ils se demandent, les empêchés, les tamalous, les absents ? Et les frileux, itou, vu qu’i faisait glagla, et que ça soufflait dur, c’est vrai, on dit pas le contraire. Comme si on était pas mieux dans son pieu, par un temps pareil ! Donc, i zétaient combien, quat’cinq, dix à tout casser, les VVV 2023 ? 

Tout faux, le doigt dans l’œil, les blaireaux : les rescapés de l’hiver, i furent pas moins de 20 à enfourcher leur monture ! Et ça, malgré le refroidissement climatique et le vent antipathique. Kek zuns ont raccourci, contraints ou pas, mais tous ont participé, les vaillants :

Élisabeth ANTOINE – Pierre BECK – Jean-Marie CAËL – Gilles DELABARRE – Francis DUVAL – Michel GEORGEON – Bernard GUERARD – Jean-Marie GUILLEMIN – Pierrick HAAN – Marc HENQUEL – Reynald LAHANQUE – Denis LEONET – Claude LODOLO – Éric MASSOT – Philippe MIDON – Jean-Michel NICOLAS – Dominique PERRET – Patrice ROCH – Jean-Luc ROUYER – Jean-Pierre VALTER

Très chouette, le parcours plein sud, petites routes, pas de bagnoles, du facile au début et à la fin, et au milieu de vraies côtes, des faux-plats (vraiment faux, la trogne dans le zef) avec des descentes, quand même, manquerait pu ksa. De quoi se réchauffer les miches, et de se les geler un peu, mais faut d’tout, quand on bicycle ! Les cadors, pu i vieillissent et pu i roulent fort, les autres i font c’ki peuvent, et i zont tout l’mérite. Les ceuces ki ont grossi, i regrettent, i zont hâte de s’alléger. Ça viendra, suffira d’moins se goinfrer et d’lever moins le coude. Et de rouler, bon sang de bonsoir, les kilomètres ça fait pas du gras. 

Mais gare, des fois on suit de trop près une roue arrière, on la touche, et on se vautre. Hélas, c’est ce qui est arrivé à Claude, le p’tit nouveau, après Charmois : un peu sonné, casque ébréché, mais pas de gros bobo (il m’a rassuré en soirée) – pas de « protocole commotion » pour l’ex-rugbyman, qui en a vu d’autres, des chocs, des collisions. Mais c’était pas une raison pour tâter le bitume. Et entraîner la Zabeth dans sa chute : elle, pas une égratignure, elle a pu continuer sans problème, tandis que l’Claude, il est sagement retourné à la maison, non pas seul mais accompagné par Francis, qui devait rentrer tôt. Ça tombait bien, si je puis dire. 

À noter : Philippe de l’Est nous a fait partager une info, faut dire que c’est son boulot : une piste cyclable prolonge désormais celle qui part du Kinepolis, de Laneuveville à La Madeleine. Large, impeccable, elle devrait même être prolongée jusqu’à Dombasle. On a pu en profiter à l’aller et au retour. Je vous la recommande. 

La saison est lancée, vous serez tous les bienvenus la prochaine fois. 

Reynald, le 8 mars 2023