Chroniques 2015

Petites chroniques du secrétaire (Reynald Lahanque) : année 2015

Sortie du 4 janvier : Le nouvel élan

Ce qu’il y a de bien avec la première sortie de l’année, c’est qu’elle est la première sortie de l’année… On a remis les compteurs à zéro, on se sent tout neuf (ou presque), on a de grands projets, on a un appétit tout neuf, on se dit qu’on va progresser de semaine en semaine… On a de l’appétit, on va les avaler, les kilomètres. Bref, le nouvel an des cyclistes, c’est le nouvel élan !

Beaucoup ont tenu à en être, j’en ai compté 23 (17 licenciés et 6 compagnons de route), c’est un peu moins que l’an dernier à pareille date (nous étions une trentaine). Il faut croire que les réveillons ont fait plus de dégâts cette année, à moins que la grippe et la gastro dont on annonce l’arrivée en Lorraine aient déjà touché les plus vulnérables ? Le temps était aussi clément que l’an passé, on a pu même profiter d’un franc soleil, bien propre à réjouir les esprits et à réchauffer les vieux os. Et différence notable, on avait déploré quatre crevaisons lors de la première sortie 2014, mais aucune aujourd’hui : 2015, l’année de la chance ? Ne soyons pas superstitieux, il paraît que ça porte malheur…

En revanche, la petite péripétie du jour, ce fut la traversée de la passerelle de Lay-saint-Christophe, si glissante que plusieurs pédaleurs chevronnés ont touché du bois : il serait faux de dire qu’ils sont tombés par terre, puisque c’est sur les planches de ladite passerelle qu’ils se sont étalés. On s’en souviendra par un temps semblable, et c’est Jean-Yves qui avait raison en passant par la rive gauche de la Meurthe. A propos de bois, parmi les multiples sujets de conversation du jour, j’ai entendu cette remarque admirative sur je ne sais quel triathlon XXL : « Un ironman, ça envoie du bois ! » Bizarre, bizarre, pour un « homme d’acier » (si je traduis bien). Le bois, c’est bon pour nous, modestes pédaleurs, et encore, souvent ce n’est que du contreplaqué, même si c’est la plaque qu’on envoie. Faut rester humbles.

Ce qui m’amène à ajouter ceci, en ces temps de bonnes résolutions, et en me mettant à la place de tel ou tel costaud :
« Moi costaud, je m’engage à pédaler en dedans avant la pause »… Ou encore :
« Avant la pause, vu que c’est fou comme je suis costaud, je m’engage à pédaler en dedans, pour que tout le monde suive et pour procurer à mes petits camarades le meilleur abri possible ».
« Moi costaud, je n’ai rien à prouver vu que tout le monde sait que costaud je suis, je me retourne régulièrement, et si je constate que le vélo-balai fait son boulot à 500 mètres derrière les premiers (ce fut le cas aujourd’hui du côté de Saizerais), alors je ralentis, au besoin je m’arrête, et même je reviens sur mes pas : certes, c’est ce que je fais assez souvent, mais je concède que ce serait carrément mieux de ne pas avoir à le faire. Avant la pause, on est bien d’accord ».
Pour mémoire, c’est Patrick qui a été le premier vélo-balai de l’année.

Vous allez me dire, certains convoitent déjà le prix du Gros Bourrin, et ce serait dommage de les priver de ce plaisir. C’est vrai, c’est ce que me disait Gaby ce matin, quand je lui ai annoncé qu’il avait déjà engrangé un maximum de points. N’empêche que moi, je préfèrerais qu’on attribue en fin d’année le prix du Rando chevaleresque. Pas vous ?

Un dernier mot : le nouvel élan pourrait se traduire par la reconduction de nos rendez-vous du jeudi (si la météo est bonne, évidemment). Ce jeudi, je propose 13h30 station-service d’Essey (vers Agincourt, à la rencontre des gars de Bouxières et du voisinage).
Votre secrétaire (tout frais, tout neuf).

Sortie du 11 janvier 2015 : Prendre le relais

Que de monde, la foule des grands jours ! Rarement vu un tel rassemblement. Autant de personnes de tous horizons convergeant au même endroit et faisant ensemble le même périple, ce n’est pas tous les jours qu’on voit cela…
Pardon, je crois que je confonds, c’est cet après-midi qu’il y a eu foule à Nancy, au rendez-vous de la bien nommée Place de la République, en signe de protestation contre les assassinats ignobles de ces derniers jours et pour la défense des valeurs qui nous réunissent. Autant dire : en signe de deuil mais aussi de résistance.

N’empêche, notre sortie du matin a été un exemple de démocratie et de tolérance : pour faire face à l’adversité (les côtes, nombreuses et pentues, et le vent de face, parfois très vif), on s’est organisé, on a mis nos forces en commun, on a toléré que certains aient plus de difficulté que d’autres, on a pris des relais. Et personne n’a été discriminé pour sa manière de concevoir le vélo, et pas même pour ses remarques de « beauf » (comme aurait dit Cabu). Un modèle de sortie cordiale, pacifique et laïque.

Nombreux, à dire vrai, on l’était moins que la semaine précédente : 12 valeureux, qui ont eu raison de ne pas craindre la pluie, puisqu’il n’est pas tombé une goutte et que le soleil a souvent montré le bout de son nez ; 12 courageux qui n’ont pas eu peur d’un tracé plutôt mouvementé et d’un vent modérément sympathique – 707 mètres de dénivelé, tout de même, pour seulement 65 kms (la moyenne, n’en parlons pas, ce n’était pas le jour des records). Une crevaison, à nouveau constatée au moment de repartir après la pause : faudrait vraiment qu’on acquière ce réflexe, de vérifier ses pneus pendant la pause, on gagnerait du temps, et on éviterait de se les geler en plein vent comme ce fut le cas aujourd’hui.

Vous l’aurez compris, ce fut à la fois une sortie tout ce qu’il y a de citoyenne et des plus revigorantes. Les absents vont avoir du mal à s’en remettre, désolé pour eux. L’essentiel est qu’il y ait toujours quelqu’un pour prendre le relais…

N’oubliez pas ces trois points :
– samedi prochain, c’est la Galette (MJC Bazin, 17h)
– dimanche prochain, on inaugure le rendez-vous du stade Marcel Picot
– et jeudi, on reconduit le rendez-vous de 13h30, en face du Kinépolis (le long du canal).
Reynald

Relais

Sortie du 18 janvier 2015 : Etre ou ne pas être Charlie

La Galette des rois de la veille avait fourni les calories et réchauffé les enthousiasmes, si bien que malgré le froid vif ils ne furent pas moins d’une vingtaine au rendez-vous de ce matin. En réalité, il y avait des rouleurs qui avaient raté la galette, et des mangeurs qui sont restés au lit – des mangeuses, également, puisque les dames répugnent encore à enfourcher la bicyclette.

Qu’est-ce qu’elles attendent ? J’entends dire que ce sont leurs maris qui le leur interdisent. Je n’en crois pas un mot. Qu’ils soient un peu machos sur les bords, à la rigueur, mais de là à priver leurs épouses du plaisir incomparable de pédaler… qui pourrait l’imaginer ? Ou alors, nous serions, tous autant que nous sommes, pour la liberté de s’exprimer (sur un vélo), mais… mais avec des restrictions, des « à condition que », des réserves de toutes sortes ?
Comme d’autres sont pour la liberté de dessiner, mais… (suivez mon regard).
Comme naguère certains n’étaient pas favorables à la peine de mort, mais… (il y a des cas où…).
Comme d’autres encore n’étaient pas ou ne sont toujours pas racistes, mais… (ça dépend de qui on parle…).

Je vais m’arrêter, sinon je suis parti pour vous faire un éditorial à la Charlie Hebdo, et ça, tout le monde ne va pas aimer. Je sais bien que ces jours-ci le mot à la mode c’est « Je suis Charlie ». Certes. Mais c’est fou le nombre de gens qui ajoutent de par le monde un petit « mais » des familles, qui, mine de rien, fait une fichue différence.
Si je savais dessiner, je vous aurais fait un dessin (du genre « la couverture à la quelle vous avez échappé » chère à Cabu, Charb et leurs amis). Mais je ne sais pas dessiner.

Revenons à nos moutons… Mais non, je n’ai traité personne de mouton ! C’est bien ce que je pensais, il faudrait surveiller tout ce qu’on dit, veiller à ne pas déplaire, et tout le toutim… Quelle misère ! Donc, je disais, les moutons du jour, les canaris, si vous préférez vu que la couleur jaune l’emportait, ont profité à plein de leur liberté, malgré les menaces du froid, malgré le chantage au verglas, malgré les invocations à l’esprit de responsabilité (rouler par un temps pareil, vous n’y songez pas). Et ils s’en sont bien porté. Un tempo raisonnable, un parcours sans difficultés, une excellente ambiance, un vélo-balai impeccable (Jean-Michel). Deux groupes après la pause, histoire de permettre aux frères Coaltar de ne pas rentrer seuls.

Le gag du jour revient à notre expert ès parcours : Pierre avait bien mentionné le nouveau lieu de rendez-vous, le stade Marcel Picot, mais il n’avait pas vérifié que c’était aujourd’hui qu’on l’inaugurait (je l’avais pourtant rappelé, mais que voulez-vous, les profs sont comme ça, dans la lune, à côté de leurs pompes). En vérité, il avait voulu faire un clin d’oeil à notre Marco Mutuale, qui, lui, avait inauguré tout seul ce nouveau rendez-vous la semaine dernière (que voulez-vous, les banquiers sont comme ça, la tête dans le sac, à côté de leurs comptes).

Tant pis, je vais quand même terminer sur une touche anti-cléricale, car j’ai trouvé sur le web une info qui sonne comme une mise en garde, fort précieuse pour les cyclistes, envers l’hypocrisie religieuse :

« Une évêque tue un cycliste et prend la fuite :

Elle a mis 20 minutes pour revenir sur les lieux du drame. Une femme évêque appartenant à l’Eglise épiscopale des Etats-Unis, la branche américaine de l’Eglise anglicane, a avoué être responsable de la mort d’un cycliste à Baltimore (Maryland), samedi 27 décembre, et avoir pris la fuite après l’accident. C’est son diocèse qui en a fait l’annonce, en interne, par l’intermédiaire d’Eugene Sutton, autre responsable du clergé local. Heather Cook, l’évêque qui conduisait la voiture, a été provisoirement « mise en congé ».

La police n’a pas encore fait savoir si elle allait retenir des charges contre la religieuse. Mais le nom de Heather Cook ne lui est pas inconnu. Selon le site d’information local, l’évêque a déjà été arrêtée pour conduite en état d’ivresse, conduite dangereuse et possession de stupéfiants. »

Sortie du 25 janvier 2015 : Désilles et Plumard

Ils étaient où les Randos ce matin ? Je répète : où, ce matin, étaient-ils, les Randos ? En vacances, à la messe, au marché, à la piscine, au bistrot, à la mosquée, aux fraises ?
Ou alors, étaient-ils à la belote des Anciens tronçonneurs de Bouxières, au Superloto des grands-mères exemplaires, au tournoi de boules des retraités solitaires ? Ou à la pêche au gros, à la chasse aux cailles, au salon de l’auto… ? Allez savoir, on peut tout imaginer.

En fait, si j’en crois la rumeur, après le stade Marcel-Picot la semaine dernière, ils auraient inauguré un nouveau lieu rendez-vous : le rendez-vous du Plumard. Le fameux rendez-vous du Plumard : celui des flemmards, des traînards, des dégonflards…

Autrement dit, il n’y avait pas foule Porte Désilles ce matin sur le coup de 9h, on se demande bien pourquoi : temps sec, chaussées bien salées, vent faible, ni neige ni pluie, froid supportable. Ce qu’avaient compris quatre valeureux randonneurs nancéiens et trois oiseaux de passage (la preuve, elle est dans la photo que vient de m’envoyer Gégé, et que je joins). Mais Jean-Michel (Nicolas) a vite calculé qu’il avait atteint son quota de gadins pour la période récente et il a prudemment renoncé ; Gégé, de même, mais c’est qu’une soudaine et violente douleur dans le dos l’y a contraint. Puis deux des invités, après un bout de chemin avec nous ont opté pour un autre itinéraire. L’écrémage était fait, et c’est donc à trois que nous avons joyeusement pédalé de concert. Mais attention, pas n’importe qui :
Marco le sponsor magnifique, le pédaleur de charme, le prêteur désintéressé, le jeune qui monte qui monte
Patrick le Kompact, le cycliste tout temps, le moulineur virtuose, le costaud discret
Et votre serviteur, venu là remplir sa fonction de rédacteur, et réduit à vous parler de la sortie à laquelle vous avez échappé.

On l’a dit, « le parcours c’est sacré », sauf conditions exceptionnelles : on s’est donc autorisé un sacrilège (mais ne le répétez pas, y a des mecs qui manquent d’humour sur ce sujet par les temps qui courent). On a opté pour un aller et retour sur une route bien dégagée, abondamment salée, celle de Pont-à-Mousson (rive gauche de la Moselle, l’ancienne nationale), en poussant jusqu’à Vandières (la commune de l’ex-future gare TGV), histoire de faire dans les 70 bornes. On ne s’est donc pas risqué à emprunter les charmantes mais probablement glissantes petites routes du côté de la Petite Suisse, ni celles de la rive droite.
Et on n’a pas couru le moindre danger, Messieurs du Plumard !

On s’est régalé ! Une sortie bien salée. Et bien huilée, vu que le junior du trio, plus mutualiste que jamais, a pris un long et unique relais. C’est pas qu’on aime jouer les suceurs de roue, Patrick et moi, mais on sait se tenir, on respecte la hiérarchie.
Non, on n’a pas éprouvé le besoin de faire deux groupes après la pause. Ni de nommer un vélo-balai. Ni de distribuer des points pour le grand prix du Gros Bourrin. Mais ce n’est que partie remise, pour peu qu’on ne confonde plus dans le club Désilles et Plumard.

Pour mémoire, André Désilles était un officier breton, mort à Nancy en octobre 1790, pour avoir voulu s’interposer entre des soldats mutinés et les troupes (républicaines) chargées de rétablir l’ordre.
Quant à Plumard, ses titres de gloire sont d’ordre strictement privé, et je ne peux rien révéler des hauts faits (ni des fiascos) dont il est le théâtre habituel.
Bonne semaine, les Dormeurs nancéiens !
Reynald

25 janvier

 

Sortie du 15 février : Dégrippage

Hier, c’était la reprise, pour moi. Je craignais les séquelles de la grippe, j’étais très à l’écoute de mes sensations, au point que pour un peu je n’aurais rien vu ni entendu. La bonne surprise, ce fut de pouvoir suivre le rythme et de grimper les côtes sans grande difficulté. Mais le gros bémol, ce fut l’après-sortie : quelle fatigue, quelle inertie ! Incapable même de rédiger un petit compte rendu, c’est dire ! C’est comme le froid et l’impression de froid : 73 petites bornes de parcourues, une impression d’en avoir fait trois fois plus. Mais content tout de même d’avoir renoué avec le pédalage et la joyeuse bande. Même si dégripper le bonhomme va prendre un peu de temps.

Une vingtaine de présents, dont les « invités » habituels, pour un parcours qui ondulait quelque peu, mais pas trop ; température bien fraîche, quelques gouttes de pluie, et un franc soleil tout à la fin. Une drôle de fin, avec disparition mystérieuse du peloton : il s’est passé quoi, du côté d’Aingeray ? Me suis retrouvé seul dans la côte, préférant rouler calmement plutôt que d’attendre après la grimpette de Fontenoy, mais seul suis resté, et jusqu’au bout. Je suis même revenu sur mes pas, plus loin, entre Frouard et Liverdun, j’ai croisé un petit quatuor (dont Gégé et Gaby), mais c’est tout.

Donc, je me dis qu’un incident a dû survenir (crevaison, chute à cause d’un saut de chaîne, comme précédemment, une chute sans gravité – du nommé Claude, je crois – je rassure les absents) ; je n’exclus pas non plus que certains soient rentrés par Velaine. Bref, je vous le disais, c’est une sortie où je n’ai pas vu grand chose, et dont je n’ai presque rien à dire !

Mais les absents, j’ai bien vu qu’ils n’étaient pas là ! Donc, les grippés, les empêchés, les vacanciers, les fatigués de la Saint-Valentin, j’espère bien revoir vos trombines dès dimanche prochain. Et j »ai une bonne pensée pour Georges, dont on me dit qu’il a le moral dans les chaussettes en ce moment : pour se remettre en selle, rien de tel que le vélo, tu le sais bien, Georges ! Et ensemble, c’est plus facile : on s’agrippe au groupe, on se dégrippe en route… et si ça se trouve, on va vers des jours meilleurs, plus longs, plus doux.

Sortie du 1er mars : Mars, et ça repart

Quand je dis que ça repart, c’est qu’on a le sentiment de tenir le bon bout, en laissant derrière nous ces interminables mois d’hiver, frisquets, pluvieux, venteux, dont on avait vraiment ras le bol. Le premier mars, on passe à autre chose, on va vers le mieux, et c’est bien ce qui a motivé les quelques randos tout temps qui ont fêté l’événement sur leur vélo ce matin.

Le constat est qu’encore une fois Météo France a réussi son travail de démoralisation, en annonçant une pluie continue. J’ai failli me faire avoir aussi, avant, au dernier moment, de consulter la concurrence : Plein champ ne prévoyait guère de pluie pendant la matinée. Faudrait toujours écouter les paysans, des hommes de terrain, qui ne confondent pas une pissée de moineau avec une averse à la mode bretonne. De fait, à part un petit coup de brumisateur du côté de Liverdun, on a roulé au sec. Marcel m’a expliqué un jour que Liverdun pâtit d’un micro-climat très porté sur la flotte, et cela s’est encore vérifié.

Donc, les amis des paysans se sont bien régalés. Ils s’étaient retrouvés à six (départ à 8h30, comme chaque année en mars), Marc, Jean-Michel, Jacques, Pierre (Valois), Christophe, et moi-même. Que des costauds, et solidaires, je le précise. Que des actifs, que des jeunes, sauf celui qui vous parle, le seul retraité de la bande, le seul senior. La faute à Gégé, autre non-jeune et retraité, qui ne nous a accompagnés que sur quelques kilomètres, ses bronches n’ayant pas estimé que le passage au mois de mars changeaient radicalement la donne.

Mais juste après la pause de Lucey, on a récupéré deux lève-tard venus à notre rencontre, Amico et Jean-Yves. On formait donc un début de peloton, lancé à toute blinde, vent arrière. Et grâce à Jacques, on a fait une découverte : il y a à Villey-saint-Etienne une boulangerie-pâtisserie ouverte le dimanche matin (non loin de la fontaine) : si comme lui, vous faites une petite crise de croissance qui vous ouvre considérablement l’appétit, vous saurez où vous arrêter.

La semaine prochaine, on prévoit un arrêt-bistrot, histoire de se jeter une petite bière de mars derrière la cravate : vous viendrez ?

 

Sortie du 8 mars : Printemps et VIP

Enfin une belle matinée, depuis le temps qu’on l’attendait ! Après la fraîcheur (tout de même) du début, soleil, douceur de plus en plus sensible, vent très faible. On respire, on va vraiment sortir de l’hiver. Vingt trois bienheureux ont en profité, dont deux invités de marque : Eric (Corderot), qui, à vrai dire, est un adhérent du club, mais qu’on a peu vu jusqu’ici, puisqu’il se partage entre Dijon et Nancy. Comme ce n’est pas un secret, le journal local lui ayant consacré un papier très récemment, je peux bien ajouter c’est le directeur de la police judiciaire de Nancy qu’à travers lui nous accueillons dans nos rangs. S’il a besoin d’enquêteurs à vélo, il pourra compter sur nous.

Celui qui était proprement l’invité du jour est un cycliste hollandais qui m’avait contacté dans la semaine après avoir visité notre site web : Bert-Jan Groenenberg vient d’arriver en Lorraine, c’est un chercheur en chimie qui va travailler à la Fac des sciences pendant trois ans (il sera donc un collègue de Pierre V.), étant en poste sur ce qu’on appelle « une chaire d’excellence ». Nous avons eu l’impression ce matin qu’il est tout aussi excellent sur un vélo. Le commissaire, malgré son peu de pratique, était lui aussi parfaitement à l’aise. Mon petit doigt me dit que le niveau ne va pas baisser cette année, et que ce sera encore plus dur pour les cyclistes qui avancent plus en âge qu’en capacité. Comme bibi.

J’ajoute qu’on a aussi eu le plaisir de revoir le doyen du club, Georges étant venu faire le début de la sortie avec nous. Nul doute qu’il roulera bientôt pendant la sortie entière. En revanche, la section de Bouxières a brillé par son absence : la saison de belote aurait donc repris ?

Michel était le vélo-balai du jour, et il a eu du boulot : pour avoir mal lu le descriptif la moitié du groupe a d’emblée commis une bourde en passant par la côte de Fléville (vers Ludres) au lieu d’emprunter la piste du canal. Je plaide coupable puisque j’ai pris la mauvaise option. Et pan sur le bec, moi qui montre parfois du doigt ceux qui se plantent de parcours ! Le regroupement s’est opéré après Richardménil, et tout a baigné dans l’huile, sauf que le balai et le balayé du moment sont d’abord allés tout droit à Bainville, et qu’ils ont dû se taper ensuite un peu de chasse-patate.

Après la pause de Virecourt, deux groupes : 12 devant, 10 derrière. Et deux options devant la route barrée du côté de Ferrières : ceux de devant sont tout de même passés tout droit, il y avait de l’abattage d’arbres un peu plus loin, et ils en ont été quittes pour se faire engueuler par une imposante bûcheronne. Ceux de derrière ont pris la déviation et donc le fameux col du Minet. Gloire à eux ! Mais devant on s’est tapé une petite rallongette par Lupcourt, puis les monts d’Azelot et de Richarménil. Tout le monde aura donc eu sa dose d’euphorisant sportif.
Vivement dimanche, sous le soleil !
Amitiés du secrétaire,
Reynald

PS 1 : à propos de mon projet d’une sortie de 300 km : en en discutant ce matin avec Nono (le très avisé), je me dis qu’il serait sage de le différer au mois de juin. J’avais raisonné en fonction des jours fériés de début mai, mais ils ont l’inconvénient de venir un peu tôt et d’offrir des possibilités de week-ends prolongés que certains mettront à profit, puisque le 1er mai et le 8 mai tombent des vendredis.
Donc, ce pourrait être l’un des dimanches de juin, les journées sont plus longues, et le départ pourrait se faire dès 5h du matin (il s’agirait alors d’une option par rapport à la sortie club du jour). Et je me dis aussi que la date exacte à retenir pourrait être décidée entre ceux qui seraient preneurs de ce projet. Je les invite donc à se faire connaître.

PS 2 : encore une bourde de ma part (merci à Christian de l’avoir relevée) : j’ai confondu des Villey et des Villers… on écrit « Villey-saint-Etienne » et d’ailleurs aussi « Villey-le-Sec », du moins en Meurthe-et-Moselle (c’est bien « Villers » dans d’autres départements, mais je ne sais pas si l’étymologie est la même). Mais ce que j’ai découvert c’est que les anciens seigneurs de Villey-saint-Etienne appartenaient à la famille Malcuit : si l’on s’arrête à la boulangerie, il faudra donc être vigilant…

Sortie du 15 mars : Hâter la venue du printemps

 » Dans les civilisations celtes, de grands bûchers étaient allumés, pour aider la renaissance du soleil et hâter la venue du printemps. »

Faudra-t-il en venir là ? Allumer des bûchers pour susciter le retour du soleil, de la lumière et de la chaleur ? Car on a beau guetter les signes avant-coureurs du printemps, le fait est là : l’hiver fait de la résistance. C’est peut-être ce qui a réduit le peloton du jour. Moi, je me force, mais l’idée même de devoir continuer à empiler les couches de vêtements et les protections, pour un peu, ça me découragerait.

Nous étions tout de même 14 au départ, puis 16 avec les deux éclaireurs du jour (Marcel et Franck, le Tonton flingueur de Bouxières et le Flingueur tâteur de pancartes), puis 14 à nouveau, Georges et Gégé, les doyens, ayant tous deux des motifs d’écourter la balade.

J’ai aperçu quelques pâquerettes en fleurs (voici un signe), un renard mort (c’est signe de quoi ?), des bénévoles d’Atton ramassant des détritus (un souci louable de propreté, ou un signe que dans cette commune on est particulièrement sagouin ?). J’ai eu l’impression que le vent était constamment (ou presque) défavorable (de face ou de côté) : on aurait dû tourner dans l’autre sens. Au moins, les paquets de terre sur les routes étaient secs, ce qui nous a évité les crevaisons. Pas comme mardi lors du premier VVV, auquel 8 licenciés du club ont participé : jamais vu autant de crevaisons en une seule sortie (on a dû frôler la dizaine) et jamais rentré non plus avec un vélo aussi sale.

J’ai sondé quelques rouleurs sur mon projet de 300 km, qui visiblement en effraie plus d’un : suis-je vraiment inconscient ? Que je sache, beaucoup de Randos faisaient autrefois le Paris-Longwy, et ils s’en sont bien portés. Faut s’y préparer, c’est sûr, et se forger le mental adéquat (conseil de Gégé), mais c’est dans nos cordes, j’en suis quasiment sûr. Laissons mûrir.
En attendant ce grand jour (ce sera le 7 ou le 14 juin), je proposerai bientôt quelques sorties en semaine, en jouant tantôt sur la longueur, tantôt sur la difficulté, et toujours sur la nouveauté (par rapport à nos promenades au départ de Nancy).

Et maintenant, trêve de plaisanterie, on fait ce qu’il faut pour hâter la venue du printemps…

Sortie du 22 mars : Du vent sur les cantons

Félicitations, vous avez fait ce qu’il faut pour hâter la venue du printemps (comme je vous y invitais la semaine dernière) : du soleil, de la chaleur pendant la semaine, du vélo en cuissard et manches courtes pour ceux qui ont pu mettre le nez dehors. Un régal !

Hélas, vous avez relâché trop tôt votre effort : ce matin, c’était à nouveau le régime « gla-gla on se les gèle ». Ce ne fut tout de même pas la glacière promise par Météo-France, on a vu pire. En revanche, c’est la centrifugeuse qu’on s’est tapée, la soufflerie, les rafales, dur dur le retour. A Thuilley, les groseilles n’étaient pas mauvaises, mais un peu étouffantes, du genre à rester sur l’estomac et à plomber les mollets.

Tout ça pour dire que la bonne vingtaine de participants a pris un bon bol d’air. Les petits nouveaux étaient là, Sherlock Eric,  Lavoisier Bert-jan, et pour la première fois le menuisier Mickaël (on compte sur lui à l’avenir pour raboter les côtes, mais pas pour nous scier les pattes). En revanche, tous les grands anciens n’étaient pas de la fête, Eole n’étant pas leur dieu préféré.

Comme il se doit en ce jour d’élections, des cantons, on en a parcouru un paquet, on en a vu des binômes, des affiches, des urnes, des électeurs, dans la belle campagne lorraine. Enfin, attention, on ne dit plus la campagne, ou la cambrousse : on dit la ruralité… et de même, on ne dit plus les paysans, les culs-terreux, ou les croquants, on dit : des personnes en situation de ruralité ! C’est comme pour les handicapés, faut dire : des personnes en situation de handicap… ce qui change tout, bien sûr. Et nous, on est quoi : des personnes en process de locomotion cycloïde ? Je crois qu’on veut vraiment nous rendre idiots. Vive les péquenots !

Comme nous sommes passés près des magnifiques halles en bois de Vézelise, un mot à leur sujet (à la demande de Christophe): leur histoire commence au XIIIe siècle, elles ont été plusieurs fois reconstruites, et ont pris leur visage actuel par décision du duc de Lorraine en 1599 : encadrées par l’Hôtel de Ville et l’Auditoire de Justice, bâtis en pierres de taille, les halles en bois se présentent sous la forme d’un vaisseau à quatre nefs à plusieurs travées. La base des madriers en bois de chêne repose sur des grosses pierres plates provenant des carrières voisines d’Houdreville. Construite sur deux niveaux, les halles possèdent un étage abritant dès l’origine le grenier à grains lui aussi construit en bois (chêne et sapin).
Endommagées en mai 1940, elles furent immédiatement restaurées, et le 30 novembre 1942, classées au titre des monuments historiques. En 1997, de nouvelles restaurations leur redonnèrent un coup d’éclat. Enfin, depuis 1999, l’ancien grenier à grains a été converti en salle socioculturelle.

Les mots du jour (on est gâtés, il y en a plusieurs) :

« Jusqu’ici j’avais mal partout sauf aux jambes… » (Jacques, dans une côte).

« Tu as fait de la salle, maintenant tu fais de la selle » (Jean-Marie B. à l’adresse de Jean-Marie S., le docteur Pansement, qui sortait de son hibernation).

« Contre le vent, il faudra faire front, mais pas national » (qui a dit cela ? Je ne sais plus, mais je souscris, puisque, comme l’a dit un savant homme, « le cyclisme est un humanisme », le contraire de la connerie raciste et démagogue).

Repos du dimanche 29 mars : Laxou, ça (ne) roule (pas)

Je ne sais pas combien de téméraires ont participé ce matin à la sortie Monts et Jardins. Le temps n’était pas exécrable, mais tout de même très humide. Il est probable que j’aurais mis le nez dehors si je n’avais été sérieusement enrhumé. Par ma faute : jeudi, il ne faisait pas très froid, il y avait même un peu de soleil au départ, et mon envie de printemps était si forte que j’ai choisi de rouler en tenue d’été. Assez rapidement, ça s’est gâté, vent vif et froid, un peu de bruine, si bien que j’ai eu de plus en plus froid et que j’ai même terminé la sortie tout à fait congelé. Tout ce qu’il fallait pour choper un rhume. Donc, ce matin, j’ai été sage par la force des choses. Mais je suis bien désolé pour Francis et pour son club de Laxou, ça roule, puisqu’ils n’ont probablement pas accueilli la grande foule.

Comme je n’ai rien à vous raconter et que vous ne détestez pas votre distraction dominicale, la voici : pour avoir souvent recommandé, sans être pour autant entendu, que l’on roule « en dedans » pendant la première partie de nos sorties (avant la pause), je me suis amusé à imaginer quelques variations, en faisant l’hypothèse que l’une d’elles au moins sera comprise par chacun d’entre vous, autour de la formule suivante :

Pendant la première partie, on pédale sans forcer l’allure

* Pour les polyglottes :

Anglais : During the first part we pedal without forcing the pace.

Allemand : Während des ersten Teiles tritt man in die Pedale, ohne die Allüren zu zwingen

Espagnol : Durante la primera parte pedaleamos sin acelerar la marcha.

Japonais : 最初の役割の間に我々はペースを押し付けないでペダルを踏みます

Russe : В течение первой части мы педаль без принуждения темпа.

* Pour les adeptes du franco-français :

Verlan : danpé la reprem tipar, brother, tu dalpes sans céfor lurla.

Argotique : Te casse pas la nénette, t’actionnes tranquille avant le casse-dalle.

Précieux : Lors que les pédalistes n’en sont qu’à la prime part de leurs hauts faits, ils veillent à observer une cadence de gentilshommes.

Lorrain : Hé, gros, l’matin, te tournes mou les jambes, les deux !

Snob : Je déteste me gâcher la life dès potron-minet en m’adonnant au fast cycling.

Malin : Pédaler en dedans au-dehors, tu fais comment, p’tite tête ?

Réversible : L’allure, sans la forcer, qu’on pédale, pendant la partie qu’est la première.

Valseuses : On n’est pas bien, là, à la fraîche, décontractés du gland… tout à l’heure, on sortira le rouquin et le sifflard, et il sera toujours temps après de se remuer les miches.

Policier : Une bande d’individus casqués, se déplaçant à vitesse réduite sur des deux-roues, a écumé la campagne ce dimanche matin ; on ne sait pourquoi ils ont festoyé à mi-chemin près d’un cimetière ; c’est ensuite qu’ils se sont déchaînés, massacrant le bitume, flinguant les pancartes, grillant les feux rouges et dévorant les côtes. Le commissaire EC, qui aurait identifié la plupart des membres de cette horde sauvage, a commencé son enquête.

Politique : d’abord tu moulines, tout à gauche ; ensuite tu laisses les bourrins, les bas du front, mettre tout à droite.

Bon dimanche !

Sortie du 5 avril : Pâques aux tisons

On dit qu’en vieillissant on ne voit plus le temps passer. Je confirme : voici déjà l’hiver revenu, et je ne me souviens pas avoir goûté en 2015 au printemps, à l’été, ni même à l’automne ; faudrait pas vieillir, ça passe vraiment trop vite !

Donc, c’est en tenue de Schtroumpfs de la banquise qu’il a fallu à nouveau pédaler ce matin. Sauf Jean-Michel, venu en tenue de plage, jambes à l’air et fines chaussures aux pieds… Imaginez le tableau : eh oui, Jean-Mimi, il n’y a pas que l’âge pour provoquer des confusions, il y a aussi l’abus de sport et des produits qui vont avec.

Le jour de Pâques, c’est grand-messe et réunions de famille : nous n’étions que 11 au début, en comptant Jean-Yves, qui, lui, ne compte pas sur nous et qu’on a peu vu, comme d’hab’. Puis Gégé a pris un raccourci, Patrick a fait demi-tour, et certains ont coupé un peu plus loin, qui étaient attendus pour la fête des cloches et la foire aux œufs. Entre-temps, on a récupéré à Toul trois lève-tard que je ne nommerai pas vu qu’ils sont sans excuse et qu’il s’agit d’Amico, de Michel et de Nono.

Le Michou, il prétend qu’il n’avait pas pigé qu’on était passé au rendez-vous de 8h : regarde ton site, Vélibest, c’est écrit en toutes lettres, faut pas nous la faire ! Nono Musclor, c’est autre chose : il s’est donné une demi-heure de sommeil en plus, car il se fatigue beaucoup pendant la semaine, il fait de la salle (de sport), il se bat à distance sur des machines à pédales bourrées d’électronique contre des adversaires du monde entier… c’est la vérité, notre p’tit gars de Champigneulles, il est mondial ! Il se tire la bourre à distance avec des Australiens, des Américains, des Mexicains, des Acariens, des Cow-boys et des Indiens, des Moldaves, des Slovènes, des Turkmènes, des Mènatous, et même des Suisses. Quant à Amico, il a pensé que, le jour de Pâques, le lieu du rendez-vous, c’est la cathédrale de Toul (molto devoti, l’amico).

Comme les cadors roulaient ce matin comme des cadors, j’ai fait le 2e groupe à moi tout seul après la pause de Chaudeney. Mais dans le toboggan qui mène à Sexey-aux-Forges, le Bon Samaritain de Bouxières est venu me rechercher et on a cheminé ensemble, et avec Jean-Marie B. bientôt rencontré (il avait pris le parcours en sens inverse, histoire de brouiller les pistes). Ce fut donc très convivial, ce modeste 2e groupe. On pouvait parler et lever la tête.

Pour terminer, une pensée pour Gaby, qui n’a manifestement rien entendu de mon message précédent sur la bonne manière de rouler avant la pause :

Affectueux : Mon Gabichou, faut pédaler mou mou au début, faut pas faire bobo aux petits loulous qui tournent pas vite les jam-jambes.

Haddockien : Gabuche, bougre d’ectoplasme, moule à gaufres, faut pas souquer comme un bataillon de forçats avant la mangeaille, mille tonnerres de mille sabords !

Olympique : Gabius, tu connais: citius, altius, fortius… plus loin, plus haut, plus fort… Certes, mais qui va piano va sano, mon p’tiot Gabo …

Surtout le matin, un jour d’hiver.

Sortie du 12 avril : Il y a mordu et mordu

Cette fois, on y est, au printemps, qu’ils se sont dit les Randos, quand « l’aurore aux doigts de rose » (c’est Homère qui parle ainsi, dans son épopée de la guerre de Troie et des aventures d’Ulysse), quand le jeune soleil du matin, donc, est venu frapper leurs paupières… Les plus avisés ont revêtu une tenue de circonstance, les plus frileux ont fait comme d’habitude depuis plusieurs mois. Du monde, au total, pas moins de 24 athlètes du dérailleur, une belle bande de mordus de la Petite Reine.

Des « mordus », j’use volontiers du terme pour nous désigner, sans avoir besoin de préciser qu’il faut l’entendre au figuré.

Mon étonnement est donc grand en apprenant que notre cher Gaby Malto a récemment pris le mot au pied de la lettre, n’hésitant pas à offrir sa cuisse aux crocs d’un affreux molosse : te voici doublement mordu, mon petit Gabius, c’est respectable, mais franchement ce n’était pas la peine de te donner un mal de chien pour en arriver là. J’espère au moins que le médor n’est pas tombé malade, vu que la malto, les anti-oxydants et tout le bataclan, c’est pas bon pour les toutous. « Cave canem », disaient déjà les Romains, ce qui signifie « attention au chien » et non pas « des canettes dans la cave ».

Un beau petit parcours vallonné, un ciel voilé puis dégagé, une température de plus en plus douce, et des arbres en fleurs, blanches et roses, qui donnaient à la campagne lorraine un petit air d’estampe japonaise… On aurait eu tort de s’en priver, voici qui justifie qu’on ne se lasse pas de notre cher vélo. Et comme un plaisir ne vient jamais seul, on a eu aussi celui de rouler groupés jusqu’à la pause. Après la pause aussi, d’ailleurs, mais différemment. Pour l’atteindre, la pause, il a fallu se coltiner la fameuse côte de Châtins-Salaud, qui a plus d’une mauvaise pente dans son sac, comme son nom le suggère.

J’ai idée qu’avec les renforts du menuisier et du commissaire (et du chimiste batave, mais aujourd’hui il se prenait chez lui un bon polder), le groupe des costauds s’est étoffé : j’en ai compté 15 à l’avant après la pause (15 en m’incluant, désolé), qui se sont offerts une bonne, une vraie, une sacrée partie de manivelles. Faut dire que c’était souvent descendant, ou très roulant, mis à part le coup de cul de Manhoué et les côtelettes de Leyr : au moins, en ralentissant, on a eu le temps de les admirer sur leur trottoir, les hôtesses de Leyr (ouais, bon, on fait ce qu’on peut). Donc, ça file, ça file, de vrais démons, des frénétiques, à Fresnes pas le moment de freiner, à Malaucourt le mal court toujours, et à Lanfroicourt on s’avise qu’à cette vitesse on va rentrer avec une heure d’avance. Une catastrophe.

Donc, le maître ès parcours, le Pierre-qui-roule, il initie un vaste détour, sans arrêt à Han, droit sur Jeandelaincourt, qui se nommait autrefois Godelincourt, on se demande pourquoi, et qui fut célèbre pour sa tuilerie, désormais fermée. On ne s’attarde pas dans le mièvre Moivrons, et une fois pris Leyr, c’est la dégringolade à fond la caisse sur Custines (qui s’appela d’abord Condé, puis sous la Révolution Port-sur-Moselle, avant de prendre le nom d’un ancien gouverneur de Nancy). C’est qu’ils ne manquent pas de mordant, les mordus. Mais là, à Custines, le drame ! Les avaleurs de bitume ne veulent pas prendre la piste cyclable, des fois qu’il y aurait trop de monde, je vous demande un peu : ainsi, j’aurai été le seul à prendre le temps de converser avec les cygnes, les hérons et les cormorans, et sur la piste, en fait de monde, il n’y avait pas un chat. Et pas un chien. Comme quoi, on peut être à la fois mordu et pas mordu.

Je vais arrêter là mon pavé, en ce jour de Paris-Roubaix, ça deviendrait indigeste.
Mais tout de même, j’en offre un, de pavé, à ceux qui n’ont pas participé au VVV de mardi dernier et qui n’ont donc pas reçu la chronique que j’en ai tirée. Comme elle semble avoir bien plu, je vous en fais profiter, petits veinards – voir pièce jointe (j’y parle de l’énigmatique « Homme-vélo », et pour que vous compreniez tout, je précise que son nom est Maréchal).

Sortie du 26 avril 2015 : Orage du matin…

Vous qui n’avez pas participé à la randonnée du jour, je vous imagine : vous vous êtes levés tôt, le ciel est nuageux mais il ne devrait pas pleuvoir, le café et les tartines ont bon goût, le moral est au beau fixe, le jour se lève ; et puis, vous entendez d’étranges grondements, ce n’est pas le chien qui grogne, personne ne ronfle dans la maison, bientôt le doute n’est plus permis, des éclairs sillonnent le ciel, le bruit du tonnerre a fait place à celui de la pluie, et voici que ça tombe dru, que ça tape de plus en plus fort, il fait de plus en plus sombre… vous êtes accablés, la sagesse commande de rester à l’abri, vous renoncez.

Quelques minutes plus tard, plus une goutte ne tombe, la lumière revient, vous êtes encore plus contrariés, car il va faire beau, c’est sûr, vous vous en voulez, vous vous traitez de dégonflés, de fous, de « timbrés », pour un peu, mais c’est pour avoir manqué la si bien nommée sortie du jour. Eh oui, il aurait fallu y penser plus tôt : après l’orage, le ciel se dégage.

C’est ce qu’ont pensé, en revanche, ceux qui figureront sur la photo du départ : onze Randos, plus deux ASPTT de nos amis, le facteur Marc et la postière Elisabeth. Plus tard, on retrouvera  Speedy Didier lors du second ravito, et je ferai aussi un bout de chemin avec Georges, alors que j’étais échappé (?). D’autres peut-être auront pris un départ plus tardif, si bien que si vous me demandez combien nous fûmes au total, les Randos, je vous dirai : un certain nombre… Mais en tout cas moins que nous aurions pu l’être si un bref et facétieux orage du matin n’était venu perturber l’esprit des plus fragiles.

Ce ne fut donc pas une randonnée des Timbrés comme les autres. Un premier mystère, c’est celui de l’absence du citoyen d’honneur de la cité de Champigneulles, le grand, l’immense, le super-médaillé Nono : comment-a-t-il pu, l’ingrat, décevoir l’attente de tout un peuple alors qu’il vient d’être fêté en héros ? Voir L’Est Républicain du 13 avril, et la coupure de presse qu’on vient d’ajouter sur notre site (Photos > Evénements > Défi Ouest Isol).

Le second mystère, c’est que nous ne sommes pas partis à 13 (sur le coup de 7h30), mais à 10 : pourquoi le Président et ses deux fidèles compagnons ont-ils pris un départ différé ? Cela m’échappe tout à fait, puisque, sauf erreur, ils s’étaient inscrits eux aussi sur le grand parcours. Peur, non de l’orage, mais de la rage que certains mettent dans leur pédalage ? Pourtant, on se l’était dit, qu’on roulerait groupés jusqu’au ravitaillement (le premier, au moins, puisqu’il y en avait deux).

Je devine leur demande : dans les faits, ils ont roulé comment, les gaillards ? Disons que ce ne fut pas tout à fait sur le mode cyclosportif, mais que ce fut tout de même cyclo et sportif… Mais j’ajoute que si, précisément, le trio présidentiel avait fait partie du groupe, l’allure en eût été un peu moins vive ; et je n’aurais pas été le seul à devoir parfois être attendu (que voulez-vous, moi, quand ça monte je ralentis, c’est plus fort que moi, et je ne m’en porte que mieux).

Comme je n’ai tout de même pas voulu que la très sportive et sacro-sainte moyenne de mes compagnons en souffre trop, j’ai profité d’une crevaison pour m’échapper au km 70 et pour rouler seul, à mon rythme, pendant trente bornes, à regarder les vaches, le beau vert tendre des arbres, le jaune éclatant des colzas (que le pauvre Cri-Cri ne supporte pas vu que le pollen, ça lui encrasse les soupapes).

En un mot, les présents se sont régalés, chacun à sa façon, les absents se sont morfondus, et les postiers se sont réjouis : l’orage mutin du matin n’aura pas empêché la bonne tenue de leur manifestation. Longue vie aux Timbrés !

Le 3 mai : un dimanche sans vélo

Que font les cyclistes le dimanche matin quand la pluie les prive de leur dose habituelle d’endorphine ?

Fautes de preuves, on peut imaginer divers scénarios. Mais de cela on ne peut douter : ils pestent, tous autant qu’ils sont, ils enragent, ils grognent, ils grommellent… Et ils regardent par la fenêtre, pas moyen de s’en empêcher, c’est maladif, c’est compulsif, c’est cyclo-pathologique ! Et si jamais dehors il ne flotte pas, c’est pire, ils s’en veulent, ils crient à l’injustice, ils voudraient massacrer les imposteurs de Météo-France. C’est sur leur chère bécane qu’ils devraient être à cette heure-ci ! Pire encore, voici un rayon de soleil, le salaud, l’intrus, le couteau dans la plaie. Vite, la pluie, qu’elle revienne, qu’au moins on ne regrette rien, à errer là, dans la maison, comme des âmes en peine !

N’empêche, faut s’occuper, faut penser à autre chose, alors…

On se propose d’aider dans la maison, le ménage, la cuisine, n’importe quoi plutôt que de ruminer… Mais on a si peu l’habitude, on s’y prend mal, on fait les choses de travers, c’est agaçant, on la dérange, la chère, la tendre, qui aime tellement son dimanche matin, ce bon moment de vie à soi, tranquille, quand on peut prendre son temps, rêvasser, écouter des chansons, téléphoner aux amies, il sera toujours temps de lui mijoter un bon petit plat, à mon sportif de mari… Faut se faire une raison, on gêne, on n’est pas le bienvenu, on n’a rien à faire là, un dimanche matin… Dehors !

Autre solution, on se fait tout petit, on s’éclipse, on va bricoler dans le garage, et là, ça ne rate pas, on a beau tenter de ne pas le voir, on ne voit que lui… le vélo, le sacro-saint vélo, délaissé, malheureux, pitoyable. Alors, on lui fait un brin de toilette, on le paluche, on le flatte, on le fait reluire… Obsessionnel, on se l’avoue, c’est vraiment obsessionnel. On essaie bien de trouver une diversion, un truc à réparer, un coup de peinture à donner, mais il ne cesse pas d’être là, de trôner, de réclamer des soins, le bien-aimé, l’adorable, l’insurpassable VELO !

Et si on promenait le chien ? Mais oui, promenons le chien ! Sauf que le cher toutou, la pluie, il n’aime pas beaucoup, il ne se prive pas de le faire savoir, il tire sur sa laisse comme un dément, il repart en arrière, il hurle, il crotte partout, il agresse tout ce qui bouge, il mord un enfant, il bouffe un pigeon, il perd la boule… « Cave canem », Gaby vous l’avait bien dit. On aurait fait mieux de caresser le chat en regardant la télé. Mais le chat, il a aussi ses habitudes du dimanche matin, il ne voit pas pourquoi il se laisserait tripoter par un énergumène qui craint la pluie, il n’a pas envie de ronronner, lui, il sort ses griffes, il se plaint, il se réfugie dans les bras de sa maîtresse… ça crève les yeux, vous n’avez rien à faire là. Dehors !

Alors, vous allez au bistrot, vous vous enfilez canon sur canon, vous dépensez un fric fou en billets de loto, vous vous faites jeter dehors, vous glissez sur un étron canin, vous roulez dans le caniveau, personne ne prête attention à vous, vous levez la tête péniblement, vous apercevez des roues de vélo qui passent sous votre nez, indifférentes, scintillantes sous le soleil revenu, vous entendez des voix, il est question de la Malzévilloise… Un cauchemar !

Vous jurez qu’on ne vous y reprendra plus, vous avez compris le message : un dimanche matin sans vélo, c’est l’enfer. Le vélo du dimanche matin, c’est sacré. Par n’importe quel temps.

PS : si certains d’entre vous ont tout de même participé à la randonnée de Malzéville, qu’ils me le disent, je leur rendrai justice.

Sortie du 10 mai 2015 : Latina chronica

Je vais dédier cette chronique à Christian, le Mousse de Bouxières, qui s’est mis depuis quelque temps à agrémenter nos sorties de citations latines. Et comme les langues anciennes sont menacées par la nouvelle réforme des collèges, ce sera une manière de les défendre, hic et nunc, une manière pas très sorbonnarde, il est vrai, mais il faut bien se faire comprendre. Donc, mêlé à quelques citations authentiques, c’est du latin de cuisine que je vais vous servir. Ne vous étouffez pas.

Ainsi, dixit Mussus Bouxierus, nous étions, ab initio, au départ de Nancy intra muros, quelques vingt homines pedalandi : Ave  Caesar, qu’ils ont dit en me voyant arriver, roulaturi te salutant ! Un peu plus tard, on a récupéré un revenant, Patrick le kiné, dit Patricius Digitalus (pour les raisons que l’on sait), et sur la fin le gloriosus GG VVV à peine redescendu du Mont Ventoux. Mais de façon prématurée, on avait perdu extra muros notre batavus amicus, Bert-Jan ayant eu la mauvaise idée de s’échapper avec l’inconnu du jour, un certain Roberto vêtu de bleu – comme je venais de lui faire remarquer, au Robertus caeruleus, que sa façon de ne pas jouer le jeu des relais était un peu bestialis et merdica, je n’ai personnellement pas regretter qu’on l’ait perdu. Vous allez me dire qu’il n’est pas le seul à se foutre des relais comme de l’an quarante : veritas horribilis, je vous le concède, aeternalis bordelus, dirais-je même, et on a beau le répéter ad infinitum, que dalle, ça ne marche pas, nihil advenit. Et il en sera ainsi in saecula cyclarum. Ita vita est. Dommage, car l’union fait la force : virtus unita fortior.

Mais l’incident a fait de la peine au velo-balayandus du jour, Christophus Primus Kiabus, qui aurait aimé ne pas égarer l’une de ses brebis, surtout au moment de traverser la sancta villa du regretté pape de Clémery, le diabolicus Clément XV : vade retro satanas, qu’il lui a dit, Mussus Bouxierus, touche pas à cet agnus Dei pedalandus, même s’il a péché envers le club des Cycli Randonni Nanceiani ! Déchargé de sa fonction après la pause, il s’est consolé, Christophus Hexacylindrus, en animant la furiosa partita manivellarum à laquelle s’est livré le premier groupe, gloriosa cohortis fortium. Dans cette débauche d’énergie se sont distingués ex aequo Petrus Mathematicus, Nativitus Musclor, Johannes-Lucius Medicus, JC Princeps, Mickaelus Faber (qui étrennait son superbe Cannondale), Gabius Maltosus, Philippus Deslandarum (autre revenant), JM Schwobaldus, sans oublier Mussus Latinissimus Bouxierus. Quant au scriptor randonnus emeritus lui-même qui vous raconte tout cela, il a fait ce qu’il a pu pour s’accrocher au char velossimus.

Et le scriptor ne peut donc rien dire du groupe de l’arrière, sinon qu’ils devaient être sept à musarder peinardement, plus peut-être l’éternel pédaleur errant et solitaire, que j’ai un instant aperçu, mais je ne sais plus où.

Comme il y a deux jours, le temps était parfait, la campagne riante, la pédalée souple, l’humeur joyeuse… Gloria in Excelsis Velo … Carpe diem, amicus cyclistus, n’aie pas de regret, ne manque pas de si beaux moments, car tempus fugit, memento mori, memento quia pulvis es.
Et si tu m’as bien compris, tu ne manqueras pas l’irremplaçable grande évasion ascensionnelle de jeudi prochain, le traditionnel 200 km Audax, le summum bonum de l’année, le nec plus ultra. Et ne l’oublie jamais : In velo veritas. Amen, amène-toi !
A jeudi, donc, et gaudete !

Renaldus Scriptor

 

Un 200 km mémorable (14 mai)

Trois semaines plus tard…

La grande randonnée de l’Ascension avait bien commencé : la pluie, ce n’était qu’une faible bruine, pas de quoi décourager le randonneur moyen. Mais elle avait tout de même dissuadé l’un des 21 inscrits, JMS, le pharmacien de Vence. Manquait aussi à l’appel Franckie l’arracheur de dents, qui se plaignait du dos. Les pilotes, eux, étaient bien là, François et Valéry allaient veiller sur nous. Même un peu humide au départ, la journée promettait d’être belle. Les cyclos allaient prendre leur pied.

Le début du parcours est très plat, l’allure est soutenue, on rattrape assez vite le retard pris au départ. Tout baigne. Un peu trop, même, ça mouille de partout, vu que beaucoup n’ont pas songé à monter les garde-boue. À l’approche des Vosges, le relief devient plus vallonné ; à Saint-Quirin, il faut slalomer entre les stands de la grande foire annuelle qui est sur le point d’ouvrir ses portes. On découvre la belle petite route qui mène à Abreschviller, via Vasperviller, qui a l’avantage de nous épargner la longue côte de la route directe. Avant les grosses grimpettes du jour, ce n’est pas négligeable. On rejoint ainsi la piste cyclable, on hésite à la prendre, on la prend, et on enregistre les deux premières crevaisons de la journée. Mauvais présage ? On arrive par petits groupes à l’Auberge du Bel Air, le petit-déjeuner est prêt, il est copieux et aimablement servi. On est dans les temps, les choses sérieuses vont commencer.

Hélas, deux fois, trois fois hélas, voici qu’une fausse bonne idée me traverse l’esprit : donner un coup de pompe à mon pneu arrière, au motif qu’il est très légèrement dégonflé. Le problème est que la pompe a pour effet de le dégonfler tout à fait. Et pas moyen d’y parer ; on essaie trois pompes différentes, rien n’y fait. On se résout à changer la chambre, Pierre et moi, et on laisse le peloton partir devant, estimant qu’on fera la jonction lors du regroupement prévu sur les hauteurs du Donon. Sauf que la 2ème chambre ne résiste pas au gonflage, elle éclate, on le prend mal, le stress monte. La 3ème chambre, pas moyen de la gonfler, on s’énerve, on démonte, on s’aperçoit qu’elle est copieusement fendue. D’où vient cette malédiction ? La 4ème chambre est la bonne, semble-t-il. On part à l’assaut du Donon avec une demi-heure de retard. Pierre tire la morale de l’affaire : le mieux est l’ennemi du bien. Il a raison : si je n’avais pas touché à mon pneu arrière, on serait monté avec le groupe, et peut-être sans encombre. Pire : la veille, par précaution, j’ai mis un pneu neuf à l’arrière, l’ancien ayant déjà fait plus de 5000 bornes, sans être pour autant très abimé ; un pneu qui n’avait jamais crevé, et que j’aurais mieux fait de conserver ! Oui, le mieux est l’ennemi du bien.

Malgré le stress, le palpitant qui bat un peu trop fort en ce qui me concerne, nous grimpons, en sachant qu’on ne rattrapera pas le peloton, mais si tout va bien, en ne nous arrêtant pas, nous ne devrions pas arriver très en retard au restaurant. Sauf que survient une nouvelle alerte : mon pneu arrière ne tourne pas rond… on l’examine, il a l’air bien positionné, mystère. Dans la descente sur Schirmeck, j’ai un peu la trouille, je sens mon pneu qui tape, il ne ferait pas bon qu’il éclate. Nous entamons la montée vers le Struthof et les cimes du Champ du feu à 11h10, on pense possible d’arriver à la Serva vers 12h30, pour un peu ça baignerait… mais bientôt, mon pneu arrière est à plat. Nous n’avons plus de chambre de rechange, la voiture « suiveuse » est invisible, je regonfle, je parcours une centaine de mètres, et rebelote. Une seule solution : rouler sur la jante… Ce qui rend la grimpette nettement moins facile, mais, haut les cœurs, on n’est pas là pour se prélasser.

Ainsi, je me fais l’essentiel de la montée « dans le dur », d’autant que la roue arrière continue de taper fort. Un peu plus tard, je comprendrai que la chambre prêtée par Pierre est munie d’une très longue valve réservée aux jantes larges, et que sur la mienne, la tête de la valve fait un bourrelet qui empêche la roue de tourner rond. Péniblement, mais sûrement, je me hisse jusqu’à la route du sommet. On touche au but, le restaurant n’est plus très loin, je dis à Pierre de ne plus m’attendre et d’aller chercher du secours. Ce qu’il fait, sauf que cinquante mètres plus loin, il s’arrête à son tour : non, ce n’est pas une blague, c’est une crevaison ! Donc, nous voici tous les deux en carafe, sans chambre de rechange, dans le brouillard, et la camionnette n’est toujours pas revenue vers nous. On se dit qu’elle a dû rater la route du restaurant. Bingo, c’est bien ce qui s’est passé. Quand elle arrive enfin, Pierre vient d’achever de coller une rustine, à l’ancienne, stoïquement. Cette fois, on n’est pas mécontent de monter dans la caisse. Et de rejoindre enfin nos petits camarades.

L’ambiance est bonne, on se fait « chambrer », c’est le cas de le dire, le moral se regonfle. Après tout, ce n’est pas si grave, on a eu la poisse, ça arrive, mais on a le sentiment d’en avoir fini avec les ennuis. Georges est de la fête, à défaut d’avoir pu rouler avec nous. Nul doute que l’après-midi s’annonce sous de meilleurs auspices ; d’ailleurs, le soleil commence à percer, et de sa part, percer est une bonne chose. Grâce à Didier, le super-mécano, mon pneu arrière se trouve équipé, dans les règles de l’art, d’une nouvelle chambre à air. Ce pneu tout neuf ne semble pas avoir trop souffert d’avoir été martyrisé. Ça baigne !

Remonter sur la route du Champ du feu, passer le col de la Charbonnière, dégringoler vers celui de Steige, filer vers la route de Blaise, monter doucement vers Saales, grimper le col du Las, tout cela est un jeu d’enfants. Ou presque. Le soleil aidant, la randonnée de l’Ascension tient enfin ses promesses pour tout le monde (mais Gégé, un peu juste, a-t-il dit, s’est offert un raccourci, et on ne le reverra pas).

Et puis, et puis… voici que Pierre crève à nouveau (sa rustine qui a mal tenu ?). Pour éviter un scénario très prévisible, j’aurais dû ne pas m’arrêter, d’autant que nous sommes six à le faire. Mais Pierre m’a tellement secouru ce matin que je ne me vois pas me défiler. Et bien sûr, à peine remontés sur les biclous, nous menons grand train, je suis parfois à la limite de la rupture, je m’accroche, je fais beaucoup d’efforts, et l’on retrouve le peloton lors de l’arrêt prévu à Baccarat. Rebelote : les retardataires se font chambrer, je suis à nouveau à la fête, c’est mon jour. Mais enfin, voici la petite troupe réunie, cette nouvelle péripétie aura apporté un peu de piment à une deuxième partie qui en manquait un peu… On sait y faire, chez les Randos.

Comme il est tard et que les forces ne sont pas épuisées, les costauds se font un plaisir d’assurer un tempo très soutenu. Vraiment très soutenu, si bien qu’à l’approche de l’arrivée, je suis de ceux qui réclament qu’on ralentisse l’allure. On en est à 185 km parcourus environ, on s’est tapé dans les 2300 m de dénivelé, il semble sage de terminer une sortie Audax à moins de 35 km/h. Devant, ça ralentit un poil, mais pas pour longtemps, l’odeur de l’écurie est la plus forte. On approche, Lunéville ne sera plus très loin une fois passée la charmante bourgade de Saint-Clément… Clément, il y a des mots comme ça qui résonnent. Clément, clémence… ça a un petit côté rassurant.

Le peloton ralentit légèrement, ce qui paraît prudent. Mais les distances se réduisent entre les vélos, et en voici un devant moi, à ma gauche, qui me semble se rabattre quelque peu vers moi, peut-être n’ai-je pas anticipé la petite vague qui se forme. A ma droite il y a des vélos tout proches, impossible de me déporter de ce côté, pas suffisamment en tous cas pour éviter le scénario qui s’est dessiné en une fraction de seconde… pousser un cri n’y change rien, sinon que ça avertira peut-être ceux qui me suivent. Ensuite, le film s’accélère, je touche une roue arrière, mon vélo se sépare de moi, je n’ai plus rien pour me soutenir, et donc je me vautre, je me ramasse, je prends une fameuse pelle. A terre, c’est d’abord « arrêt sur image », je sais que j’ai pris un gadin, je suis conscient, je voudrais esquisser un geste, murmurer un mot : pas moyen, rien, ça ne répond pas. Un gros court-circuit. C’est contrariant. Je ne me souviens pas avoir déjà éprouvé cette sensation fort singulière. Faudrait pas que ça dure, je finirais par m’inquiéter, et les copains aussi, qui doivent me trouver bizarre.

Et puis les sensations reviennent, je sens mes douleurs, c’est plutôt bon signe, je ne suis pas paralysé, j’entends le doc Jean-Michel estimer que je n’ai pas la clavicule cassée, voici une bonne nouvelle. Gaby, qui aime à comprendre, me demande de lui expliquer ma chute, faudra qu’il patiente… On me dit que les pompiers vont arriver, je sens des gouttes sur mon front, si en plus je me prends une rincée, tout de même faut pas charrier. La caisse des pompiers, ce sera un vrai tape-cul, et leur brancard, il sera du genre rembourré avec des noyaux de pêche. Ce sera au bout du compte le pire moment de cette aventure imprévue. La suite, les dégâts, vous connaissez.

J’ai su plus tard que vous vous êtes pris une grosse averse avant d’arriver aux voitures. Désolé, je vous aurai décidément retardé au cours de cette belle journée pleine de promesses. Au moins ces promesses ont-elles été tenues pour la quasi-totalité du groupe. C’est une consolation. Quant à moi, faut croire que ce n’était pas mon jour.

Ce qui me chagrine maintenant, c’est de penser à toutes les sorties manquées depuis ce funeste 14 mai, et à celles que je vais manquer dans les prochaines semaines. Et dire que dimanche, le 7 juin, c’est mon projet de 300 km qui va tomber à l’eau ! Ce n’est pas juste, je proteste. Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu ?
« Tu n’avais qu’à pas tomber »… je crois entendre Saint-Clément me le répéter chaque jour. Chers amis, entendez son message : tomber, il ne faut pas !

Dimanche 23 août : Le retour

Eh oui, tout a une fin : une convalescence de plus de trois mois, et un silence presque aussi long. Donc, était venu pour moi le temps de rejouer des manivelles et, par voie de conséquence, du clavier. C’est mon destin : quand je pédale, je cause. Quand je m’abstiens, je me tais, n’ayant rien à raconter, ça paraît logique.
J’ai donc le plaisir de vous saluer tous, ceux que j’ai vus ce matin, et ceux qui n’étaient pas là.

Je ne pensais pas revenir aussi vite (façon de parler), après seulement deux sorties cette semaine, 65 km seul, et 85 km dans le sillage protecteur de Jean-Luc. Mais ces deux essais m’avaient plutôt rassuré. Et le parcours de ce matin était d’abord longuement plat, l’idée étant de ne pas effectuer la suite en totalité. J’avais aussi parcouru un bon nombre de kilomètres durant mes trois semaines de vacances, sur ma bicyclette de promenade. Mine de rien, comme elle est lourde et équipée de pneus assez larges, ça finit par faire travailler les guibolles. Mais que du plat, pas la moindre montée.

Ce fut donc un grand plaisir que de renouer avec le peloton des mordus. Si j’avais pu douter d’avoir retrouvé le bon rendez-vous, le doute a été vite dissipé : on m’accueille avec quelques plaisanteries grasses, l’un des présents parle d’une sortie récente à 35 km/h, un autre prend immédiatement les devants, à la Gaby, et précisément c’est ce cher Gaby qui joue les éclaireurs. Je suis bien chez les Randos. Tout est comme avant, sauf le beau vélo tout neuf de Pierre, le bronzage de quelques gambettes et la coquette moustache du Président.

Et les costauds demeurent les costauds, tandis que les amateurs de raccourcis continuent de raccourcir. Si bien que le peloton d’une quinzaine de membres se sépare en plusieurs groupes dès Maidières, avant même la pause, et que la longue mais assez facile montée vers Viéville s’opère en petits paquets. Ensuite, le cap est mis sur Jaulny. Sauf pour bibi, et pour Nono. Et ça, c’est la bonne affaire du jour : au lieu de rentrer seul, contre un vent de plus en plus vif, me voici abrité, encouragé, bichonné par le généreux pèlerin de Compostelle. Quelques poussettes dans les côtes ne sont pas de refus, car le difficile c’est bien de se remettre à grimper. Et sur la route de Thiaucourt, puis de Mamey et de Martincourt, puis de Manonville (on fait ce choix plutôt que celui de la Petite Suisse), et jusqu’à la sortie de Dieulouard, ça ondule, ça manque de plat.

Mine de rien, notre « raccourci » s’avèrera plutôt longuet : 104 km pour moi, et 800 mètres de dénivelé. Pour une reprise, ça fait beaucoup. Mais fallait bien fouetter la bête ! Sinon, on s’écoute, on rechigne, on renonce, on grossit, on déprime… la pente fatale !

Donc, la bête n’est pas morte, la forme va revenir, et la fin de saison sera magique !
J’espère que de votre côté vous ne serez pas trop rincés par vos exploits estivaux : manquerait plus que ça que je sois obligé de vous attendre et de vous pousser !

 

Sortie du 30 août 2015 : En progrès

Après la sortie du retour (en ce qui me concerne), la reprise continue… et la surprise se répète : à défaut d’avoir la socquette légère, la bonne surprise c’est de ne pas être à la ramasse, et de parvenir tant bien que mal à suivre les petits camarades. Même les grimpettes ont été hier matin moins laborieuses, et le tempo souvent assez vif du peloton était supportable. C’est vraiment le bon côté des arrêts prolongés : on fait des progrès à chaque sortie, on se sent de mieux en mieux, on profite à fond du plaisir de tourner les jambes… Pourvu que ne revienne pas trop vite la sensation de plafonner ! Celle d’avoir déjà retrouvé ses bonnes vieilles limites. Mais n’en demandons pas trop, et carpe diem !

Le retour, ce fut aussi celui de quelques vacanciers : 8 têtes nouvelles par rapport au dimanche précédent, quelques 19 pédaleurs au départ, ou presque, puisqu’il faut d’abord rattraper la nouvelle avant-garde du groupe, non plus Jean-Yves mais Joseph, qui se plaît à s’échapper en solo dès potron-minet. En deux semaines, c’est donc la quasi-totalité des licenciés que j’aurai eu le plaisir de revoir.

Gérard se doit à ses invités du jour et tourne casaque le premier (ses invités, j’ai idée que ce sont de valeureux vieux cyclistes, des obsédés de la pédale, du cul sur la selle, et de la main au panier… mais ne me faites pas dire ce que je ne dis pas). Joseph, ensuite, nous salue bien. Voici donc le peloton réduit à 17 unités, mais pas pour longtemps : à l’approche de la côte d’Uruffe, pourtant bien modeste et agréablement ombragée, les habituels amateurs de raccourcis filent droit sur Vaucouleurs. Mais sans prévenir, ce qui ne se fait pas : devant, on s’inquiète, Amico part même à leur recherche, on temporise, jusqu’à ce qu’on se rende à l’évidence. A la pause d’Ugny, toujours personne. Et moi qui comptais sur un deuxième groupe pour rentrer selon un tempo raisonnable…

C’est à Pagny qu’on retrouve les 4 resquilleurs, en train de faire le plein à la station-service, le plein d’eau. Il faut dire que le soleil commence à cogner très fort. Les costauds, eux, n’ont pas soif, ils embrayent, ils en rajouteront même un peu, à ce que j’ai su, en passant par Liverdun, histoire de compenser leur excès de vitesse.

Derrière, pas d’excès de cette sorte, mais un exploit : le grand Max a fait le pari qu’il tiendrait l’équilibre en roulant à 2 km/h, et c’est vrai, j’en témoigne, il y est parvenu… Il a réussi à rendre les faux plats de la fin de parcours tout à fait interminables. Et ceci malgré un vent favorable qui risquait à chaque instant de le précipiter vers l’avant. Les costauds devraient en prendre de la graine : rouler petit petit, c’est possible. La vérité, c’est que Patrick et moi, on n’a pas été capables d’observer ce tempo improbable, on a fini par s’échapper, sans le vouloir.

A l’arrivée, 105 km au compteur, et 928 mètres d’ascension : c’est bien ce que je pressentais, pour une reprise, cela aurait pu être pire. Et j’en viens à penser qu’on devrait toujours se ménager de longues pauses pendant l’année, rien que pour le plaisir de s’y remettre et de progresser.
On se console comme on peut.

 

Sortie du 6 septembre 2015 : Une échappée au long cours

Première sortie de septembre, première fraîcheur. Des retours de vacances, quelques réapparitions, dont celle du commissaire-qui-roule, et celle de Radio-Tour, ce dernier après plusieurs années d’abstention (il a pris du poids, mais il dévide toujours le même refrain). Une vingtaine d’amateurs au départ, avant que le peloton ne s’effiloche : VVV Gégé trouve que son vélo manque de nerfs et s’en retourne bientôt, le président doit rentrer vite pour raison familiale et ses fidèles lieutenants l’accompagnent. Puis survient l’incident du jour vers le km 38, un peu avant la charmante bourgade de Barbonville (où la double allée de beaux arbres à l’entrée n’a pas encore subi la bitumisation galopante des bas-côtés qui ravage les communes rurales) : Cri-cri-six-cylindres est victime d’une crevaison, le peloton amenuisé l’assiste, vient le moment de gonfler la nouvelle chambre, et comme je m’avise qu’il y a là nombre de costauds qui ne vont pas manquer de carburer ensuite pour rattraper le temps perdu, je prends un peu d’avance, de même que Patou des Corbières.

Et nous voici tous deux pédalant, devisant, cheminant peinardement, en attendant que les Kostauds nous sautent sur le râble. La jonction devrait se faire lors de la montée vers Charmois. Mais rien de tel ne se produit : on se dit qu’on ne roule pas si mal, le vent arrière aidant. On s’approche d’Einvaux, le vent est devenu défavorable, on traînasse, mais toujours pas de jonction : on se dit que d’autres ont dû crever, que des garnements ont jeté des punaises sur la route (après notre passage). On pioche ensuite comme on peut dans les incessants coups de cul du parcours (mon compteur affichera 1120 mètres de dénivelé à l’arrivée), mais nous autres échappés ne sommes toujours pas repris, du côté de Méhoncourt (mais on court ?), de Romain, puis de Haussonville (on s’y hisse) : on se dit que derrière ils exagèrent, qu’ils n’en fichent pas la rame, ou qu’ils en ont plein les bottes.

Dans la belle descente sur Velle, on freine un peu, on leur laisse une chance, mais toujours rien, pas un pour nous rattraper, pas même un Gaby : on se dit qu’ils ont dû céder à la tentation, celle de s’arrêter et de marchander dans les brocantes et autres rutilants vide-greniers qui parsèment le parcours. Tant pis pour eux, on continue, on avale la côte de Benney, on dévale la descente sur Ceintrey, on se pousse du col à Pulligny, et on les imagine, les traîne-savate, suant et suffocant pour nous rattraper enfin… Frolois, on ne fait que le frôler (en préférant l’autre rive du Madon), on file sur Bainville, on se retourne, toujours rien. On rentre par Brabois, trop certains qu’à Maron on ne retrouvera personne. Tant pis, on aura fait 60 bornes en tête, tranquilles, efficaces, un peu inquiets tout de même pour nos petits camarades.

Ma rapide enquête du début d’après-midi me rassurera : rien de grave à l’arrière, Cri-cri avait re-crevé, puis son pneu arrière avait fait des siennes, et le groupe avait perdu plus de temps qu’il n’aurait fallu pour mettre un terme à notre échappée au long cours. Aussi bête que cela. N’empêche, on aura vérifié qu’il suffit de rouler régulièrement pour arriver à bon port. Quant au mythe des costauds, m’est avis qu’il a pris  du plomb dans l’aile.

 

Sortie du 13 septembre 2015 : Une leçon de sagesse

Non, je ne vais pas vous chambrer : la pluie était annoncée, vous êtes restés à la maison, vous avez été sages, vous n’avez pas pris le risque de vous enrhumer, ou de glisser sur la chaussée… Vous vous êtes préservés pour des jours meilleurs. Des prudents, des sages, vous dis-je, des modèles de sagesse !
Donc, si on vous traite de gros dégonflés, de pantouflards, ou pire de velléitaires (j’y vais, j’y vais pas), n’en croyez rien, ignorez, dédaignez, restez calmes. Et même, si vous êtes venus à Brabois sur le coup de 8h et que vous avez trouvé l’atmosphère humide, au point de renoncer, dites-vous que vous avez donné ainsi un mémorable exemple de sagesse.
Et si vous n’en êtes pas convaincus vous-mêmes, répétez aussi longtemps qu’il le faudra : je ne suis pas un gros dégonflé !

Des pas sages, des imprudents, il y en eut quatre sur le grand parcours pour représenter le club, et quelques-uns peut-être sur le petit (Max et Joseph étaient là dès 8h). Quatre et non six, puisque les très sages Gaby et Christian s’avisèrent que la bruine s’était mise à baigner le départ de la randonnée. Autant dire que je me suis retrouvé en bonne compagnie : Pierre le Maître des parcours, Michel le VVB (le Véli Very Best), Amico l’Ami des Randos – auxquels s’ajoutent deux émérites VVV, Jacques Kempf, le Tchatcheur intarissable, et Gérard Conreaux, qui, si j’ai bien compris, s’est lui aussi pris récemment une grosse gamelle.

Ce qui donnait une équipe de six pédaleurs (des imprudents, oui, vous avez tout compris, des pas sages, ou, allez savoir, des pas dégonflés) ; un petit groupe où les rôles étaient distribués au mieux : Pierre, Michel et Jacques pour prendre les relais, les deux convalescents pour les suivre, et Amico dans le rôle du berger veillant à ne perdre personne.

Toutes les conditions étaient réunies pour qu’on assiste à cet événement rare : des costauds qui réussissent à rouler en dedans quand ça grimpe, un rythme régulier, sans le moindre à-coup, un groupe qui reste uni tout du long … Un petit miracle, et un exemple à suivre. D’autant que ce parcours d’une bonne centaine de bornes était bigrement vallonné (en partant de Nancy, et donc en me tapant la montée de Brabois, cela m’a fait près de 1500 m de dénivelé !).

Un parcours agréable, souvent forestier, et, j’allais oublier l’essentiel pour tous ceux qui ne mirent pas le nez dehors, ou pas longtemps, un parcours quasiment sans pluie : la bruine du départ devient une franche averse lors de la descente sur Maron, et puis… et puis, plus rien, que du sec, au point qu’on enlève les impers dès Pierre-la-Treiche, et qu’on ne les remettra pas. Seul bémol, à l’arrivée, même scénario qu’au départ, la bruine est de retour, et la plongée sur Nancy est bien humide.
Les bénévoles de l’Aremig n’ont guère de chance, leur manifestation se passe rarement sous le soleil. Et avec tous ces sages qui ne veulent pas se mouiller…

 

Sortie du 20 septembre 2015 : Passe l’été, vient l’automne

Dernière sortie estivale de l’année, fraîcheur et grisaille automnales au départ de la balade du jour. Une sortie de transition, en quelque sorte. Eh oui, il faut déjà faire son deuil de l’été, et se consoler comme on peut : il y aura encore de belles journées ensoleillées, et des paysages tout en couleurs. Il y aura de belles et franches pédalées, et de moindres efforts à fournir, puisque les parcours iront diminuant. Passera l’hiver, reviendra le printemps… mais si le temps des saisons est cyclique, celui des cyclistes, hélas, ne l’est pas : un an de plus, c’est ce qui nous attend tous, et ça finit par compter… Trêve de mélancolie ! Un mot sur l’escapade matinale.

Belle affluence, 19 au départ, puis 21, une fois récupérés les deux partants plus matinaux, Yves et Bernard (il y en avait bien un troisième, qu’on a aperçu tout à la fin, mais Jean-Yves est définitivement devenu un éclaireur qui n’éclaire que lui). Une première moitié de parcours vallonnée, et donc un peu difficile à gérer. Mais somme toute, ça ne se passe pas trop mal : le vélo-balai Christophe fait bien son boulot, ceux de devant mettent parfois la pédale douce, on s’attend, on rejoint Crézilles tous ensemble pour la pause, par la très charmante route forestière d’Ochey. Et cela après avoir traversé la énième brocante de l’année… C’est fou cette manie qu’on a d’étaler ses vieilleries et de traquer la bonne affaire. Peuvent pas faire du sport, les Français, le dimanche matin ? Comme tout bon Rando qui se respecte, en somme.

Après la pause, deux groupes, selon l’habitude, et s’immiscer dans le premier, c’est risqué, c’est ce que je me dis, j’y vais quand même, mais avec l’idée de créer le moment venu un groupe 1bis, ce qui se produira entre Fontenoy et Aingeray. Avec la complicité du très sage Patrick et du très amical Amico. Le retour ne sera donc pas trop douloureux, les dernières grimpettes s’effectueront sur un tempo raisonnable. Du moins en ce qui nous concerne, mais je ne doute pas que les Kostauds se seront tiré une bonne bourre, sinon c’est même pas la peine de sortir la bécane, tandis que les sages du deuxième groupe auront eu tout loisir de tailler une bonne bavette – au risque d’arriver assez tard, puisque la longueur du parcours et son dénivelé (105 km et 968 m escaladés à mon compteur), la crevaison de Christian également, n’auront permis à personne, je pense, d’être rentré pour midi.

Mais il fallait bien qu’on profite à fond de la dernière sortie de l’été !

 

Dimanche 27 septembre : le retour du tonton flingueur

Le rédac-chef m’a dit : vas-y, pour ton retour parmi les fanas de la petite reine, c’est à toi de jacter, et tu nous fais ça aux petits oignons. Je me suis pas fait prier, je vous ai torché la bafouille que voici que voilà.

Première sortie d’automne… mais je vais pas vous la jouer « sanglots longs des violons » ou « Voici que la saison décline », ça vous foutrait le cafard. Non, rien que du concret, du pris sur le vif, et du réjoui : ben oui, ça a été une bath virée, avec ciel bleu et soleil de feu. Même si au départ, on se les gèle un peu.
Affluence moyenne, j’en compte 13, des pédaleux, tout fringants dans leur habit de lumière, et 13 c’est un peu inquiétant des fois qu’on soye superstitieux. Histoire de pas se faire du mouron, on se dit que faudrait du renfort, on compte sur les gus qu’ont souvent du retard à l’allumage, ou sur ceusses qui se gourent de rencard. On verra bien, allez, en voiture Simone, c’est parti pour la bande des 13 ! Et tant pis pour ceux qui roupillent.

Qui qu’est là, que vous vous demandez ? Eh, bien, sachez bonnes gens qu’il y a là… voyons, que je n’en oublie pas :
il y a là Pierrot-la-science, Patou des Corbières, Jicé-le-Chti, Amiko-le-kostaud (monte tout sur la plaque, le zig), Minimax (mini plateau, maxi grenouille) ; et aussi : Yves le big boss de la confrérie, Mika-la-bûche (faut voir les molgoms du gazier), Gégé-l’inoxydable (qui s’est fait un gros bobo à la mimine dans un tunnel, je vous demande un peu : « c’est pas mon année », qui m’dit). Je reconnais aussi Cri-cri Kia Ki-en-veut, et pis le fameux Gaby Malto (docteur toute spécialité), Marco Credito (le mafioso du braquet), et Christian-la-belote (abandonné de ses aminches). Avec mézigue, ça fait le compte.

On aurait pu passer à 14, rapport à un coup de fil de la maison Poulaga : mais le fonctionnaire, il était en rade du côté d’Ochez, quand nous on traversait Vézelise… alors le boss et le galonné (Minimax soi-même), ils ont préféré l’attendre, le Jean-Marie, et rentrer peinards. Ils aiment ça, rouler peinards.

On n’est donc plus que 11 après le raidard de l’antique cité vézelisoise, un raidard maousse, un de ces murs… un vrai mur des lamentations, à moins que ce soit le genre de mur qu’on a envie de lapider des fois que Satan il serait caché dedans (j’ai vu ça à la télé, y ‘avait foule, mais je sais plus où ça se passait, les mecs… vous, vous savez p’t’être). Mais le plus raide dans l’histoire, c’était le vent qu’on s’est pris en pleine poire, une soufflante à vous décorner les boeufs, un mistral de par ici… un mistral perdant, qu’il aurait dit, le pote Renaud. Et pour peu qu’il se mette à souffler de côté, ce vachard, tintin pour rester groupés, ça s’éparpille faut voir comme. Interminables qu’elles sont, les montées cap à l’est, vers Crantenoy et plus loin vers Ferrières : il en faut du jarret, pour fendre la bise et rester au contact. Mais grâce au Pierrot et à l’Amiko, y a tout de même un peu d’abri pour les faiblards.

Sur la fin, la bande des 13 (qu’étaient plus que 11) s’est encore dégraissée, le Patou filant vers un repas de famille (qu’il a prétendu), et le Gégé décidant de rouler à sa main, si je puis dire. Quant au Jicé, du côté de Tonnoy, il a préféré aller se grimper le col du Minou, vu que ça lui donne des frissons, ce col doux, on peut pas le lui reprocher. On l’a revu plus loin, il était aux anges. C’est ce qu’il y a de bien avec le vélo, d’une façon ou d’une autre on prend son pied : suffit d’être un peu maso. Ou carrément maso. Ou moyennement maso. Bref, y a le choix.

C’est bien pourquoi j’ai repiqué au truc, moi aussi j’aime me faire mal pour me faire du bien. A une condition : garder l’équilibre, faire gaffe à ne pas tomber ! Pas tomber, jamais, nulle part, ni en plaine, ni en montagne, et pas même dans un tunnel. Maso mais équilibré, c’est la devise du cyclo.
Le pote au secrétaire

 

Sortie du 4 octobre : En attendant la ballade

Il y a balade et ballade, ce sera le thème du jour.

On peut se balader à pied, on peut le faire à vélo, dans les deux cas on se promène : à la lettre, on se porte en avant, de préférence selon un rythme tranquille ; on peut même flâner ou musarder, on prend alors du bon temps. Avec la balade, on se transporte, tandis qu’avec la ballade on est transporté : poétique ou musicale, sur ses deux ailes la ballade vous emmène ailleurs et vous touche. Souvenez-vous, vous avez sans doute appris cela à l’école :

– la « Ballade des dames du temps jadis », avec son allusion à « Jeanne la bonne Lorraine / Qu’Anglais brûlèrent à Rouen », et son célèbre refrain « Mais où sont les neiges d’antan ? »

– ou la « Ballade des pendus », signée du même François Villon (mauvais garçon et poète incomparable) et chantée elle aussi par Georges Brassens : « Frères humains qui après nous vivez / N’ayez le coeur contre nous endurcis »…

Car de poème la ballade est devenue chanson : on connaît la Ballade irlandaise » de Bourvil ou la « Ballade des gens heureux »…chantée par Gérard Lenorman.

D’où cette question qui vient à l’esprit : ne pourrait-on pas écrire une « Ballade des Randos heureux », une sorte d’hymne du club ? Allez, à vos plumes !

Mais, autre question : est-ce qu’il se balade, le Rando, quand il roule ? Prenons un exemple.

Hier matin, petite affluence au départ : nous sommes neuf à ne pas avoir manqué le changement d’horaire (8h30), neuf licenciés plus une vieille connaissance (Marc Henquel), plus un petit nouveau (Jérôme Minatel, un cyclo du Nord, désormais installé à Nancy, et qu’on devrait revoir parmi nous). Puis douze avec le pélerin musclor de Champigneulles ; puis treize avec Franck – saluons son retour, après un gros pépin de santé, et de même le retour de Georges, notre senior très émérite. Enfin, après Dombasle, nous voici seize, une fois repris les frères Collard et le fonctionnaire d’Azelot.

Ce qui nous donne un vrai peloton. Et qui mérite un vélo-balai, que je me dis : aussitôt dit, aussitôt fait, me voici balai, ça m’arrange bien, avec le rhume que je me trimballe, sûr que je vais bientôt manquer d’oxygène. Alors, autant se balader à l’arrière : mais oui, un Rando peut se balader, suffit d’attendre les attardés, de grimper les côtes à allure modérée, et de compter sur ceux de devant pour attendre à leur tour, jusqu’à ce que la jonction s’opère. Le pied. Le balai se balade.

Donc, il faudrait penser à composer aussi une « Ballade du vélo-balai »… A vos plumes !

Mais les autres, de Randos, ils se baladent, oui ou non ? Après tout, autant vous poser la question vous-même… quel est le seuil, de vitesse et d’effort, au-delà duquel vous cessez de vous balader ? Je vois d’ici l’embarras… autant de réponses que de pédaleurs.
Tout ce que je sais, c’est qu’hier après la pause, une nouvelle fois je n’ai pu compter sur un deuxième groupe pour prolonger la balade, vu que les habitués ont encore choisi de raccourcir la distance, et que le train de ceux qui ne musardent pas était décidément trop élevé. Balai j’étais, balayé je fus.

Mais ayant eu la bonne idée de crever (à Leyr, l’air vint à manquer… facile), j’ai eu le plaisir d’être secouru par une experte escouade de dépanneurs (on a mis cinq minutes pour extraire la chambre, mais faut dire que le Michelin, c’était du béton, et que la chambre collait de partout). Cet imprévu a permis aussi au Patou des Corbières de nous rattraper (on avait cru qu’il avait pris le raccourci, alors qu’il faisait du chasse-patate). Il était content, le Patou. Il a pu se faire mal ensuite, à dévaler jusqu’à Custines, vent de face et gros braquet. Faut ce qu’il faut. Faut faire chanter la meule et danser la plaque.

Ah oui, je ne l’ai pas dit, une ballade peut aussi se danser (ça vient du bas latin « ballare », d’où provient le « bal », bal du samedi soir, des vampires, des débutantes, des faux-culs… y a le choix).
Bref, chers baladeurs, vrais ou faux, devenez balladins, c’est mon invitation du jour. Ou baladins, puisque l’orthographe étant ce qu’elle est (historiquement variable et parfois fort peu logique), c’est plutôt ainsi qu’on l’écrit… si bien qu’on ne sait pas toujours sur quel pied danser.

 

Sortie du 11 octobre : Vive l’anarchie !

L’anarchie du jour, elle a commencé pour moi par le choix des fringues : une tenue de fin d’été pour un 11 octobre très frisquet, ça fait désordre. Ciel très gris, vent de nord-est bien glacé, thermomètre en berne, tout ce qu’il fallait pour qu’un estivant attardé se les gèle pendant l’essentiel de la balade. Et il n’a pas réussi à se réchauffer, l’estivant. C’est de ma faute. Mea maxima culpa, comme dirait le pèlerin de Champi.

Mais ce qui ne fut pas de ma faute, c’est le joyeux bordel qui a régné ce matin : si on avait voulu démontrer que rouler groupés est un défi permanent, on ne s’y serait pas pris autrement. Il y a des jours comme ça, on se dégroupe à qui mieux mieux. Au pied de la longue montée de Morey, je les ai pourtant titillés, les cadors, en leur disant, chiche, on reste tous ensemble : ça a marché… pendant 20 mètres, 30 peut-être, et puis que voulez-vous, c’est si peu naturel d’en faire moins quand on a l’habitude d’en faire plus… Bref, on a fait comme d’habitude, on s’est éclaté.

Ensuite, c’est fou ce qu’il y avait de fourmis dans les jambes : même sur du plat, elles créent vite des écarts, les fourmis, sans que derrière ça joue pour autant les escargots. Arrivés à bon Port (sur Seille), le mauvais plan recommence : l’impatience est telle chez les quelques énervés du jour que, même pour quelques mètres de retard, quelques malheureuses secondes, il n’y a pas moyen de les convaincre et de recoller les morceaux. Si bien que ces énervés, on ne les reverra pas. Ils auront le renfort de ceux qui, un à un, se détachent sur la belle petite route qui mène à Griscourt. Probablement que les uns et les autres comptent sur la pause pour que s’opère le regroupement général. Mais… la pause, à ce que j’ai su, elle a été tout ce qu’il y a de symbolique : ceux de devant, ils ont posé un pied à terre, « on dirait qu’on fait la pause », ô la bonne blague, et sont repartis aussi sec !

Résultat : pas de regroupement, du monde dans la pampa, du chasse-patate en veux-tu en voilà. Heureusement, derrière notre vélo-balai du jour, l’expert Michel, veille et s’emploie à ne perdre personne. Aussi, après la pause, la vraie pause (effectuée près de Dieulouard), c’est un vrai deuxième groupe (de 10 unités), comme on n’en avait pas vu depuis longtemps, qui s’est formé et qui a pu rentrer en bon ordre : heureuse compensation au désordre régnant ! Comme quoi l’anarchie a ses bons côtés.

Mais il ne faudrait pas en abuser. Sinon, ce ne sera plus de l’anarchie, ce sera la chienlit !

« Chienlit », ah le joli mot, longtemps oublié, ressuscité par le Général, à nouveau oublié, et redécouvert ces jours-ci. Le mot est à l’origine masculin et désigne un personnage du Carnaval de Paris (le grand Rabelais y fait allusion) : il porte une chemise de nuit et il a le derrière barbouillé de moutarde – c’est pourquoi il s’écrivait aussi « chie-en-lit »… n’est-ce pas fort parlant ? Se faire traiter de chie-en-lit n’était donc pas un compliment. Devenu féminin, le mot désigne la pagaille, le désordre. Le fourbi, le grand n’importe quoi.

A votre place, les Randos, je ferais gaffe : ne vous exposez pas à être traités de chie-en-lit ! Ce n’est pas très classe. Et en plus, c’est un cas de divorce.

Sortie du 18 octobre : Pas d’énervés chez les Randos !

Brève mise au point, pour commencer : mon allusion aux « énervés » de dimanche dernier n’a pas plu aux intéressés. Je le regrette. Toutes mes excuses. Toutefois, je continue de penser qu’on aurait pu se regrouper du côté de Port-sur-Seille. Certes, ça lambinait quelque peu à l’arrière, mais prendre parfois le temps de discuter, ou de lever la tête, ça fait aussi partie des charmes du vélo en groupe, n’est-il pas vrai ? Et puis, le ton de ma chronique était plutôt léger, comme presque toujours, je chambre volontiers, mais en évitant de dramatiser ou de blesser quiconque. Sourions plutôt de nos petits travers, de ceux de Pierre, Paul ou Jacques comme des miens.

Il reste que sur le fond j’ai toujours prôné moi-même que chacun y mette du sien : savoir pédaler en dedans quand il le faut pour les uns, faire l’effort de rester au contact pour les autres (du moment que le profil du parcours s’y prête). Autrement dit, ni énervés devant, ni énervés derrière…
Je m’explique : à l’origine le mot « énervé » signifiait privé de nerfs, donc de force, d’énergie – avant de prendre le sens presque opposé d’anormalement nerveux, de très excité. L’énervation fut aussi au Moyen âge un supplice consistant à brûler les tendons (appelés « nerfs ») des jambes et des genoux… Sûr qu’ensuite on n’était pas vaillant !
Pas question, vous l’aurez compris, de faire du vélo en étant « énervé », que ce soit au sens ancien du terme, ou au sens moderne. « Pas d’énervés chez les Randos ! », voici une devise qui résume l’affaire, et n’en parlons plus.

Un mot maintenant sur la sortie d’hier : 15 au départ, puis 18 une fois repris le gréviste d’Azelot (humour, je précise, des fois que…), le flingueur de pancartes convalescent, et le vénérable Georges. Jean-Mimi se propose de faire le balai, il est tout vêtu de noir, ce qui fait de lui le plus bienveillant des All black, pas comme ceux de la veille qui nous ont mis une dérouillée historique au rugby. Grâce à lui, et à la quasi-absence de côtes, le peloton arrive groupé à la pause de Moriviller : ni énervés mous ni énervés fous ; ça baigne.

Ensuite, chacun joue sa partie : le président et ses gardes du corps optent pour un petit raccourci des familles. Un peu plus loin, notre convalescent (Franck) s’offre en solo un mini-raccourci, évitant le secteur de Borville, escarpé, et bien joli. Et puis, et puis… ça dégringole sec sur Loromontzey, tant est si bien que la petite route sur la droite qu’il fallait prendre, tous la manquent… sauf bibi (merci à Franck, qui m’avait averti de la chose). Jacques et les deux Pierre seront les seuls à s’en aviser, ils me rattraperont un peu plus loin, on formera un quatuor tranquille, jusqu’à ce que Jacques s’arrête pour s’alimenter, avec l’idée d’attendre ceux qui se sont plantés… Mais ceux-ci (ce qui reste du peloton) auront filé vers je ne sais quelle destination : Villacourt ou Saint-Germain, ou Pétaouchnok, avant de revenir sur Bayon ? Le fait est qu’on ne les a pas revus, les écervelés, les perdus, qui n’étudient pas le parcours, faut croire.

Résultat des courses : 3 groupes, dont un seul qui aura fait le parcours prévu, plus Franck que le quatuor dont je faisais partie reverra sur la fin, plus Jacques qui aura attendu (et retrouvé ?) les paumés de Loromontzey… C’est rassurant, on sait briser la routine chez les Randos, on innove de semaine en semaine. Et tout cela, sans s’énerver le moins du monde.
Reynald
PS : je vous joins une image représentant « les Enervés de Jumièges », d’après une légende qui veut que la femme de Clovis II ait fait « énerver » ses deux fils pour cause de trahison envers leur père… on avait le sens de l’autorité parentale, à l’époque.

Les énervés de Jumièges

 

Sortie du 25 octobre : Une question d’heure

Passage à l’heure d’hiver réussi, ouf ! A priori, personne ne s’est pointé une heure trop tôt. Un bon début pour une bonne balade.
Ils étaient tous là, ou presque, 15 sur la passerelle du RV, plus le trio de Bouxières ensuite (pour la belote, qui fait le quatrième ?… on ne l’a jamais su), plus le pèlerin de Champigneulles, plus le petit nouveau, le Chti-qui-mouline, qui avait manqué le départ, lui, mais qui a bénéficié d’une crevaison précoce pour recoller. Donc, ce sont 20 paires de gambettes qui se sont lancées dans un périple tout ce qu’il y a de roulant.

Ciel assez gris, température plutôt douce, belles couleurs d’automne. On pédale dans l’huile. Groupés comme jamais. Même après la pause. Faudra attendre les reliefs de la fin de parcours pour que la belle harmonie se défasse. On aura roulé « comme un seul homme », me souffle Christian (qui sait ce que c’est que l’esprit d’équipe). Ni anars, ni énervés chez les Randos, ça se confirme. Ceci dit, ce parcours très roulant a quand même proposé un dénivelé de 700 mètres (en comptant la côte de l’avant-départ).

Mais à 20, on n’est pas resté longtemps : le Jacqou des Vosges est seulement venu nous narguer avec son engin à assistance électrique ; dès Toul, il regagne sa tanière, accompagné de Jicé, qui lorgne sur sa batterie. On le comprend, ça fait envie, moi je commence à en rêver, mais j’ai une excuse, je vais bientôt entrer dans le grand âge… alors, quelques watts de ce genre-là en plus, histoire de ne pas se faire exploser le palpitant et de garder la jambe légère, faudrait être fou pour se les refuser.

Un peu plus loin, c’est notre valeureux Gégé qui décide de s’arrêter et de rentrer seul. Pour un peu, on s’inquiéterait, mieux vaudrait qu’il soit accompagné, surtout s’il se prend à batifoler dans la campagne au risque de rentrer un peu tard à la maison… Aux dernières nouvelles, il n’est effectivement pas rentré très tôt, mais en bon état… Comme quoi, le passage à l’heure d’hiver, ça perturbe, y compris dans les chaumières : hier, fallait pas que les épouses ou les proches nous attendent une heure plus tôt vu que nous étions partis une heure plus tard !
A ce sujet, je me pose souvent cette question : chez vous, on s’inquiète à partir de combien de minutes de retard ? Une minute, cinq minutes, dix, quinze, trente, quarante-cinq ? En cas de retard, les chères et tendres, elles attendent un coup de fil au bout de combien de temps ?
On est content de savoir qu’elles s’inquiètent, mais on ne souhaite pas non plus qu’elles s’alarment trop vite.

Allez, je sais que certaines me lisent, alors, je leur répète ce que leur sportif de mari n’a pas manqué de leur faire valoir : il y a bien des raisons qui peuvent expliquer un retard, et qui ne sont pas toutes graves, ou franchement dramatiques (c’est arrivé, c’est vrai). Une série de crevaisons, une erreur de parcours, un incident mécanique, des conditions climatiques défavorables… une envie de flâner (c’est rare), d’admirer les villageoises (c’est encore plus rare, je le jure), de contempler les paysages (tout arrive), ou le désir de ne pas vous fâcher en rentrant trop tôt (quelle délicatesse !)… Parfois, l’heure ce n’est pas l’heure.

Au fait, la semaine prochaine, l’heure du rendez-vous c’est 9h – et cela durera pendant 4 longs mois. Un moyen de se souvenir qu’on passe toujours à 9h en novembre ? Bien sûr, ça crève les yeux : « novembre », ça désignait le neuvième mois dans l’ancien calendrier romain (« novem » signifiant neuf en latin).
Donc, au neuvième mois on part à neuf heures. Élémentaire.
Même si depuis l’époque de Jules César et Astérix le neuvième est devenu le onzième, ce qui est contrariant.
Allez, à dimanche prochain, 1er novembre, à 9 heures !

 

Sortie du 1er novembre : Randos réfléchissants

Devinette : quel est l’animal que le brouillard fait sortir de sa tanière ?
Non, ce n’est pas le sanglier, ni le renard, ni le canard sauvage.
C’est le Randonneur nancéien, de l’espèce des bipèdes sans plume, comme disait Aristote (véridique, c’est ainsi qu’il définissait l’homme, le grand philosophe : soyez donc flattés) !
La preuve : ce matin, un brouillard à couper au couteau, visibilité minimale, fraîcheur de saison… Résultat : on a rarement été aussi nombreux à pédaler de concert. Au rendez-vous, on est déjà 24, dont trois invités : Marc H., Bernard S. et un petit nouveau, Gérard Fleschel, qui nous avait contactés dans la semaine, grâce à notre site – il avait l’habitude de rouler avec un ami (qui ne peut plus rouler), et il ne serait pas mécontent de trouver des compagnons de sortie. Bienvenue à lui !

Puis Nono le Champi nous rejoint grâce à la crevaison du jour, celle d’un récidiviste : Jean-Mimi, ou tu achètes des pneus neufs, ou tu cesses de rouler sur des trucs pointus ; en plus, tu es prié de réparer du premier coup, vu qu’en deux semaines, tu viens de nous faire une double double (comme on dit au basket). Bref, un bon quart d’heure de retard, va falloir mettre la gomme, qu’on se dit. Mais dans la purée, c’est pas évident, on n’y voit vraiment pas grand chose.

A ce sujet, une bonne remarque de Jean-Marie, chargé de la sécurité dans le Bureau actuel: certains ont pensé à mettre leur éclairage (offert gracieusement par le club), pas tous, loin de là, mais ce qui fait vraiment la différence quand on n’ y voit goutte, c’est le gilet réfléchissant. Il a mille fois raison, Jean-Marie, à l’arrière du peloton, on ne distinguait pas les feux rouges posés sur les vélos, mais ces gilets, ou ces vestes, jaunes fluo, oui, très bien. Et la circulation automobile était loin d’être nulle ce matin, le danger était réel. Donc, la prochaine fois que le brouillard vous fait sortir du plumard, pas même besoin de réfléchir : le réfléchissant ! Le gilet fluo ! Comme ça, y aura au moins quelque chose qui réfléchit sur le biclou…

Des Randos de sortie dans la purée de pois de ce matin, il y en a eu au moins deux autres, puisqu’on a eu le plaisir d’apercevoir Patrick C. (oui, le célèbre Doigteur), convalescent depuis si longtemps, et même Minimax sur la fin, qui avait dû hésiter à partir en manoeuvre par un temps pareil (dans l’Armée, on est brave mais prudent). Le compteur est donc monté à 27 participants. Vive le brouillard !
A moins que, me souffle Patrick (l’autre, le Patou des Corbières), que l’explication soit plus prosaïque : c’était la première sortie qui démarrait à 9h… pas besoin de se lever tôt !

Malgré la visibilité presque nulle, et grâce à notre très expert et mutualiste vélo-balai de la Toussaint, Marco le Kosto, on a réussi à atteindre la pause de Pettoncourt tous ensemble, après avoir été plus occupés à discuter le bout de gras qu’à admirer les paysages – absents, les paysages, disparus, envolés – et comme aurait pu ajouter un confrère d’Aristote (Berkeley, qu’il s’appelle, un angliche) : si être, c’est être perçu, ce qu’on ne perçoit pas, comment être sûr que cela existe ? Qui nous dit que la lampe du frigo est éteinte quand la porte est fermée ? Ou que l’épouse est à la maison quand l’époux n’y est pas ? Ou que Dieu existe alors qu’on n’en a jamais vu la barbe ni les mollets ?

Vous avez une semaine pour vous plonger dans cet abîme métaphysique. C’est redoutable. Mais vous n’en serez que plus réfléchissants ! Souvenez-vous, l’homme est un roseau réfléchissant, qu’il disait, le Blaise.

Après la pause ? Un petit groupe à l’arrière, un autre petit groupe à l’avant du peloton principal, vu que les Bouxiérois avaient un tournoi de belote à midi, avec gain d’une caisse de Saint-Véran à la clé, on comprend donc leur hâte – au fait, on a la réponse : le 4e à la belote, c’est le Bernard, le Montagnard émérite. On est contents pour eux. Bref, on a fait trois groupes après la pause, deux petits et un grand. Mais Gégé le Valeureux, il avait pris un chemin de traverse : de peur de rentrer trop tard à la maison ? Non, je plaisante, j’ai eu des retours de mon message aux épouses de la semaine dernière : elles comprennent très bien qu’après l’heure c’est encore l’heure, et que du moment qu’on est de retour avant la nuit, et qu’on ne sent ni la vinasse ni le parfum, on est pardonnés… Merci, mesdames, vous êtes admirables, on reste ensemble.

Sortie du 8 novembre : Randos rayonnants

Soleil. Soleil et douceur. Tout est dit, je pourrais m’arrêter là.
En plein été, un tel temps, ce serait banal ; début novembre, c’est un pur délice.
Les 20 estivants du jour se sont donc délectés. Chose étrange, le soleil du jour a fait sortir du lit moins de « bipèdes sans plumes » que le brouillard de dimanche dernier. Sommeil ou soleil, chacun a ses adeptes.

« Mes rayons de soleil », disait Louis Nucera pour conter sa passion du vélo. Et il est vrai que quand le soleil s’absente, il nous reste les rayons. Même par temps de brouillard.
Nous avons donc doublement rayonné.

Nous avons évité les feuilles mortes des pistes, histoire de ne pas se prendre un soleil, du genre qui fait mal, aussi mal qu’un mauvais coup de soleil. Nous avons escaladé la côte du ball-trap, en bravant les maniaques de la gâchette, les décérébrés qui font beaucoup de bruit, beaucoup de bruit pour rien – sûr qu’ils sont contents, ils prennent ça pour du sport… En ce domaine tout le monde n’en connaît pas un rayon. Tirer sur des assiettes, quand on a dix ans, c’est amusant. Plus tard, c’est pathétique.

Pierre-la-Treiche sous le soleil, c’est Héliopolis sur les bords de Moselle. Bel endroit pour une petite pause. Et même pas besoin de manger, on carbure à l’énergie solaire. La preuve, c’est qu’ensuite, ça pédale dans l’huile comme jamais, l’huile solaire, évidemment. Et à quelle allure ! On prend de l’avance sur l’horaire, on prolonge donc le plaisir, en ajoutant quelques kilomètres en fin de parcours. Soleil en tête et joie rayonnante. Heure d’été.

Le mot du jour, à propos de notre vélo-balai, le Jacquou des cimes qui chevauchait son VTT à assistance électrique :
« Un vélo-balai électrique, c’est un aspirateur » (Pierre V.). Bien vu, tout attardé fut aspiré dans son sillage.
Autre formule : « Une arrière-saison trop chaude, ça fatigue les plantes. Je me demande ce qu’il va en être des Randos » (Jean-Luc).
Pas d’inquiétude, Jean-Luc, tant qu’on se dopera aux vitamines solaires, on tiendra le coup.
Espérons que mercredi (11 novembre), on pourra s’en reprendre une dose.

Sortie du 11 novembre : Armistice et Fraternité

Grand soleil et légère fraîcheur. Paix et fraternité. Nulle dissension. Armistice.
En ce jour férié de milieu de semaine, douze pédaleurs ne se sont pas démobilisés. Pour la meilleure des causes. Et des causettes : causette avec le revenant Hervé B., en premier lieu, qui nous a fait le plaisir d’une visite ; exilé du côté de Lille, il ne fait que du VTC, mais cela suffit, manifestement, à le maintenir en forme. Je transmets le bonjour qu’il adresse à tous les absents. On devrait le revoir en fin d’année.

Une causette amorcée, par ailleurs, avec un nouveau « petit nouveau », qui lui aussi a repéré nos sorties grâce à notre site web ; il s’appelle Stéphane, il est à la recherche d’un club, la balade lui a plu, on devrait le revoir.

Douze plus un, ça fait donc treize, qui roulent bien groupés, sans à-coups, sans hostilité, tranquilles, paisibles ; même dans l’effort, quand ça grimpe, c’est plutôt reposant. Et il faut dire que ce parcours de fin de saison, contrairement aux précédents, était aussi vallonné qu’un parcours de printemps : 894 m de dénivelé à mon compteur. Pas mal pour un 11 novembre ! Est-ce que Pierre nous aurait programmé un pic de forme pour Noël ou le jour de l’An ? Je sens qu’à ce train-là 2016 va être un millésime mémorable.

Mais quand on roule à 13, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose pour éviter que ça porte malheur : la solution, c’est par exemple que deux étourdis s’égarent du côté de Tantonville… perdus, disparus, le Jicé et le Nono ; pas trouvée, la charmante petite route d’Omelmont. C’est pourtant clair, le parcours (qui est « sacré », tout le monde le sait) prescrivait de passer par là, par la D9c, c’était écrit, pour filer ensuite sur Vézelise : ils ont fait quoi, nos égarés ? On a eu beau rouler tout doux, faire la pause à l’endroit prévu, leur laisser une chance… On imagine qu’ils ont tout de même trouvé le chemin du retour. Mais allez savoir…

Car ce qui est inquiétant, c’est cette perte de la faculté d’orientation chez des sujets somme toute encore jeunes, ce sont ces troubles de la mémoire (parce que, tout de même, le parcours, ils en avaient pris connaissance), ces accès d’égarement qui préludent au grand naufrage de la vieillesse… Je me doutais bien que Nono musclor, le pèlerin de Compostelle, ne s’appartenait plus tout à fait, à force de marcher comme un damné, et de suer comme un forcené dans une salle de torture, mais je ne pensais pas que le mal avait déjà fait de tels ravages. Pauvre brebis égarée, qui a dû, en plus, fourvoyer le trop influençable Jean-Claude, qui, lui, se garde toujours d’examiner le parcours, tant sa confiance est grande envers ses petits camarades. Cette confiance l’honore, mais sa légèreté le condamne.

Bref, c’était le 11 novembre, et on est rentrés à 11.
Dimanche prochain, c’est le 15, et le 22 le suivant : les abstentionnistes sont prévenus.

PS : on a appris que l’ami François (Benigna), notre fidèle chauffeur lors des 200 de l’Ascension, s’était à nouveau pris une grosse gamelle, et qu’il s’est abimé le portrait. On lui souhaite de tout cœur de bien se rétablir.

PS bis : lors du RV, on a eu le bonjour de quelques amis habitués des sorties VVV, et puis au revoir : je suis bien obligé de le constater, on est pas assez bien pour eux… A moins que ce soit le contraire ? Vous auriez tort, les cadors : on est toujours le cador de quelqu’un d’autre, et donc pour l’un le toquard de l’autre. Armistice. Pax et Fraternitas !

Sortie du 15 novembre : Recueillement

Paix et Fraternité, disais-je dans ma dernière chronique… Et voici que l’horreur est à nos portes.
Les Randos ont observé ce matin une minute de silence. Merci à Pierre V. d’avoir pris cette initiative.

Comme toujours en pareil cas, le seul tort des victimes, c’est d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Vendredi soir, j’ai immédiatement appelé mon plus jeune fils, qui habite le 20e à Paris. La première chose qu’il m’a dite, c’est que ses amis et lui étaient des habitués du Carillon et du Petit Cambodge, deux des endroits mitraillés. Et le Bataclan, il y est souvent allé. Mais lui, vendredi soir, avait invité des amis à dîner.
Le hasard est aussi aveugle que les fanatiques. Il sème l’effroi ou le soulagement.

Nous n’avons pas le cœur à rire. Je vous fais donc grâce de mes habituelles plaisanteries et du ton léger avec lequel je me plais à raconter nos modestes aventures.

Sortie du 13 décembre : Longtemps après

Je me souviens, c’était un jour d’élections régionales, la confusion régnait. Dans les villages traversés, des électeurs de gauche s’apprêtaient à sauver des politiciens de droite, tandis que des ni-gauche-ni-droite pensaient sauver la patrie à coup d’expulsions et de barbelés. Et cela, au moment où d’autres s’avisaient enfin que ce qu’il s’agissait de sauver, c’était la planète elle-même… Le monde était devenu mondial, et l’on pataugeait dans les régions.

Je me souviens que ce jour-là les dix-huit cyclistes de sortie n’avaient pas dépassé les frontières du département, mais qu’ils songeaient déjà aux aventures promises par la nouvelle grande région : passer la barrière des Vosges, descendre dans la plaine d’Alsace, il leur était arrivé de s’y risquer ; mais escalader la Montagne de Reims ou les monts des Ardennes et de l’Argonne, peu en avaient l’expérience. Depuis lors, ils ont multiplié les escapades lointaines, ils ont rivalisé sur le défi Reims-Strasbourg, ils ont inventé la diagonale Charleville-Mulhouse, ils ont parcouru, étape par étape, le Tour du Grand Est. Il fallait bien que la grande région servît à quelque chose.

Je me souviens qu’en ce jour lointain du 13 décembre 2015, le réchauffement de la planète était déjà sensible : le temps était doux, le soleil brillait, l’hiver se faisait discret. A l’évidence, le climat était de plus en plus tempéré. On ne boudait pas son plaisir, mais on savait que le retour du froid en cette saison serait le signe que la catastrophe avait été évitée. Ce matin, en cette fin décembre 2035, le thermomètre affiche – 10 °.

Je me souviens encore que lors de cette mémorable sortie des Régionales et de la Cop 21, j’avais pu profiter à plein de la beauté des paysages, roulant calmement à l’arrière, après la pause de Serres, avec le Batracien et l’Arracheur de dents. C’est depuis cette date que je suis passé définitivement au vélo contemplatif. Et je m’en porte bien (assistance électrique aidant, je parviens même à suivre mon petit-fils dans les côtes).

Sortie du 20 décembre : Vélorution

Avant-dernier dimanche de 2015, on liquide, on solde… petite affluence au rendez-vous, du renfort ensuite, on passe à 13 pédaleurs, puis à 16 avec ceux qui avaient pris les devants. Mais rouler à 16, on n’y pas réussi, la faute au fort vent latéral qui a immédiatement fait exploser le peloton enfin formé. Trop de bordures, trop de cassures, trop de casse-pattes. Chaque regroupement est suivi d’une nouvelle dispersion, c’est mathématique, c’est physique, on s’effiloche. Les plus costauds ont beau se montrer attentifs, le vent est ce qu’il est, violent, le relief est ce qu’il est, vallonné.

Et puis, il y a des jours comme ça, on n’a pas envie de se faire mal, et quand le vent du retour se met à propulser les vélos, pourquoi en faire plus, alors qu’on peut enfin lever la tête ? Ce n’est pas un point de vue partagé, mais c’est le mien. Je traîne à l’arrière, du pur plaisir. J’ai l’impression d’être vraiment mûr pour « le vélo contemplatif »…

A moins que… à moins qu’un ingénieur génial invente bientôt le procédé qui permettrait de transformer en assistance au pédalage la formidable énergie éolienne qu’on se prend dans la poire. La voilà la révolution, la vraie, la Vélorution !
Allez, les ingénieurs, au boulot !

Vous allez me dire, ce n’est pas demain la veille. Un peu comme en politique, on nous annonce du nouveau, des vieux partis qui vont se rajeunir, et puis, bernique, voici que le Fou du Puy annonce son retour, et que le Nanar l’Arnaque en fait autant. Des vieux chevaux de retour pour sauver la France… La bonne blague !

Dimanche prochain, tous en selle, les Randos, pour enterrer joyeusement l’année 2015 !
Et à la réflexion, il y a encore mieux qu’un simple ingénieur pour notre Vélorution (voir photo).

Sortie du 17 décembre : Leçon finale

Dernière sortie dominicale et dernière chronique de l’année 2015.
Vérification faite, j’ai commencé ces petites chroniques le 16 décembre 2012 parce ce jour-là nous n’étions que 5 sur la route et que l’idée m’est venu de dire un mot de la sortie aux nombreux absents. Et j’ai récidivé la semaine suivante, et puis le pli a été pris… J’ai dû en rédiger pas moins de 120 depuis lors. Cela commence à compter. Il y en a qui accumule les kilomètres, moi ce sont les phrases. C’est moins fatiguant, mais la difficulté c’est de se renouveler et de ne pas lasser ses lecteurs.

Il serait temps que je marque une pause, avant que je me mette à radoter. Ce serait sage.

A propos de kilomètres accumulés, j’ai appris que celui que j’avais appelé « L’Homme-Vélo », « Le Maréchal des routes de France », au motif qu’il s’appelle Jean-François Maréchal – ceci dans une chronique intitulée « La sortie VVV de Moyenmoutier »,  adressée d’abord aux participants de cette sortie VVV, et dont je pense vous avoir fait profiter ensuite… Je sens que vous la réclamez, donc je la remets en pièce jointe. Bref, ce gaillard qui ne craint pas, lui, de radoter du dérailleur, a atteint, le jour de Noël, le chiffre astronomique de 50 000 km parcourus dans l’ année…!

Je me demandais, et je me demande encore plus aujourd’hui ce que « cela suppose que de faire de sa vie une randonnée permanente ? S’agit-il d’un défi démesuré, ou d’une expiation interminable…? S’agit-il d’atteindre un idéal glorieux, ou de fuir un mauvais démon ? ».
J’ai mon idée, mais je vous laisse juges.

Au fait, on était une quinzaine hier à pédaler joyeusement, tous unis d’abord, sur le plat et avec vent arrière. Fastoche. Puis désunis après la pause, volontairement pour ceux qui ont choisi de raccourcir et d’éviter les côtes du retour ; involontairement pour ceux que ces côtes et le vent dans la poire ont éparpillés dans la pampa.

Selon Maître Yoda, beaucoup de Randos sont semblables à ces apprentis trop pressés, trop impatients, trop inconstants, qui risquent à tout moment de basculer du côté obscur de la Force. Leurs démons intérieurs, ils ne les domptent pas. S’ils veulent intégrer la chevalerie des Randos-Jedi, beaucoup d’obstacles il leur reste à franchir.

« Si tu veux en 2016 que la Force soit avec toi, vite tu rouleras quand vite il le faudra. Mais en dedans tu pédaleras, quand tes amis tu aideras ».

A l’année prochaine,
Reynald