• Rodrigue à vélo (21 janvier)

Un petit miracle : après une semaine de pluie continuelle et de vent vif, une fenêtre de beau temps s’ouvre ce dimanche matin. La pluie fait une pause, le vent fait un somme, et les vélos s’ébrouent. Certains ne passent pas par le lieu du rendez-vous, mais ce sont en tout dix sept pédaleurs qui vont tricoter des gambettes, sous un ciel dégagé, et par une température somme toute assez douce pour une fin janvier. Trois belles côtes au programme, deux groupes à partir de la pause, un même plaisir partagé.

Comme ces temps-ci je suis d’humeur versificatrice, plutôt que de raconter par le menu et fidèlement la sortie du jour, je me suis amusé, en mêlant le vrai et le faux, à pasticher le fameux monologue de Rodrigue (dans le Cid de Corneille), ce qui réveillera quelques souvenirs scolaires chez la plupart d’entre vous (on y parle en alexandrins, le plus souvent coupés 6/6, on prononce les e à l’intérieur des vers, sauf quand ils sont à la césure – après la 6e syllabe donc) Voici la chose (ci-dessous et en pièce jointe), en espérant qu’elle vous amusera aussi :

Rodrigue à vélo 

Nous partîmes à dix mais par un prompt renfort

Nous nous vîmes dix-sept au prix d’un bel effort,

Tant à nous voir rouler avec un tel visage

Les plus époumonés retrouvaient du courage !

Plusieurs vont se cacher au cœur du peloton

Préférant s’abriter penchés sur leur guidon

Plutôt que d’affronter un vilain vent de face

Et risquer de devoir bientôt demander grâce.

 

Les plus vaillants coursiers ont le cœur à l’ouvrage

Ils font du pédalier le meilleur des usages

Choisissant le plateau élisant la couronne

Les plus appropriés à leur ardeur gloutonne.

Mais quand d’autres cyclos venus d’on ne sait où

Sans un mot nous dépassent arrogants un peu fous

On les laisse passer, tout leur paraît tranquille,

Ils savourent un peu vite leur bon tour imbécile.

 

Nous nous dressons alors et tous en même temps

Poussons jusques au ciel mille cris éclatants,

Puis nous les rattrapons en trois coups de pédale

Sans leur laisser le temps de crier au scandale.

Mais nous sympathisons aussitôt réunis

A rouler de concert on se fait des amis

Rivalités s’oublient aussi vite qu’apparues

A vélo tous unis sans vainqueurs ni vaincus.

Reynald