• L’usurpateur (11 novembre)

J’ai repiqué au truc, j’ai chopé le virus, because le scribe qui m’a fait une réclame d’enfer sur les bienfaits du pédalage en plein air (à ne pas confondre avec l’exercice en salle, où plus que tu pédales et plus que t’avances pas, un vrai truc de dingues en plus que ça schlingue la sueur que c’est à tomber). Bref, je suis remonté sur mon biclou, pas d’armistice pour les braves, que je me suis dit, et tant pis si je prends une rincée (faut dire que miss Météo, elle était pas jouasse), qui roulera verra ! De fait, on n’a pas pris une goutte sur la tronche. Et comme le scribe est un peu fatigué, je vais à nouveau usurper la fonction, c’est moi que je vais vous causer de la rando.

Au rancart, il y avait là une dizaine d’affiliés, des vieux loups de mer et des jeunots de trente berges, mais aussi une petite bande de branquignoles tout contents de venir rouler avec des as du guidon. On a vu tout de suite que c’étaient pas des pros vu que l’un deux a trouvé le moyen de crever avant même d’enfourcher sa machine ! Et vu qu’ils ont mis un bon quart d’heure pour changer la chambre et trouver le procédé qui permet de la gonfler. Comme tontons gonfleurs, y a mieux, mais comme mectons gonflants, sont champions !

Ceci dit, j’ai pu jacter avec les gaziers, et m’est avis qu’ils sont plutôt sympas, dans l’ensemble. Ils disent qu’ils sont des « vévévés », avec un petit air mystérieux, j’ai rien pigé, mais j’ai pas insisté. Probable que c’est une secte d’illuminés de la pédale, un peu berzingues mais inoffensifs. On m’a dit que que l’un d’eux était un toubib du genre rabelaisien, qu’un autre était un ancien brasseur chasseur de pancartes, un autre encore un sophiste de première qui adore faire le Jacques. Un peu baroque comme compagnie, mais franchement il y a pire. C’est pas les Amerloques qui me diront le contraire, avec ce qu’ils viennent de se ramasser (vont pas rigoler longtemps, les trumpistes à casquette rouge, ils n’auront ni le beurre, ni l’argent du beurre, mais la gueule de bois, ça c’est tout vu).

Sinon, sachez bonnes gens qui restâtes au coin du feu, que le Pierrot est revenu, qu’il a fait un bout de chemin avec nous, histoire de refaire du muscle ; et le batracien aussi qui, lui, tient déjà une forme d’enfer, fallait le voir se secouer la carcasse, un vrai démon. Sachez encore que Gégé-la-saulxure, on l’a croisé, ce qui laisse penser qu’il faisait le parcours dans l’autre sens : faut en conclure que son fameux « le parcours c’est sacré » ça vaut dans un sens comme dans l’autre. Cherchez pas à comprendre, vous allez vous démonter les boyaux de la tête. Quant à Maître Marcel, il était un peu fumasse, vu qu’au départ le Cri-cri avait cru malin de ne pas nous faire passer par Pompey, ce qui expliquerait qu’il nous ait attendu pour que dalle, comme de juste. M’enfin, il a fini par nous tomber sur le paletot, et il en était tout guilleret, ça faisait plaisir à voir.

Mézigue, j’ai jeté un œil sur la cambrousse, j’espérais que ce serait une splendeur : il est vrai qu’elle était pleine de chouettes couleurs, mais ça manquait de lumière. Ce sera pour la prochaine fois, et comme vous en serez tous, au lieu de vous calfeutrer comme des croulants, vous la reverrez la lumière, bande de taupes !
L’usurpateur