• Le chêne et le roseau (18 mars)

Ceci n’est pas un compte rendu : la neige toute fraîche a rendu les routes impraticables. Mais en prélude à la saison 2018, qui finira bien par vraiment commencer, voici une transposition cycliste de la célèbre fable de La Fontaine,  » Le chêne et le roseau ». J’en ai respecté la composition, les dialogues et l’histoire, ainsi que la versification (une alternance, irrégulière, de vers de 12 et de 8 pieds). J’ai distingué des strophes pour plus de clarté.

Le chêne un jour dit au roseau… 

Le Fort un jour dit au Faiblard
Vous avez bien sujet d’accuser la Nature
La plus petite pente est pour vous un raidard
Le moindre vent qui d’aventure
Vient à lever son étendard
Vous oblige à baisser la tête,
Cependant que ma force à la forge pareille
Contre vents et marées à tout coup fait merveille
Tel un démon que rien n’arrête.

Tout vous est pesanteur, tout me semble zéphir
Encore si vous rouliez calé dans mon sillage
Profitant de cet avantage
Vous n’auriez pas tant à souffrir
Ne craignant pas même l’orage.
Mais vous errez le plus souvent
Esseulé sur les routes, livré à tous les vents.
La Nature envers vous s’est montrée sans égards.

Votre compassion, répondit le Faiblard,
Part d’un bon naturel, mais quittez ce souci
Vous semblez oublier le propre de mon art :
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Réussi des coups admirables
Résisté sans courber le dos,
Mais attendons la fin, qui viendra à propos.

Le Fort se mit à rire, avant de déchanter.
Pris d’un étrange mal qui rend sa pédalée
De plus en plus heurtée, il sent qu’il ralentit
Si bien que petit à petit
Il se voit collé au bitume
Plein de rancœur et d’amertume.

Ses forces l’abandonnent inexorablement
Qu’il est cruel le châtiment !
Rien ne demeure de sa superbe
Il songe à se coucher dans l’herbe.
Le Faiblard bientôt le rattrape
C’est le coup fatal qui le sape.

Ainsi, quand l’un plie l’autre rompt
Telle est du roseau la leçon.
Costauds ou faibles, retenez-la
Vous en aurez moins de tracas.

Moralité
Pour appuyer durablement sur les pédales
Préservez-vous, mes bons amis, de la fringale !