• La mousson d’automne (25 sept. 2016)

Première sortie d’automne, dernière grande sortie avec départ à 8h ; dès la semaine prochaine on passe à 8h30, les jours raccourcissent et nos parcours aussi. Mais pour moi ce sera parcours zéro dimanche prochain, car je causerai littérature du côté de l’abbaye de Seuilly, sur les terres du grand François Rabelais – dont au passage je vous livre cette pensée toujours actuelle :
« Ami, vous noterez que par le monde y a beaucoup plus de couillons que d’hommes, et de ce vous souvienne. »

Une bonne pensée au passage pour le moine rabelaisien des Dolomites, alias le Toubib décoiffant.
A dire vrai, on ne s’aperçoit guère que l’automne est venu tant la douceur perdure, et la lumière. Certes, un peu frisquet au départ, mais si agréable ensuite, pour les 20 pédaleurs du jour, dont, et c’est un petit événement pour notre bien vieux club, un amateur d’à peine 18 ans qui souhaite ne plus rouler seul (il a déjà l’expérience d’un club FFCT). Le jeune Guillaume Gebel s’est, ma foi, très bien adapté, même si sur la fin il était tout à fait rincé (sa distance habituelle, c’est plutôt 80 km). La semaine prochaine, ou la suivante, nous accueillerons un autre jeune homme, Juan Lasso, 27 ans. Avec Stéphane, Jérôme et son « frère », l’autre Guillaume, le club a donc bien entamé une cure de rajeunissement. Je dis bien : « le club ».

Le grand moment de la sortie, ce fut non seulement l’ascension de la Butte de Mousson, mais le fait d’avoir poursuivi l’effort jusqu’aux ruines de l’ancien château. Une idée d’Amico, qui fit l’unanimité, du moins chez ceux qui s’étaient hissés jusqu’au village. Quatre y avaient renoncé, hélas pour eux (mais, que voulez-vous, « les invités », les « faut que je sois rentré de bonne heure »), et un cinquième (l’homme de Dinard) dut rebrousser chemin, faute de disposer d’un développement approprié à la rude, à l’infernale grimpette de Mousson. Autant cette pente est rébarbative, hostile (et mal goudronnée, qui plus est), autant le panorama qui se découvre tout au sommet mérite absolument le détour (et il n’y a que du 12% maxi sur la fin, contre les 17-18% de la Butte, ce qui est presque reposant). Il n’y a pas de meilleur endroit pour admirer les vallées de la Seille et de la Moselle, et le site de Pont-à-Mousson dans son entier. Je propose qu’on y repasse l’an prochain, par beau temps, mais de préférence en montant par le côté Lesménil, ce sera moins dissuasif.

Je sais, certains seraient frustrés : le truc, le hochet, le titre de gloire, c’est de monter de gros raidards, ou des cols bien longs, bien durs. Et de pouvoir ensuite en parler. De même que le Ventoux fait le vantard, la Mousson fait mousser.

L’ancien château de Mousson, bâti au Moyen âge, résume une page d’histoire universelle : symbole de résistance au pouvoir central, en une époque où la Lorraine n’est pas encore française, il fut démoli sur l’ordre de Louis XIII et de Richelieu, en même temps que d’autres châteaux de la région et que les fortifications de Nancy … une forme de terrorisme d’État. Rien que de très banal. A partir des quelques ruines qui subsistent, il nous reste à imaginer la splendeur de la construction sur cette hauteur.

Un dernier mot : à l’avant, quand personne ne fait office de capitaine de route, quand personne ne prend sur lui de réguler le tempo, c’est un peu la foire… ça va vite, ça attend, ça repart sec, ça attend à nouveau. Et peu importe que, comme aujourd’hui, le retour s’effectue contre le vent. Ce serait si simple et tellement plus confortable de s’y prendre autrement … Mais je sais, le mal est sans remède. A moins que de bonnes âmes se mettent un jour, et tour à tour, à jouer les capitaines de route avisés ?
Reynald